Vu au Sud - Vu du Sud

Election présidentielle au Mali :
l’Adema reste divisée sur sa stratégie

Vue du palais présidentiel à Bamako (illustration).
© SEBASTIEN RIEUSSEC / AFP

L'élection présidentielle de juillet prochain se prépare au Mali. L’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), principale alliée du parti au pouvoir au sein de la majorité présidentielle, tangue toujours sur la question de la désignation de son candidat. Une réunion extraordinaire du parti s’est tenue ce lundi à Bamako, mais elle n’a pas pu trancher la question.

Après la réunion extraordinaire de l’Adema, il y a un sentiment : c’est une camisole de force que certains veulent mettre à Dioncounda Traoré. C’est-à-dire l’obliger à porter les couleurs de l’Adema, lors de la présidentielle de juillet prochain. On lui donne même dix jours pour se prononcer. L’intéressé ne bronche pas, ce qui ajoute à la confusion.

Mais au sein de l’Alliance pour la démocratie au Mali, les partisans d’un soutien dès le premier tour à une très possible candidature du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, ne baissent pas les bras. Vent debout, ils continuent de dire que Dioncounda Traoré, l’ancien président par intérim, ne sera pas candidat et qu’il faut tout de suite le plan B.

Les partisans d’une candidature interne, et ceux qui souhaitent une candidature extérieure au parti, affûtent leurs armes. C’est dans ce contexte qu’à la base, les militants du peuple Adema commencent par être fortement perturbés. « On crée un parti politique pour participer à une élection présidentielle », ont, par exemple, affirmé certains militants, dans une lettre ouverte publiée ce mardi.

Tchad: le Parlement adopte le projet
de nouvelle Constitution

Au Tchad, le projet de nouvelle Constitution acte le passage à un régime présidentiel intégral (ici le président Idriss Déby).
© REUTERS/Mark Schiefelbein/Pool

Le Tchad va désormais entrer dans une IVe République. Le Parlement a adopté, ce lundi 30 avril, le projet de nouvelle Constitution. L'opposition est vent debout contre ce texte qui acte le passage à un régime présidentiel intégral avec, notamment, la suppression du poste de Premier ministre ou encore l'allongement du mandat du chef de l'Etat. C'est dans un contexte tendu que s'est déroulé le vote. Le quartier du Parlement à Ndjamena était totalement bouclé alors que l'opposition avait appelé à manifester.

C’est par 132 voix pour et 2 contre, que le projet de modification constitutionnel a été adopté par un Parlement, quadrillé à l'extérieur par les forces de l’ordre. Ces dernières ont aussi jalonné l’avenue menant au Palais de la démocratie, siège de l’Assemblée nationale.

A chaque lieu était posté un véhicule de police ou de gendarmerie pour dissuader toute manifestation, l’opposition ayant appelé la population à sortir pour faire pression sur les parlementaires à ne pas voter le projet.

L’opposant Mahamat Ahmat Alhabo qui a essayé d’entrer dans l’hémicycle a été expulsé. Au bout de sept heures de délibéré marquées par une longue lecture du rapport de la Commission et des débats allant tous dans le même sens, les députés ont adopté le projet de Constitution non sans avoir fait sauter la limitation du nombre de mandats des députés que le gouvernement voulait instaurer.

La camp présidentiel regarde à l'horizon des élections

Le député de l’opposition, Clément Djimet Bagaou, et son collègue du Parti pour les libertés et le développement (PLD), Ousman Chérif, ont décidé, contrairement à leurs collègues, de participer à la séance et voté « non » « au nom de l'Histoire », disent-ils. « La réforme est profonde, a dit le premier, c'est l'ensemble de notre loi fondamentale qui est révisé. Mais nous optons pour l'adoption par la voie parlementaire, et ça ce n'est pas du tout sérieux. Je sais que cela va être voté, mais c'est pour ne pas être incapables, demain, de témoigner à mes enfants, à mes petits-fils. Nous avons souhaité que ce soit le peuple tchadien, dans son ensemble qui se prononce. »

L'opposition dénonce la mise en place d'un « régime présidentiel intégral » très favorable à Idriss Déby, le chef de l'état tchadien. Mahamat Saleh Maki, président du Parti pour l'unité et la reconstruction (PUR), parti d'opposition parlementaire, lui, va plus loin. « Il a les pleins pouvoirs, c'est voté, c'est terminé. Je ne vois que ce que quelqu'un d'autre puisse faire. Tout a été fait en un éclair. Nous ne savons même pas ce qui brûle pour une telle urgence. On aurait souhaité que cela puisse passer par référendum. On aurait aimé aussi qu'il y ait un large débat au niveau politique, que l'on aille vers la population. Mais hélas, nous n'avons pas été écoutés », regrette-t-il, amer. Pour Saleh Maki, cette réforme sera donc « difficilement applicable. Ce n'est pas facile d'avoir tous les pouvoirs entre les mains d'une seule personne. Je crois qu'il serait très difficile de gérer un pays comme Tchad tout seul. »

En attendant, dans le camp du pouvoir où l'ambiance était à la fête, on regarde avec déjà vers l'avenir et les prochaines élections. « Tout en félicitant le peuple tchadien pour son aspiration au progrès, la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale lui exprime son admiration et l'invite à demeurer mobilisé derrière le président de la République afin de relever tous les défis à venir », a harrangué le président du groupe parlementaire MPS, le député Ali Kolotou Tchaïmi.

À la Une de la revue de presse Afrique : « Changements de régime »

Tchad : Albert Pahimi Padacké entame sa mue
pour les législatives

Par Jeune Afrique
 

Selon nos sources, le Premier ministre tchadien Albert Pahimi Padacké, dont le poste devrait être supprimé en mai par la nouvelle Constitution, se prépare déjà pour les élections législatives de novembre. Il entend mener lui-même la bataille dans sa région d’origine du Mayo-Kebbi-Ouest.

Alors que son poste doit être supprimé par la nouvelle Constitution, qui doit être promulguée début mai, le Premier ministre, Albert Pahimi Padacké, a demandé à ses équipes de mettre ses affaires en ordre. Elles s’activent déjà à faire l’inventaire des locaux. Selon nos sources, le chef du gouvernement n’a jamais oublié son véritable objectif, les élections législatives, prévues pour novembre.


>>> A LIRE – Tchad : le Fonac rejette les conclusions « fantaisistes » du forum national


Ayant réuni les fonds, il prépare son parti, le Rassemblement national pour la démocratie au Tchad-Le Réveil. Albert Pahimi Padacké entend mener lui-même la bataille dans sa région d’origine du Mayo-Kebbi-Ouest, où il espère concurrencer l’opposant Saleh Kebzabo. Il souhaite talonner le Mouvement patriotique du salut (au pouvoir), ce qui ferait de lui un potentiel président de l’Assemblée nationale.

Mali: nouveaux tirs d'obus à Tombouctou

L'entrée du camp de la Minusma et de Barkhane à Tombouctou après l'attaque du 14 avril revendiquée par le GSIM.
© AFP

Une semaine après l'attaque jihadiste contre les camps de la Minusma et de la force française Barkhane à Tombouctou, de nouveaux tirs d'obus ce dimanche ont été tirés en direction de l'aéroport et d'un camp de l'armée malienne. Ces obus n'ont fait aucun dégât.

L’un des quatre obus est tombé à quelques kilomètres du camp militaire malien de Tombouctou. Les autres, loin de l’aéroport, où sont stationnés la force française Barkhane et les casques bleus de l’ONU.

Si ces tirs ont fait plus de peur que de mal, ils interviennent une semaine après la lourde attaque toujours à Tombouctou contre les camps de la mission de l’ONU et de Barkhane. Attaque revendiquée par les jihadistes du Groupe soutien aux musulmans et à l’islam (GSIM), qui avait causé la mort d'un casque bleu. Les tirs d’obus de ce dimanche seraient ainsi une manière pour les assaillants de dire « nous sommes toujours présents sur le terrain ».

Présents sur le terrain, et toujours prêts à en découdre. Les forces alliées (Barkhane, Minusma et armée malienne) prennent la menace au sérieux. « L’ennemi joue à l’invisible, procède à des attaques lâches. Nous ouvrons grandement les yeux », explique une source sécuritaire étrangère.

Sans rentrer dans les détails, la même source explique que le dispositif de sécurité est renforcé, avec un changement de stratégies. L'une de ses stratégies est d’aller chercher de plus en plus sur le terrain les jihadistes, avant qu’ils ne lancent des roquettes et obus. C’est que Barkhane a fait ce week-end dans la région de Tombouctou. Ce qui explique peut-être pourquoi les obus de ce dimanche ont été tirés à la hâte et sans précision.

Des tirs peu précis n'ayant occasionné aucun dégâts ni donc aucune panique à au sein de la population, finalement habituée à ces attaques comme l'explique cet habitant : « Heureusement, ils ne s'attaquent pas aux civils. Ils essaient de viser la base. Que voulez-vous? Les gens sont habitués à ces choses-là, ils les commentent, ils en rient même. »

Côte d'Ivoire: où va le RHDP?

Alassane Ouattara, le 12 avril 2018 à Yamoussoukro. Tout le monde pourra être candidat au sein du RHDP en 2020, a assuré le chef de l'Etat le 20 avril à Paris.
© REUTERS/Luc Gnago

Le RHDP, coalition de six partis (RDR, PDCI, MFA, UDPCI, PIT, UPCI) sera-t-il un parti unifié avant la présidentielle et, après discussions, présentera-t-il un candidat issu des rangs du PDCI, du RDR ou d'un autre parti ? Selon les uns et les autres, le dialogue devrait aboutir à un accord clair. Pour l'instant, l'heure est aux tractations et aux congrès : le 5 mai pour le RDR, le 12 pour l'UDPCI. Pour les autres partis, les dates ne sont pas encore connues.

Henri Konan Bédié a affirmé ce vendredi sur RFI que le PDCI-RDA présentera un candidat en 2020, sous-entendu porté - en tout cas cela est souhaité - par les autres cinq partis du RHDP, y compris le RDR. « Compte-tenu de ce que ce parti par deux fois a soutenu le candidat du RDR pour en faire le candidat unique du RHDP, nous souhaitons un soutien de leur part », a-t-il déclaré.

→ (RE)LIRE : H.K.Bédié, invité Afrique: «Le PDCI discute avec ses alliés, il présentera un candidat en 2020»

Hier encore, Alassane Ouattara était à Paris, où il a rencontré Emmanuel Macron. Sur les marches de l'Elysée, le président ivoirien a-t-il dissipé tout malentendu au sein de la majorité ? Pas si sûr. « Ce qui nous importe c'est la stabilité de la Côte d'Ivoire, et nous continuerons de travailler ensemble, y compris de préparer les élections en 2020. Tout le monde pourra être candidat et le meilleur sera choisi par cette alliance, le RHDP », a-t-il dit.

Pour Toikeuse Mabri, président du PDCI, la réponse sera l'aboutissement d'un dialogue. Chaque parti devra dire si oui ou non le RHDP doit être unifié avant la présidentielle, et définir le mécanisme de désignation d'une candidature unique. Mais pour l'instant... « Pourquoi pensez-vous que je doive affirmer que c'est le tour du PDCI ? Moi, j'affirme aussi que c'est le tour de l'UDPCI. »

La majorité va-t-elle accoucher d'un RHDP unifié ? Ou d'une coalition RHDP renforcée au sein de laquelle les partis gardent leur identité historique ? Un mot sera dans toutes les têtes et chaque étape du processus : la stabilité de la Côte d'Ivoire.