Burkina Faso

Au Burkina Faso, en 2021, nous sommes 29 Missionnaires d'Afrique originaires de 16 pays qui travaillons en paroisse, dans des tâches spécifiques comme Justice et Paix, Rencontre, Les enfants de la rue. Nous avons aussi deux maisons de formation : l'année spirituelle internationale à Bobo-Dioulasso, et le Premier Cycle (études philosophiques) à Ouagadougou. Il y a aussi le Second Cycle (études théologiques) à Abidjan.

Depuis 2000, une colline du Burkina Faso a trouvé une vocation spéciale : accueillir des jeunes qui acceptent de donner une année pour Dieu.

LE PELICAN

 

Pelican 10

 

 

  Père Dariusz ZIELINSKY,
responsable du centre  du Pélican et                                           

    Joseph  CHITWARA CHIRHAHONGERVA, stagiaire au Pélican

 

 

 

Les jeunes sont l'avenir du pays et de l'Église : comment leur être davantage présents ? Cette question hantait certains d'entre nous, Missionnaires d'Afrique. Nous y avons répondu, en 1992, par la création d'un Centre pour jeunes à Ouagadougou, et c'est en souvenir de l'emblème choisi par le Cardinal Lavigerie que nous avons appelé ce centre : le Pélican*, pour exprimer notre désir de nous donner à l'Afrique jusqu'à nous laisser dévorer.

* Le pélican est un symbole traditionnel du Christ.
Alors que le coq est l'emblème du Christ ressuscité, le pélican est l'emblème du Christ eucharistique.
L'antique légende affirme que le pélican se sacrifie pour sauver ses petits en s'ouvrant les entrailles avec son énorme bec et les abreuvant de son sang...

D'abord logés dans une location, nous avons pu trouver un vrai "chez nous", cherchant à harmoniser bâtiments anciens et constructions nouvelles.

Objectifs du Centre :

1. Répondre aux besoins des jeunes en milieu scolaire en offrant une cour accueillante et tranquille, ouverte à tout jeune, de quelque origine ou de quelque religion qu'il soit, avec le souci de soutenir les plus défavorisés.
2. Faire du Pélican un lieu d'échanges et de promotion humaine.
3. Ouvrir les jeunes à la dimension spirituelle.

I. Répondre aux besoins des jeunes en milieu scolaire

A. En offrant une cour accueillante et tranquille

Beaucoup de jeunes, que ce soit dans leur propre famille ou chez leur logeur, sont dans des conditions difficiles pour étudier : cour familiale grouillante de vie, logements exigus. Il est alors difficile de trouver dans la journée un lieu de tranquillité favorable au travail intellectuel. Difficile aussi aux jeunes filles, si elles restent à la maison, d'échapper aux tâches familiales qui leur reviennent en tant que filles : cuisine, ménage, vaisselle et lavage des plus petits. Le Pélican veut offrir un lieu tranquille et accueillant à tous et à toutes.

étude en groupe ou seulC'est ainsi que dès le début, un bar restaurant s'est transformé en lieu d'études : le podium de l'orchestre a vu ses murs se couvrir de tableaux où se trémoussent désormais les formules mathématiques ; les amateurs de travail en groupe se sont emparés des lieux où s'exprimait auparavant la convivialité autour du bar et d'une grillade, mais on y trouve encore la chaleur des opinions ardemment défendues et la passion des créateurs d'avenir ; le grand hangar, où les consommateurs attablés contemplaient parfois leurs pensées au fond d'un verre, a été réservé à ceux qui préfèrent mûrir dans le silence leur puissance de penseurs ou de poètes de demain. Aux structures utilisables nous avons ajouté deux bâtiments pour la bibliothèque et nos bureaux. Un an plus tard, nous y avons encore ajouté un autre bâtiment pour l'étude de documents.

Avec une bibliothèque sous la responsabilité d'un bibliothécaire.
Beaucoup d'élèves du secondaire n'ont pas de manuels de classe : ils doivent se contenter des résumés sur leurs cahiers. Urgence était donc, au début, d'aménager une bibliothèque, en sollicitant amis et relations pour l'alimenter de manuels scolaires et de romans, mêmes usagés. Bien sûr, aujourd'hui, certains lycées offrent la possibilité de louer des livres de classe, mais tous n'en ont la possibilité financière ; de même, dans les librairies de la place, nous pouvons trouver des ouvrages de professeurs africains, édités en Afrique et répondant aux programmes du pays, mais faut-il encore avoir les moyens de pouvoir se les procurer.

dossiers scolairesAvec une salle de documentation sous la responsabilité d'un documentaliste.
Souvent aussi les jeunes ont des exposés ou des travaux de groupe à faire sur des sujets spécifiques concernant l'Afrique et le Burkina ; ils sont à la recherche de documents. Au Pélican, ils peuvent trouver une salle de documentation sur tout ce qui touche l'Afrique, sa culture, son évolution ou son histoire ainsi que la culture générale et les phénomènes de société. Chaque année nous ajoutons d'autres dossiers sur des matières telles que la philosophie, le français, l'anglais, la chimie, les mathématiques, la biologie, la géographie, la physique, l'histoire, la spiritualité, etc.

B. Cour ouverte à tout jeune, quelle que soit son origine ou sa religion.

Au Burkina, on compte plus de 60 ethnies différentes qui vivent en bonne harmonie. Et on doit rencontrer au Pélican plus d'une vingtaine d'ethnies. Les jeunes se mélangent sans problèmes. C'est ce que nous vivons au Pélican.

Quant aux différentes religions, elles cohabitent sans problèmes : les familles elles-mêmes sont plurielles : les uns sont musulmans, d'autres, de la religion traditionnelle africaine, d'autres, catholiques ou protestants, ou même de sectes diverses.

Quant au Pélican, en moyenne chaque année, 55% des jeunes inscrits sont catholiques, 33,25% musulmans, 3,66% animistes, et 8,26% protestants.

A l'inscription, en plus de leur filiation, les jeunes disent à quelle religion ils appartiennent, sans difficulté : c'est leur identité et ils se savent reconnus et respectés dans leur identité ; et nous voyons des jeunes filles musulmanes se présenter avec le voile caractéristique appelé « lankana », ce qui ne gène personne, et c'est même pour l'un ou l'autre l'occasion de les saluer avec la formule religieuse « es salam alik ! », ce dont elles sont très honorées.

C. Avec le souci de soutenir les plus défavorisés

cours de rattrapageUn certain nombre de jeunes doivent se contenter de cours du soir pour se préparer à leurs examens faute de moyens financiers, ne pouvant fréquenter les lycées publics ou privés (raison d'âge, retard scolaire, redoublement, année blanche). Ainsi, chaque année, une centaine de non inscrits dans les lycées peuvent travailler chaque jour au Pélican, bénéficiant de nos services.

initiation à l'informatiqueNous avons aussi, depuis septembre 2001, une salle de cours d'initiation en informatique : nous disposons de dix ordinateurs pour ces cours. Nous avons formé un jeune chômeur pour donner ces cours.

Des jeunes, garçons ou filles, ont pu ainsi reprendre goût à la vie. Par exemple, une jeune fille musulmane, découragée après de nombreux échecs, avait abandonné toute étude ; après son stage en informatique, elle s'est de nouveau inscrite au Pélican pour préparer son bac. C'est en tenant compte des moins favorisés que nous fixons le taux d'inscription au centre ; quelle participation demandons nous aux jeunes fréquentant le Pélican ?

Le budget annuel du Pélican se montant à environ 6 000 000 F cfa. Il serait illusoire de vouloir que les jeunes épongent l'ensemble des frais de fonctionnement. Notre souci est que l'accès au Pélican soit possible à tout jeune, quelle que soit sa condition sociale, et que la cotisation soit la même pour tous : qu'il n'y ait pas une cotisation pour nantis et une autre pour démunis. A cet effet, nous limitons les frais d'inscription et cherchons ailleurs, chez des bienfaiteurs, comment combler le déficit. Grâce à cette pratique, nous pouvons faire du Pélican un lieu d'échanges et de promotion humaine, et d'ouverture à la dimension spirituelle.

II. Faire du Pélican un lieu d'échanges et de promotion humaine

Créer une bibliothèque, c'était provoquer des rencontres à des niveaux multiples.
Les professeurs proposent de plus en plus à leurs élèves des exposés sur les phénomènes de société ou sur les grands sujets d'actualité. Les jeunes, démunis de tout document, font appel à nous : des discussions avec eux, l'apport d'articles sur des thèmes précis, de revues, leur permettront de se forger une opinion personnelle et, en même temps, ce sont leurs professeurs et camarades qui pourront profiter, par leur intermédiaire, d'un regard chrétien sur les thèmes abordés, parfois bien loin des sentiers battus de l'opinion générale.

Les jeunes sont encadrésLa présence quotidienne du responsable permet des contacts personnels avec les jeunes qui souvent, face à leurs nombreux problèmes, sont heureux de trouver des adultes disponibles pour les entendre : ils s'ouvrent alors facilement de leurs problèmes familiaux, sentimentaux ou de santé.

Et devant des jeunes plus profondément perturbés, on peut les orienter vers un psychothérapeute. De telles situations se sont présentées plus d'une fois.

III. Ouvrir les jeunes à la dimension spirituelle

Le troisième volet de notre projet avait une perspective plus spirituelle. Créer une bibliothèque religieuse, c'était provoquer des rencontres à des niveaux multiples. Notre présence offre à des jeunes de religions diverses une occasion de rencontrer un prêtre : même si les catholiques sont majoritaires avec près de 56%, les musulmans représentent 36%.

chapelle du PélicanLe Pélican, dans son rythme quotidien, est un lieu qui favorise la tolérance. Notre disponibilité favorise un dialogue réel, même à partir de renseignements simplement scolaires, et certains, non chrétiens, prolongent parfois ce dialogue en abordant leurs problèmes de vie.

Les professeurs proposent de plus en plus à leurs élèves des exposés sur les phénomènes de société ou sur les grands sujets d'actualité. Les jeunes, démunis de tout document, font appel à nous : des discussions avec eux, l'apport d'articles sur des thèmes précis, de revues, leur permettront de se forger une opinion personnelle et, en même temps, ce sont leurs professeurs et camarades qui pourront profiter, par leur intermédiaire, d'un regard chrétien sur les thèmes abordés, parfois bien loin des sentiers battus de l'opinion générale. C'est dans ce sens aussi que chaque mois, un dimanche matin, est organisée une rencontre de réflexion sur un sujet choisi par eux.

Voilà comment, modestement, nous essayons de rester fidèles à l'esprit de notre fondateur : offrir aux jeunes d'aujourd'hui la présence amoureuse de Jésus, en étant à leur service.

De plus, les jeunes catholiques, 56 % de nos effectifs, ont la possibilité de rencontrer les deux prêtres du centre.
Chaque mardi, à midi, ils se regroupent à la chapelle pour une prière partagée.
Et chaque mois, un dimanche matin, est organisée une rencontre de réflexion sur un sujet choisi par eux.
Notre présence nous met aussi à la disposition de ceux et celles qui ont un projet vocationnel missionnaire. Nous les accompagnons, et une récollection mensuelle leur est offerte.

Les Missionnaires d'Afrique cont aussi Pelicanouvert un autre centre, semblable au Pélican, à Bobo Dioulasso.

 

                                         

Père Dariusz ZIELINSKI   
Responsable du Centre Le Pélican  
Ouagadougou   


 

 

Pelican 2         Pelican 3

          Joseph, stagiaire

 

 

Dariusz et Joseph CHITWARA CHIRHAHONGERVA, stagiaire au Pélican

En janvier 2019, ils sont 79 Missionnaires d’Afrique (dont 5 diacres marqués de la lettre "D" après leur nom de famille) originaires de la Province d'Afrique de l'Ouest, 2 de Côte d'Ivoire, 8 du Mali, 12 du Togo et 57 du Burkina Faso, oeuvrant dans un autre pays d’Afrique ou dans leur propre province. Ils ont entendu et répondu à l’appel du pape Paul VI qui déclarait à Kampala en 1975 : « Vous, désormais, Africains, vous êtes vos propres missionnaires. »

 

 NOM Prénom
 Pays d'origine
Diocèse d'origine
Pays de nomination Diocèse ou paroisse
ADAMA K M (D) Basile Togo Atakpamé Etudes  
ADZEU N'cho (D) Frédéric C.Iv   Etudes  
AGOH Kodjovi Michel Togo Atakpamé Philippines  
BAMALI Magloire Togo Atakpamé Belgique  

BATIONO

Romaric

Bkn

Koudougou

Zambie

Mongu

BATIONO

Timothée

Bkn

Koudougou

Zambie

Beira

BAZEMO

Barthélemy

Bkn

Koudougou

USA

Medias

BELEM

Patrice

Bkn

Bobo

P.A.O. Niger Birnin Konni

BORO

Pierre

Bkn

Dédougou

Ghana-Navrongo

 Bolgatanga
BOUDA Bertin Bkn Koudougou RDC-Lubumbashi Cté Ste Bernadette
DAKONO Philippe Mali   Algérie  
DAKOUO Armand Mali Mandiakuy P.A.C. RDC

DEMBELE

Antoine

Mali

Sikasso

P.A.O. Mali

Faladye

EZIH

Michel Yves

Togo

Atakpamé

P.A.O. Mali

Kayes

GNADOUWA David Togo Atakpané P.A.O. Mali  
GNAMASSOU (D) Alzx Koffi Togo Atakpané Etudes  

GUIBILA

Jean Paul

Bkn

Ouahigouya

Rome

 

GUINKO

Hilaire

Bkn

Koupèla

Ouganda

Kampala

KABORE (D) Elisée Bkn   Etudes  
 KABORE Leon  Bkn  Koupèla Tunisie Tunisie
KAMBIRE Aubin Bkn   RDC  
KANE Matthieu Mali   Algérie  

KIENTGA

Joseph

Bkn

Dédougou

RDC

Kasongo

KINDO

Noël

Bkn

Nouna

RDC

Goma

KOFFI

Antonio

Togo

Atakpamé

USA  

KOLA

Luc

Bkn

Ouagadougou

P.A.O. Burkina

Ouagadougou

KONDEMODRE Albert Bkn Kaya Afrique du Sud Merrivale

KONKOBO

Camille

Bkn

Bobo

Zambie

Kasama

KOURAOGO (D) JB Salle Bkn Etudes    
KPATCHA Clément Togo   Soudan  

MOUNKORO

Cyriaque

Mali

San

Amériques

Mexico

MOUNKORO

René

Mali

Bamako

Maghreb-Algérie Tizi Ouzou

NAMONO

Paul

Bkn

Fada

SAP Malawi

Lilongwe

NANA

Daniel

Bkn

Nouna

Rome

 
NIKIEMA Charles Bkn Kaya Tanzanie Mwanza

NOUFE

Emmanuel

Bkn

Banfora

Pologne

 

NOVIENYEKU

Francis

Togo

Atakpamé

   
OUEDRAOGO Michel Bkn Kongoussi France Marseille

OUEDRAOGO

Michel

Bkn

Kaya

RDC

Kasongo

OUEDRAOGO

Simon

Bkn

Kaya

Rome

Etudes

OUEDRAOGO

Joel

Bkn

Ouahigouya

Ouagadougou

 

OUEDRAOGO

Noé

Bkn

Koupèla

P.A.O. Mali

Bandiagara

OUEDRAOGO Robert Bkn   RDC  
OUEDRAOGO Simon Bkn   Kenya  

PALM

Sosthène

Bkn

Diébougou

Malawi

 
POUYA Thomas Bkn Pouytenga SAP  Malawi Mzuzu
RAMDE Justin Bkn   Tanzanie  
SAM Théophile Bkn   Algérie  

SANOU

Michel

Bkn

Bobo

SAP-Malawi

Lilongwe

SANOU SAMBARI Victor Bkn   Tanzanie  

SAWADOGO

Adrien

Bkn

Banfora

P.A.O. Mali IFIC

SAWADOGO

Augustin

Bkn

Dédougou

Gde Bretagne

 

SAWADOGO

Didier

Bkn

Ouahigouya

Rome

Conseil général

SAWADOGO

Florent

Bkn

Ouahigouya

SAP-Mozambique

Chimoio

SAWADOGO Guy Bkn

Bobo

Maghreb-Algérie Tizi Ouzou
SAWADOGO Patrice Bkn

Kaya

SAP-Zambie Mansa
SOKPO Gautier Togo Atakpamé CONGO RDC  Bunia

SOMA

Olivier

Bkn

Banfora

Kenya  

SOMDA

Alphonse

Bkn

Diébougou

RDC  

SOMDA

Anselme

Bkn

Diébougou

Tanzanie

Nyakato

SOMDA (D) Frédéric Bkn   Etudes  
SOMDA Martin Bkn   Ouganda  

SOME B

Evariste

Bkn

Diébougou

Ouaga

M. Lavigerie

SOMPOUGDOU

Félix

Bkn

Koudougou

P.A.O. Burkina Bobo Centre accueil Bobo

SONGRE

Pierre

Bkn

Koupèla

Ghana-Nigeria

Ghana

SORGHO

Zacharie

Bkn

Koupèla

Burkina

Ouaga accueil

TARPAGA

Anselme

Bkn

Bobo

Maghreb

Algérie

TCANGUE Etienne Togo   Tanzanie  

TIENDREBEOGO

Gaetan

Bkn

Bobo

Jéeusalem  
TODJRO K J.Baptiste Togo   Tanzanie  
TOUGMA Hervé Bkn Koupèla  Mozabique  

TRAORE

Serge

Bkn

Bobo

Amériques

Brésil

TRAORE Simplice Mali Mandiakuy Rwanda  

TREDOU

Emmanuel

C.I.

Gagnoa

Kenya

Kenya

WAYIKPO Amorain Togo Atakpame  RDC  
YABRE Boris Bkn Manga SAP Moçambique

YAMEOGO

Sylvain

Bkn

Koudougou

SAP

Malawi

YEBEDIE

Moïse

Mali

Mopti

Lyon - études

 

ZINZERE

Leonce

Bkn

Ouagadougou

Rome

Tunis

ZOUNGRANA

Wilfried

Bkn

Koudougou

France

Etudes

Au 27 janvier 2021, on compte 86 confrères dans la province.

1 évêque, 79 prêtres et 6 frères

Pour avoir plus de détails au sujet de ces confrères (téléphone, mail...), vous pouvez aller dans la rubrique "actualités", à droite de l'écran, dans les "DIVERS" et ouvrir l'article "Les Pères Blancs en Afrique de l'Ouest aujourd'hui"

Ils sont aussi 24 jeunes stagiaires qui vivent dans nos communautés en attendant de poursuivre leurs études qui les conduiront au Serment missionnaire dans notre Société.

 

NOM

Prénom

Nationalité

Pays

résidence

Diocèse

service

Paroisse

Service

secteur

ABELEDO Yago Esp Burkina Ouaga M. Lavigerie Ouaga
ADEBOA Emmanuel Gha Burkina Bobo St J. Baptiste Bobo
AFEKU Anthero Pon Uga Mali Mopti Bandiagara Ouaga
APEE Dominic Gha Burkina Ouaga Jean XXIII Ouaga
ASANYIRE  John Gh. Mali bibi Korhogo Bobo
ATINDAANA Cletus Gha Mali Kayes Nioro du Sahel Bamako

BAALABOORE

Callistus

Gh.

Togo

Atakpamé

Par. Atakpamé

Ouaga

BADJANGA Titi Jean Pierre Cgk Mali Mopti Bandiagara Ouaga
BANDA Edmond Mlw. Burkina Economat Province Ouaga
BELEM Patrice Bkn. Niger Niamey Niamey Niamey
BIGEZIKI F. Xavier Cgk C.Ivoire Abidjan 4ème étape Bobo

BLOEMARTS

Maarten

Ned.

Mali

Bamako

Province

Bamako

BONDUE

Jean-Pierre

Blg.

Mali

Ouaga

Jean XXIII

Ouaga

BYISHIMO Alphonse M Rwa Bkn Dori Aribinda Niamey
CHOMA Adam Pol. C.Ivoire Korhogo Korhogo Bobo
CHUNGU Mulenga Fred Zb. Mali Bamako Jelibugu Bamako

CLOCHARD

Joseph

Fr.

Burkina

Ouagadougou

JAccueil

Ouaga

DEMBELE

Antoine

Mali Mali Bamako Faladyè Bamako

DRANI

Félix

Ugd.

C. Ivoire

Korhogo

Korhogo

Bobo

DUPREZ (frère)

Emmanuel

Fr.

Burkina

Nouna

Nouna

Bobo

DYEMO W Nicolas Cgk. Mali Centre Sénoufo Sikasso Bobo
EZE Francis Nga Togo Atakpame Atakpame Ouaga
 EZIH Yves Michel Togo Mali Vocations Sikasso Bobo

FONTAINE

Alain

Fr.

Burkina

Ouagadougou

Maison provinciale

Ouaga

GALLEGO

Manuel

Esp.

Burkina

Bobo

Econome du secteur + paroissse

Bobo

GAMBOLI PAY Christophe Cgk. C. Ivoire Banfora Sindou Bobo
GIDEY
M. Girmay Eth Mali Kayes Nioro du Sahel Bamako
GOBBO Wilbert Tza C.Ivoire Abidjan Centre formation Bobo

GODINA

Arvedo

It.

Mali

Bamako

Centre Ntonimba

Bamako

HABIMANA

Innocent Rwd. Niger Niamey Niamey Niamey

HAPPE (Mgr)

Martin

All.

Maurit.

Nouakchott

Nouakchott

Bamako

HULECKI

Pawel Pol. C.Ivoire Korhogo Korhogo Korhogo
IMANI Emmanuel Cgk. Mali Bamako Faladye Bamako
JIGEESH M. Benjamin  Ind. Niger Maradi Zinder Zinder

JOVER

Eugenio

Esp.

Burkina

Dori

Aribinda

Niamey

KABURAME

J. Claude Rwd. Mali Bobo Année spirituelle Bobo
 KABWAKILA  Serge  Cgk  Niger  Maradi  Zinder  Zinder
KAMBALE Gratien Cgk. C.Ivoire Banfora Sindou Bobo
KAMBOLE Remmy Zamb.

Burkina

Ouaga Accueil Ouaga
KAMBUKU Steven Mlw C. Ivoire Korhogo vicaire Korhogo
KAMWANGA Joseph Cgk. Mali Bamako Jelibugu Bamako
KANSE Edwin Tza Niger Maradi Birnin Konni Niamey
KAPiLIMBA Pascal Cgk Mali Bamako IFIC-CFR Bamako

KASULE

Charles Ugd. Niger Maradi Birnin Konni Niamey
KITHA Makhambi Paul Mlw Burkina Ouaga Jean XXIII Ouaga
KIYE Vincent Cgk. Mali Sikasso Dyou -Kadiolo Bamako

KOLA

Luc Bkn. Burkina Ouagadougou Provincial Ouaga
LAURENT J. Michel Bel Burkina Bobo An. Spirituelle Bobo

LE MERRER

Ange

Fr.

Burkina

Banfora

Sindou

Bobo

LIJAJI Victor Tza Bobo Bibo Vicaire Bobo

LOHRE

Ha-Jo

All.

Mali

Bamako

IFIC-CFR

Bamako

MAKOKA

J. Francis Mlw. Burkina Maradi Zinder Niamey
MASHATA Bonaventure Cgk C.Ivoire 4ème étape Abidjan Bobo
MBILIZI Ghislain Cgk. Togo Atakpame Atakpame Ouaga
MUBANGA CHISANGA Emmanuel Zmb. Mali Dyou Dyou-Kadiolo Bobo
MUSANGU B. Sylvain Cgk. Mali Kayes Nioro du Sahel Bamako
MUSYOKI Joshua Masive Ken Burkina Konadougou Vicatre Banfora
MWAMBA Alick Zmb Mali Kayes Nioro du Sahel Bamako
NDIUKWU U. Toby Nga Burkina Bobo Vocations Bobo
NJUGUNA C. Simon Cgc Mai Bamako Faladjè Bamako

NKULU

Christian

Cgk.

C.Ivoire

Korhogo

Korhogo

Bobo

NYEMBO

Delphin Cgk. Burkina Ouagadougou Assisrant prov. vocations Ouaga
OSA L. Manuel Esp Burkina Bobo Année spirituelle Bobo

OUDET

Maurice

Fr.

Burkina

Koudougou

Province

Ouaga

OUEDRAOGO Joël Bkn Burkina Ouaga M. Lavigerie Ouaga
OUEDRAOGO Noé Bkn. Burkina Ouaga Accueil Ouaga
SALLES Georges Fr. Mauritanie Nouakchott Nouadhibou Bamako

SCHWARZ (frère)

Herbert

All.

Burkina

Dédougou

Colline Emmaüs

Bobo

SIBOMANA Juvenal  Cgk. Burkina 1ère étape  Maison Lavigerie Ouaga
SINDAYIGAYA Valery Bdi Niger Maradi Birnin Konni Niamey
SOME Evariste Bkn Burkina Ouaga Maisosn Lavigerie Ouaga
SOMPOUGDOU

Félix

Bkn. Burkina Bobo Centre accueil et vocations Bobo

SORGHO

Zacharie Bkn. Burkina Ouaga Accueil Ouaga
SSENNYONDO Bruno Uga Mali Centre Sénoufo

Sikasso

Bobo

STAMER

Josef

All.

Mali

Bamako

Accueil

Bamako

STRZODA

Otmar All. Mali Bamako Accueil Bamako
TURGEON (frère) Christian Can. Mauritanie Nouakchott Evêché Bamako
UWIRINGIRA Adrien Rwd Mali Bamako CFR-IFIC Bamako
WIE BATIEKA
 Anthony  Gha Mali  Mopti  Bandiagara  Ouaga
ZIELINSKI Dariusz Pol. Burkina Ouagadougou Maison Prov. Ouaga
ZIMUKONDE (F) M. Senze Zmb Niger Niamey Niamey Niamey

 

Stagiaires

Prénom

Nationalité

Pays

résidence

Diocèse

service

Paroisse

Service

secteur

ABUH Anthony Ejeh Nga Mali Bamako Jelibugu Bamako
ATSINAFE Moses Nga C. Ivoire Korhogo Korhogo Bobo
AZANGEO Joachim Gha Burkina Dori Aribinda Niamey
CARVALHO de Tadeu Moz Burkina Mopti Bandiagara Ouaga
 CHIKONDENJI  Titus  Nga Burkina  Bobo  Vocations  Bobo
 CHITWARA  C. Joseph  Cgk  Burkina  Ouaga  Accueil  Ouaga
CITO CIBAMBO Ferdinand Cgk Mali Mopti Bandiagara Ouaga
IMBUKWA I. Collins Ken Mali Kayes Nioro du Sahel Bamako
KAMBALE K. Claude Cgk Mali Bamako Jelibugu Bamako
 KANANULA  Collines  Uga  Burkina  Bobo  Vocations  Bobo
KATULUSHI Léonard Zmb Niger Niamey Niamey Niamey
KEFASI Stanford Mlw Togo Atakpame Atakpame Ouaga
KISILU U. Mutuku Mlw Niger Maradi Birnin Konni Niamey
MUEMA Patrick Ken Mali Sikasso CRSPCS Bobo
MURHULA  N. Deogratias  Ggk  Burkina  Banfora  Sindou  Bobo
MUTAMBA Ivor Zam Mali Sikasso Dyou Kadiolo Bobo
NGABIRANO John Paul Uga Burkina Koudougou Kouodougou Ouaga
NWAMANYA Crescent Uga Burkina Banfora Sindou Bobo
OKOLIKO David Nga C. Ivoire Korhogo Korhogo Bobo
OUMA Gabriel Ken Niger Maradi Zinder Niamey
PETER Salaam Gha Mali Bamako Faladjè Bamako
RUKUNDO Evaristo Uga Burkina Dori Aribinda Niamey
WAABO Emmanuel Gha Niger Niamey Niamey Niamey
WACHIRA Peter Njagi Ken Burkina Ouaga Jean XXIII Ouaga

 

 

DÉBUTS DE L'ÉGLISE AU BURKINA

Texte qui fait suite à celui sur les débuts de l'Église en Afrique de l'Ouest que vous trouverez dans la page d'accueil.

Mgr Hacquart au pays mossiAprès avoir fondé près de Ségou le poste de Banankourou, le 19 janvier 1899, Mgr Hacquart, vicaire apostolique du Soudan, part au pays mossi le 26 février de la même année. Il traverse le pays Bobo, et le pays Samo. C'était la misère et la famine, à cause des sauterelles. Il entre au pays Mossi par Nyouma, La et Yako. Il entre à Ouagadougou par Sabtenga où il est bien reçu. L'organisation du Mossi et les qualités du peuple l'impressionnent.

Au mois de septembre 1899, Monseigneur Hacquart recevait encore six Pères et trois Frères. Il quitta Ségou avec eux vers le milieu de décembre pour arriver à Ouagadougou le 13 janvier 1900. Il avait pensé installer ses missionnaires à Ouagadougou, mais la situation politique l'en dissuadait. Il se décida pour Koupèla. La population est de 1500 à 2000 âmes, sans compter les villages des alentours.
Il écrivait à ce propos : « Il n'est pas possible de trouver un chef et une population mieux disposés: la droiture et la sincérité les caractérisent, et Koupèla n'est pas une exception. Il ne faudrait pas un seul poste de mission, mais il en faudrait dix; il en faudrait vingt. Et d'abord, il en faudrait trois ou quatre sans tarder. »

Monument de l'arrivée des Pères à Koupèla en 1900Koupèla fut fondé le 22 janvier 1900. Mgr Hacquart y laissa les Pères Canac, Menet, La Croix et le Frère Célestin. (Koupèla est donc la première paroisse du pays.) Et il installa les trois autres à Fada N'Gourma au mois de février 1900. Il visita ensuite le pays Bisa, les Gourounis, puis rentra à Ségou.

Le 01 janvier 1901, Monseigneur Hacquart fondait le poste de Kouandé dans le Haut-Dahomey, poste qui sera cédé, avec Fada, aux Pères des Missions Africaines de Lyon, parce que ceux-ci occupaient déjà la plus grande partie du Dahomey. Les Pères du Saint Esprit demandèrent à Monseigneur Hacquart de prendre les trois postes de Kayes, Dinguira et Kita au Soudan, en échange d'une juridiction en Guinée, à la fin de 1900. La tâche de procéder à ces échanges incombera au successeur de Monseigneur Hacquart, car, en pleine force, en pleine activité, Monseigneur Hacquart se noyait accidentellement dans le Niger à Ségou, le 04 avril 1901.

Monseigneur Bazin était nommé le 27 juillet 1901 vicaire apostolique et sacré évêque à Carthage le 08 septembre 1901. Par décret du 19 juillet 1901, le vicariat du Sahara - Soudan était divisé en deux parties : la préfecture du Sahara et le vicariat du Soudan. Monseigneur Bazin avait donc la responsabilité du seul Soudan. Il mit à exécution le projet de fondation de Ouagadougou, projet formé par Monseigneur Hacquart. Les Pères arrivèrent en juin 1901 à Ouagadougou venant des postes du Haut Dahomey qui étaient passés dans les mains des Missionnaires de Lyon.

Le Père TemplierLe supérieur nommé pour Ouagadougou, le Père Templier, était un homme d'action et un homme de Dieu, qui sut voir loin et grand et lança la mission sur la bonne voie.
Dès 1904, Le Père Templier écrivait, au sujet de la mission de Ouagadougou : « Après 33 mois de présence, plus de 700 catéchumènes se pressent à nos instructions. Nous faisons plus de 50 catéchismes par semaine. Notre action s'étend sur un rayon de 10 à 12 kilomètres autour de la capitale. Près de 27 villages sur 50 à 60 sont visités. Dans les premiers temps, les Pères allaient eux-mêmes organiser les catéchismes. Aujourd'hui, nos jeunes gens se chargent de ce soin. Quand les choses sont en train et qu'un auditoire sérieux est assuré, les gens nous appellent... »

Il faut souligner ici le travail fait par des laïcs chrétiens, sans lesquels le travail d'évangélisation est impossible. Le Père Templier y croyait et le mettait en pratique.
Monseigneur Bazin, qui réalisa la fondation de Ouagadougou en 1901, envoya, dans les années suivantes, un foyer de laïcs pour aider le Pères dans les débuts de cette mission. Le 03 septembre 1904, le foyer Alfred Diban Ki-Zerbo et sa femme Louise Coulibaly partent pour le Mossi, à partir de Banankourou, mission qui avait été fondée à 20 kilomètres de Ségou, en pleine campagne, pour permettre aux esclaves rachetés de pouvoir travailler et vivre comme tout le monde.
Ce village faisait partie de ce qu'on appelait" village de liberté". Alfred avait été baptisé en avril 1901, le matin même du jour où Monseigneur Hacquart s'était accidentellement noyé. Il s'est marié avec Louise en 1903. Monseigneur Bazin trouvait en ce foyer profondément pénétré par la foi le souffle missionnaire qui leur a permis de s'engager aux côtés des missionnaires qui, depuis trois ans, étaient à pied d'œuvre à Ouagadougou. Ce foyer trouva une jeune Église déjà lancée depuis deux ans et plus. Il travailla avec le Père Templier et les autres missionnaires : constructions (dispensaire, église, écoles), cuisinier... Il apprit le mooré qu'il parlait très bien et annonça la Parole de Dieu par sa vie et sa parole.

Le catéchiste Alfred DibanAlfred Diban est une figure qui a marqué les débuts de notre Église burkinabè. Sa vie se trouve aussi liée étroitement à la vie des débuts de l'Église en Afrique de l'Ouest intérieure, commençant à Ségou, puis à Ouagadougou (1904), Navrongo (1906), Réo (1912), et Toma (1913); elle est aussi liée aux événements historiques que nos pays ont vécus, auxquels ils ont été mêlés.
Pour mieux comprendre le fil de cette histoire, on pourrait lire sa vie depuis sa jeunesse jusqu'à sa mort, le 10 mai 1980 dans un livre écrit par son propre fils, Joseph Ki-Zerbo, intitulé « Alfred Diban, premier chrétien de Haute Volta », éditions du Cerf, et un autre écrit par le P. Gabriel Pichard : « Témoin de Dieu et fondateur d'Église ».

Nous reprenons maintenant le cours de l'histoire de l'évangélisation avec Monseigneur Bazin.
1 - Le temps de Monseigneur Bazin comme chef de mission fut difficile : la bilieuse faisait des ravages, et par-dessus tout les épidémies de fièvre jaune. Pendant le pontificat de Monseigneur Bazin, il y eut 14 décès de Pères et 9 décès de Sœurs, sur un effectif de missionnaires très jeune, et qui n'atteignait jamais le chiffre de quarante personnes. C'est ce qui fait que Monseigneur le Bazin disait à un interlocuteur qui lui demandait à Ségou combien il avait de missionnaires : " Venez avec moi au cimetière : c'est là que les missionnaires sont les plus nombreux. "

2 - Une autre difficulté à l'œuvre missionnaire de l'époque, c'était l'état d'insécurité dans lequel se trouvaient en France les sociétés religieuses avec la loi de 1904. Cette loi rendait difficile la mission dans les pays sous contrôle français et difficile aussi l'investissement en personnel. C'est une des raisons qui avait fait penser à une fondation à Navrongo, en pays sous contrôle anglais, au cas où les difficultés avec le gouvernement français à Ouagadougou rendraient la mission impossible en pays Mossi.
C'est l'époque où les instituts religieux et missionnaires fondaient des postes de mission, non plus en colonie française, mais dans les pays sous contrôle anglais ou belge (Zaïre, Rwanda). Dix-huit nouveaux postes de mission sont ainsi fondés durant cette période de 1904 à 1910, dans les pays africains sous contrôle anglais, belge ou allemand.

On pense parfois que la mission était liée à la colonisation. Les mesures administratives coloniales de l'époque montrent tout le contraire. Non seulement il y avait des interdits pour empêcher l'établissement de missions nouvelles, mais les nombreuses tracasseries empêchaient aussi leur développement. Par exemple :
Le 01 janvier 1905, les hôpitaux de Kayes et de Kati, tenus "par des religieuses, Kayes par les Sœurs de saint Joseph de Cluny, Kati par les Sœurs Blanches, ces hôpitaux étaient laïcisés et les Sœurs priées de partir.
Il y avait à Ségou une action très nette pour détourner les parents d'envoyer leurs enfants à l'école de la Mission et d'aller eux-mêmes écouter les Pères.  L'école se vida, la léproserie aussi.

 L'année 1906 fut plus sombre. Un haut dignitaire de la franc-maçonnerie, inspecteur des écoles, fut envoyé en Afrique Occidentale pour visiter les écoles laïques, et surtout pour faire une enquête sur les missions et entraver le plus possible leur action. À la suite du passage à Ouagadougou de l'inspecteur des écoles, Monsieur Vernochet, des parents sont priés de retirer leurs enfants de l'école des Pères!
Le capitaine déclare aux chefs de villages que les Pères n'ont pas le droit d'avoir une case dans les villages et que celles-ci doivent être démolies (diaire 18 mai 1906).
Monseigneur Bazin, résumait la situation en ces termes :
« Il n'y a aucune persécution sanglante, ni même aucune mesure générale prises contre nous. Mais depuis que l'anticléricalisme est devenu article d'exportation, certains ne se gênent plus du tout vis-à-vis des missionnaires et des priants.
Les manœuvres sournoises, les tracasseries hypocrites sont les armes employées de préférence par les persécuteurs modernes. Ici, on essaie de détourner les villages de nos catéchismes ou leurs enfants de nos écoles. Là, on pousse par des promesses les chrétiens à l'apostasie, on leur offre de l'argent pour avoir des femmes. Ailleurs on se moque des croix, et des médailles que l'on voit à leur cou. Bref, on veut jeter le discrédit sur notre œuvre et faire le vide autour de nous. Ailleurs, la pression exercée fut telle que parfois on refusa de donner à boire à nos chevaux, et partout chefs et parents interdirent à leurs subordonnés d'assister aux catéchismes. » (Rapport 1907).

Cependant, en 1910, il y eut un revirement des dispositions administratives françaises sous certaines influences politiques, et Monseigneur Bazin voyait enfin la possibilité d'établir de nouveaux postes de mission. Sa mort cette année-là l'empêcha de réaliser ces nouvelles fondations.

3 - Monseigneur Bazin a beaucoup souffert du train de vie que son immense vicariat lui imposait. Courses interminables et épuisantes : une année à l'Est,  où il lui fallait de vingt-quatre à trente-quatre jours pour atteindre Ouagadougou; une année à l'Ouest.
 Il a souffert aussi des persécutions anticléricales de l'administration coloniale, nous l'avons vu.

4 - Il a souffert aussi du manque de soutien de ses supérieurs, qui croyaient la mission condamnée à disparaître dans la tourmente antireligieuse de la métropole... Lui-même, ancien supérieur du scolasticat de Carthage, n'avait pas fait la mission, et il était un peu pris au dépourvu pour les directives nouvelles que les circonstances imposaient.
Par ailleurs, homme austère et de grande sainteté, il travailla à ce que la vie religieuse fût parfaitement vécue chez les missionnaires. Il formait ainsi pour ses successeurs et pour des temps plus favorables, des ouvriers mieux adaptés à l'œuvre de Dieu.
Homme d'étude, il composa et fit imprimer en 1906, à 500 exemplaires, son dictionnaire bambara, magnifique ouvrage de 693 pages, auquel on se rapporte encore.

En 1910, à la mort de Monseigneur Bazin, il y avait 1150 chrétiens dans tout le vicariat apostolique du Soudan :
818, dans les postes de l'Ouest : 106 à Kayes ; 94 à Dinguira, 215 à Kita, 72 à Kati, 156 à Ségou et 175 à Banankourou.
332, dans les postes de l'Est : 142 à Ouagadougou, 167 à Koupèla et 23 à Navrongo. (Tiré du livre « Les missions des Pères Blancs en Afrique de l'Ouest, avant 1939 » du Père André Prost, pages 88-89).

Mgr Lemaître à Carthage Monseigneur Lemaître remplace Mgr Bazin comme vicaire apostolique de la zone du Soudan. Et par bonheur, le gouverneur général mettait un point final à la politique pro musulmane suivie jadis. Le nouveau vicaire apostolique saura profiter des bonnes dispositions des autorités administratives. Il réalisera de nouvelles fondations en pays mossi, mais aussi chez les peuples : Bobo, Samo, Marka. Une première mission fut érigée à Réo en 1912. Ensuite, une fondation en pays Bwaba, à Bondokuy-Tankuy, eu autre en pays Samo à Toma en 1913.

Les missionnaires se fatiguaient beaucoup dans leurs tournées apostoliques. Ils sentirent vite le besoin d'être secondés par des auxiliaires. Une première école de formation des catéchistes s'ouvrit à Ouagadougou en 1915, avec un double but : former soit des catéchistes, soit des jeunes qui entreraient à l'école cléricale pour devenir séminaristes et futurs prêtres. De cette école sortira le petit séminaire de Pabré.

Pour s'occuper des femmes, il fallait des Sœurs. Les Sœurs Blanches arrivent à Ouagadougou en décembre 1912, puis en janvier 1914 à Koupèla Il y avait aussi l'épineux problème du mariage forcé des jeunes filles : presque partout la jeune fille n'était pas consultée pour son mariage et presque partout elle était donnée contre le paiement d'une dot depuis sa plus tendre enfance. Il faudra lutter jusqu'en 1939 pour que justice soit faite aux filles chrétiennes et la liberté donnée à la femme de suivre sa conscience dans un mariage fait selon son libre choix.

En 1919, Mgr Lemaître fonde le poste de Manga et en 1920, il est appelé à être coadjuteur de l'évêque de Carthage en Tunisie. Le 7 juillet 1921, le Père Joanny Thevenoud est nommé évêque et administrateur apostolique du nouveau vicariat de Ouagadougou. Il devenait donc évêque de tout ce qui est le Burkina Faso d'aujourd'hui avec en plus le nord de la Gold Coast.

Mgr Thevenoud en 1936Mgr Thevenoud est une personnalité qui a eu une influence énorme pour la fondation de l'Église en Haute-Volta. Il a duré à Ouagadougou 46 ans dont 28 ans d'épiscopat. Son action : il fut un pionnier au point de vue économique et social. En agriculture, c'est lui qui planta le premier manguier au Burkina Faso sans compter d'autres cultures qu'il essaya : vigne, pommes de terre, champs de blé. Il construisit le premier barrage qui ait jamais existé en Haute-Volta. Il lança l'élevage des moutons mérinos pour la laine et la première usine de tissage, en plus d'ouvrir une menuiserie mécanique, etc.
Au point de vue social, il se bat à tous les niveaux, juridique et religieux, pour donner à la femme voltaïque ses droits et sa dignité. Il fut parmi les grands lutteurs pour la liberté de la femme dans le mariage.

Le Père GoarnissonAvec le Père Goarnisson, les Missionnaires d'Afrique ont pu unir harmonieusement l'action médicale et l'action apostolique. Ils formèrent les premiers infirmiers de la Haute-Volta, et lancèrent aussi le service ophtalmologique qui fit tant de bien aux aveugles souffrant de la cataracte.

Le Père Goarnisson au travailAu point de vue apostolat, partout un catéchuménat qui durait  quatre ans : les missionnaires voulaient former une chrétienté adulte et solide et faisant le moins souvent appel à des motifs purement humains : cadeaux, etc. C'est à cause de cela que l'augmentation du nombre de chrétiens semblait lente à ses débuts. Ils ouvrirent très vite des écoles pour les enfants et organisèrent le laïcat : action catholique et mouvements de piété.
Ils faisaient des tournées régulières et méthodiques dans les villages. Ils formaient des catéchistes, (une première école s'ouvrait à Pabré puis à Guilongou en 1925) et tout cela après avoir pris le temps d'apprendre sérieusement la langue. Qui eut prédit à cette époque que, à peine 100 ans plus tard, onze évêchés surgiraient en terre voltaïque avec des évêques africains et un cardinal?

Soeurs Blanches et Soeurs SIC à OuagadougouLe 15 avril 1922, naquit la congrégation des Sœurs de  l'Immaculée Conception avec Mgr Thevenoud comme fondateur et les Sœurs Blanches comme formatrices. L'apostolat confié aux Soeurs de l'Immaculée Conception est varié : éducation des jeunes filles, catéchismes, écoles ménagères, dispensaires, etc.

Petit séminaire de PabréLes Missionnaires d'Afrique ont toujours eu à cœur de former la jeune Église du Burkina afin qu'elle puisse s'assurer à elle-même ses propres pasteurs. C'est pourquoi nous les retrouvons dans les séminaires de formation des futurs prêtres. Dès 1933, les premiers élèves sortis d'une école dite cléricale étaient prêts pour entrer au séminaire à Pabré. Le séminaire de Koumi à 15 kilomètres de Bobo-Dioulasso viendra en 1934 et en 1942 on verra les premières ordinations sacerdotales.

L'époque qui suit la première guerre mondiale jusqu'à la deuxième guerre mondiale va voir l'essor de l'évangélisation en Afrique Occidentale : le chiffre des chrétiens a décuplé de 1919 à 1939 : il est passé de 4543 à 49375 chrétiens baptisés en 20 ans. Au cours de la même période, 33 nouveaux postes de missions ont été créés, alors qu'il n'y en avait que 13 en 1921. Le nombre de missionnaires est aussi passé de 39 en 1921 à 174 (dont 151 prêtres) en 1939. En 1927 est créée la préfecture apostolique de Bobo-Dioulasso : elle était formée de territoires pris sur le vicariat de Bamako et de territoires pris sur le vicariat de Ouagadougou. Cette préfecture connut un essor considérable entre 1931 et1934 avec la conversion en masse des Dagaris dans la région de Dissin et Dano qui font partie maintenant du diocèse de Diébougou.

Un autre mouvement de conversion en masse a eu lieu à la paroisse de Massala, fondée en 1929, dans la préfecture de Bobo-Dioulasso. Ce mouvement de conversion découle de l'attitude des Pères qui prennent la défense des chrétiens face aux injustices commises par certains membres de l'administration coloniale du temps.

Bobo-Dioulasso devint vicariat apostolique en 1937 qui était vraiment trop vaste. Une première division de cet immense vicariat connaît le jour en 1942 avec l'érection de la préfecture de Gao qui devint, avec des changements, le diocèse de Nouna-Dédougou avec Mgr Jean Lesourd. En 1947, la préfecture de Gao fut divisée et toute la partie nord fut confiée à un missionnaire venu du Sahara, Mgr Pierre Leclerc, et garda le titre de préfecture apostolique de Gao.
Mgr Jean LesourdMgr Lesourd voulait fonder un poste de mission dans toutes les ethnies de sa préfecture apostolique pour permettre à toute la population d'entendre la Bonne Nouvelle. Il fonda Zaba en 1947, chez les Markas, et Bomborokuy en 1948, chez les Bwabas. En 1949, il fondait le premier poste en pays Dogon à Sèguè. Le pays Dogon demeurait encore alors rattaché à la préfecture de Nouna. C'est en 1953 que la région de Mopti et Bandiagara fut rattachée à la préfecture de Mopti au Mali.
D'autres fondations : Togo dans la région de Mandiakuy, Tansila en 1951 chez les Bobo-Fings, Tougan en 1952 chez les Samos du Nord, Boni chez les Bwabas en 1959, Safané chez les Markas en 1966, Kiembara en 1967, Oury en 1970 chez les Nounouma et les Ko.

Pendant le règne de Mgr Lesourd, le petit séminaire de Tionkuy fut fondé ainsi que le Centre de formation des catéchistes du même endroit. Les missionnaires ouvrirent aussi un centre d'animateurs ruraux et un centre de formation à l'artisanat rural où on formait des maçons, des menuisiers, des électroniciens, etc., pour le développement matériel des populations. En 1972, la sécheresse se faisant sentir dans le milieu rural, ils construisirent des puits. Autant d'actions de l'Église qui montrent que pour elle, à tous les moments de son existence, elle n'a jamais séparé le développement de l'évangélisation.
Des écoles primaires ont été fondées sur toutes les paroisses. Dès octobre 1844, une promotion de cinq instituteurs sortait de l'école normale provisoire de la mission de Ouagadougou et en 1943, une école normale de moniteurs pour toute la Haute-Volta était ouverte à Pabré sous la direction du Père Buertz. L'école normale des Frères des Écoles Chrétiennes de Toussiana, venus en Haute-Volta en 1947, fournira pendant vingt-deux ans aux chefs de mission des maîtres chrétiens, compétents et zélés.
L'Église est née en 1895 à l'intérieur de notre terre africaine de l'Ouest et en 1900 au Burkina Faso. Elle s'est beaucoup développée depuis. Elle a laissé au cours des années un grand souffle de libération et d'espérance pour les hommes. Libération de l'esclavage dans la création des « villages de liberté », libération de l'exploitation dans une lutte qu'elle a menée, sans merci, contre les abus de l'administration coloniale, contre les coutumes mauvaises, les despotes locaux, pour que s'impose le respect dû aux personnes, notamment aux plus pauvres, libération de la femme, pour qu'elle ne soit plus obligée à des mariages forcés, mais puisse choisir le mari qu'elle aime et fonder une famille unie, libération enfin du cœur, pour obtenir cette grande liberté intérieure que seul l'Esprit Saint peut donner au cœur qui se donne à lui et le laisse entrer chez lui.

Tout en menant ce combat pour la libération de l'homme, les Missionnaires d'Afrique et l'Église Famille de Dieu au Burkina se sont investis dans le développement économique et social du pays; ils ont voulu aussi aider au rassemblement des multiples ethnies afin que, peu à peu, elles s'unissent en un seul peuple : « Vous n'avez qu'un seul Père, et vous êtes tous frères. »

Il y a cent ans, il y avait un vaste territoire que venaient découvrir les missionnaires, en particulier le cardinal Lavigerie. Il portait le nom de vicariat du Sahara-Soudan, puis ce fut par division du Sahara, le vicariat du Soudan. Il portait en germe chacun des douze diocèses que nous connaissons aujourd'hui au Burkina Faso et les Églises particulières qui en sont nées.

Toute cette vie est née du courage et de la persévérance des Missionnaires d'Afrique qui sont toujours à l'œuvre au Burkina Faso comme vous pourrez le lire dans la rubrique « Qui sommes-nous ».

Texte tiré du livre « Une Église qui libère », par le P. Gabriel Pichard, 1999.