Sénégal: la Tabaski arrive sur fond de climat social et politique tendu

Au Sénégal, la Tabaski, fête musulmane du sacrifice du mouton, sera célébrée le 29 juin mais elle se prépare dans un climat social et politique tendu après les violentes manifestations qui ont suivi la condamnation de l’opposant politique Ousmane Sonko. Ces manifestations ont fait seize morts selon les autorités, vingt-trois selon Amnesty International. Dès lors, les éleveurs rechignent à amener leurs moutons dans la capitale sénégalaise, de peur que de nouveaux affrontements éclatent.

 mouton

Avec notre correspondante à Dakar, Théa Ollivier

Le long de la corniche ouest de Dakar, Paco verse de l’eau dans les mangeoires de ses moutons. Quelques semaines avant la Tabaski, il a 200 bêtes à vendre, contre 500 l’année passée : « Les éleveurs qui sont dans les régions refusent de venir à la capitale à cause des manifestations. Ils ne veulent pas prendre de risque pour venir à la capitale. Quand vous voyez dans les manifestations, les jeunes sont en train de voler les magasins, de détruire les biens des individus. Il n’y a pas de sécurité à Dakar actuellement. C’est pour cela, il y a un manque de moutons. »

Modou Diouf, vendeur de moutons, préfère acheter sa marchandise petit à petit : « On ne peut pas acheter beaucoup de moutons. On vend. Si ça passe, on achète encore. S’il y a des événements, je ne pourrai pas acheter. » 

Appel à la prudence

Le Conseil national du patronat parle de milliards de francs CFA de pertes. Ismaïla Sow, président du Conseil national de la maison des éleveurs appelle alors à la prudence : « Il faut que l’on avertisse à la fois le pouvoir et l’opposition, que l’État s’organise bien pour protéger les populations. Mais on ne veut pas aussi que des gens appellent aux manifestations. »

Près de 42 000 moutons sont rentrés pour le moment dans Dakar cette année, soit moitié moins que l'année dernière à la même période, selon le ministère de l’Élevage.

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