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Gabon : la Cour constitutionnelle valide la réélection

de Ali Bongo Ondimba

La Cour constitutionnelle du Gabon a rejeté vendredi soir aux environs de 00h50 les recours
déposés par l'opposition après la présidentielle du 27 août et proclamé élu Ali Bongo Ondimba
avec 50,66 % des voix.

Gabon : l’opposant et cousin d’Ali Bongo Ondimba,
Léon-Paul Ngoulakia, interpellé à Libreville

Par Jeune Afrique avec AFP
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Un ancien patron du renseignement du Gabon, Léon-Paul Ngoulakia, par ailleurs cousin
du président Ali Bongo Ondimba, récemment passé à l'opposition, a été interpellé vendredi
à Libreville, a-t-on appris de sources concordantes.

Léon-Paul Ngoulakia a été interpellé alors qu’il « circulait à bord d’un véhicule avec une forte somme d’argent
et des tracts appelant à la sédition », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire sous couvert d’anonymat.
« Il a été arrêté et transporté à la direction du renseignement. Des perquisitions sont en cours à son domicile »,
a confirmé son avocat parisien Éric Moutet, défenseur de plusieurs membres de l’opposition gabonaise.

« Je suis en audition à la DGR », avait déclaré plus tôt M. Ngoulakia joint par téléphone
avant que l’appel ne soit interrompu.

Ralliement à Jean Ping

M. Ngoulakia a dirigé le Conseil national de sécurité de 2009 à 2013.
Cousin germain du président Ali Bongo Ondimba, il a rompu début 2016 avec lui
et a présenté sa candidature à la présidentielle du 27 août, avant de rallier M. Ping avant l’élection,
qui s’est proclamé élu face à M. Bongo, déclaré vainqueur par la Commission électorale.

L’annonce de cette interpellation intervient alors que le Gabon attend anxieusement
la décision de la Cour constitutionnelle,
qui doit se prononcer sur le recours de Jean Ping contre la réélection d’Ali Bongo.

 

Gabon : portrait de Marie-Madeleine Mborantsuo,
celle dont dépend le dénouement de la crise post-électorale

À la tête de la plus haute juridiction du pays, Marie-Madeleine Mborantsuo a traversé
plus de deux décennies de contentieux électoraux sans se laisser intimider.
Portrait d’une femme secrète qui détient les clés du dénouement de la crise qui secoue le pays.

De cette femme qui tient depuis tant d’années les rênes de la Cour constitutionnelle, on croyait tout savoir.
Qu’elle est née à Franceville (dans la province du Haut-Ogooué) et qu’elle a été reine de beauté.
Que le volage Omar Bongo Ondimba ne résista pas à ses charmes, qu’elle fut sa maîtresse et qu’il lui fit deux enfants.

Et surtout qu’elle lui doit beaucoup, à commencer par sa nomination à la tête de la plus haute juridiction du pays.
Marie-Madeleine Mborantsuo, 61 ans, a pourtant le goût du secret et veille aussi jalousement sur sa vie privée
que sur cette institution qu’elle préside depuis sa création, en 1991, à la suite de la conférence nationale de 1990.

À Libreville, qu’Omar Bongo comparait à une « maison de verre » où tout finit par se savoir, les seuls excès
qu’on lui connaisse tiennent à son goût pour les jolies toilettes. On ne lui attribue ni frasques ni scandales –
et c’est sans doute ce qui lui a permis de traverser sans trop se mouiller les tempêtes de plus de deux décennies
de contentieux électoraux.

Détentrice des clés du dénouement de la crise

Les circonstances mêmes de sa rencontre avec l’ancien président du Gabon et l’état de ses relations avec
le successeur de celui-ci, Ali Bongo Ondimba, demeurent aujourd’hui encore une inépuisable source de spéculations.
Anecdotique ? Certainement pas :
c’est elle qui détient les clés du dénouement de la crise qui, depuis l’élection présidentielle du 27 août, secoue le Gabon.

Le 9 septembre, alors qu’il s’était finalement résolu à déposer un recours devant cette Cour constitutionnelle
qu’il surnomme volontiers « la tour de Pise », parce qu’elle penche toujours du côté du pouvoir,
Jean Ping mettait en garde : « Je crains qu’un nouveau faux pas de la Cour constitutionnelle soit le facteur
d’une instabilité profonde et durable du Gabon ! » Une menace à peine voilée, mais Marie-Madeleine Mborantsuo
n’est pas femme à se laisser intimider.

Elle n’a pas bronché quand Casimir Oyé Mba, qui était candidat à l’élection présidentielle avant de se désister
en faveur de Jean Ping, a promis de réformer la Cour constitutionnelle de fond en comble, arguant que
« cela fait trop longtemps que certains juges y siègent ».

Peu lui importe aussi que les réseaux sociaux instruisent déjà son procès, l’accusant par avance de favoriser
le président sortant, que la commission électorale a donné vainqueur avec 49,8 % des suffrages.
Elle n’a que faire, dans ces tribunaux populaires qui sévissent sur internet, d’être jugée objectivement coupable
et potentiellement responsable des troubles que sa décision pourrait occasionner.