Le titre d'un livre publié par Jean Moriaud, qui a été missionnaire en Afrique de l'Ouest. Le commentaire de ce livre est fait par Bernard Ugeux, bien connu de tous.

J. Moriaud, Vraiment Il était là – Une revue
(Petit Echo n° 1088 – 2018/02)


Auteur : Jean Moriaud, 

Titre du livre : Vraiment, il était là,

Sous-titre : Une relecture de ma vie avec Dieu,
Edition 2017, 183 pages.

Voici un petit livre passionnant ! Pour Jean, la définition de la mission, « c’est toujours « vivre avec », et m’intéresser aux personnes pour qu’elles s’intéressent un peu plus aux autres et, si possible, à Dieu ». Notre confrère a passé 22 ans au Burkina et 10 ans au Tchad et est un conteur-né. Il a un grand sens de l’observation et de l’humour, un cœur large, et il aime mettre en valeur les merveilles que fait le Seigneur chez les autres. La « relecture de sa vie » est comme une ode à l’Esprit-Saint. Il en parle avec humilité et réalisme. On y perçoit beaucoup d’humanité, d’intérêt pour les personnes et leur culture, de souci de trouver avec elles des solutions à leurs problèmes et de les mettre en relation entre elles pour progresser ensemble dans leur vie quotidienne et chrétienne.

Cette attitude lui vaut progressivement la confiance des autorités traditionnelles autant qu’administratives, ce qui lui sera bien utile quand il se lancera dans des projets de développement avec les gens, en commençant par les jeunes. Il ne fait pas de théorie sur le dialogue avec les religions traditionnelles africaines, mais son quotidien de pasteur le met en situation permanente de rencontre. C’est ainsi que la confiance créée avec les anciens l’aidera à faire accepter les jeunes et leurs projets par les chefs locaux. Que ce soit à propos de la création de groupes de danses traditionnelles, d’initiation à des artisanats locaux, de la création d’un centre de formation pour aveugles ou d’un village pilote pour jeunes agriculteurs. Il s’engage aussi dans l’inculturation de la liturgie pascale…

Il ne propose pas non plus de théorie sur JPIC, mais quand il rencontre un problème qui touche à la santé ou à l’équilibre alimentaire de la population, il mobilise tout le monde. Ainsi il apprend à des personnes aveugles à planter des oignons et aux populations à construire des puits ou aménager des sources.

Son travail pastoral rejoint aussi la souffrance des gens, comme pour la mort du jeune Kizito à la suite de l’initiation, et les questions liées à l’exode des jeunes vers Abidjan. Voilà un patient travail de formation et d’accompagnement de catéchistes, de responsables de communautés ou de mouvements de jeunesse…

C’est dans l’action de grâce et l’enthousiasme qu’il évoque ces années de fécondité apostolique accompagnée d’une vie de prière profonde. Certes, sa joie de partager les beaux fruits ne lui laisse pas beaucoup de place pour nous parler des échecs, des difficultés communautaires ou des découragements qu’il laisse pudiquement de côté. Mais voilà, il s’agit plus d’un Magnificat que d’un De profundis… Je le suggère particulièrement à nos frères qui « ne veulent pas être nommés en brousse »…

Bernard Ugeux, M.Afr.