C’est la rentrée… à l’Ecole de la différence !

Où trouver, ensemble, un rappeur professionnel, une religieuse du Burkina Faso et un handicapé moteur ? Où trouver, ensemble, un apiculteur, un évêque et la fille de migrants italiens ? Où trouver, ensemble, des musulmans sunnites, un ibadite, des catholiques, des protestants et un « indécis » ? Et bien, à toutes ces questions, la seule réponse valide est : à l’Ecole de la différence1 !

La 5ème édition de ce projet éducatif, lancé par des pères blancs en 2011, a eu lieu du 13 au 19 septembre au monastère de Tibhirine2 (wilaya de Médéa) et a permis, malgré quelques désistements de dernière minute, à une vingtaine de jeunes algériens et de plusieurs pays de passer une semaine splendide en apprenant les uns des autres.

 Chaque jour, après le lever et les activités communes (nettoyage, épluchage de légumes…) un temps est accordé pour que chacun partage une expérience personnelle (bonne ou mauvaise) concernant la diversité. Ensuite nous avons traité un sujet à l’aide de questionnaires (rédigés en français et arabe), des vidéos, de techniques d’animation, etc. Le but n’était pas d’arriver à un consensus, mais d’entendre tous les points de vues ; c’est ainsi que nous avons parlé de : amitié et réseaux sociaux ; préparer son avenir et sa famille ; la citoyenneté ; avec quoi nourri sa foi… Nous avions, aussi, invité de personnes qui ont su nous transmettre le goût de la différence, la sensibilité pour les petits signes du destin, l’amour pour le travail bien fait : Nous n’avions jamais fait attention à toutes les implications économiques, sociales et écologiques de l’apiculture ! En visitant les ruches, nouvellement réintroduites dans le monastère, nous nous sommes rappelés de l’abeille qui est sur les vitraux de sa chapelle et de la sourate coranique dite « les abeilles » (al-nahl, 16).

Même si l’excursion programmée n’a pas eu lieu, la bonne humeur n’a jamais fait défaut ni entre nous ni dans nos relations avec les visiteurs du monastère, surpris de trouver ce groupe si varié de jeunes et en si bonne entente. La journée de travail au monastère a été vivement saluée dans l’évaluation finale : « Nous avons contribué à rendre Tibhirine plus beau », « Nous avons refait le mur : nous avons laissé notre marque à jamais », etc.

méditationChaque jour, et c’est une des particularités de l’École de la différence, nous avions une heure de silence : soit pour méditer sur les échanges de la journée, soit pour se remettre en question, soit pour prier. Un oratoire et une masalla (pour les musulmans) avaient été aménagées pour ceux qui voudrait s’y rendre, seul ou avec d’autres, pour ouvrir son cœur au Maître de la Vie. Un petit cahier était inclut dans le dossier offert aux participants. Cette année, en plus des textes sacrés, nous y avons ajouté des extraits des paroles du Pape François :

Le dialogue interreligieux est une part importante de la vie de vos Églises. Vous savez combien la méconnaissance mutuelle est la source de tant d’incompréhensions et parfois même d’affrontements. L’antidote la plus efficace contre toute forme de violence est l’éducation à la découverte et à l’acceptation de la différence comme richesse et fécondité (aux évêques du Maghreb).

Je me réjouis pour l’engagement dans le dialogue œcuménique et interreligieux entrepris par vous, jeunes catholiques et orthodoxes, avec l’implication aussi de jeunes musulmans. Je vous encourage à poursuivre avec confiance cette œuvre, en vous engageant dans les projets communs (aux jeunes de Bosnie).

Dans le dialogue interreligieux on reconnaît et on développe une communauté spirituelle, qui unifie et aide à promouvoir les grandes valeurs morales, la justice, la liberté et la paix. Le dialogue interreligieux est une école d’humanité et un facteur d’unité, qui aide à construire une société fondée sur la tolérance et le respect mutuel (aux leaders religieux de Sarajevo).

Chaque année, cette École de la différence tente de proposer une expérience concrète et positive de la diversité. Nous croyons à l’Algérie et à son potentiel d’accueil et d’acceptation. Car cette expérience ne pourrait jamais se perpétuer sans le soutien et la bienveillance de toutes les personnes qui nous aident en nous accueillant chez eux (merci, encore une fois, aux responsables de Tibhirine qui ont même fait des travaux et accepté de nous ouvrir certaines parties du monastère pour y loger les jeunes !), en acceptant de venir nous parler à cœur ouvert, en nous aidant financièrement3 et, avant tout, en nous faisant confiance et en s’inscrivant pour participer à ce projet : sans « élèves de la différence » l’Ecole ne serait pas possible !

 En commençant cette 5ème édition nous avions écrit, sur des ballons, ce que nous aimons et ce que nous n’aimons qu’on nous fasse : lors de la prière finale les ballons sont « réapparus » soit pour demander pardon, soit pour louer l’Unique. Puisse cette coexistence, fragile comme un ballon !, durer dans les cœurs de ceux qui sont, désormais, amis et artisans de paix.

José Mª Cantal Rivas pb



1 Voir sur facebook

2 www.monastere-tibhirine.org

3 Pour nous aider lors de la 6ème édition (en espèce ou avec du matériel) veillez me contacter sur l’adresse : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.