La Côte d’Ivoire, un pays de transit et de départ

Vue de la commune d'Abobo, en Côte d'Ivoire (image d'illustration).
© RFI / Charlie Dupiot

Abidjan accueille ce weekend le Forum Mo Ibrahim sur la gouvernance. Le thème cette année : « Jeunesse africaine : migration faute d’emploi ? ». En ce qui concerne les migrations, la Côte d’Ivoire est aussi bien un pays d’arrivée, de transit, mais aussi de départ. Et nombreux sont les jeunes qui rêvent de partir, notamment en Europe, faute de perspectives économiques dans leur pays. Illustration dans la commune populaire d’Abobo dans le nord d’Abidjan.

La « Casse d’Abobo » est bordée par une voie rapide le long de laquelle de jeunes vendeurs alpaguent des clients pour leur vendre des pièces détachées de voiture sur lesquelles ils touchent un maigre pourcentage. A la fin du mois, ceux qui s’en tirent bien auront empoché quelques milliers de francs.

Karim 21 ans, est l’un d’entre eux et il a un objectif : l’Europe. « Nous aussi, on n’a pas envie de rester ici. On a envie de tenter notre chance pour voir ce que ça peut donner demain. L’Afrique, c’est l’Afrique, ça ne change pas. C’est en Europe qu’on aimerait aller tenter notre chance. Quand tu es dans un lieu où ça ne va pas, tu n’as plus envie de rester. On est ici, on nous chasse, on n’arrive pas à s’en sortir. On est ici, ils sont derrière nous. On est là, ils sont derrière nous. Quitter ce lieu, on ne sait pas, pour aller travailler où ? Le peu d’argent qu’on a comme économie, si ça peut suffire pour qu’on aille là-bas. On va se lancer. »

« Même en Afrique, on peut être heureux »

L’intérieur de ce quartier du Banco est un dédale d’étroites ruelles boueuses, où il faut enjamber les flaques d’huiles et contourner les carcasses métalliques. Mohamed Koné, la cinquantaine, est spécialisé dans les radiateurs. Comme beaucoup de vieux artisans de « la casse », il forme de jeunes apprentis : « Je suis victime de mes apprentis. Il gagne un million deux cent mille francs et il part. C’est au dernier moment que j’apprends qu’il est parti au Maroc et que du Maroc il veut continuer. »

A ses apprentis, Mohamed Koné enseigne qu’en travaillant pour se mettre à son compte, on peut réussir : « Même en Afrique, on peut être heureux », leur dit-il espérant les retenir.