Historique de l'association Taab Yinga à Ouagadougou:  «  Au service des enfants »
Le FOYER

La naissance de l'association

ImageUn étudiant, Lucien Sow, bien connu du Père Édouard Duclos, était passionné par les enfants qui vivaient dans la rue et passait beaucoup de temps avec eux. Il en accueillait même quelques-uns chez lui occasionnellement pour leur permettre de se laver.
Il était tellement proche d'eux qu'il s'est retrouvé plus d'une fois avec eux lors de rafles de police. Afin de le soutenir, et de lui donner un peu de « couverture » officielle, un groupe de chrétiens engagés se sont mis en association avec lui en 1997. L'association a été reconnue officiellement en 1998. Et des fonds ont été trouvés pour permettre à Lucien d'aller poursuivre des études correspondant vraiment à ses souhaits : l'éducation des enfants en situation difficile. Il a donc passé trois ans à Gawa, à l'école des éducateurs sociaux du Ministère de l'Action Sociale. Il en est sorti avec la promotion 2001.
Que faire concrètement maintenant ?

Un foyer est ouvert

Avec l'aide du Père Anton Weidelener, Lucien se met en recherche d'une maison qu'on pourrait louer, afin d'y accueillir quelques jeunes désireux de sortir de leur situation et de quitter la rue.
Une maison est trouvée dans le quartier de la Patte d'Oie, dans une cité SOCOGIB, donc en plein au milieu des gens : c'était un pari que les jeunes sauraient se faire accepter par le quartier et les voisins. Il y a de quoi y loger les jeunes et l'éducateur.

ImageLe Père Pierre Béné, nommé secrétaire provincial, désire faire en même temps autre chose que du secrétariat. Il prend en quelque sorte le relais du Père Anton et, en avril 2002, cinq enfants « sélectionnés » par Lucien sont accueillis au foyer de la Patte d'Oie : Grégoire, Inoussa, Abdoullaye, Karim et Ali. L'idée de base est d'héberger ces jeunes au foyer où ils pourront se laver. Il y a des toilettes, une télévision pour se détendre. Dans la journée, l'option est prise de les placer chez des artisans (tailleurs ou mécaniciens) afin qu'ils s'habituent déjà au milieu « ouvert ». Une allocation leur est remise chaque matin pour qu'ils se trouvent de quoi manger, car ils sont dans des lieux différents, n'ont pas les mêmes horaires, et peut-être pas les mêmes goûts !

ImagePetit à petit, on augmente le nombre des jeunes : on s'est fixé un maximum de 15. En fait, c'est seulement à la fin de l'expérience de la Patte d'Oie que ce chiffre sera atteint.
Peu à peu on organise des cours d'alphabétisation pour ceux qui n'ont jamais été à l'école et on inscrit ceux qui ont un minimum de connaissance scolaire à des cours du soir dans le quartier.
Après un certain temps, on décide de préparer un repas commun le soir, et de réduire ainsi l'allocation donnée chaque jour aux jeunes.

Côté expériences « malheureuses » : le plus jeune du premier « lot » est renvoyé parce qu'il a volé trois radios dans un marché proche du foyer... Un autre jeune, qui se débrouille bien en mécanique dans le garage où il a été placé, détourne de l'argent de son patron et est absent trois jours avec le vélo d'un autre apprenti : lui aussi est « remercié ».

ImageCôté expériences heureuses : un jeune, doué pour la couture, décide un jour de retourner dans sa famille pour voir ce qu'ils deviennent. Lucien l'accompagne et on découvre que ce jeune avait quitté sa famille parce que le papa était un travailleur acharné : agriculture, élevage ; il travaille fort et en attend autant de ses enfants. Le jeune Inoussa, qui espérait trouver la belle vie à la ville, décide qu'il vaut mieux travailler avec son père... Il repart donc avec un modeste pécule pour démarrer un petit commerce avec l'aide de sa maman pour la gestion.
Karim, lui, n'est pas doué pour la couture et finit par demander si on peut l'aider avec une charrette et un âne pour qu'il gagne sa vie en transportant du sable et des pierres. Il se débrouille bien maintenant...

Une prochaine fois, nous parlerons du démarrage des ateliers de Taab Yinga.