Entretiens réalisés par Josianne N.

La  famille est l’institution la  plus  basique  de toute  société.  Dans  sa définition la  plus simple, c’est  l’ensemble formé  par  le père,  la mère et les enfants.  Même  les personnes  en situation  de migration n’échappent pas à cetCentre d'accueilte institution. Surtout depuis  que la migration s’est réellement féminisée  en Algérie, on assiste de plus en plus à la formation de couples,  à la naissance  d’enfants, à la décision des personnes  en migration de faire leur  vie, de fonder des familles, bref  de vivre  leur  vie  où elles  se trouvent. Pour  mieux  comprendre comment  ces familles naissent,  ce qu’elles deviennent et comment la foi les soutient dans ce parcours, nous avons décidé de donner la parole à quelques familles de migrants.

 Photo : Centre d'accueil Femmes et Enfants Migrants d'Oran (CAFEMO)

 

Famille 1 : « Je suis une jeune Camerounaise de 26 ans. Je suis en couple  depuis plus  de  2 ans  avec  un  Camerounais  et nous avons deux enfants (des jumelles de 22 mois). Il y a 3 ans, j’ai quitté  le Came- roun  à destination de l’Espagne,  passant par l’Algérie et le Maroc. Et c’est au Ma- roc que j’ai fait sa connaissance. Lui, avait déjà tenté la traversée pour l’Espagne plusieurs fois  sans succès et avait  finalement abandonné.  Moi j’attendais que ma famille au pays m’envoie de l’argent pour traverser. Quelques  mois  après notre rencontre, je suis tombée enceinte. Et comme c’était un  peu  difficile au  Maroc,  nous avons décidé  d’aller en Algérie sur  ma proposition. À notre arrivée  en Algérie, je me suis retrouvée face à la réalité  : pas de travail, pas de liberté de circuler sans papier,  enfermement, etc. Dieu  nous a don- né la force  de tenir  car mon  compagnon parvenait toujours à rentrer  avec quelque chose pour le manger,  pour le loyer, pour le suivi de ma grossesse, pour les enfants, grâce aux petits jobs qu’il réussi à obtenir de temps  à autre,  et grâce au soutien  de quelques personnes. En plus, Dieu  est au RDV tous  les jours  car  il est notre  seul appui;  c’est  lui qui  change  toute  chose ; il rend toute chose possible. Mon compagnon  m’a  proposé  de faire notre  vie  ensemble,  mais  moi  je  ne suis  pas encore prête  pour  le mariage.  Je pense que j’ai encore du temps. Mes filles sont le centre de ma vie ; quand elles dorment je dors, quand elles se réveillent, je me réveille et je m’occupe d’elles, je n’ai  rien d’autre à faire.  Je souhaite  partir de l’Algérie pour mon pays ou pour l’Europe ; Dieu  va me guider. »

Famille 2 : « Je suis un Togolais de 34 ans, je me suis légalement marié  en 2007 avec une Togolaise et nous avons un fils de 5 ans. Je suis en Algérie depuis  4 ans et ma famille m’a retrouvé il y a 3 ans. J’ai  le statut  de réfugié avec ma famille et nous sommes logés par le HCR. La vie en Algérie est difficile, mais Dieu  aidant, on trouve  des petits boulots pour subvenir aux besoins les plus élémentaires. Je suis issu d’une  famille païenne,  mais  très tôt j'ai  connu  la  route  de l'Église et ma  foi en JÉSUS  m'aide  beaucoup  à surmonter les difficultés, surtout  dans ma situation actuelle, puisque  je sais par la PAROLE DE  DIEU qu'Il n'oublie jamais  ceux qui comptent sur lui et les délivre de toute dé- tresse. Je veux  continuer l'aventure tout en espérant avoir  un avenir  meilleur pour ma famille, surtout  pour le petit.»

Famille 3 : « Je suis une Camerounaise de 38 ans ; je suis arrivée  en Algérie il y  a 7 ans environ en passant par  le  Mali. J’y  avais  fait  la rencontre d’un Camerounais avec qui  j’ai passé un court  séjour  là-bas, avant  qu’on se retrouve ici en Algérie. Malheureusement, étant ici,  les choses ne se sont pas bien passées entre nous pour diverses raisons. Il y a 4 ans environ, j’ai décidé de me mettre en couple avec un Nigérian ; nous avons une fille de 2 ans et nous projetons même d’agrandir la famille de commun accord.  La vie n’est  pas facile en Algérie, mais avec l’aide de Dieu,  qui  est au centre  de notre  couple,  les choses avancent bien  entre nous et les projets  d’avenir se dessinent  tout seuls. »

Tous ces témoignages montrent clairement que les personnes  en migration trouvent beaucoup d’espoir dans les unités familiales qu’elles réussissent à créer. Malheureusement, certaines cellules familiales sont souvent  brisées lorsque les parents  n’arrivent pas à synchroniser leurs différents projets de départ avant de se lancer dans cette aventure commune.

Réflexion de S.E. Mme Isabelle Roy, Ambassadrice du Canada