Mali : l’imam Dicko courtisé par l’opposition à Goïta

Des émissaires de la principale coalition d’opposition tentent discrètement de convaincre le chef religieux de se rallier à eux. Explications.

 
Par Jeune Afrique
Mis à jour le 26 octobre 2022 à 15:51
 
 dicko

 

 

L’imam Mahmoud Dicko, lors d’une interview au Centre pour la paix et le vivre ensemble dans les pays du Sahel qui porte son nom, à Bamako le 10 juin 2021 © Nicolas Réméné pour JA

 

Voilà plusieurs mois que des émissaires du Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie multiplient les visites auprès de Mahmoud Dicko. Cette coalition d’opposition réunit, entre autres, le Rassemblement pour le Mali (RPM) du défunt Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ) présidé par Marimantia Diarra, Yéléma de l’ex-Premier ministre Moussa Mara et Action républicaine pour le progrès (ARP) de l’ancien ministre des Affaires étrangères Tiéman Hubert Coulibaly.

Sur les longues banquettes marron de son Centre pour la paix et le vivre ensemble dans les pays du Sahel, l’imam a reçu une délégation composée du dirigeant du RPM, Bokary Treta, de l’ancien ministre de la Jeunesse Amadou Koïta, ou encore de Modibo Soumaré, qui assure la présidence tournante du Cadre d’échange des partis.

Un homme à la manœuvre

Lors de leurs audiences (dont la dernière a eu lieu en août), les hommes politiques ont pu « discuter de l’actualité du pays et demander conseil à l’imam Dicko », dit-on dans l’entourage de ce dernier. Plus que de simples visites de courtoisie, ces rendez-vous visent surtout à convaincre le chef religieux, volontiers critique envers la junte au pouvoir à Bamako, de devenir la figure morale de la coalition d’opposition. Celle-ci espère bénéficier de son pouvoir de mobilisation, démontré lors des manifestations du M5-RFP contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta.

À LIREMali : à quoi joue l’imam Mahmoud Dicko ?

Un homme est à la manœuvre pour permettre ce rapprochement : le politique et docteur en économie Laya Amadou Guindo, également présent lors de ces entretiens. Ce membre fondateur de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Dicko (CMAS), dont il fut un temps en charge du secrétariat scientifique, a quitté cette plateforme en 2020 et rejoint la coalition d’opposition. Il est malgré tout resté très proche du prédicateur. Il n’empêche que celui-ci n’est pas encore décidé à rejoindre la coalition.

L’opposition aux autorités de transition compte en effet de nombreuses figures des années IBK, à l’instar de l’ex-Premier ministre Moussa Mara ou de Tiéman Hubert Coulibaly. Or, l’imam Dicko ayant été une figure de proue de la contestation qui a précédé la chute de l’ex-président, « s’associer à ses anciens ministres pourrait sembler incohérent », assure l’un de ses proches.