Mon expérience des études spécialisées
(PE n° 1089 – 2018/03)


Ma première nomination après mon ordination a été la paroisse de Mapeera Nabulagala à Kampala (Ouganda) durant quatre ans et huit mois. J’ai été vicaire durant les trois premières années et, ensuite, j’ai pris la charge de curé de paroisse. Après sept mois à ce poste, le provincial m’a informé que j’avais été sélectionné pour des études spécialisées. Cette annonce fut à la fois une surprise et un choc. Une surprise parce qu’on me demandait de faire des études en administration des entreprises. Je pensais que si j’avais à faire des études supérieures, ce serait en théologie dogmatique ou en missiologie. Comme c’était la décision des Conseils provincial et général en fonction des divers besoins de la Société, j’ai respecté leur décision. D’autre part, l’annonce fut un choc parce que j’avais occupé le nouveau poste de responsabilité à la paroisse pendant seulement quelques mois. J’ai dû abandonner tous les programmes et projets pastoraux que nous avions mis en place pour la paroisse. J’avais cependant confiance qu’après mon départ et sans moi, le ministère paroissial continuerait avec les autres confrères qui prendraient la relève.

A la fin de 2015, le délégué provincial des États-Unis m’a informé que je commencerais les études à l’automne 2016. J’ai donc commencé à rassembler les documents requis pour mon inscription à l’université Trinity de Washington. Le processus d’inscription à l’université a pris plus de temps que prévu et cela a retardé ma demande de visa. Je suis arrivé aux États-Unis trois jours avant le début des cours. Il y eut encore beaucoup de démarches à faire : d’abord finaliser mon inscription, entrer en contact avec mon département, discuter de ma maîtrise, m’habituer au système et ainsi de suite. Bref, cela a été un gros défi. L’école de commerce et d’études supérieures de la même université m’a cependant admis en tant que candidat à la maîtrise en administration des entreprises (MBA) avec une spécialité en finances.

Le programme MBA est un programme qui attire des professionnels de différents milieux. Dans mon groupe, nous avons des comptables, des entrepreneurs, des avocats et des gestionnaires. Certains de mes camarades de classe ont été surpris qu’un prêtre prenne ce programme. Au fur et à mesure de nos études, ils ont compris que chaque commerce ou institution fonctionne comme une sorte d’entreprise. Notre programme comprend plusieurs aspects et est intensif. Le programme inclut de nombreuses recherches analytiques, des études de cas, des travaux pratiques, des discussions de groupe et des présentations. Tous les sujets sont basés sur les domaines fonctionnels de l’entreprise, à savoir, la comptabilité, l’économie, la finance, les systèmes d’information, le marketing, l’éthique et la gestion.

Le début a été difficile parce que j’ai dû travailler pas mal pour me souvenir de mes mathématiques. De plus, j’ai dû apprendre à parler la langue des affaires et comprendre comment son éthique s’applique aux clients, aux employés et aux autres intéressés. C’est avec détermination que je réussis à maîtriser ces aspects.

Antonio, au cours d’une présentation Powerpoint.

Même si le programme n’est pas encore terminé, je fais le lien entre mes études et le travail pastoral. J’ai appris beaucoup de choses qui me seront utiles dans la mission. Premièrement, le MBA me permet de faire une meilleure analyse situationnelle dans différents domaines. Deuxièmement, il me fournit des outils pour évaluer les sources de capital et élaborer une stratégie financière de croissance à long terme. En d’autres termes, le programme MBA me donne les moyens d’être plus efficace dans la mission et d’être un gestionnaire compétent des ressources.

Pendant la poursuite de mes études, j’ai souvent été ramené à mes expériences antérieures. Beaucoup de questions font surface, mais j’aime réfléchir spécialement sur la question suivante : pourquoi certaines missions fonctionnent-elles bien, tandis que d’autres non ? Ma réponse à cette question concerne la gestion des ressources. Une mauvaise gestion conduit toujours à la médiocrité ou à un échec total, mais une bonne gestion aboutit à de grandes réalisations.

Le rêve de toute entreprise ou institution est de réussir dans tous les domaines et devenir ainsi compétitif sur le marché. Evidemment, nous ne sommes pas engagés dans la concurrence comme les entreprises, mais ce mot ‘compétitif’ peut signifier pour nous devenir point de référence pour les autres.

Antonio avec certains de ses professeurs

Pour minimiser l’échec, nous sommes donc encouragés à évaluer régulièrement notre vision et notre mission et à redéfinir nos objectifs à long terme. Cet exercice aide à concevoir des stratégies et des politiques qui aident à atteindre nos objectifs. Bien sûr, un tel exercice est un engagement important. C’est une procédure qui demande beaucoup de temps et de ressources et qui englobe tous les intéressés (individus ou groupes) qui participent à la gestion d’une paroisse par exemple. Une fois que c’est fait, le document développé devient un chemin vers le succès. En termes commerciaux, un tel document est appelé ‘plan stratégique’. Pour notre Société, le plan stratégique est le document des Actes capitulaires du Chapitre. Des études ont démontré que la formulation, la mise en œuvre et l’évaluation du plan stratégique garantissent le succès.

Notre Conseil général connaît les besoins de la Société et cherche à répondre à ces besoins. La politique de sélection des candidats pour répondre à ces besoins est excellente et a bien fonctionné jusqu’à présent. Mais pour améliorer le processus de sélection pour des études spécialisées, les provinciaux devraient informer les confrères assez tôt. Ils devraient aussi les libérer de leurs fonctions pour qu’ils puissent avoir suffisamment de temps pour se préparer à ces études.

Antonio Koffi, M.Afr.