Vu au Sud - Vu du Sud

Présumé coup d'Etat en Guinée équatoriale: le Tchad dans l'embarras

Malabo, la capitale de la Guinée équatoriale.
© CC 3.0/Ipisking
 

Le commanditaire du présumé coup d'Etat déjoué cette semaine en Guinée équatoriale est Equato-Guinéen et se trouve en Europe. C'est ce qu'a déclaré ce vendredi le ministre des Affaires étrangères tchadien, Mahamat Zene Cherif. Le Tchad enverra dans les jours qui viennent des experts pour prêter main-forte aux forces de sécurité camerounaises et équato-guinéennes qui mènent une enquête afin de démanteler ce qui serait un vaste réseau de mercenaires. Parmi eux, des Tchadiens.

Depuis la semaine dernière, le Cameroun a arrêté près d'une quarantaine de mercenaires, soupçonnés de fomenter un coup d'Etat en Guinée équatoriale. Parmi eux, Mahamat Kodo Bani, un Tchadien suspecté d'être le cerveau de l'opération.

Dans la foulée, la Guinée équatoriale arrête une soixantaine de commerçants tchadiens. Mahamat Zene Cherif, le ministre des Affaires étrangères se rend immédiatement à Malabo : « Suite à notre visite, le président équato-guinéen a donné des instructions fermes pour toutes les personnes innocentes arrêtées peut-être par débordement dans l’action d’enquête… Ces Tchadiens ont été arrêtés parce qu’il y a une désinformation faisant croire que le cerveau était général de l’armée tchadienne, alors qu’il n’a jamais été un officier général ni un membre de l’effectif de l’armée tchadienne ».

 

Un vaste malentendu donc. D'ailleurs, les autorités camerounaises ont bien affirmé avoir également arrêté des Centrafricains, des Camerounais et des Equato-Guinéens parmi ces mercenaires.

Il reste à savoir, rappelle Mahamat Zene Cherif, « si ceux que l’on appelle aujourd’hui des Tchadiens, puisqu’on dit que la plupart sont des Tchadiens, il reste à savoir si réellement ils sont des Tchadiens ou s’ils sont des ressortissants d’un pays détenteur de pièces d’identité tchadienne ».

L'enquête se poursuit et les autorités équato-guinéennes ont prévenu que de nouvelles arrestations sont à attendre.

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L'émir qatarien en tournée en Afrique
pour diversifier ses partenariats

Le président sénégalais Macky Sall recevant l'émir du Qatar Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, à Dakar, le 20 décembre 2017.
© Handout / AFP
 

L'émir du Qatar est arrivé ce mercredi 20 décembre à Dakar, première étape d'une tournée dans six pays d'Afrique de l'Ouest. L'émir Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani doit également se rendre au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Ghana, en Guinée-Conakry et au Mali. Sous le coup d'un embargo depuis plus de six mois, Doha cherche à diversifier ses partenariats économiques.

Au programme de cette tournée ouest-africaine : la signature d'accords de coopération. Des accords qui touchent aux domaines de l'éducation, des mines, de l'énergie, de la sécurité alimentaire ou encore de la santé. C'est ce qu'a annoncé le ministère qatarien des Affaires étrangères à la presse. Selon cette même source, l'émirat devrait aussi participer au financement d'un hôpital dédié à la lutte contre le cancer au Burkina Faso. Un investissement de plus de 11 millions d'euros, l'équivalent de 7 milliards de francs CFA.

Cette tournée ouest-africaine intervient alors que le Qatar est sous le coup d'un embargo depuis plus de six mois. En juin dernier, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et l'Egypte ont brusquement rompu leurs relations diplomatiques avec Doha.

Ils accusent le pays de soutenir plusieurs groupes extrémistes. Ils lui reprochent également son rapprochement avec l'Iran, le grand rival régional de l'Arabie saoudite. Plusieurs pays d'Afrique leur avaient emboité le pas, dont la Mauritanie. Et de leur côté, le Niger, le Tchad et le Sénégal avaient décidé de rappeler leurs ambassadeurs.

 

Bénin : les mendiants expulsés
des rues de Cotonou

Les mendiants sont jugés indésirables dans les rues de Cotonou (image d'illustration).
© Getty Images/Raido Valjamaa
 

Les mendiants sont indésirables et malvenus dans Cotonou, la capitale économique du Bénin. L'opération « zéro mendiant et zéro malade mental » a coûté l'expulsion à plus d'une centaine de mendiants originaires de plusieurs pays voisins. Deux bus les ont ramenés mercredi 20 décembre vers le Niger et le Nigeria, leurs pays d'origine, sous bonne escorte policière. Les autorités béninoises se gardent de parler d'expulsion, elles parlent plutôt de rapatriement.

Cent-vingt-huit mendiants, vieux, jeunes et enfants, ont fait les frais de l'opération. Ils ont été rassemblés sur un site avant leur rapatriement. Pas grand-chose à ramener au pays. Les affaires sont emballées dans des sacs ou des pagnes. Ils montent dans les bus sans faire d’histoire.

Il est 22 heures, le premier bus affrété pour le Niger démarre sous escorte policière. A bord, 108 passagers. A la manœuvre, le préfet, auteur des opérations de déguerpissement des trottoirs dans Cotonou.

En cas de critique et de polémique, Modeste Toboula a déjà préparé sa réponse. « Il n'y a pas eu de tortures. Il n'y a pas eu de brutalités. Il n'y a pas eu de sévices. Il n'y a rien eu. On a fourni l'eau, on a assuré l'hébergement et les repas. Donc nous avons pris toutes les dispositions nécessaires pour que la dignité humaine soit respectée », assure-t-il.

Le chargé d'affaires de l'ambassade du Niger a supervisé l'opération avec les Béninois. Quand on l'interroge, sa réponse est laconique. « Tout s'est bien passé. C'est le fruit de la bonne coopération entre le Niger et le Bénin », explique-t-il.

Dans la journée, le chef de la diplomatie béninoise, Aurélien Agbenonci, a échangé avec son collègue du Niger.

Depuis deux jours, les trottoirs que les mendiants squattaient sont quasiment vides.

Chronologie et chiffres clés

La démocratie en Afrique de l’Ouest
entre progrès fragiles, espoirs et craintes

par

Mathias Hounkpe est titulaire d’un Master of Philosophy en science politique de l’Université Yale aux États-Unis et d’un doctorat en physique mathématique de l’Université d’Abomey-Calavi du Bénin. Il est actuellement l’Administrateur du Programme de Gouvernance Politique et de Consolidation Démocratique de OSIWA (Open Society Initiative for West Africa).

"… Je voudrais dire à mes frères présidents des autres pays que l’alternance est inévitable en Afrique et en Afrique de l’Ouest…"

[Tribune] Ces propos tenus lors du 3e Congrès ordinaire du RDR, le 10 septembre 2017 par le président ivoirien, M. Alassane Ouattara, répondent en écho à l’un des événements politiques africains majeurs de la fin de cette année : les manifestations des populations togolaises quasiment toutes les semaines depuis le 19 août 2017, dans plusieurs régions du Togo.

Ces événements, similaires à ceux de la Gambie en début 2017, et du Burkina Faso en octobre 2014, sont l’indication d’un progrès en matière démocratique en Afrique de l’Ouest. En effet, tout se passe comme si les citoyens s’accordaient progressivement et très largement (cf. graphique ci-dessous) sur des valeurs indispensables à la consolidation de la démocratie, notamment la limitation des mandats et l’alternance.

Au Togo, 85% des citoyens sont en faveur de la limitation des mandats présidentiels à 2, en Côte d’Ivoire ils sont 84% et en Guinée, 85%. Peut-on alors être surpris de la réaction des Togolais qui réclament depuis la mi-août, entre autres, la limitation des mandats ou si demain, Ivoiriens ou Guinéens prenaient les rues pour exprimer leur désapprobation si les rumeurs qui courent, que leurs présidents tenteraient de se maintenir au pouvoir, devaient se confirmer ?

Mieux, les citoyens de la région semblent faire progressivement le lien entre leurs conditions de vie et les performances des gouvernants. Par exemple, entre 2015 et 2016, sur 10 élections présidentielles, 5 des sortants (candidats, partis) ont perdu directement (Ghana, Gambie, Nigeria) ou non (Bénin) ou par abandon (Cap-Vert) les élections pourtant organisées par eux-mêmes. Une véritable révolution puisqu’entre 1990 et 2014, seuls 3 présidents sortants ont perdu les élections.

Ces progrès sur le front des élections ne devraient pas cacher les défis majeurs qui restent au sujet du fonctionnement et des performances des institutions démocratiques. Ici, la situation, au mieux, évolue en dents de scie. Ainsi, afin de faire respecter la volonté exprimée par les Gambiens lors de la présidentielle de décembre 2016, la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) était très engagée, au point de recourir à l’emploi de la force militaire. La même CEDEAO semble impuissante, quasiment paralysée devant la crise actuelle au Togo, Même si les situations en Gambie au début 2017 et au Togo en fin 2017 ne sont pas exactement les mêmes, la réaction de la CEDEAO semble pour le moins passer du jour à la nuit.

Les progrès sur le front des institutions démocratiques sont non seulement faibles mais réversibles

Par ailleurs, les difficultés rencontrées dans l’organisation des élections au Ghana en fin 2016 et au Sénégal en juillet 2017 montrent bien que même dans les pays considérés comme modèles en matière électorale dans la région, des défis demeurent. Pire, il semble difficile pour les pays de la région de consolider leurs institutions démocratiques sur la base de leurs expériences. Ces dernières années, les réformes constitutionnelles sont soit bloquées (Bénin, Ghana, Libéria, Sierra Léone, Mali …), soit controversées, instrumentalisées (Sénégal, Côte d’ivoire…). Comme si, dans la région, nous n’étions pas capables d’apprendre de la pratique de la démocratie pour l’améliorer.

En guise de conclusion, les populations ouest-africaines entrent progressivement dans leur rôle de citoyens alors que les progrès sur le front des institutions démocratiques sont non seulement faibles mais réversibles. Pour relever ces défis, la contribution de tous est nécessaire à commencer par celle de nos gouvernants dont nous attendons au minimum des positions très claires sur les valeurs cardinales de la démocratie et de la bonne gouvernance. Le Président Ouattara l’a fait par rapport à l’alternance et pour nous, en paraphrasant Petit Denis, grand Zouglouman ivoirien devant l’Eternel, « Ce qui est dit est dit ».

Amadou Toumani Touré bientôt de retour au Mali
après cinq ans d'exil ?

Amadou Toumani Touré lors de sa déclaration de démission le 8 avril 2012.
© Guillaume Thibault/RFI
 

L’ex-président du Mali, Amadou Toumani Touré, en exil depuis cinq ans à Dakar au Sénégal, va-t-il enfin rentrer au pays ? C’est en tout cas ce qu’affirment ses proches et ses soutiens politiques. A Bamako, la présidence confirme à demi-mot.

Un ancien président en cadeau de Noël ? C’est ce qu’affirment en tout cas ses proches, notamment son aide de camp basé avec lui à Dakar. Un retour prévu à bord d’un vol privé.

Le retour de l'ex-président Amadou Toumani Touré est « plus que probable », répond-on du côté du palais présidentiel. Les conseillers d'Ibrahim Boubacar Keïta, l'actuel chef de l'Etat, refusent pourtant d'être 100% affirmatifs. Il faut dire que le retour d'Amadou Toumani Touré a été maintes et maintes fois annoncé.

Mais depuis des mois, des tractations impliquant des proches des deux hommes ont eu lieu. « Ces négociations sont désormais finies », affirme-t-on à Koulouba.

Amadou Toumani Touré vit dans la capitale sénégalaise depuis 2012, date de sa chute suite à un coup d’Etat. Très discret, se déplaçant uniquement à titre privé, après cinq ans d’un silence imposé par les autorités sénégalaises pour éviter de froisser le palais de Koulouba, Amadou Toumani Touré va donc peut-être retrouver son droit à la parole en fin de semaine une fois qu’il aura rejoint son pays.

« Dimanche »

Nouhoum Togo, du parti pour le développement économique et la solidarité (PDES), explique quant à lui qu'Amadou Toumani Touré arrivera « dimanche » par avion et sera même « accueilli par IBK ». Ses soutiens politiques ou de la société civile réclamaient son retour, arguant qu'il était vital pour « la réconciliation nationale ».

Il était un temps question de juger Amadou Toumani Touré, notamment pour haute trahison, mais ses collaborateurs indiquent que toutes les garanties sont offertes par le président Ibrahim Boubacar Keïta pour permettre un retour dans de bonnes conditions.

A Koulouba, on refuse de commenter ces informations, mais on précise avec un brin d'humour que les « frontières et même les portes et les fenêtres sont grandes ouvertes pour le retour » d'Amadou Toumani Touré.