Depuis ses origines (1868) la Société des Missionnaires d’Afrique, par volonté explicite de Mgr Lavigerie, s’est voulue internationale. Les tout premiers « Africains » à entrer venaient d’Algérie (alors territoire colonial) : Mohamed Géronymo (noviciat 1870/serment 1875), Joseph Roch-Sghair (noviciat 1883/ serment 1884); les premiers candidats d’Afrique subsaharienne furent deux Ougandais : Léon Lwanga (noviciat 1891/serment 1894) et Tobie Kizza (noviciat 1893/serment 1895) ; 10 ans plus tard il y eut un Égyptien : Joseph Sallam (noviciat 1903/serment 1904). Ils étaient toutefois des exceptions car la société s’était donné comme objectif premier de son action missionnaire la fondation d’Églises locales et la formation de leur propre clergé.

Il y eut cependant quelques « vagues » d’africains : ainsi en 1912-1913, deux Algériens (Louis Cachot, Jean-Baptiste Foul ; dans les années 30, quatre Ougandais (Joseph Kiwanuka qui devriendra le premier évêque africain en Afrique de l’Est, Charles Lutwama, Anthony Wasswa et Emmanuel Nsubuga) et deux Maliens (François Diallo et Prosper Kamara) ; dans les années 50, deux Burkinabé (Paul Zoungrana, futur archevêque de Ouagadougou et cardinal – le premier et seul cardinal jusqu’à présent dans la société des M.Afr., après le fondateur – Denis Tapsoba, futur évêque de Ouahigouya), ,un Burundais (André Makarakiza, futur évêque de Ngozi et ensuite archevêque de Gitega), un Malawien (Patrick Kalilombe, futur archevêque de Lilongwe, théologien reconnu qui a promu et mis en valeur le rôle des communautés de base dans l’Église en Afrique), et un Congolais (Godefroid Ngongo).

La plupart de ces africains qui étaient dans des grands séminaires tenus par les Missionnaires d’Afrique ne pouvaient pas entrer directement dans la Société ; les dicastères romains réclamaient qu’ils soient d’abord ordonnés dans leur propre diocèse et y fassent au moins trois ans de ministère sacerdotal avant de demander à entrer chez les Missionnaires d’Afrique.
Dans les années 60, la situation des Églises en Afrique avait changé. Pendant la période du concile Vatican II (1962-1965) bon nombre d’évêques africains furent consacrés et ils se sentaient pleinement responsables de la vocation missionnaire de leurs Églises ; situation que le Pape Paul VI a reconnue durant sa visite à Kampala (Ouganda) en 1969 au cours d’une cérémonie de consécration de 12 nouveaux évêques africains en proclamant :

« Vous, Africains, vous êtes désormais vos propres missionnaires ». Les diocèses africains se devaient d’encourager les jeunes qui se sentaient appelés à la vie missionnaire. Le Chapitre des Missionnaires d’Afrique de 1967 avait lui aussi lu ce « signe des temps » : « notre vocation nous fait une obligation spéciale de partager avec l’évêque et les prêtres africains le souci de donner au diocèse toutes ses dimensions missionnaires. » En 1968, le Père général, par lettre officielle, prévenait les conférences épiscopales africaines et chaque évêque que la Société des M.Afr. était prête à promouvoir et accueillir les vocations missionnaires que Dieu voudrait bien susciter dans leurs diocèses.


C’était une nouvelle étape de la présence des africains au sein de la Société des M.Afr. et un véritable défi. Certains, pris dans le contexte de la décolonisation, pensaient que les Missionnaires d’Afrique devaient plutôt promouvoir la naissance d’une société missionnaire africaine, distincte de la société M.Afr. (Cela avait été le cas au Moyen-Orient où les M.Afr. ont accompagné la naissance de la Société des Missionnaires Paulistes).

Le Chapitre de 1974 réaffirma la décision d’accueillir les vocations africaines pour aider les Églises d’Afrique à devenir missionnaires et accroitre l’internationalité et la catholicité de la Société M.Afr. Les deux premiers de cette nouvelle vague furent un Malawite, Abdon Gamulani et un Mozambicain, Francesco Silota (qui deviendra évêque de Chimoio) ; la progression fut ensuite régulière.

En 1977, au nord du Ghana, les évêques ouvrirent les portes de leur grand séminaire à un groupe d’étudiants entrant spécifiquement comme candidats missionnaires ; en 1978 un premier centre de première étape fut ouvert à Bambumines (Ituri) en RDC ; en 1980 ce fut un autre centre en Tanzanie (Kahangala), en 1981 en Ouganda… en 2015 nous comptons 7 centres de première étape en Afrique pour l’accueil des vocations africaines : en Ouganda, Malawi, Éthiopie, Ghana, Burkina Faso et 2 en RDC.

Durant cette même période s’ouvrirent des centres au Mexique, Brésil, Inde et aux Philippines.
Actuellement, parmi les 494 étudiants en formation, 452 sont d’origine africaine.

Mgr Willy Ngumbi
évêque de Kindu RDC 2007
Mgr Placide Lubamba,
évêque de Kasongo RDC
2014
Mgr Christophore Amade
évêque de Kalemie RDC 2015
Mgr Richard Baawobr
évêque de Wa Ghana
17 février 2016

4 M.Afr., nommés évêques récemment

Les centres de formation des missionnaires avaient commencé en Afrique du nord : Maison- Carrée, Carthage, Thibar… ont été des nom-références pour des générations de Missionnaires d’Afrique ; puis, avec l’expansion de la Société, des maisons de formation se sont ouvertes en Europe et aux Amériques…

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Maison Mère (Maison-Carrée) à Alger / ........ Basilique et scolasticat de Carthage en Tunisie

Aujourd’hui avec la baisse du nombre des candidats dans les continents de l’hémisphère nord, les maisons de formation internationale (pour la deuxième étape -l’Année spirituelle- et les centres de quatrième étape –théologie et formation spécialisée des Frères) sont toutes retournées en Afrique : pour l’Année spirituelle (Bobo- Dioulasso au Burkina Faso, Arusha en Tanzanie et Kasama en Zambie), pour la quatrième étape (Abidjan en Côte d’Ivoire, Nairobi au Kenya, Kinshasa en RDC, Merrivale en Afrique du Sud et…. une exception.... Jérusalem).

Un autre signe de cette entrée massive des jeunes africains dans la société : les premiers de la ‘nouvelle vague’ (une « déferlante !») sont appelés à assumer à leur tour le service d’autorité au sein de la Société, comme supérieurs, économes de nos communautés, nos provinces, comme assistants généraux ; les confrères du chapitre de 2010 ont élu, comme Supérieur général, un confrère ghanéen : le Père Richard Kuuia Baawobr.

Y aura-t-il un jour une déferlante asiatique dans la Société ?