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Les Africains fuiront-ils bientôt plus le changement climatique que la guerre ?

En 2022, les catastrophes climatiques ont provoqué 7,4 millions de déplacés internes supplémentaires en Afrique subsaharienne. Un chiffre record qui pourrait continuer à croître en l’absence de mesures concrètes.

Mis à jour le 12 mai 2023 à 16:19
 
 
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© MONTAGE JA : SYLVAIN CHERKAOUI PUR JA ; BOUREIMA HAMA/AFP ; FADEL SENNA/AFP
 
 
 

Le chiffre est alarmant : en 2050, un migrant climatique interne sur deux sera Africain, d’après les prévisions de la Banque mondiale. En 2022, pour la première fois en Afrique subsaharienne, les catastrophes climatiques ont même provoqué presque autant de déplacements internes que les conflits, pourtant eux aussi en nette augmentation.

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Sur la seule année dernière, les inondations, les sécheresses et les ouragans ont forcé 7,4 millions d’Africains à quitter leur foyer selon un rapport de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) publié jeudi 11 mai. Quels sont les pays les plus touchés ? Quel est le lien entre l’activité humaine et ces déplacements ? Décryptage en infographies.

La mobilité a toujours existé. Pendant des siècles, des millions de personnes ont par exemple traversé l’Afrique de l’Ouest pour fuir la saison sèche ou diversifier leurs moyens de subsistance. Mais la destruction des écosystèmes par l’homme a déjà accentué ces flux migratoires, et ce sont les populations les plus vulnérables qui en sont les premières victimes.

Cercle vicieux

Pour ne rien arranger, les personnes déplacées ont tendance à se réinstaller dans des zones exposées aux phénomènes météorologiques extrêmes, dans les banlieues des villes à l’urbanisation anarchique ou sur les rives de fleuves, en zones souvent inondables. Le cercle vicieux est enclenché.

S’il n’existe pas encore de définition précise et harmonisée pour catégoriser ces « déplacés climatiques », tant les motifs migratoires sont complexes, il est impératif de comprendre comment les activités humaines vont transformer les dynamiques de mobilité existantes pour mieux s’y adapter. Sur le continent, la Cedeao a intégré la mobilité humaine à son plan climat 2022-2030. Déjà gravement touché par les crises écologiques, le Niger a mis en place dès 2006 un programme d’action pour l’adaptation au changement climatique. L’Organisation internationale pour les migrations a, de son côté, publié en février 2022 une étude détaillée sur les liens entre migration, environnement et changement climatique dans le pays.

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Mais le chemin est encore long. Alors que les pays industrialisés rechignent à ouvrir le droit d’asile aux réfugiés climatiques par crainte d’une « submersion migratoire », les milliards de dollars promis aux pays africains pour s’adapter à ces bouleversements, auxquels ils n’ont que peu contribué, se font toujours attendre.

 

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Au Sénégal, Macky Sall caresse les lutteurs dans le sens du poil

Le chef de l’État sénégalais a annoncé une série de mesures en faveur de la lutte traditionnelle. Compassion envers un secteur en difficulté ou calcul électoraliste ?

Mis à jour le 11 mai 2023 à 17:38
 
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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 
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© Damien Glez

 

Alors que la crise politique couve et que plusieurs observateurs s’inquiètent pour le modèle démocratique sénégalais, le président de la République soigne l’un des symboles du modèle sociétal du pays de la Teranga.

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Au secteur, ô combien stratégique, de la lutte traditionnelle, Macky Sall promet un accompagnement « pour une ou deux années avant de trouver un système de financement dans la durée ». Un terme qui dépasse la prochaine élection présidentielle, donc. Évocation de la continuité naturelle de l’État ou expression d’un souhait de rester aux commandes pour Macky Sall qui, officiellement, n’est pas candidat à sa succession ?

Mutuelle

Ce lundi 8 mai, le chef de l’État a reçu quelque 600 acteurs de la lutte sénégalaise au palais de la République. Parmi les annonces qui ont accompagné cette réception très médiatisée, la prochaine mise en place d’un fonds de garantie de 500 millions de francs CFA financé via le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip), à l’intention des promoteurs, en attendant d’élaborer un système de subvention pérenne.

Macky Sall a également encouragé les entreprises, publiques et privées, à soutenir les 152 écoles et écuries qui forment 10 000 jeunes lutteurs, et promis la rédaction de textes législatifs de nature à optimiser la gestion de l’Arène nationale, ou encore la mise en place d’une mutuelle de santé spécifique pour les lutteurs et autres acteurs du secteur.

Demi-dieux précaires

À la liste des mesures promises, le chef de l’État sénégalais a ajouté un accès facilité au « programme des 100 000 logements » déjà lancé par le gouvernement, ainsi que l’allocation aux lutteurs et à leurs familles de 300 emplois dans le cadre du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes (Xëyu ndaw ñi), lancé en 2021. Enfin, Macky Sall a invité le secteur à tenir au plus vite une assemblée générale pour faire le point sur tous ces domaines d’intervention.

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Considérés comme des demi-dieux, les rois des arènes remplissent des stades, mais n’échappent pas toujours à une certaine précarité, notamment lorsqu’ils raccrochent. Pour certains, la voie de sortie est politique : rejoindre l’escouade de sécurité d’un ministre, chef de parti présidentiel ou opposant. Pour les hommes et femmes politiques, il vaut donc mieux avoir les « gros bras » avec soi que contre soi. Il y a deux ans, le garde des Sceaux de l’époque, Malick Sall, avait accusé des lutteurs d’avoir participé au mouvement de contestation né dans le sillage de l’arrestation d’Ousmane Sonko. Il avait alors essuyé une volée de bois vert.

LANCEMENT de la 5ème Session du CES-AGP à partir du lundi 12 juin

 

Le Centre d’Etudes et de Formations pour le Développement de l’Afrique (CEFDA) et son partenaire, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), lancent l’appel à candidature pour la 5ème session du Certificat d’Etudes Spécialisées en Analyse et Gestion de Projets (CES-AGP).

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Le Certificat d’Etudes Spécialisées en Analyse et Gestion de Projets (CES-AGP) est une formation de haut niveau, avec des enseignements spécialisés de perfectionnement, dans le domaine des projets/programmes (niveau Master 2 professionnel). Les enseignements font force d’allier la théorie à la pratique, et sont assurés par des universitaires et des praticiens du domaine.

 

Le certificat sanctionnant le CES-AGP est reconnu et délivré par une Université privée partenaire, dont les diplômes sont reconnus par le CAMES.

 

La 3ème session a débuté le lundi 11 juillet 2022 et s’est achevée le vendredi 02 décembre 2022.                     

64 participants (1 du Niger, 1 du Bénin, 1 de la Mauritanie, 1 du Ghana, 3 de la France, 3 de la République Démocratique du Congo, 54 du Burkina Faso) ont pris part à cette session.

Taux de réussite : 92,18 %.

 

La 4ème session a débuté le lundi 30 janvier 2023 et est à mi-parcours. 95 personnes participent à cette session.

 

 

 v La 5ème session du CES-AGP - Date de début : lundi 12 juin 2023

(Formation exclusivement en ligne sur Microsoft Teams)

 

ü Coût de la formation : 350 000 F CFA individuellement (payables en 3 tranches)                  

                                               500 000 F CFA pour les Institutions (payable en une fois) ;

ü Durée de la formation : 8 - 9 mois ;

ü Nombre d’unités d’enseignements (UE) : 12 UE.

ü Outre les documents de formations et les enregistrements vidéo des séances de formations, les participants auront droit à des vidéos dans lesquelles le formateur seul donne la formation.

 

 

 v Pour tout autre renseignement

Sur la composition du dossier d’inscription, le détail des unités d’enseignements (UE), les modalités de paiement de la formation, etc…

Consultez notre site web : https://www.cefdabf.com/annonce

-                  Appelez un des numéros : (00226) 73 96 79 79 / 78 24 58 58 / (00226) 74 58 90 90.

-       Envoyez un courriel à :  Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou un WhatsApp : (00226) 74 58 90 90.

 

CES-AGP-S4-CEFDA Annonce 4

En Côte d’Ivoire, Guillaume Soro pourrait être candidat à la présidentielle de 2025

L’ancien Premier ministre, en exil depuis 2019, a affirmé ce 8 mai sur sa chaîne YouTube qu’il n’y avait aucune « raison » pour qu’il ne puisse briguer la magistrature suprême en 2025.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 9 mai 2023 à 12:38
 

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Guillaume Soro, alors candidat à la présidentielle ivoirienne, le 17 septembre 2020, à Paris. © AFP / STEPHANE DE SAKUTIN

 

« Il n’y a pas de raison » pour qu’il ne soit pas candidat à la prochaine présidentielle ivoirienne, a déclaré Guillaume Soro après plusieurs mois de silence, lors d’une interview de plus d’une heure menée par son directeur de la communication, qui intervient quelques jours après la diffusion d’une enquête de Jeune Afrique consacrée à son exil.

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L’ancien président de l’Assemblée nationale, absent de Côte d’Ivoire depuis quatre ans, a pressé les cadres de son parti, Générations et peuples solidaires (GPS), de « travailler sur le terrain pour asseoir » leur « organisation », qui est « capable de relever le défi présidentiel ».

Construire Générations et peuples solidaires

En avril 2020, condamné à vingt ans de prison pour recel de détournement de deniers publics, il avait vu sa candidature à la présidentielle d’octobre invalidée. Accusé d’avoir fomenté une « insurrection civile et militaire » visant à renverser le régime d’Alassane Ouattara en 2019, celui qui avait refusé de rejoindre le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, le parti présidentiel) avait ensuite été condamné par contumace, en juin 2021, à la prison à perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l’État ».

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« Pendant mon exil, je suis allé un peu partout, en Amérique, en Europe, au Moyen-Orient », pour « nouer des contacts, participer à des réunions et à des rendez-vous privés », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : « Ces mois où je me suis abstenu publiquement de prendre la parole ont marqué un grand travail de réflexion pour la construction de mon mouvement. » Un mouvement que la justice ivoirienne a dissous en février dernier.

« Un destin politique »

« Cette prétendue dissolution est totalement politique. Ce ne sont pas les lettres GPS que l’on a voulu dissoudre, c’est à un homme [que l’on] veut interdire de faire de la politique », a-t-il dénoncé.

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Rappelant que la Côte d’Ivoire était son pays et que c’était là qu’il avait « vocation à finir [ses] jours », l’ancien chef rebelle a affirmé que « ni la prison ni l’exil n’étaient un frein à une carrière, à un destin politique ».

(Avec AFP)

« L’économie reste l’enjeu de la présidentielle au Sénégal »

En dépit des remous et des grandes manœuvres politiques, tout se jouera en priorité autour du pouvoir d’achat lors du scrutin présidentiel de févier 2024, pronostique Idrissa Diabira, coordonnateur du programme présidentiel « Yoonu Yokkuté » du candidat Macky Sall, en 2012.

Mis à jour le 5 mai 2023 à 15:52
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Par Idrissa Diabira

Directeur général de l'Agence sénégalaise Depme - Coordonnateur du programme présidentiel “Yoonu Yokkuté” du candidat Macky Sall en 2012.

 

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En forte croissance, l’économie sénégalaise suit une trajectoire inédite depuis cinquante ans. © SEYLLOU/AFP.

 

« L’économie, il n’y a que cela qui compte. » C’est une phrase devenue culte prononcée en 1992 par James Carville, alors conseiller de Bill Clinton dans sa course à la Maison-Blanche, face au président sortant, Georges Bush père. Alors que les États-Unis connaissent une récession économique, le candidat républicain est perçu comme déconnecté des besoins des Américains ordinaires.

Clinton remportera le scrutin, et la phrase deviendra un slogan qu’analystes et chroniqueurs ressortiront à chaque débat électoral, pour faire de l’économie le point central de l’élection.

Avant Carville, le sociologue français Michel Crozier faisait déjà valoir que les gouvernements existent traditionnellement pour chercher et adapter des solutions aux problèmes économiques et sécuritaires. L’histoire montre que l’absence de solutions adéquates conduit aux changements de régimes.

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Ainsi, la vague de démocratisation en Afrique subsaharienne, dans les années 1990, est rattachée à l’échec économique d’États qui ne sont pas parvenus à faire mentir la prophétie de René Dumont (1960) suivant laquelle « l’Afrique noire est mal partie ».

L’échec du modèle colonial

Les jeunes États n’ont pu se départir du modèle colonial hérité, perçu par Naudet (1995) comme social, unitaire et intégrateur. Celui-ci est fondé sur un système de valeurs à deux niveaux : une paysannerie traditionnelle valorisée et un modèle urbain moderne et occidentalisé, censé représenter l’avenir.

Ce modèle est financé par le produit des exportations des matières premières, redistribué par la dépense publique (éducation, santé) et la circulation des biens, des personnes et des revenus. Il est issu de l’État colonial et de son économie dualiste : celle coloniale, avec ses entreprises commerciales et industrielles étrangères, et celle « autochtone », avec ses commerçants, transporteurs, artisans et agriculteurs africains.

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Dans les années 1980, trois principaux facteurs conduisent à l’échec de ce modèle au sein des jeunes États : la taille réduite de sa base économique et fiscale (dominée par l’exploitation des matières premières), le développement urbain exponentiel qui génère une diversité sociale et de nouveaux acteurs sociaux – l’essentiel du secteur informel – rétifs au modèle unitaire de l’État et à son détriment, et enfin l’émergence de la compétition. Cette dernière rend caduc l’ordre économique et social stable antérieur par la mise en concurrence tant des produits de l’économie de rentes que des groupes sociaux entre eux.

L’exception démocratique sénégalaise

Parmi les jeunes États qui ont émergé de la vague de démocratisation subsaharienne, le Sénégal apparaît comme une réelle exception. Comme de très rares autres pays africains, il a échappé à la norme des putschs. La vie politique y a conduit à deux alternances démocratiques, en 2000 et 2012. Les raisons de cette exception tiennent notamment au rapport du pays à la performance économique.

Ainsi en est-il de 1981 avec la transmission de Léopold Sédar Senghor (au pouvoir depuis 1960) à Abdou Diouf (1981-2000) sur fond de crise de la dette et de plan d’ajustement structurel. La politique d’industrialisation, visant à faire éclore un tissu productif compétitif, a échoué.

En 2000, si l’ajustement commence à produire des effets, les effets de la dévaluation et du plan Sakho-Loum (du nom des ministres de l’Économie, Ousmane Sahko, et du Budget, Mamadou Loum) ont un coût social important, l’horizon n’est que la « lutte contre la pauvreté ». En 2012 enfin, sur fond certes d’un nouveau mandat controversé d’Abdoulaye Wade et d’un projet honni de ticket présidentiel, le Sénégal est surtout victime des effets de l’inflation, de la fourniture insuffisante d’électricité et de la vie chère.

Une trajectoire économique inédite

Alors candidat, Macky Sall ne s’y est pas trompé en priorisant, dans son programme économique « Yoonu Yokkuté » (le chemin du bien-être) de réduire les injustices sociales avec les bourses de sécurité familiale comme mesure phare – aujourd’hui 400 000 familles la perçoivent -, d’une part, et de doter le Sénégal d’un Small Business Act pour promouvoir l’entrepreneuriat et les PME, d’autre part.

À LIRESénégal : Macky Sall face au challenge de l’emploi

En 2024, la tradition sénégalaise à permettre l’expression souveraine des citoyens, au-delà du nom des candidats, est l’enjeu absolu à préserver.

Mais in fine, l’économie déterminera l’issue des élections : les politiques de souveraineté pour prendre en charge des effets de la pandémie de Covid-19 ou de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la confiance dans le projet d’industrialisation et de développement de futurs champions pour rendre plus inclusive et créatrice d’emplois la nouvelle trajectoire de croissance du pays, inédite depuis cinquante ans. Et ainsi saisir l’opportunité de l’exploitation prochaine des ressources pétrolières et gazières.