[Chronique] Les dix « losers » africains de l’année 2019

| Par
Glez

En attendant les bonnes résolutions de janvier 2020, décembre 2019 offre son lot de bilans plus ou moins glorieux. Côté déprime, voici le palmarès de ceux qui ont trébuché pendant l’année.

Au moment où les médias décernent les trophées des « winners » de 2019, certaines personnalités garderont de cette année un goût amer. N’évoquons pas les « déçus en bien » – selon l’expression suisse – , ceux pour qui la déception effective fut bien moindre que la déculottée prévue.

Si les groupies du Sénégalais Sadio Mané se sont offusqués que leur idole ne figure pas sur le podium du Ballon d’or, le footballeur doit déjà être bien fier de talonner Messi, Van Dijk et Ronaldo. Quant à Koffi Olomidé, en bisbilles avec une commission de censure, il doit admettre que 2019 s’est plutôt mieux déroulée que 2018 et son mandat d’amener zambien…

Décagnottées, conspuées ou condamnées, d’autres sommités ont plus franchement chuté en 2019. Tentons, par ordre décroissant, un « hit-parade » des plus gros « losers » de ces douze derniers mois.

10- Martin Fayulu

Dès le début de 2019, Félix Tshisekedi lui a coupé l’herbe sous le pied. Martin Fayulu, qui se présentait comme le plus radical des adversaires au régime sortant en RDC, a vu un « Fatshi » élu composer avec Joseph Kabila.

Lâché par les chancelleries internationales, arc-bouté sur une coalition « Lamuka » fragile, le second de la présidentielle a du mal à exister politiquement, entre un Jean-Pierre Bemba qui n’en finit pas de revenir en RDC et un Moïse Katumbi qui vient de transformer sa plateforme électorale en parti politique.

9- Mohammed Ben Salman

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L’image du prince héritier du trône d’Arabie saoudite n’a cessé de se faner en 2019. S’il n’a pas reconnu avoir commandité le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, « MBS » a dû en assumer « toute la responsabilité », en septembre, à l’occasion d’un documentaire diffusé à la veille du premier anniversaire de la mort du dissident.

Embourbé dans la « sale guerre » yéménite, MBS n’a pas su enrayer la menace terroriste qui s’est manifestée, en septembre, à Abqaiq et Khurais.

8- Pascal Affi N’Guessan

Si rien n’est perdu pour le présidentiable, à l’orée de la précampagne du scrutin de 2020, l’ancien Premier ministre a peiné à s’imposer au Front populaire Ivoirien (FPI).

Même Henri Konan Bédié a négligé l’affranchi pour se tourner vers Laurent Gbagbo, l’ancien président qui a repris du poil de la bête à la suite de son acquittement par la Cour pénale internationale, en janvier.

L’ancien mentor a même fragilisé directement Affi N’Guessan en soumettant leur rencontre, programmée en mars, à un préalable jugé « méprisant » par l’ancien aficionado, présenté aujourd’hui comme un « Brutus ».

7- Lambert Mende

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Même si son camp politique est largement resté aux manettes après l’élection à la présidence de Félix Tshisekedi, l’ex-porte-parole intarissable du régime Kabila connaît une difficile reconversion.

En mai, l’affaire d’un présumé diamant découvert chez lui crée la polémique. En juillet, il est battu dans le Sankuru, à l’issue du scrutin au poste de gouverneur.

Seule consolation de 2019 : le Conseil européen a levé les sanctions qui le visaient. La meilleure preuve qu’il est politiquement dépassé ?

6- Slim Riahi

Mauvaise année pour Nidaa Tounes. C’est dans un dossier libyen que l’ancien secrétaire général de la formation politique tunisienne a été condamné, le 12 décembre, à onze ans de prison ferme pour « blanchiment d’argent ».

En février, il avait écopé de cinq ans assortis d’une amende de 180 000 dinars pour chèque sans provision. Hafedh Caïd Essebsi, lui, représentant légal de Nidaa Tounes et fils du défunt président Béji Caïd Essebsi, a trouvé refuge en France…

5- Brice Laccruche Alihanga

Descente aux enfers pour l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba. Limogé du gouvernement le 2 décembre, il est interpellé, le lendemain, par la Direction générale des recherches (DGR).

Cité dans une affaire de détournement de fonds publics et de blanchiment, il est déféré – un vendredi 13 – devant le juge d’instruction spécialisé de Libreville et placé en détention préventive.

4- Omar el-Béchir

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Trois décennies sur le trône, quatre mois d’un mouvement populaire d’une ampleur inédite au Soudan, et l’ancien chef de l’État est destitué par l’armée, le 11 avril.

Commence pour lui un long tunnel judiciaire, loin tout de même de la CPI qui le réclame pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre au Darfour. Il était le premier chef d’État en exercice à être inculpé par cette juridiction.

3- Gilbert Diendéré

Quatre ans après la tentative de putsch qualifiée de « coup d’État le plus bête du monde », l’ancien chef d’état-major particulier de la présidence de Blaise Compaoré est condamné, en septembre, à vingt ans d’emprisonnement. L’autre général inculpé, Djibrill Bassolé, écope, lui, de dix ans de prison.

Verdicts plus cléments que la perpétuité requise par le parquet, après 19 mois de procès, mais conclusion bienvenue pour le Burkinabè lambda qui lorgne désormais du côté des affaires « Thomas Sankara » et « Norbert Zongo ».

2- Bosco Ntaganda

Terminé pour « Terminator » : le 7 novembre, l’ex-chef de guerre congolais né au Rwanda est condamné à trente ans d’emprisonnement par la chambre de première instance de la CPI.

En juillet, il avait été reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, pour des faits commis en 2002 et 2003 en Ituri, alors qu’il était à la tête du groupe rebelle des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC).

1- Abdelaziz Bouteflika

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Après vingt années de pouvoir et la tentation d’un cinquième mandat, l’ancien président algérien démissionne, le 2 avril, sous la pression d’une population en révolte. Il entraînera dans sa chute des proches comme Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, tous deux anciens Premiers ministres, ou son propre frère, Saïd. Le système contesté, lui, est-il vraiment tombé ?

2020 pourrait rimer avec félicité pour certains. Pour les autres, rendez-vous dans douze mois…