Kiye2019
L'hebdomadaire de la Paroisse de Dyou, n°76 du 26 juillet 2020 :

 

Conférence avec le groupe MCRC de la paroisse de Dyou sur l’approche d’une compréhension entre le protestantisme et le catholicisme.

S’il est vrai que le commentaire des textes des écritures a toujours été notre grande préoccupation depuis l’initiative de cet hebdomadaire de la paroisse de Dyou, pour nourrir la foi du peuple de Dieu, les autres aspects de la vie, notamment historique comme c’est le cas présentement, ne retient pas moins notre attention. C’est dans ce sens que ce nouveau numéro porte une marque spéciale, les couleurs de la réforme afin de comprendre les enjeux de la séparation entre les Catholiques et les protestants.

En effet, la semaine avant dernière mieux le samedi 18 juillet dernier, sur demande des membres du Mouvement des Cadres et Responsables Chrétiens de notre paroisse de Dyou, (MCRC) en sigle, j’ai eu une causerie sur l’approche d’une compréhension entre le protestantisme et le catholicisme. Ce fut une réponse à la question suivante : Père Vincent, pouvez-vous nous expliquer les enjeux de la séparation entre les Catholiques et les protestants surtout en ce qui concerne la différence entre les versions bibliques protestante et catholique. Nous avons voulu non seulement aborder la question de différence de version biblique mais surtout leur ouvrir l’esprit à la connaissance des enjeux de la séparation entre les deux, lesquels ont conduit à cette différence des versions bibliques.

Ainsi leur disais-je, aborder la problématique  de la différence entre le protestantisme et le catholicisme n’est ni une insulte ni un sentiment de haine ou de mépris envers ce dernier mais un réel sentiment de respect des différences dans les simples limites de la raison. Car il est important que le chrétien catholique sache d’où il vient et comment présenter et défendre ses couleurs catholiques au tribunal de la conscience populaire.

En effet, si bien de points de similitude existent entre les différentes confessions chrétiennes, notamment entre le protestant et le catholique, dont la foi au Christ, les quelques points de différence dessinent bien les couleurs particulières de chaque religion chrétienne et nous obligent de les évoquer ici dans le but de comprendre chacune dans sa particularité pour le respect que nous devons à sa doctrine et à son acte de foi.

Lorsque nous parlons des religions chrétiennes, cela nous ramène impérativement aux deux schismes de l’Eglise dont le schisme protestant et orthodoxe chacun ayant fait ses lettres de noblesse. A tout seigneur tout honneur, nous ne saurons tout embrasser à cette seule occasion, au regard du temps qui nous est imparti. Nous consacrons notre étude sur l’approche de compréhension entre le catholicisme et le protestantisme. Cependant, nous ne saurons parler du protestantisme et du catholicisme sans évoquer la problématique de la reforme proprement dite qui marque l’ère de divorce entre les deux églises chrétiennes.

1.     La réforme : une situation explosive//pierrebene45%40gmail%Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.:993/fetch%3EUID%3E/INBOX%3E28928#_ftn1" name="_ftnref1" title="" style="overflow-wrap: break-word; word-break: break-word; color: blue;">[1]

Bien avant la réforme ce fut la période dite de la Renaissance. C’est une période de l’histoire située entre la deuxième moitié du XVème siècle et la fin du XVIème siècle. Une période charnière entre le Moyen-âge et l’époque moderne. Cette période marquera un nouveau départ pour la civilisation occidentale et ne sera rien d’autre qu’une nouvelle naissance sur le plan culturel qui aura une influence sur tous les domaines de la vie grâce à l’INVENTION DE L’IMPRIMERIE qui mettra fin à l’obscurantisme du passé pour un nouveau départ.

Pendant cette période, les occidentaux comprendront qu’ils ont perdu beaucoup de temps. Ils s’éveilleront dans l’art et les sciences. Ils s’inspireront de la sagesse du passé pour bâtir le présent.

Dans le domaine scientifique, la renaissance commencera avec la rupture avec la scolastique qui tenait à la logique et au strict respect du maître : Ne jamais dépasser son maître. L’accent sera mis sur l’observation (Nicolas Copernic, Cardan, Paracelse etc). C’est ici que verra le jour le courant dit l’humanisme, un système de pensée qui utilise comme véhicule la langue latine avec la grande influence de la civilisation grecque et latine. Les humanistes se déploieront dans l’étude de la poésie, de la rhétorique dans les grandes écoles des civilisations précitées. Cet humanisme se subdivisera en quatre :

·        L’humanisme philologique (l’étude des langues anciennes pour comprendre les systèmes de pensée)

·        L’humanisme philosophique (qui vise de renouer avec la philosophie ancienne qui deviendra un mode de vie de peuple)

·        L’humanisme civique qui s’occupera de l’art de vivre

·        L’humanisme chrétien : c’est ce dernier aspect de l’humanisme qui retient plus notre attention parce qu’il porte clairement les couleurs de la réforme. Les partisans de ce courant seront des trouble-faits dans l’Eglise. Ils réclameront une lecture large des dogmes et inviteront l’Eglise à revenir sur les textes : Il y a là, les bases réelles de la réforme. La grande figure de ce courant reste Erasme qui sera le premier à penser une articulation entre la religion et la liberté.

Comme on peut le voir, la Renaissance comme l’indique son nom, fut une période d’explosion du cerneau humain, une époque des grands changements et d’évolution des mentalités sur tous les plans et dans tous les domaines de la vie, l’occident se mettra à jour. Il y aura l’émancipation de l’Europe par la nouvelle vision du monde qui débouchera sur la révision du rapport entre Dieu et l’homme ; l’autonomie des Etats européens par rapport au saint Siège ; une époque du traumatisme religieux avec la multiplication de religions (un syncrétisme religieux). L’Eglise comprendra le besoin du peuple, malheureusement son impact tardera à venir par les Papes jusqu’à la fin de la réforme. Elle ne saura ni prendre la vraie mesure des changements provoqués et exigés par la renaissance ni répondre à l’attente des fidèles. Cette lenteur provoquera au sein du peuple chrétien, une révolte plus ou moins violente : la Reforme proprement dite.

2.     Le désir et les idées de la réforme 

L’idée de la réforme fait partie des préoccupations fondamentales de l’homme de la Renaissance. L’homme de l’époque sentait le désir d’un changement profond et toutes les classes entrevoyaient la nécessité pour l’Eglise de faire peau neuve non seulement par la correction de ses abus, mais aussi par le retour à l’Ecriture comme nourriture principale et primordiale de la vie spirituelle des croyants. Erasme et ses hommes avec leur goût très prononcé de l’exégèse, prôneront une interprétation large des dogmes et accorderont plus d’importance aux expériences qu’aux dissertations théologiques. Faute de mieux, l’inévitable arrivera. Dans les années 1490-1510, l’idée, le désir de la reforme sont donc partout présents. Tous ceux qui ont assez d’audace pour lui donner forme à travers des mesures concrètes sont tout de suite écoutés et suivis. Il récuse donc «l’autorité du pape et celle des conciles ». L’autorité de la Bible est donc invoquée comme supérieure à toute hiérarchie ecclésiastique, qu’elle se manifeste à travers un chef unique (le pape) ou une instance collégiale (le concile).

C’est le début de la réforme protestante que Martin Luther//pierrebene45%40gmail%Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.:993/fetch%3EUID%3E/INBOX%3E28928#_ftn2" name="_ftnref2" title="" style="overflow-wrap: break-word; word-break: break-word; color: blue;">[2] rendra manifeste en prenant une position radicale contre l’Eglise de Rome dont:

·        L’affirmation selon laquelle seule la foi sauve. Les œuvres sont inutiles si elles ne sont pas suscitées par la foi (Sa théologie fut : le péché la grâce la foi la justification)

·        Les écrits réformateurs de Luther :

-         De la papauté : Le pape comme tout chrétien est soumis à l’Ecriture Sainte comme seule référence à faire autorité dans l’Eglise.

-         Le Manifeste à la noblesse allemande : Il y trois murs à renverser (le sacerdoce, l’autorité du pape en matière de l’interprétation des Ecritures et l’autorité du pape en matière de convocation de concile)

-         De captivitate babylonica ecclesiae (Luther réduit les sacrements de sept à deux (Baptême et la Cène)

-         La liberté chrétienne : Pour Luther le chrétien est libre selon la volonté de Dieu et n’est soumis à  personne.

Luther sera excommunié par le Pape et banni par l’empereur. Il ira en exil à Wartbourg pendant 10 mois au moment où ses idées gagnaient le terrain en Allemagne jusqu’au 1 mars 1522.  Luther ne courrait plus de danger à ce moment car l’empereur fut plus préoccupé par la guerre et le pape Adrien VI  très malade laissera son siège au Pape Clément VII très préoccupé par les affaires de la dynastie que par l’hérésie. Luther est désormais libre, son affaire devient une affaire allemande et il bénéficie du soutien du peuple.

Dès lors, une série de contre-attaques règnera entre Luther et quelques théologiens fidèles au pape. Le 15 juin 1520 le Pape Léon X condamne les propositions de Luther par la bulle et le menace d’excommunication pour hérésie s’il ne se reprend pas. Le 11 décembre de la même année Luther réagi en brûlant le document condamnant ses écrits, le livre du droit Canonique et la bulle du Pape. Le 3 Janvier 1521 Luther est excommunié et la rupture est consommée.

3.      Approche de démarcation entre le protestantisme et le catholicisme 

Le protestantisme est l'ensemble des églises qui sont issues de la Réforme commencée par Martin Luther et qui se détacha du catholicisme au XVI ème siècle. Le protestantisme est l'une des principales branches du christianisme avec le catholicisme et l'orthodoxie. Selon cette perspective, le protestantisme englobe des mouvements variés, tels les luthériens, presbytériens, réformés, méthodistes, évangéliques (baptisme, pentecôtisme, mouvement charismatique évangélique et christianisme non-dénominationnel). En 2011, l'ensemble de ces Églises regroupent environ 37 % des chrétiens, soit 800 millions de protestants. Le protestantisme est né au XVIe siècle d’une rupture interne à la chrétienté occidentale. En effet, la démarche première des réformateurs n’était pas de quitter leur église d’origine. Aucun d’entre eux n’avait l’idée de créer le Protestantisme…

La naissance du protestantisme est intervenue en 1520-1521: après avoir vainement tenté d’obtenir de lui qu’il reconnaisse ses « erreurs », Rome somma Luther (1483-1546), dans la bulle Exsurge Domine (15 juin 1520) de Léon X, de se rétracter, puis, devant un nouveau refus du moine (qui avait brûlé la bulle), le rebelle et ses partisans furent excommuniés (bulle Decet romanum pontificem, 3 janvier 1521). Notons cependant qu’en définitive, « être protestant » ne signifie pas « protester » au sens moderne du terme, mais « affirmer » au sens ancien du terme. Bref, quelques points de démarcation existent entre les protestants et les Catholiques notamment l’autorité de certains livres de la Bible.

Rappelons ici que pour les protestants la Bible est l'autorité suprême en matière de foi. Cette conception justifie leur rigueur sur les textes canoniques de la Bible. En cette matière, leur point de divergence avec les Catholiques se situe au niveau des livres deutérocanoniques (c'est-à-dire admis secondairement dans le canon) que reconnaissent les Catholiques, amenant ainsi le nombre des livres de la Bible Catholique à 72 ou 73 selon qu'on considère ou non le Livre des Lamentations comme faisant partie du Livre de Jérémie, comme cela est d'usage répandu). Ces livres deutérocaniques ( Judith, Tobie, le passage grecs du livre d’Esther, I et II Maccabées, le livre de la sagesse, Siracide ou Ecclésiastique, les passages grecs du livre de Baruch, les passages grecs du livre de Daniel)//pierrebene45%40gmail%Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.:993/fetch%3EUID%3E/INBOX%3E28928#_ftn3" name="_ftnref3" title="" style="overflow-wrap: break-word; word-break: break-word; color: blue;">[3] sont considérés comme apocryphes chez les protestants, c’est-à-dire non inspirés.

Le mot « Deutérocanonique » signifie admis secondairement dans le canon par opposition à « protocanonique » qui s'applique à des livres qui n'ont jamais été contestés, sans qu'il y ait de différence du point de vue de la valeur canonique. Ce sont des notions propres au catholicisme qui concernent aussi bien des livres de l'Ancuen Testament que du Nouveau Testament. 

Père KIYE M. Vincent, Mafr

Paroisse de Dyou dans le diocèse de Sikasso

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