Nigeria : ce que révèlent les journaux intimes
des lycéennes de Chibok

Les pages du journal intime de l'une des lycéennes nigérianes enlevées par les islmaistes de Boko Haram.
© THOMSON REUTERS FOUNDATION/Adaobi Tricia Nwaubani
 

Trois ans après l’enlèvement de plus de 200 lycéennes par les jihadistes de Boko Haram à Cjibok, au Nigeria, les journaux intimes de certaines des jeunes filles révèlent un nouvel aspect de cet évènement qui avait ému la planète entière.

Le contenu de journaux intimes clandestins tenus par plusieurs des jeunes filles enlevées par le jihadistes de Boko Haram a été rendu public par l’agence de presse Reuters. Non datés, ces chroniques ont été écrites sur des cahiers qui avaient été données aux jeunes filles pour les leçons coraniques. Pour les cacher, les jeunes filles enterraient les manuscrits dans le sol ou les portaient dans leurs sous-vêtements.

Concours de circonstance

 
 
 

Et au fil des pages, c’est un aspect méconnu de l’enlèvement des lycéennes de Chibok qui vient d’être découvert. Des lycéennes racontent en effet que cet enlèvement serait un malheureux concours de circonstance : ce n'était pas les jeunes filles que Boko Haram recherchaient ce jour-là, en 2014.

Dans ce document, les jeunes filles expliquent que les hommes du groupe terroriste souhaitaient voler du matériel de construction. Faute de matériel, les ravisseurs ce seraient disputés sur le sort à accorder aux 200 étudiantes. « L'un des garçons a dit qu'ils devraient tous nous brûler », écrit l'une des filles de Chibok.

Récit de captives

Ce récit témoigne aussi de manière éloquente de la vie en captivité entre les mains de Boko Haram : coups répétés, corvées domestiques, pressions pour convertir et marier les filles... Les textes dévoilent aussi les liens entretenus par le groupe terroriste avec la population. Malgré les violences auxquelles font face les détenues, les textes racontent aussi l'espièglerie avec laquelle les filles de chibok ont tenté d'oublier leur condition. Les étudiantes donnaient notamment des surnoms moqueurs aux combattants.

Il y aurait actuellement 113 étudiantes de Chibok toujours entre les mains de Boko Haram. Depuis le début du conflit, en 2009, plus de 20 000 personnes ont été tuées aux Nigeria et les violences ont jeté plus de 2,5 millions de personnes sur les routes.