Le président Kaboré demande
un profond changement de mentalité au Burkina Faso

Roch Marc Christian Kaboré, président de la République du Burkina Faso.
© REUTERS/Joe Penney/Files
 

Le Burkina Faso célèbre aujourd'hui le 57e anniversaire de son indépendance. Une commémoration dans un contexte difficile : le gouvernement est confronté à de nombreuses revendications sociales des travailleurs et attend des procès dans plusieurs dossiers judiciaires. Le président Roch Marc Christian Kaboré a saisi l’occasion de s'adresser à ses compatriotes. Il leur demande un profond changement de mentalité afin de bâtir une nation prospère.

Dans son message, le président Roch Marc Christian Kaboré dit comprendre les attentes de certains travailleurs. Il veut « rassurer les partenaires sociaux de l’engagement du gouvernement, à œuvrer, autant que faire se peut, à l’amélioration des conditions de vie et de travail de chacun et de tous ». Mais sans dépasser la « ligne rouge » que constituent « les limites des ressources » disponibles.

Quant à la réconciliation nationale, tant souhaitée par les Burkinabè depuis l'insurrection de 2014 et le coup d'Etat de 2015, le dirigeant du pays rappelle que la seule voie pour y parvenir, est le triptyque « vérité-justice-réconciliation ».

 

Il tient à « souligner que cette démarche n’est pas dictée par la volonté contreproductive de faire des règlements de comptes politiques ». Le président profite de l’occasion pour « saluer l’avancée des dossiers pendants devant la justice, tout en rappelant que la soif légitime de justice des Burkinabè reste intacte ».

Roch Marc Christian Kaboré demande enfin un profond changement de mentalité des Burkinabè afin de bâtir une « nation prospère et respectée, attachée aux valeurs d'égalité, d'intégrité, de justice et d'équité ».

 5 novembre dernier

Burkina Faso: marche pour la «vérité» et la «justice»

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Ouagadougou pour réclamer «vérité et justice» pour les morts de l'insurrection populaire de 2014, à Ouagadougou, le 4 novembre 2017.
© Ahmed OUOBA / AFP
 

Au Burkina Faso des milliers de personnes ont marché à l'appel d'une dizaine d'organisations de la société civile dont le Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples, pour dénoncer l'impunité et le retard dans le traitement des dossiers judiciaires.

Selon les manifestants, trois ans après l'insurrection populaire d'octobre 2014, qui a chassé du pouvoir Blaise Compaoré, les autorités politiques et judiciaires du pays jouent à «saute-mouton sur la vérité et la justice», car incapables de dire qui a ordonné de tirer et qui a tiré sur les manifestants. Ils exigent également l'identification et le rapatriement des biens mal acquis et des fonds détournés par les dignitaires de l'ancien régime.

Partis de la place de la nation, les manifestants ont regagné le site de l'ancienne Assemblée nationale, incendiée au cours de l'insurrection populaire d'octobre 2014. C'est devant les épaves de véhicules et les ruines de l'ex-Parlement que Chrysogone Zougmoré, président du Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples, a interpellé le gouvernement sur la nécessité de rendre justice aux victimes et aux blessés de l'insurrection et du coup d'Etat de septembre 2015.

 

« Comment donc ne pas s’indigner que trois années après nos autorités politiques et judiciaires jouent à saute-mouton sur la vérité et la justice pour nos martyrs et qu’elles soient à ce jour incapables de nous dire qui a ordonné de tirer et qui a tiré sur nos filles et fils », a-t-il déclaré.

Enfonçant le clou devant des milliers de personnes à la place de la Nation, Elie Tarpaga, le coordonnateur du Comité de défense et d'approfondissement des acquis de l'insurrection populaire a dénoncé et « les manoeuvres politico-judiciaires » dont l'objectif est de garantir l'impunité aux hommes du clan Compaoré.

« L’ancien chef d’état-major de l’armée après avoir refusé de répondre à une convocation de la justice militaire dans l’affaire du putsch a été bombardé ambassadeur du Burkina au Ghana par le président Roch Kaboré », a lancé Elie Tarpaga.

La dizaine d'organisations ayant pris part à cette marche ont pris l'engagement de poursuivre la lutte en adoptant une plate-forme de cinq points parmi lesquels la vérité et la justice pour tous les crimes de sang impunis.