Tchad: en attendant les résultats d'une élection contestée

Des membres d'un bureau de vote examinent les listes dans une rue de Ndjamena, le 10 avril 2016.
© ISSOUF SANOGO / AFP

Par RFI Publié le 13-04-2016 Modifié le 13-04-2016 à 05:50

Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, les observateurs dépêchés par différentes organisations sous-régionales et/ou de la société civile dressent un bilan quelque peu contrasté du scrutin du 10 avril. Tous évoquent un climat calme, qui a permis de mobiliser un grand nombre d'électeurs dans les grandes villes. Mais ils pointent par ailleurs un certain nombre d'irrégularités durant l'élection.

Premier constat dressé par ces observateurs : l'aménagement des bureaux de vote, au milieu des quartiers et des Grand-Place, est quelque peu sommaire. « Les rideaux des isoloirs ne garantit pas la discrétion du secret du suffrage », déplore l'un d'eux, qui évoque « un sérieux problème d'organisation matérielle ».

Ensuite, le « manque de connaissance et de formation des responsables des bureaux de vote », n'a pas permis, selon plusieurs observateurs, d'appliquer correctement les procédures.

De son côté, la mission d'observation de l'Union africaine relève de potentielles sources de problèmes émanant de la composition de Commission électorale. « Avec 41 membres au niveau national et dans les démembrements, cette composition de la Céni peut sembler quelque peu pléthorique. La composition tripartite de la Céni la met à la merci des pressions et des interférences politiques, en raison de sa nature politique plutôt que technique, et à cause d'un déséquilibre potentiel des forces en son sein entre ses diverses composantes », a expliqué Pr. Diouncounda Traoré, chef de la mission de l'UA.

Un long processus d'acheminement puis de tri des urnes et des PV

Ce responsable reste optimiste et juge ce scrutin « crédible et transparent ». Le Pr. Diouncounda Traoré demande aux partis politiques de respecter le verdict des urnes. Il les invite à privilégier les recours juridiques en cas de contestation.

La Céni a annoncé qu'elle livrerait des résultats provisoires d'ici le 23 avril. Et pour cause, elle doit d'abord réceptionner les procès verbaux et les synthèses de résultats, issus de chaque localité.

Ainsi, à la mairie du 8ème arrondissement, où est installée l'une des « sous-Céni » de la capitale, quinze membres de la Commission décortiquent des procès verbaux. S'entassent ça et là des piles et des piles de fiches, comprenant les résultats de quelques 398 bureaux de vote.

« Une fois que l'on a réceptionné les urnes et les PV, les PV sont traités. C'est au vu des PV, mais également de la fiche des résultats, que nous collectons les informations obtenues pendant la journée », détaille Dr Bachar Birahim Adoum, président de cette sous-Céni.

Ces informations sont ensuite saisies informatiquement. « A ce stade, au niveau de notre arrondissement, nous sommes à la finalisation du processus. Le nombre de votants, le nombre d'inscrits et également ceux qui ont voté et par candidat, nous avons toute cette information », poursuit-il.

Enfin, ces synthèses sont transmises à la Céni nationale. Mais ce procédé peut prendre plus de temps, notamment à l'intérieur du pays, car le temps de transport est plus long. Et les informations transitent par plusieurs cellules, au niveau départemental, régional, puis national.

L'UNDR conteste

En attendant, les réactions continuent à tomber deux jours après le scrutin de dimanche dernier ou douze candidats étaient face au président Idriss Déby. L'UNDR du chef de file de l'opposition Saleh Kebzabo a dénoncé de graves irrégularités dans la tenue du scrutin.

Il y avait absence totale de membres de bureaux de vote en plusieurs endroits faisant que des citoyens en possession de leur carte d'électeur ont été privés de leur droit de voter
Célestin Topona
13-04-2016 - Par Madjiasra Nako
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Contacté par RFI, le président de la Céni, Royoumbaye Jean-Pierre, dit ne pas souhaiter commenter des informations parcellaires. La Céni fera un point de presse en temps opportun, sur la base des rapports de ses délégués déployés dans les différentes régions.