CPI : Charles Blé Goudé réclame jusqu’à 819 300 euros de dommages et intérêts

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Mis à jour le 10 septembre 2021 à 17h55
Charles Blé Goudé, en 2019.

Charles Blé Goudé, en 2019. © Wiebe Kiestra pour JA

Définitivement acquitté de crimes contre l’humanité le 31 mars dernier, l’ancien ministre de Laurent Gbagbo veut désormais être dédommagé pour la longue procédure judiciaire qu’il a subie.

C’est à un savant calcul que se sont livrés les avocats de Charles Blé Goudé. Ils ont d’abord recensé le nombre de jours (1 778) que l’ancien accusé de la Cour pénale internationale (CPI) a passé derrière les barreaux entre son transfert dans le pénitencier de Scheveningen, le 22 mars 2014, et sa libération conditionnelle, le 1er février 2019. Puis le temps écoulé jusqu’à son acquittement définitif, le 31 mars 2021 (790 jours), et enfin le nombre de jours écoulés depuis (163). Au total, 2 731 jours, dont il demande que chacun soit indemnisé à hauteur de 300 euros.

La défense de Charles Blé Goudé réclame donc 819 300 euros de dommages et intérêts pour la longue procédure judiciaire qu’a subie leur client. C’est ce que révèle un document confidentiel consulté par Jeune Afrique. Daté du 9 septembre, il est signé de Geert-Jan Knoops, l’avocat principal de l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo.

Saga hors norme

Ils proposent également un autre calcul, qui ne fait débuter les « graves et manifestes erreurs de la justice » qu’en 2018, lorsque le procureur de la CPI a refusé d’abandonner le dossier, ce qui les amène à réclamer 381 900 euros. Aux juges de trancher. Charles Blé Goudé, qui n’est toujours pas rentré en Côte d’Ivoire, promet d’utiliser cet argent pour venir en aide « aux victimes de la crise postélectorale de 2010-2011 », écrivent ses avocats.

Cette réclamation est peut-être le dernier acte d’une saga judiciaire hors norme. Inculpé pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre aux côtés de son mentor, l’ancien président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé a fini par être totalement blanchi après cinq années de détention. Mais ces accusations ont « eu de sérieuses conséquences sur sa vie personnelle et professionnelle », arguent ses avocats. Désormais, cette requête va être transmise à trois juges de la CPI ainsi qu’au bureau du procureur, qui pourra émettre des observations.

Mystère sur le choix de Gbagbo

Ce genre de procédure reste souvent confidentielle et les avocats de Laurent Gbagbo refusent de dévoiler si l’ancien président, récemment rentré à Abidjan, a fait une demande similaire. Le délai légal est de six mois, ils n’ont donc que jusqu’au 1er octobre pour le faire.

Dans le passé, le Congolais Jean-Pierre Bemba avait lui aussi demandé des dommages et intérêts après son acquittement, en 2018. Mais la somme exigée était incomparablement plus élevée que celle réclamée par Charles Blé Goudé : 68 millions d’euros. La requête avait finalement été rejetée en mai 2020 par la CPI, qui avait estimé que Jean-Pierre Bemba « n’avait pas établi qu’il avait subi une erreur judiciaire grave et manifeste ».