Ce Père Blanc originaire des Pays-Bas, qui avait vécu la mision  au Mali et dans son pays natal vers la fin, est décédé le 31 octobre 2018. Le Petit Echo nous a fourni sa biographie assez détaillée :

 

Jan est né le 10 août 1940 à Gilze-Rijen. Pour devenir missionnaire, il a suivi la formation à Sterksel, Santpoort, Saint-Charles près de Boxtel, Dorking (Angleterre) et Vals (France), où il prêta serment le 28 juin 1965.

Il a été ordonné prêtre le 2 juillet 1966 à Princenhage.

Jan était quelqu’un qui réfléchit et qui a souvent une vision claire des questions pastorales et financières. Il pouvait paraître cool, et il était spontané, même dans ses remarques. On appréciait ses homélies. Il avait une forte volonté de persévérance. Quelqu’un l’a qualifié de “réaliste avec un idéal élevé”. Jan s’était qualifié lui- même de “preneur de décisions difficiles”. Pendant ses années de formation, ses supérieurs ont souhaité qu’il devienne plus chaleureux et qu’il limite sa spontanéité.

Il a demandé à être autorisé à aller au Mali, entre autres à cause de son intérêt pour les  musulmans, la sociologie et l’ethnologie, ajoutant  explicitement qu’il était prêt à tout.

Son vœu fut exaucé ; le 19 décembre 1966, il partit pour le Mali.  Pendant quelques mois, il apprit  la langue et débuta dans la paroisse de Tomian, diocèse de San. Les premières adaptations ne furent pas faciles. En septembre 1971, il se rend à la paroisse de  Mandiakuy où il était plus à l’aise, et l’évêque pensa qu’il allait devenir un bon pasteur. Plus tard, il s’avéra que Jan n’était pas très à l’aise dans la pastorale de base.

Ce fut une période difficile pour le Sahel, les récoltes ont été insuffisantes. Il fallait de l’aide, mais on savait qu’il fallait le faire de manière pédagogique, afin de ne pas retomber dans le paternalisme. En 1974, on demanda à Jan de devenir le coordinateur du bureau national des projets de la conférence épiscopale, la BECAD. Il s’agissait aussi bien de l’administration et de la gestion des finances que de l’inspiration sacerdotale et de la formation du personnel.

Jan était la bonne personne et accepta avec plaisir. Mais se connaissant, il fit savoir que le dialogue avec les autorités du pays n’était pas son point fort, et il confia cette tâche à du personnel laïc. Il maintint lui-même les contacts avec les organisations internationales.

Plus tard, il devint également secrétaire de la conférence épiscopale. En 1977, l’archevêque de la capitale, Bamako, ajouta à cette nomination celle de Jan comme procureur de son diocèse. Son supérieur régional écrivit que Jan réussissait assez bien dans toutes ces tâches. En

1979, l’archevêque en plus de ses charges antérieures le nomma économe général du diocèse. En 1983, son supérieur régional écrivit sa satisfaction au sujet de la vie communautaire de Jan et de ses relations, qui avaient fait l’objet de quelques discussions.

En tant que secrétaire de la conférence épiscopale, Jan prépara entre autres la visite “ad limina” des évêques au Vatican, les célébrations du centenaire de l’Église locale et la visite du pape Jean-Paul II au Mali, en plus des affaires courantes.

Pour BECAD, il a dû s’occuper entre autres des questions de médicaments, de semis et de transport. De tout l’argent des diocèses du pays, 80 % sont entrés via Jan ; chaque année, environ 10 millions d’euros. Jan pensait que pour des raisons humanitaires, il devait y avoir de l’aide alimentaire, mais il était plus heureux avec une aide structurelle. La coopération avec les Maliens, majoritairement musulmans, s’est bien déroulée. Jan pensait qu’ils avaient beaucoup en commun avec les Hollandais : “ Nous avons 2 caractéristiques identiques. Nous sommes fiers d’être obstinés, mais en même temps très tolérants. A cause de cette tolérance, l’Islam ici se montre très différent de celui de l’Afrique du Nord”.

En mai 1985, quelqu’un d’autre fut nommé économe général de l’archidiocèse, et Jan resta avec BECAD et le secrétariat de la conférence épiscopale. Selon le supérieur régional, tous voyaient que Jan était heureux. Dans les années 90, Jan et son bureau mirent en place un système pour rendre l’Eglise locale financièrement indépendante, et composèrent les orientations que le supérieur régional souhaitait publier et diffuser.

Quand on demanda à Jan de devenir économe provincial aux Pays-Bas, il écrivit qu’après 30 ans, il avait commencé à aimer l’église au Mali, et ses habitants. Dans sa lettre après son jubilé, il mentionna qu’il était lui-même devenu en partie malien. Le 1er juillet 1998, il commença comme économe provincial aux Pays-Bas.

En novembre 2001, il fit un deuxième AVC. Nos voisins, les Frères de Glorieux, l’accueillirent bien dans leur infirmerie. Le confrère Martien van de Ven eut la gentillesse de donner un coup de main à l’économat ; le 30 octobre 2002 Jan lui passa le relais.

Il dût marcher avec une béquille, et son discours resta quelque peu entravé. Sa situation physique fluctuait. Le 18 décembre 2006, son état de santé se détériora tellement qu’il dût être hospitalisé. Après un séjour prolongé, les Frères de Glorieux s’occupèrent à nouveau

de lui avec gentillesse. En avril 2007, il eut le choix entre rester à Heythuysen ou s’installer chez les frères. Il opta pour le premier. En janvier 2010, il déménagea finalement à Heythuysen, toujours avec une béquille et marchant difficilement.
Avec une chaise-scooter, il pouvait aller faire des promenades à l’extérieur, ce qu’il adorait faire dans les premières années. Plus tard, il venait à la chapelle et pour ses repas au  restaurant, mais pour le reste, il restait dans son appartement. Là, il cherchait de l’information ou un divertissement à la télévision.

Tous les dimanches soirs, il téléphonait encore à des connaissances au Mali. L’un d’eux venait lui rendre visite chaque année pendant quelques jours. A partir de fin 2013, il changea sa béquille pour une chaise roulante.

Le diocèse de San décerna à Jan la médaille du Mérite spécial, qui lui fut remise le 8 décembre 2016. Les derniers jours de sa vie, ses sœurs venaient lui rendre visite tous les jours.

Jan est décédé paisiblement dans son appartement le 31octobre 2018, en présence de ses 3 sœurs. Avec sa famille et ses amis, nous l’avons enterré dans notre cimetière Saint-Charles le 7 novembre 2018. La caractéristique de Jésus que Jan a mise en exergue dans sa vie fut :

“Qui donc est l’intendant fidèle et sage, que son maître établira sur sa maison, pour leur donner leurs portions de nourriture en temps voulu ?” (Luc 12, 42).

Marien van den Eijnden