Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Calendrier interreligieux: janvier 2019

 
janvier

Très riches heures du duc de Berry. janvier

Janvier 2019

Mar.Oshogatsu (du 1er au 3 janvier)
Nouvel An japonais, fait de réjouissances et de visites aux sanctuaires shintôs et aux temples bouddhiques.
Mar.Nouvel An
Nouvel An 2019 du calendrier grégorien basé sur la naissance de Jésus (~4 ans d’erreur). Inauguration de la nouvelle année civile annoncée par les réjouissances du réveillon pendant la nuit du 31 décembre au 1er janvier .[+ d’infos ]
Sam.Naissance (parkash) de Guru Gobind Singh
Né en 1666, Gobind Singh est le 10e et dernier gourou historique des sikhs.
Dim. 6 Dimanche de l’Épiphanie
Fête catholique de l’adoration de l’enfant Jésus par les mages, précurseurs de toute l’humanité.
Dim.Épiphanie / Théophanie orthodoxe (6 janvier: cal. grégorien; 19 janvier: cal. julien)
En Occident: fête des Rois en souvenir des mages venus adorer l’enfant Jésus.
En Orient: révélation de Jésus comme fils de Dieu lors de son baptême.
Cette fête commémore la manifestation de Dieu aux hommes, en la personne de Jésus. C’est, pour les Églises d’Occident, celle de l’Épiphanie, d’un mot grec signifiant «manifestation», et, pour les Églises d’Orient, celle de la Théophanie, d’un mot grec signifiant plus précisément «manifestation de Dieu».[ + d’infos ]
Lun.Noël (25 décembre: cal. grégorien; 7 janvier: cal. julien)
Grande fête de la naissance de Jésus dans une étable à Bethléem. En Éthiopie, le 7 janvier coïncide avec la fête de saint Lalibela, le grand roi (XIIIe siècle) qui fit construire, en ce lieu qui porte depuis son nom, un ensemble monumental de onze églises, haut lieu de pèlerinage.
Lun. 14 Makara Samkranti / Pongal
Célébration du solstice d’hiver hindou. En Inde du Sud, cette fête est célébrée sous le nom de Pongal, littéralement «ébullition».
Ven. 18 Semaine de prière pour l’unité chrétienne (du 18 au 25 janvier)
Prière œcuménique sur l’initiative de l’abbé Couturier en 1935.
Sam. 19 Théophanie orthodoxe (6 janvier: cal. grégorien; 19 janvier: cal. julien)
Révélation de Jésus comme fils de Dieu lors de son baptême.[ + d’infos ]

De l’universalisme au différentialisme (The Conversation)

 

La méthode cartésienne s’inscrivait dans la tâche plus globale de redéfinir l’idée de l’homme, à travers une définition ouverte, puisqu’il ne s’agissait plus d’accoler à un sujet un prédicat (l’homme comme animal rationnel selon la définition aristotélicienne), mais de faire du sujet un acteur. L’acteur d’une pensée (je pense). Certes le terme d’acteur n’est pas cartésien, et sans doute fausse-t-il l’idée cartésienne de pensée qui oscille entre la simple conscience et une version plus intellectualiste qui l’identifierait à la raison. Toujours est-il que l’Homme pense, et que tous les hommes pensent.

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Christine de Suède en conversation avec René Descartes, peinture de Pierre-Louis Dumesnil.
Wikipédia

Mazarine Pingeot, Université Paris 8 – Vincennes Saint-Denis

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » cette célèbre formule ouvre le Discours de la méthode, et se précise ainsi : « cela témoigne que la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ».

La seule différence qui existe entre eux est accidentelle ou contingente, ils ont plus ou moins de mémoire, plus ou moins d’imagination, plus au moins de célérité dans leur façon de raisonner. Mais cela est de peu d’importance, car

« pour la raison, ou le sens, d’autant qu’elle est la seule chose qui nous rend hommes, et nous distingue des bêtes, je veux croire qu’elle est tout entière en un chacun, et suivre en ceci l’opinion commune des philosophes, qui disent qu’il n’y a du plus et du moins qu’entre les accidents et non point entre les formes, ou nature des individus d’une même espèce. »

L’homme est tout à fait homme ou il ne l’est pas. La définition de l’humanité ne souffre pas de degrés. Les différences n’opposent pas plusieurs humanités, mais certains hommes à l’intérieur d’une définition commune. Certes, on ne peut nier ces différences. Mais Descartes propose une façon de les surmonter, et c’est précisément la méthode, le chemin : un chemin intégralement indexé sur les lois de la raison, et non sur des connaissances externes qui nécessiteraient d’appartenir à l’élite des doctes.

Le philosophe inaugure la modernité par ce geste de rupture qui arrache l’homme à la nature et à la hiérarchie des espèces, au profit d’une définition universelle qui accueille en son sein la singularité de chacun : penser est avant tout une expérience qui atteste de mon existence en tant qu’homme.

Mais alors, que s’est-il passé ?

Pourquoi l’universalisme est-il ainsi battu en brèche ? Pourquoi est-il interprété comme le symbole de l’oppression, le Cheval de Troie du colonialisme et de l’impérialisme, l’abri du racisme, de l’islamophobie ? Dans son essai L’universalisme européen. De la colonisation au droit d’ingérence, Immanuel Wallerstein entend montrer comment l’universalisation des valeurs a contribué à la domination du monde occidental à travers différentes figures historiques et théoriques ; on peut faire remonter à la controverse de Valladolid, en 1500, le premier grand débat qui oppose un Occident conquérant, défendu par Sepulveda, au respect des différences culturelles, dont le héraut est Bartolomé de Las Casas. Mais ce n’était pas l’universalisme moderne que l’on convoquait alors : il s’agissait de convertir les populations amérindiennes, selon l’un par la contrainte, selon l’autre par l’exemple de la vertu et de façon pacifique…

L’histoire occidentale des empires coloniaux et de leur discours justifie cette méfiance. Néanmoins, ce n’est pas parce qu’on en fit usage à des fins meurtrières, inhumaines de domination que ces fins sont inhérentes au concept même d’universalisme. C’est là confondre l’usage et le sens. Certes, on a beau jeu de démontrer l’interdépendance entre ces deux aspects de la chose, et qu’un usage n’est jamais externe à l’objet, ou que l’objet porte en lui les potentialités de l’usage. Pour autant, on peut aussi considérer que l’universalisme a permis au contraire l’émancipation des hommes et plus tardivement des femmes dans l’Europe des Lumières.

À chaque grande bataille de ces dernières années, et dont le cœur est souvent la laïcité, des discours en tous genres brandissent la différence comme ce qu’il y a à respecter. La différence au nom de la culture, au nom de l’histoire, au nom de la communauté, au nom de la singularité, au nom de la liberté même. Le respect de la différence en devient presque un fétichisme. La mixité, le métissage, s’en trouvent suspectés. Comme un déni de la différence qui doit être cultivée comme telle.

Certes, la bataille contre l’universalisme a des pères d’envergure dont la vulgate a imprégné les esprits. Marx au XIXe siècle découvre et démontre que ce sont les conditions matérielles de l’existence qui déterminent la conscience et non l’inverse : qu’il n’y a pas de pensée hors sol, de conscience détachée de l’existence concrète dont elle ne serait en réalité qu’un épiphénomène. Marx critique les droits de l’homme, comme mystification bourgeoise consistant à faire passer l’homme bourgeois et propriétaire pour l’homme universel, autrement dit transformant une particularité en un universel normatif, et ce faisant, excluant non pas en droit mais en fait toute une partie de l’humanité : « Constatant avant tout le fait que les “droits de l’homme”, distincts des “droits du citoyen”, ne sont rien d’autre que les droits du membre de la société bourgeoise, c’est-à-dire de l’homme égoïste, de l’homme séparé de l’homme et de la communauté » écrit-il dans la Question juive. Le fait a repris ses droits, au détriment du droit.

Nous voilà coincés entre deux héritages : celui de Descartes et plus tard des Lumières, et celui de Marx, dont la pensée s’est largement répandue dans les années 60, mais déjà bien avant dans le discours des anciens colonisés en guerre pour recouvrer leur indépendance.

Du différentialisme aux revendications identitaires

C’est la question de l’Islam qui a remis au cœur le débat en France. L’Islam lorsque homme ou femme s’en revendique dans l’espace public. L’Islam quand la femme porte un signe que certains estiment de soumission. La femme musulmane concentre alors la tension entre ces deux discours : l’universaliste dénonce le signe de son propre asservissement volontaire ou non, au nom de l’émancipation des individus par la raison et par la relégation de la croyance dans l’espace privé. Le différentialiste soutiendra le droit de la femme à choisir sa croyance, en usant d’une part et apparemment du même argument que l’universaliste : la liberté de l’individu, mais une liberté qui n’est plus identifiée au choix rationnel, une simple liberté d’opinion. D’autre part le respect culturaliste pour toute forme de différence, et la réduction d’une croyance religieuse à une tradition qui doit pouvoir se revendiquer dans l’espace public, car l’espace public doit précisément accueillir et protéger la manifestation des différences. Le différentialiste part d’une « bonne intention », tout en promouvant un relativisme des valeurs indépassable.

Or de plus en plus ce respect des différences et cette pensée relativiste s’inversent en revendication identitaire. Ainsi se multiplient les groupements minoritaires qui, au départ militants pour l’égalité des droits, font de leur différence une identité agressive qui se doit d’être reconnue dans sa clôture. Ainsi est née par exemple la vague de dénonciation d’appropriation culturelle : si au départ, il s’agissait légitimement de critiquer l’appropriation d’éléments d’une culture par une culture dominante, « emprunt déplacé » quand par exemple la culture américaine née de la colonisation européenne s’approprie des bouts de culture amérindienne transformée en exotisme, alors qu’elle repose sur l’extermination de ce peuple ; si la lutte contre le « pillage culturel » est donc indispensable, elle s’est pourtant déplacée vers une interdiction pour l’« autre » en général d’emprunter un signe, une mode, une tradition qui appartiendrait exclusivement à un groupement culturel humain. Les barrières s’érigent, les groupes se parcellisent.

Les différences contingentes dont parlait Descartes pour les exclure de la définition de l’humanité reviennent sous un jour essentialiste. La différence devient l’identité. Et sans doute le problème vient-il du terme d’identité lui-même dont le sens est ambivalent. S’il tend d’un côté vers la mêmeté, le fait que chacun est identique à l’autre sous l’angle de l’humanité ou de son appartenance à l’humanité, il est plus souvent pris comme ce qui me distingue des autres, et génère de lui-même l’autre notion avec laquelle il fait couple, à savoir la différence. La revendication identitaire est certes née de la domination, de l’exclusion, du rejet lui-même adossé à des raisons « identitaires ». Mais la seule réponse possible à la domination est-elle une réponse en miroir de ce sur quoi elle se fonde ?

Étrangement, ce sont souvent les discours dits de gauche qui promeuvent la différence, quitte à ériger des frontières symboliques entre les groupes humains, au nom de la tolérance parfois proche de la « charité » et de la mauvaise conscience, et d’une lecture marxiste de la domination. Si l’égalité doit se conquérir pas à pas par le combat politique, et c’est peut-être l’aspiration principale des partis de gauche, il ne faudrait pas oublier qu’elle est difficile à penser si l’on fait l’économie de l’universalisme. Et qu’à déconstruire celui-ci, on risque de ne plus pouvoir légitimer un combat non seulement pour l’égalité réelle, mais aussi pour l’égalité des droits fondée en dernière instance sur l’égalité des hommes. Or si l’égalité des droits de groupes identitaires vient en contradiction avec l’égalité des hommes en tant qu’ils sont hommes, n’y a-t-il pas un problème ?

Ne peut-on revenir à un discours universaliste qui prenne en compte les critiques que Marx a justement adressées à l’idée d’universalité lorsque celle-ci masque une domination, mais qui ne perde pas de vue l’Homme dans sa généricité, au détriment des différences qui sont autant de revendications identitaires, de fragmentation de l’humanité, et qui comme telles renoncent à la pensée comme mode d’émancipation ?The Conversation

Mazarine Pingeot, Professeur agrégée de philosophie, Université Paris 8 – Vincennes Saint-Denis

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.

“Tous frères dans la maison commune”:
message de Noël des évêques du Tchad

 

La Conférence épiscopale du Tchad a rendu public le 14 décembre son message de Noël 2018. Intitulé “Tous frères dans la maison commune”, il comporte 13 points en 4 pages et a été diversement commenté. S’il traite de la situation spécifique de l’Église au Tchad, son message a aussi une portée universelle! Le document est disponible sur la page du diocèse de Doba: MESSAGE DE NOËL 2018 – Texte final. Après la courte vidéo, vous trouverez quelques liens de vers d’autres articles.

Blasphémer : un droit de l’homme ? (ECLJ)

L’ECLJ (European Center for Law and Justice) vient d’organiser un séminaire de haut niveau au Conseil de l’Europe sur la liberté d’expression en matière religieuse, c’est-à-dire sur la
question du « blasphème ». Les six experts que nous avions invités ont analysé la jurisprudence récente de la Cour de Strasbourg en la matière. Ils sont, pour la plupart, directement impliqués dans ces affaires. On se souvient que la Cour européenne a récemment validé la condamnation d’une conférencière autrichienne pour avoir critiqué Mahomet, alors même qu’elle venait, à l’inverse, de censurer la condamnation d’auteurs de blasphèmes antichrétiens, par la Russie et la Lituanie.

Plusieurs intervenants ont souligné l’incohérence de la jurisprudence
récente de la Cour, qui donne l’impression d’un « deux poids, deux
mesures » selon que les croyants offensés sont chrétiens ou musulmans, majoritaires ou minoritaires.

Voir les vidéos du séminaire de l’ECLJ

En effet, la CEDH a scandaleusement validé en octobre la condamnation d’une conférencière autrichienne pour avoir assimilé la consommation du mariage de Mahomet avec la jeune Aïcha de neuf ans à de la pédophilie.

À l’inverse, la Cour a donné raison en juillet au groupe punk et féministe des « Pussy riots », qui avait organisé un concert sauvage blasphématoire dans le chœur de la Cathédrale orthodoxe de Moscou. Quelques mois avant, les juges ont également condamné la Lituanie pour avoir sanctionné des publicités commerciales représentant le Christ et la Vierge Marie de manière inappropriée.

L’objectif de notre séminaire était de contribuer à l’établissement d’une meilleure jurisprudence européenne, conciliant les libertés d’expression et de religion. La finalité de ces droits est de permettre la recherche sincère de la vérité, y compris religieuse, et des débats contradictoires fondés sur la raison et mêlant fermeté et courtoisie. La liberté d’expression doit donc pouvoir être limitée en cas d’offense gratuite aux croyants ou d’incitation à la violence, mais pas par peur des réactions d’islamistes ne supportant pas la critique de leur religion.

Pour défendre le droit de critique des religions, l’ECLJ était intervenu à la Cour pour soutenir la liberté d’expression de la conférencière autrichienne.
Nous avons ensuite recommandé à ses avocats de former appel et espérons
que cette affaire sera rejugée en Grande chambre. Vous pouvez vous
associer à notre démarche, en signant notre pétition « Défendez le droit de critiquer l’islam en Europe ». Pour approfondir le sujet, nous vous invitons à lire l’article « Blasphémer : un droit de l’homme ? » de Grégor Puppinck.

Signer la pétition pour défendre le droit de critiquer l’islam en Europe

Pour protéger les croyants contre l’offense gratuite, l’ECLJ soutient la requête portée à la Cour européenne par l’Association espagnole des juristes chrétiens, à la suite de la profanation de 242 hosties consacrées par un « artiste ». Après avoir subtilisé ces hosties au cours de plusieurs messes, l’« artiste » les a arrangées sur le sol, puis a posé nu avec son « œuvre ».
Il a assumé le fait que sa démarche visait à blesser les catholiques et
s’est réjoui d’y être parvenu. L’association requérante reproche aux
autorités espagnoles de n’avoir pas voulu protéger les chrétiens, et
plus encore d’avoir soutenu cet « artiste » en mettant une salle
d’exposition à sa disposition.

Au cours d’une messe de réparation, l’archevêque de Pampelune Mgr Francisco Perez a rappelé que « l’Eucharistie constitue le sommet de l’action de salut de Dieu», par la présence réelle de Jésus.

Si la CEDH validait l’inaction des autorités espagnoles, elle donnerait alors carte blanche à tous les gouvernements hostiles aux Chrétiens pour laisser libre cours à ces nouvelles formes de haine et à d’intolérance.

France: question musulmane, combat laïque
et luttes sociales (Middle East Eye)

Les polémiques autour de la réforme de la loi de 1905 risquent de parasiter les vrais débats sur la laïcité, consacrée par une journée nationale le 9 décembre, un principe pris en otage par l’extrême droite, le communautarisme et le néolibéralisme

 
 

L’annonce, début novembre, de la volonté du gouvernement français de réformer la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État a fait l’objet de nombreux commentaires dans les médias qui ont toutefois davantage relayé l’opinion des institutions religieuses que celle des associations laïques.

Ce n’est là qu’un des nombreux paradoxes dès qu’il s’agit d’évoquer la laïcité, qui est loin d’être une problématique franco-française mais revêt une portée universelle.

Ces voix laïques, souvent ignorées hors de l’Hexagone, disposent pourtant d’une légitimité pas moins significative que leurs rivales, d’autant que les agnostiques, athées ou personnes qui ne s’identifient à aucune religion sont majoritaires, toutes origines confondues.

Macron

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours avant d’assister à un dîner de rupture
du jeûne du Ramadan organisé par le Conseil français du culte musulman à Paris, le 20 juin 2017 (AFP)

 

Si, comme l’écrit la sociologue Amel Boubekeur dans une tribune publiée dans Le Monde, il est ubuesque de parler « d’islamisation des musulmans ». Il n’en demeure pas moins que l’on a assisté ces dernières années à une montée en puissance de l’orthopraxie et de ses manifestations dans tous les aspects de la vie.

Cependant, une autre tendance existe : celle de l’émancipation de la tutelle religieuse chez des individus élevés au sein de familles musulmanes.

Sans s’affirmer en tant que tels dans l’espace public, ceux-ci ont suivi des trajectoires divergentes à celles des entrepreneurs communautaires, tout en étant renvoyés à la religion qui n’est plus la leur.

La Fédération nationale de la libre pensée (FNLP) associe Emmanuel Macron à Napoléon Bonaparte et Philippe Pétain, en raison de sa volonté de reconnaître les cultes

Il s’agit là d’un autre point aveugle dès qu’il s’agit de traiter d’islam ou des musulmans assimilés, selon les discours, à un culte, une culture ou une ascendance.

Dès le 6 novembre, la Fédération nationale de la libre pensée (FNLP) a publié un communiqué virulent qui associe Emmanuel Macron à Napoléon Bonaparte et Philippe Pétain, en raison de la volonté du président de la République de reconnaître les cultes :

« Le prétexte en est l’islam pour mieux contrôler les musulmans dans le pays, comme au bon vieux temps des colonies. La réalité, ce sont des privilèges accordés à l’Église catholique qui sera la première bénéficiaire de l’opération destruction de la loi de séparation. »

L’inquiétude légitime des associations laïques

En invoquant une autre série d’arguments, l’Union des familles laïques (UFAL) a déclaré le lendemain son opposition au projet gouvernemental qui accroîtrait les ressources des cultes et bouleverserait les équilibres : « La publicité faite aux mesures, sans doute utiles, envisagées pour contrôler les financements des associations musulmanes et lutter contre la radicalisation, ne doit cependant pas faire perdre de vue une grave remise en cause des principes mêmes de la loi de séparation. »

Ces prises de positions – qui mettent l’accent sur des thématiques spécifiques – ont été suivies par le Grand Orient de France (GODF) qui a appelé « à la plus extrême vigilance dans les prochains mois à l’égard de toute disposition quiaboutirait à défaire les principes infranchissables posés par la loi de 1905 ».Lire la suite: Question musulmane, combat laïque et luttes sociales en France | Middle East Eye, Nedjib Sidi Moussa, 9 déc. 2018.