EDITORIAL

Chers lecteurs des Nouvelles Diocésaines de Nouakchott,

Au moment où vous tiendrez entre vos mains ce numéro de notre modeste revue diocésaine, nous aurons célébré la fête pascale dans la joie et recevrons de cette fête et du renouvellement de nos engagements de baptême des nouvelles forces et un nouvel élan pour vivre en chrétiens là où Dieu nous a plantés.

Dans les pages qui suivent, vous trouverez plusieurs témoignages de laïcs, de religieuses et de prêtres qui vous parlent de notre vie en Eglise de Mauritanie, Eglise qui veut être, à la suite du Christ, témoin de l’Amour de Dieu pour tous.

Vous lirez dans l’article du P. Maixent Sagna, curé de Rosso depuis quelques mois, ceci :

« Pour donner ses impressions sur ce qu’il a découvert lors d’un voyage, un visiteur parlait de l’Eglise de Rosso en ces termes : ‘Une Eglise sans fidèles et un prêtre qui n’évangélise pas.’ » - Je vous laisse le soin de lire la réaction du P. Maixent dans son article.

Ce visiteur n’est pas le seul à se poser des questions sur notre présence en République Islamique de Mauritanie et surtout sur notre fidélité au commandement du Christ ressuscité :

« Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

Il me semble même, que chaque disciple du Christ, chaque chrétien qui pour une raison ou pour une autre se retrouve en Mauritanie, doit se poser la question : comment je peux être témoin du Christ ressuscité d’une manière concrète dans ce pays et dans ce milieu.

Personnellement, je reste très marqué par une page que j’ai lu, il y beaucoup d’années déjà, dans un petit livre d’Eloi Leclerc « Sagesse d’un Pauvre ». Ce livre se termine par un échange entre Saint François d’Assise et le Frère Tancrède. Permettez-moi de vous citer les réflexions de Saint François qui répond à une question de Tancrède :

« Le Seigneur nous a envoyés évangéliser les hommes. Mais as-tu déjà réfléchi à ce que c’est qu’évangéliser les hommes ? Evangéliser un homme, vois-tu, c’est lui dire : Toi aussi, tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement le lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il y a en lui quelque chose de sauvé, quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait, et qu’il s’éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi. C’est cela, lui annoncer la Bonne Nouvelle. Tu ne peux le faire qu’en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, désintéressée, sans condescendance, faite de confiance et d’estime profonde.

Il nous faut aller vers les hommes. La tâche est délicate. Le monde des hommes est un immense champ de lutte pour la richesse et la puissance. Et trop de souffrances et d’atrocités leur  cachent le  visage  de Dieu. Il  ne faut  surtout pas qu’en allant vers  eux  nous leur apparaissions comme une nouvelle espèce de compétiteurs. Nous devons être au milieu d’eux les témoins pacifiés du Tout-Puissant, des hommes sans convoitises et sans mépris, capables de devenir réellement leurs amis. C’est notre amitié qu’ils attendent, une amitié qui leur fasse sentir qu’ils sont aimés de Dieu et sauvés en Jésus Christ. »

Que le Seigneur ressuscité accorde à tous ceux qui fêteront sa Pâque d’entrer chaque jour davantage dans cette vision de l’évangélisation. Il me semble que notre monde d’aujourd’hui en a autant besoin que le monde en avait besoin du temps de Saint François, que ce soit en Mauritanie ou ailleurs !

Père Martin Happeb    (accès à la totalité du bulletin - 2,8 Mo)