Côte d’Ivoire : échec des négociations sur le code électoral entre le pouvoir et l’opposition

| Par - à Abidjan
Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre ivoirien, le 25 septembre 2017.

À huit mois de la présidentielle, le pouvoir et l’opposition ne parviennent toujours pas s’entendre sur l’épineuse question du code électoral ivoirien. La réunion qui était censée entériner les différents points de discorde, le 16 février, n’a pas abouti à une signature entre les deux parties.

Les négociations autour du nouveau code électoral semblaient bien parties pour aboutir à un consensus. Pourtant, la cérémonie de signature du protocole d’accord entre l’opposition et le pouvoir, le 16 février, s’est soldée par un échec. « Il n’y a pas de signature », a tranché, sans explication, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, devant des responsables de premier plan de l’opposition, stupéfaits.

Sur les huit thèmes principaux au centre des discussions entre le pouvoir, l’opposition et la société civile, quatre n’ont abouti à aucun accord. Parmi eux, le financement sur fonds publics des campagnes électorales et l’épineuse question de la Commission électorale indépendante (CEI), sur laquelle le gouvernement refuse de revenir.

Comme lors du premier tour des négociations sur la CEI – qui avait abouti, en juin, à une réforme contestée de la Commission par une importante partie de l’opposition et de la société civile -, le président Alassane Ouattara devrait tout de même valider un document tenant compte des observations et envoyer un projet de loi au parlement, dominé par le parti présidentiel du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

Si les débats ont permis de parvenir à un consensus sur trois autres points, « il y a encore des modalités sur lesquelles il faut encore discuter », confie Danièle Boni-Claverie, présidente d’Union républicaine pour la démocratie (URD, opposition). Au centre de ces blocages, la question du parrainage et le relèvement de la caution pour être candidat à la présidentielle, actuellement établie à 20 millions de F CFA (30 millions d’euros). Sur ce dernier sujet de discorde, le pouvoir propose un montant fixé à 250 millions (381 millions d’euros), tandis que l’opposition est favorable à un relèvement à 50 millions de F CFA (76 millions d’euros).

Finalement, une seule disposition a remporté l’unanimité : celle portant sur le taux de suffrage obligatoire pour le remboursement de la caution, qui devrait passer de 10 % à 5 %, selon une source proche du dossier. « Il y a eu des points de divergences sur le code électoral mais des recommandations ont été faites pour rendre le processus plus efficace », assure pour sa part Amadou Gon Coulibaly.

L’opposition s’organise pour la présidentielle

Malgré ces désaccords, les principaux partis d’opposition maintiennent leur volonté affichée de partir aux élections.

Jusque-là, l’opposition proche de l’ancien président Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle à Bruxelles, avait boycotté tous les scrutins organisés par le pouvoir de Ouattara. Désormais, le président d’Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS, plateforme regroupant divers mouvements pro-Gbagbo, dont la dissidence du Front populaire ivoirien – FPI), Georges Armand Ouégnin, prévient : « Il faut que les choses soient claires : nous participerons à toutes les élections ».

Parmi les membres de la société civile et les religieux, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer un consensus au sein de la classe politique : « Le souvenir de la dernière crise que notre pays a connue [en 2010-2011, ndlr] est encore vif dans le cœur et les esprits de certains de nos concitoyens », rappelle le cardinal Jean-Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan.

« Il pèse sur vous la responsabilité historique d’effacer les blessures du passé et d’introduire le vaillant peuple de Côte d’ivoire dans une ère nouvelle faite de progrès et de bonheur partagé », insiste pour sa part l’Alliance des guides spirituels de Côte d’Ivoire (AGS-CI).