En Guinée, Mamadi Doumbouya accusé de censurer la presse

Sur fond de tensions politiques, alors que les appels à manifester de l’opposition ont repris, les principales organisations de presse accusent la junte de censurer internet et d’avoir saisi les émetteurs de deux radios.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 19 mai 2023 à 12:21
 
 

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Une affiche représentant le colonel Mamadi Doumbouya, à Conakry, le 11 septembre 2021. © JOHN WESSELS / AFP

 

La junte dirigée par Mamadi Doumbouya pratique-t-elle la censure des médias ? C’est en tout cas l’avis des principales organisations de presse guinéennes, représentant télévisions, radios, journaux et sites d’information privés, qui ont pointé du doigt, jeudi 18 mai, la restriction ou le blocage de l’accès à des sites internet d’information et à des réseaux sociaux populaires, dans un contexte politique tendu, marqué par les appels de l’opposition à manifester.

Elles ont aussi dénoncé une descente effectuée mercredi par des gendarmes au siège du groupe de presse Afric Vision, à Conakry, et la saisie des émetteurs de deux radios.

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« Des actions liberticides engagées par l’Autorité de régulation des postes et télécommunications contre les médias guinéens », fustige le communiqué des organisations de presse, lesquelles « condamnent cette censure, qui est un recul de la démocratie » et annoncent leur décision de ne plus participer à la semaine des métiers de l’information et de la communication organisée par le gouvernement.

« Méthodes rétrogrades »

Depuis mercredi, les internautes guinéens se plaignent de la difficulté ou de l’impossibilité d’accès sans VPN à des sites d’information ou à des réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp, Instagram ou TikTok. Les problèmes ont été confirmés par le service de surveillance d’internet NetBlocks. L’influente Association des blogueurs de Guinée, Ablogui, a parlé dans un communiqué distinct de « méthodes rétrogrades qui déshonorent la Guinée ».

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Le porte-parole du gouvernement et ministre des Télécommunications, Ousmane Gaoual Diallo, a cependant réfuté toute implication des autorités. Il a parlé devant les journalistes « d’une panne qui se produit partout », a rapporté le site d’information Guinéenews. « Si le gouvernement décide de fermer internet, il le fera et en assumera les conséquences. Cependant, ce n’est pas le cas », a-t-il déclaré. Quant à Afric Vision, les autorités attendent que le groupe produise des éléments corroborant ses dires, a-t-il déclaré. Mais tout média qui troublera la paix sociale « sera fermé sans hésitation », a-t-il prévenu.

Manifestation peu suivie

Alors que la junte interdit toute manifestation depuis 2022, l’opposition avait appelé à défiler dans les rues mercredi et jeudi, annulant finalement sa deuxième journée d’action. L’appel de la veille avait été peu suivi d’effet dans les rues de Conakry, placées sous contrôle étroit de l’armée et des forces de sécurité.

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Les Forces vives, collectif de partis et organisations, ont cependant revendiqué d’avoir paralysé l’activité dans différents secteurs de la capitale. Elles accusent le colonel Mamadi Doumbouya et un certain nombre d’officiels de faire preuve de « folie meurtrière » et d’essayer de mener à bien un projet de confiscation du pouvoir, alors que les militaires – sous la pression de pays et d’institutions de la sous-région – ont consenti à laisser la place à des civils élus d’ici à la fin de 2024.

(Avec AFP)