Mangue ivoirienne: le défi de la qualité

La campagne de commercialisation de la mangue ivoirienne s’est ouverte cette semaine. Elle devrait être bonne, à condition que les mouches ne viennent pas perturber les exportations.

L’ombre de l’année 2021 risque de peser lourd sur les producteurs ivoiriens de mangue. L’année dernière, 22 cargaisons ont été refoulées par l’Union européenne, soit 500 tonnes, et un manque à gagner de 500 millions de francs CFA, selon l’Interprofession ivoirienne. En cause, la présence de larves de mouche dans le fruit.

Jamais depuis cinq ans l’UE n’avait bloqué autant de mangues venues du pays. Le président de la filière, Pascal Nembélessini-Silué, ne prend pas ce bilan à la légère et craint que des interceptions trop fréquentes ne déclenchent une procédure d’embargo européen. Or l’Europe est le débouché principal des mangues ivoiriennes qui sont vendues hors du continent.

Les producteurs sont donc priés de faire mieux cette année, pour ne pas pénaliser toute la filière et surtout pour qu’ils puissent bénéficier pleinement d’une campagne qui s’annonce bonne : les conditions climatiques ont été propices et les volumes devraient être au rendez-vous, avec un prix minimum au producteur qui s’annonce stable à 200 francs CFA le kilo.

Une lutte phytosanitaire insuffisante

Mais les Ivoiriens ne sont pas les seuls à être confrontés à la mouche du fruit, c’est un véritable fléau pour les manguiers africains, explique Pierre Gerbaud, chargé du suivi du marché de la mangue pour la revue spécialisée Fruitrop, éditée par le Cirad. La lutte est rendue compliquée par le mode de culture : les vergers sont généralement petits, dispersés, avec des arbres qui ne sont pas entretenus.

Les traitements, sous forme de piège à mouches notamment, ne sont pas assez systématiques, déplore le patron de l’interprofession ivoirienne, tout comme les traitements contre les maladies fongiques. « La mangue est encore perçue comme une économie de cueillette », résume l’expert du Cirad.

Des producteurs pas assez performants face à ceux d’Amérique latine

Les besoins de sensibilisation et de formation des agriculteurs sont donc immenses. « La plupart cultivent la mangue comme le faisait leur grand-père », explique Pascal Nembélessini-Silué, souvent sans notion agricole et sans se préoccuper de la rentabilité.

Pendant ce temps, le trio Brésil-Mexique-Pérou grignote des parts de marché, avec des campagnes plus étendues dans le temps et des filières beaucoup mieux structurées. Une concurrence « diabolique », selon un de nos interlocuteurs, qui pourrait faire mal aux producteurs africains dans les prochaines années.