El Watan (Alger, 07/07/2015). Extraits.

Concert de Farid Khodja à la basilique catholique de Bologhine à Alger

Un Mezmoum à Notre-Dame d’Afrique

 

 

 

Concert original, dimanche soir, à la basilique catholique Notre-Dame d’Afrique de Bologhine, à l’ouest d’Alger, du chanteur Farid Khodja.

Accompagné de Sid Ahmed Dibono au piano, Rabah Azoug à la flûte, Chemsdine Miri au banjo, Abdelhadi Boukoura et Redha Tabti au violon, Djihad Labri au kanoun, Farid Hamache au luth, Rachid Eroukma à la derbouka, Rachid Aït Idir au tambourin, l’artiste de Blida a, devant une assistance assez nombreuse, interprété des extraits d’une nouba Mezmoum. «Le Mezmoum est le plus universel des modes andalous. C’est le mode que l’on retrouve dans pratiquement toutes les musiques. En plus, c’est un mode qui sied à l’atmosphère de ce soir. Il est empli de sérénité et de sensibilité», a souligné Farid Khodja. Dans la deuxième partie de la soirée, le chanteur muni de son r’bab a choisi le qcid beit ou syah, Zenouba. « Zenouba est un texte sublime qui chante la femme dans un vocabulaire recherché», a-t-il dit. Il a voulu rendre un petit hommage à Zenouba Baba Moussa, une grande fan qui a contribué à l’organisation du concert à la Basilique Notre-Dame d’Afrique.

«Chanter de l’arabo-andalou dans une basilique est de nature à nous réconcilier avec nous-mêmes et nous réconcilier avec les autres religions. C’est une forme de dialogue. Nous avons besoin de cette tolérance pour pouvoir appréhender le futur. Nous vivons dans un monde où l’intolérance est reine. On veut qu’à travers la musique on arrive à apaiser les esprits et installer un dialogue», a-t-il déclaré à la fin du spectacle.

Le projet d’animer un concert à la basilique est né depuis quelques mois. «Lors d’un déjeuner avec Mgr Teissier, nous avons parlé de l’idée d’organiser un concert. On avait le choix entre deux endroits, la bibliothèque catholique ou ici. Avec l’aide de Zenouba Baba Moussa, le choix s’est porté sur la basilique. Et animer un concert le soir d’un 5 Juillet est hautement symbolique. C’est un beau geste de l’équipe de Notre-Dame d’Afrique au peuple algérien», a soutenu Farid Khodja.

Père Aldo, recteur de la basilique, a estimé que le choix de la date du concert était une manière de fêter «l’anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, la liberté retrouvée et l’unité du pays». «Le Vatican a envoyé, au nom de l’Eglise catholique, un message aux musulmans, hommes et femmes du monde, pour leur dire que le chrétiens sont de cœur et de prière avec eux en ce mois sacré du Ramadhan. Un mois durant lequel les musulmans s’adonnent à la prière, pensent aux pauvres et aux gens qui souffrent, se retrouvent entre eux dans une certaine harmonie.

C’était donc pour marquer cela que nous avons organisé ce concert», a estimé Père Aldo. «La musique arabo-andalouse appartient au monde arabe et vient aussi de l’Espagne. Là, où pendant longtemps, chrétiens et musulmans ont su vivre ensemble en harmonie et en toute convivialité. Cette musique a un sens particulier donc», a-t-il ajouté. 

Fayçal Métaoui


Les pères blancs de l’équipe des de Notre Dame d’Afrique (de gauche à droite) :

Benoît, Aldo et Anselme. Bravo !