Edem d’Almeida, patron d'Africa Global Recycling, valorise les déchets du Togo

Edem d'Almeida, fondateur d'Africa Global Recycling.
Edem d'Almeida, fondateur d'Africa Global Recycling. © AGR

Le portrait d'Aujourd'hui l'économie est cette semaine consacré à Edem d’Almeida. Ce Franco-Togolais dirige Africa Global Recycling, une entreprise de collecte et de valorisation des déchets qu’il a créée. D'abord active au Togo, il ambitionne d’en faire une entreprise panafricaine. 

Affable et accessible, Edem d’Almeida a découvert le concept du développement durable après son installation en France au début des années 2000. Il investit à l’époque dans la gestion de projets associatifs et entrepreneuriaux. Mais c’est en 2005 qu’il se passionne pour le secteur du déchet, après avoir été embauché chez Suez Environnement, où il s’occupe du développement commercial et de l’approvisionnement du centre de valorisation en déchets industriels dans l’est de la France. Il change d’employeur après trois ans et devient responsable du pôle filières et négoce de déchets dans son nouveau groupe. Il se met à son compte en 2011, toujours dans le secteur du négoce international de déchets recyclables et de matières premières secondaires.

2 000 tonnes de déchets traités en 2020

Deux ans plus tard, Edem d’Almeida crée Africa Global Recycling pour, dans un premier temps, apporter sa part dans l’assainissement de la capitale togolaise : « Nous n’avons pas la prétention aujourd’hui de répondre à tous les défis. C’est d’abord la démonstration que l’approche que nous avons traditionnellement des déchets, sur l’aspect uniquement de la collecte à la décharge, n’est pas tenable pour nos pays, et que cela doit représenter des opportunités de développement, de création d’emplois et de filières pour l’industrie. »

Bilan de l’année 2020 : 2 000 tonnes de déchets traités dans la capitale togolaise. Edem d’Almeida en est fier. Il explique « modestement » que cette quantité est sortie des décharges de Lomé, où il existe toujours des décharges sauvages. Le Franco-Togolais, qui n’a pas la prétention de résoudre tout le problème des déchets, invite d’autres personnes à s’intéresser à cette filière.

Une activité qui requiert de la persévérance

Aujourd’hui, Edem d’Almeida est lui-même surpris par l’évolution de l’activité qu’il a créée il y a huit ans : « En 2013, je n’avais pas l’ambition de venir m’installer au Togo, je préférais travailler de la France, mais avoir cette satisfaction de faire quelque chose et d’entreprendre. Et en 2015, en plein questionnement sur le retour définitif ou l’arrêt même de l’activité au Togo, parce que les banques ne suivent pas, parce que les industriels ne veulent pas payer pour faire enlever leurs déchets, je me suis dit que ce serait un gâchis de ne pas me battre et de montrer que c’était possible. Je suis très content de ce que nous avons aujourd’hui. »

L’ambition du Franco-Togolais est d’étendre ses activités dans d’autres pays africains. Mais en attendant, Edem d’Almeida s’intéresse à d’autres villes du Togo, à commencer par Aneho, l’ancienne capitale du pays. Après avoir entendu parler d’Edem d’Almeida, le maire d’Aneho, Alexis Aquereburu, a tenu à le rencontrer. Il adhère à la démarche du patron d’AGR : « C’est un excellent professionnel, entrepreneur, créateur d’idées et surtout très volontaire. Parce que la gestion des déchets est une activité particulière et la relation que la population a avec les déchets est complexe. Il a le mérite de rapprocher les réflexions sur les déchets de la population, en ce sens que nous avons commencé un travail pédagogique au niveau des écoles, notamment dans le cadre du projet "Moi je trie". On vient aussi de mettre des éco-box dans la ville d’Aneho, qui servent à échanger des déchets, comme des sachets plastiques, contre des crédits de communication. » 

Laisser une empreinte

Edem d’Almeida ne se contente pas de récupérer les déchets et de les valoriser dans le seul but de développer son entreprise. Il veut aussi laisser une empreinte sur les jeunes générations : « Si je prends le cas du Togo, nous sommes présents dans les écoles avec 30 000 élèves bénéficiaires de nos programmes d’éducation aujourd’hui, mais également sur la possibilité de générer des revenus complémentaires pour bon nombre d’acteurs. N’importe qui a la capacité d’apporter son déchet et il est rémunéré. »

Huit ans après le début de son activité, Edem d’Almeida n’a toujours pas réussi à avoir un crédit auprès d’une banque togolaise. Mais cela ne l’empêche pas de poursuivre son objectif. Il parle volontiers avec passion de ce qu’il fait lorsqu’il est invité dans des conférences et des forums internationaux.

Il a déjà reçu plusieurs récompenses, comme le Prix international de la francophonie pour la jeunesse et les emplois Verts, c’était en 2016 à Moncton au Canada.