Mali : Mahamadou Camara remis en liberté, la fin du feuilleton judiciaire ?

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Mahamadou Camara lors du premier conseil des ministres du gouvernement Moussa Mara, le 17 avril 2014

La chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a annulé mardi les poursuites à l’encontre de Mahamadou Camara. L’ancien ministre et ancien directeur de cabinet d’Ibrahim Boubacar Keïta était poursuivi pour « complicité de favoritisme » dans l’affaire de la surfacturation de matériel militaire.

Mahamadou Camara a été libéré mardi et a rejoint son domicile à Bamako. La Cour d’appel de Bamako a annulé les poursuites à son encontre. L’ancien directeur de cabinet d’Ibrahim Boubacar Keïta était détenu depuis le 27 mars à la prison centrale de Bamako.

Le procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune III de Bamako, Mahamadou Kassogué, le soupçonnait de « complicité de favoritisme » dans l’affaire de l’équipement militaire, qui avait été classée sans suite en 2018.

Le magistrat, qui a rouvert le dossier ainsi que celui de l’acquisition de l’avion présidentiel en 2014, a dans son viseur plusieurs hommes d’affaires et d’anciens ministres. Il se base, notamment, sur un rapport du bureau du Vérificateur général, qui fait état de « graves manquements à l’orthodoxie financière et comptable » et évoquait, le 27 mars dernier, « des faits de détournements de deniers publics sur fond d’opérations frauduleuses pour un montant de 9 350 120 750 F CFA et de surfacturation par faux et usage de faux pour un montant de 29 311 069 068 F CFA ».

Trois jours pour faire appel

La défense de Mahamadou Camara a insisté sur le fait que leur client était directeur de cabinet au moment des faits et avait donc rang de ministre. Par conséquent, il aurait dû être poursuivi, à l’instar des autres ministres, devant la Haute Cour de Justice.

La décision de la Cour d’appel de Bamako mardi annule de fait tous les actes initiés par le procureur et le juge d’instruction. Mais ce feuilleton politico-judiciaire n’est pas pour autant terminé.

Mahamadou Kassogué a trois jours pour faire appel, soit jusqu’à ce vendredi soir. Le procureur a, en outre, la possibilité d’entamer une procédure devant la Haute Cour de Justice. Dans ce cas, il faudrait cependant au préalable attendre que la future Assemblée nationale, dont les députés viennent tout juste d’être élus, se prononce sur une éventuelle levée de l’immunité des anciens ministres visés par l’enquête du magistrat.

L’arrestation de Mahamadou Camara, un proche d’IBK, a créé des remous dans le gouvernement de large ouverture mis en place à la faveur d’un accord politique en mai. Depuis l’arrivée de Malick Coulibaly à la tête du ministère de la Justice, et la nomination de Mahamadou Kassogué au pôle anti-corruption, plusieurs personnalités réputées proches de l’exécutif font l’objet de procédures dans des dossiers de corruption présumée.

C’est notamment le cas du maire de Bamako, Adama Sangaré, incarcéré en octobre 2019 et du président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali, Bakary Togola, placé en détention préventive le 13 septembre dernier.

 
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