Au Burkina, le CDP d’Eddie Komboïgo en opération reconquête

Vainqueur du duel fratricide qui l’opposait à Achille Tapsoba pour la présidence du parti, l’homme d’affaires entend rebâtir sa formation et jouer les premiers rôles à la prochaine présidentielle.

Par  - à Ouagadougou
Mis à jour le 1 février 2023 à 15:28

 

cdp

 

 

Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), dans son bureau, à Ouagadougou, le 23 mars 2019. © Sophie Garcia pour JA

 

À en croire le comité technique chargé de rédiger le chronogramme de la transition, qui a remis son rapport au gouvernement le 26 janvier, le premier tour de la prochaine élection présidentielle se tiendra en avril 2024. Une échéance à laquelle le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) entend bien participer.

À LIREEddie Komboïgo : « J’ai toujours dit que le CDP était le premier parti du Burkina »

Le 28 janvier, le parti de Blaise Compaoré a tenu son bureau exécutif national pour tenter d’unifier ses cadres et de dégager une stratégie de relance après des mois de guerres intestines. Dans le costume du chef d’orchestre : Eddie Komboïgo.

Main tendue

Le 16 décembre, ce dernier a été confirmé à la tête du CDP par le juge des référés, mettant fin à l’âpre bataille l’opposant à Achille Tapsoba pour la présidence du parti. Depuis 2021, les deux hommes et leurs clans se livraient une guerre fratricide. D’un côté, l’aile dite « historique », conduite par Tapsoba, qui prône une fidélité absolue à Compaoré, en exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute, en 2014. De l’autre, celle dite des « rénovateurs », menée par Komboïgo.

À LIREBurkina Faso : rencontre au sommet autour de Blaise Compaoré pour réunifier le CDP

Les 18 et 19 décembre 2021, Eddie Komboïgo, alors président du CDP, avait organisé un congrès à l’issue duquel il avait été reconduit à la tête du parti. Mais ses adversaires ont contesté sa désignation, affirmant que les textes du CDP n’avaient pas été respectés et que les résultats dudit congrès n’étaient donc pas valables. Depuis, Achille Tapsoba n’a cessé de réclamer le départ d’Eddie Komboïgo.

NOUS AVONS DEMANDÉ À NOS CAMARADES PLAIGNANTS DE REVENIR AU SEIN DU PARTI POUR APLANIR NOS DIFFÉRENDS

L’épilogue de ce feuilleton judiciaire va-t-il ramener un peu de sérénité dans les rangs de la famille politique de Compaoré ? Face aux militants, Eddie Komboïgo a déclaré avoir reçu son récépissé avec humilité et les a appelés à « se réunir autour de la direction du parti pour reconstruire un CDP fort et conquérant ». Et d’ajouter : « Nous avons demandé à nos camarades plaignants de revenir au sein du parti pour aplanir nos différends ». Une main tendue à laquelle Achille Tapsoba et six autres vice-présidents du CDP suspendus de leurs fonctions n’ont pas donné suite.

Changement de nom et de logo ?

Pour demeurer « grand et fort », selon les mots de son président, le CDP n’exclut pas de nouer des alliances ou de fusionner avec d’autres formations politiques. « Le bureau politique a arrêté le principe d’une ouverture à d’autres partis. Nous allons entamer le processus de négociation, notamment avec les partis de l’ex-opposition, pour convenir des modalités de leur intégration au parti ou décider si nous devons changer d’identité et adopter une nouvelle appellation », explique le vice-président du CDP, Boubacar Sannou.

Selon nos sources, ces pourparlers seront pilotés par le vice-président du parti chargé des relations avec les formations politiques, Me Bouba Yaguibou. Une réflexion est par ailleurs en cours sur le maintien ou la nécessité de faire évoluer la dénomination et le logo du CDP.

ACCOMPAGNER LA TRANSITION POUR ORGANISER DES ÉLECTIONS LIBRES, TRANSPARENTES ET INCLUSIVES POUR UN RETOUR À L’ORDRE CONSTITUTIONNEL

En attendant, Komboïgo demeure, malgré l’interdiction des activités politiques décrétée par les autorités de transition, un soutien indéfectible au régime du capitaine Ibrahim Traoré. Le 28 janvier, devant ses militants, le président du CDP a redit qu’il comptait « accompagner » la transition pour « vaincre le terrorisme » et « organiser des élections libres, transparentes et inclusives pour un retour à l’ordre constitutionnel. »