Témoignages

 

Comment Joseph Ratzinger est devenu Benoît XVI

Premier pape de l'ère contemporaine à renoncer volontairement au pontificat, Benoît XVI restera sans conteste le dernier pape intimement marqué par l'histoire tourmentée de l'Europe du XXe siècle.

Par Stéphanie Le Bars Publié le 11 février 2013 à 12h47 - Mis à jour le 11 février 2013 à 15h33

Temps de Lecture 8 min.

Le pape Benoît XVI lors de son élection le 19 avril 2005.
Le pape Benoît XVI lors de son élection le 19 avril 2005. AP/Domenico Stinellis

Premier pape élu au XXIe siècle, premier pape de l'ère contemporaine à renoncer volontairement au pontificat, Benoît XVI restera sans conteste le dernier pape intimement marqué par l'histoire tourmentée de l'Europe du XXe siècle. Témoin direct de la seconde guerre mondiale et de la montée du nazisme, acteur éminent de l'aggiornamento que constitua pour l'Eglise catholique le concile Vatican II (1962-1965), Joseph Ratzinger a vu le jour le 16 avril 1927, à Marktl-am-Inn, en Bavière (Allemagne).

  • Adolescent sous le IIIe Reich

C'est dans cette partie de l'Allemagne, davantage ancrée dans le catholicisme autrichien que dans le protestantisme prussien, que le futur pape a grandi. Cadet de trois enfants, Joseph Aloïs est élevé avec son frère Georg et sa sœur Maria dans une famille catholique traditionnelle et modeste, nourrie de culture autrichienne et française. Le jeune Joseph, passionné de musique et de Mozart, s'initie au piano, qu'il pratique tout au long de sa vie.

Imprégné de conservatisme bavarois, son père gendarme prend sa retraite à 60 ans tout juste pour ne pas servir sous le IIIe Reich, un régime qui "lui répugnait terriblement", racontera Joseph Ratzinger dans son autobiographie.

Dans cette famille pieuse, les deux frères rejoignent à quelques années d'intervalle le petit séminaire. Dès cette époque, le plus jeune, studieux et passionné par les livres, traduit des textes liturgiques. A 14 ans, Joseph, comme tous les adolescents allemands, est enrôlé dans les HitlerJugend, les Jeunesses hitlériennes. En 1943, il est affecté à la défense antiaérienne à Munich, puis un an plus tard rallie le service national du travail obligatoire. Arrêté par les Américains en 1945, il est rapidement libéré et retrouve le foyer familial.

Partie prenante de cette génération d'Allemands, irrémédiablement marqués par la culpabilité du régime nazi et de la Shoah, le cardinal Ratzinger qualifiera le nazisme de "domination du mensonge" et de "régime de la peur", en 2004, à Caen, lors des célébrations du débarquement allié. "L'enfer, c'est de vivre dans l'absence de Dieu", martèle-t-il alors. Une analyse plus théologique que politique qu'il accolera à l'ensemble des totalitarismes du XXe siècle et qu'il développera tout au long de son parcours spirituel.

  • Le théologien

Dans l'immédiat après-guerre, à 20 ans, il entre à la prestigieuse faculté de théologie de Munich, où il découvre les discussions sur l'interprétation des Ecritures. Loin d'être un exalté, il s'inscrit dans un classicisme alliant liberté intellectuelle et respect des dogmes fondamentaux de la foi chrétienne, prémices de son attachement à l'articulation entre la foi et la raison. Enthousiasmé par ses études théologiques et son travail de recherche, d'un tempérament plus intellectuel que mystique, il ne se décide pas naturellement pour la prêtrise. Il fait pourtant le choix de la carrière ecclésiastique et est ordonné en juin 1951, le même jour que son frère Georg.

Mais son peu de goût pour les activités pastorales se confirme, en même temps que s'impose son penchant pour les études. Pour son bonheur, après quelques mois seulement sur le terrain, il est nommé professeur au séminaire diocésain de Freising. Il y commence sa thèse de théologie sur "le concept de révélation chez Bonaventure", un disciple de Saint-Augustin, dont le futur pape est lui-même un grand admirateur. En 1959, il obtient la chaire de théologie fondamentale à l'université de Bonn, où il rejoint son frère et fait venir ses parents âgés.

Le professeur au concile Remarqué par son archevêque, le cardinal Joseph Frings, le jeune professeur va bientôt être associé aux travaux du concile Vatican II, qui près d'un siècle après Vatican I, entend faire entrer l'Eglise catholique dans la modernité. Le cardinal Frings, qui appartient au camp des réformateurs, fait de Joseph Ratzinger son conseiller théologique. Il se montre alors partisan de la "nouvelle théologie" développée en France et aux Pays-Bas.

Rapidement monté en grade, le professeur Ratzinger rejoint les dizaines d'experts, tels que Yves Congar, Henri de Lubac, Karl Rahner ou Hans Küng qui, durant les trois années du concile, dans l'ombre des cardinaux, préparent et amendent les textes conciliaires. Dans ce cadre, le jeune expert s'attèle au renouveau de la pensée théologique et travaille sur les textes consacrés aux sources de la Révélation de Dieu. Il participe aussi aux réflexions renouvelant les relations de l'Eglise catholique avec les juifs. Ces travaux déboucheront sur la déclaration Nostra Aetate, à l'issue du Concile en 1965. Joseph Ratzinger travaille également à une modernisation du Saint-Office, qui deviendra par la suite la Congrégation pour la doctrine de la foi. Vingt ans plus tard, Jean Paul II le nommera préfet de cette Congrégation, à la tête de laquelle Joseph Ratzinger passera 24 ans de sa vie, de 1981 à son élection en 2005.

Tout au long du concile, Joseph Ratzinger va aussi s'atteler à la réforme liturgique envisagée par les pères conciliaires pour moderniser des rites jugés par beaucoup surannés et archaïques. C'est sur ce point particulier que s'est fondée la réputation du professeur Ratzinger : entré "rénovateur" au Concile, il en serait sorti "conservateur", si l'on en croit ses critiques, émises dès 1966 lors du Katholikentag, sur les dérives observées dans la mise en place du "nouveau ritualisme". Dès cette époque, il déplore que la nouvelle liturgie se fasse au détriment d'une certaine " beauté", et parle de "malaise" et de "désenchantement" face aux effets de la réforme conciliaire.

Cette position, qu'il défendra par la suite tout au long de ses écrits et de ses propos le fera passer pour un nostalgique de l'ancienne liturgie, voire pour un proche des traditionalistes. Comme eux, il défendra d'ailleurs dans ses Mémoires l'idée selon laquelle "la crise de l'Eglise repose largement sur la désintégration de la liturgie". Il se dira effondré par la publication en 1970 du nouveau missel, issu des travaux du concile. Ces critiques n'en font pas pour autant un pourfendeur de Vatican II, comme l'en ont accusé certains de ses détracteurs ; cardinal, puis pape, il défendra toujours les progrès qu'a permis le concile en matière d'œcuménisme, de dialogue avec le judaïsme, puis plus récemment l'islam, ou dans le rapprochement de l'Eglise avec le monde moderne.

Durant le concile, sa carrière universitaire prend une nouvelle orientation : il accède à la chaire de dogmatique à l'université de Munster. En 1966, le théologien Hans Küng, qu'il connaît depuis 1957 et avec qui il a travaillé durant le concile, lui propose de venir enseigner à Tübingen. Les deux hommes, au départ tous deux "réformistes", ont divergé sur leur analyse des effets de Vatican II ; la proximité géographique va paradoxalement élargir le fossé intellectuel qui séparera les deux ex-amis jusqu'à la fin de leur vie.

Sur un tout autre plan, le dynamisme intellectuel de l'université de Tübingen, au cœur de la contestation du printemps 1968, ne convient pas au paisible professeur Ratzinger. Traumatisé par "la révolution marxiste" et "la ferveur athée" qu'il constate chez les étudiants, il renonce à enseigner à Tübingen. Il s'installe à Ratisbonne, où il rejoint une fois encore le cocon familial, auprès de son frère et de sa sœur. Il devient vice-président de son université. En 1977, à sa grande surprise, il est ordonné évêque de Munich, puis dans la foulée il est créé cardinal. Il a 50 ans.

  • Un cardinal à Rome

Dès son élection, en 1978, le pape Jean Paul II qui a côtoyé Joseph Ratzinger durant le concile, lui propose un poste à Rome. Le futur pape décline. Mais, toujours aussi peu à l'aise dans son rôle d'évêque-pasteur, il accepte en 1981 de prendre la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi, un organisme central à Rome dont l'un des buts premiers est de défendre l'Eglise contre les hérésies et de "promouvoir et protéger la doctrine et les mœurs conformes à la foi dans tout le monde catholique". C'est à ce titre qu'il publiera une "Instruction sur certains aspects de la théologie de la libération" et qu'il condamnera certains de ses théologiens, jugés trop marxistes.

A ce poste, il devient l'un des hommes les plus influents de la curie et un des plus proches conseillers du pape, qu'il rencontre au moins une fois par semaine. Au fil des années, il va incarner le conservatisme doctrinal du pontificat de Jean Paul II. Le pape lui confiera la présidence de la commission pour la préparation d'un nouveau catéchisme de l'Eglise catholique. Ce travail, qui s'étalera sur cinq ans, résume les positions doctrinales et disciplinaires du catholicisme, dans la plus pure orthodoxie romaine. Il s'inscrit pour le cardinal Ratzinger dans son obsession de conserver l'unité de l'Eglise catholique.

A partir de 1988 et jusqu'au bout de ses forces, un autre dossier lié à ce souci d'unité ne cessera de l'occuper : le schisme intégriste provoqué par Mgr Lefebvre, en désaccord avec Rome sur les effets du concile Vatican II en termes d'œcuménisme, de liberté religieuse et de rites. Sur ce dernier point, le cardinal Ratzinger n'est pas loin de partager l'analyse des intégristes, et, dès la rupture lefebvriste, il est chargé par le pape de rallier les schismatiques. Ses efforts seront vains mais une fois élu pape, il relance avec force le chantier : dès 2007, un décret libéralise de nouveau la célébration de la messe en latin ; en 2009, il lève l'excommunication des quatre évêques ordonnés illégalement par Mgr Lefebvre en 1988. Pressé par le temps, il a alors 82 ans, il souhaitait régler ce schisme pour laisser derrière lui une Eglise catholique qui aurait retrouvé son intégrité.

La longue fin du pontificat de Jean Paul II l'impose peu à peu comme le vice-pape. A la mort du pape, son statut de doyen des cardinaux lui confère un rôle éminent dans l'organisation de la transition. Il préside la messe d'obsèques, suivie par un milliard de personnes. Et délivre dans son homélie précédant l'élection un résumé de sa pensée qui va faire date : "La petite barque de la pensée chrétienne a été souvent ballottée, jetée d'un extrême à l'autre : du marxisme au libéralisme, jusqu'au libertinisme ; du collectivisme à l'individualisme, de l'agnosticisme au syncrétisme. Posséder une foi claire, suivre le credo de l'Eglise est souvent défini comme du fondamentalisme. L'on est en train d'instaurer une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif."

Cette conception du monde et de l'Eglise semble agréer les électeurs. Après quatre tours de scrutin, le cardinal Ratzinger l'emporte face à l'évêque argentin Jorge-Maria Bergoglio. Le 19 avril 2005, à 78 ans, il devient le 265e pape de l'histoire.

Stéphanie Le Bars

Selon un sondage du Celebrity Post, une large majorité (74%) jugeaient mercredi 27 février 2019 au soir que  les rumeurs du décès du pape Benoît XVI étaient de très mauvais goût.

L'entourage aurait « démenti formellement » la mort du pape

La fausse information est ensuite reprise par quelques radios puis par des médias du monde entier. Ce n'est que tard dans la soirée de mercredi que le porte-parole du pape se serait fendu d'un communiqué laconique qui « dément formellement le décès du pape Benoît XVI ».

Les fans sont rassurés. Twitter est un outil d'information rapide, mais il faut être de plus en plus vigilant.

Le Père Pierre Jullien
du diocèse d’Alger
est décédé le 26 février 2019,

à Bry-sur-Marne
à l'âge de 92 ans dont 66 ans de vie missionnaire
essentiellement au Mali et en France.

Prions pour lui et sa famille, ainsi que ses proches et amis.
Nous le recommandons instamment à votre prière

La messe des funérailles aura lieu en notre chapelle de Bry-sur-Marne
le mardi 5 mars 2019 à 14h30.

(Lire la suite)

NOTICES BIOGRAPHIQUES

Père Georges Hugot

1926 - - 2019

...Georges Hugot est né à Ostreville, dans le diocèse d'Arras, le 9 février 1926. Son père, entrepreneur de battages agricoles, était bien connu et apprécié dans toute la région. Georges restera fortement marqué par l'exemple de ses parents, que lui-même décrira plus tard comme "n'étant pas des piliers de la paroisse, mais des pratiquants des valeurs évangéliques", toujours disponibles pour aider des voisins dans la misère. C'est dès l'âge de 10 ans qu'il ressent l'appel au sacerdoce et entre au petit séminaire d'Arras. A 19 ans il entre au Grand Séminaire qu'il quitte après deux ans pour rejoindre le Noviciat de Maison Carrée. On est alors en 1946 et le noviciat compte 110 novices dont un bon nombre ont fait la guerre, les autres ayant connu l'occupation et ses privations, ce que le Père Maitre a parfois de la peine à apprécier. Malgré "l'ennui de cette vie de moine", il s'adapte et se fait remarquer par une nature assez impulsive qu'il domine par le sérieux de son engagement. Le noviciat est suivi par le service militaire qu'il commence en Tunisie, dans le 3ème régiment de Tirailleurs Sénégalais, qu'il continue par la formation E.O.R. ( Elèves Officiers de Réserve) en Algérie et en France, et qu'il termine en Tunisie. En 1948 il reprend sa formation missionnaire à Thibar et Carthage. Il s'y fait apprécier non pas par ses aptitudes au travail intellectuel, mais par son sens pratique, son dynamisme, sa jovialité, une grande générosité, un bon sens pastoral et une hantise de se dévouer aux plus déshérités. Il prononça son serment missionnaire le 26 juin 1951 à Thibar et reçut l'ordination sacerdotale à Carthage le 12 avril 1952. Sa première messe solennelle fut l'occasion de grandes festivités dans son village natal.

En octobre il arrive à Balouma, dans le diocèse de Nzérékoré en Guinée. Il se met courageusement à l'étude de la langue loghömä (ou toma), une langue à tons. Au travail pastoral, il ajoute la responsabilité de l'économat et du dispensaire. Les tournées se faisaient à pied de village en village, ce qui lui permet de commencer à pénétrer la culture. Il porte aussi un intérêt spécial aux questions sociales. Mais au bout de deux ans il est nommé en ville, à Macenta. Se sentant démuni pour un apostolat urbain il va d'abord voir ce qui se fait à Bamako et à Bobo-Dioulasso. Il va rester 4 ans à Macenta où il s'investit beaucoup dans l'animation de la jeunesse, à l'école, dans le club de sport et dans les mouvements. Plutôt que de bâtir une église, il opte pour la construction du Centre culturel Charles Lwanga, pensant que "avant de mettre les gens à genoux devant le Créateur, il fallait d'abord qu'il soient debout et réveillés". L'indépendance approchant, il s'intéresse de plus en plus à la politique, quitte à se faire soupçonner de communisme. Il est apprécié de tous. Se supérieurs voient en lui 'un missionnaire de valeur'

Après son congé en 1960, l'évêque, Mgr Maillat, le nomme à Nzérékoré comme directeur du Centre Diocésain de Pastorale. Il s'occupe aussi des écoles. Mais les relations entre l'Eglise et le président Sekou Toure s'avèrent de plus en plus difficiles. Peu à peu les écoles sont nationalisées, les mouvements interdits… Georges s'efforce de former des responsables laïcs, qui seront capables de prendre la relève lors de l'expulsion des missionnaires. Il est extrêmement actif, voire directif, au point que son manque de diplomatie fait qu'il se met à dos bon nombre de confrères. En 1962 il est arrêté sous l'accusation d'être un 'propagandiste marxiste', et doit rester tout un mois en cellule au camp militaire de Nzérékoré, avant d'être transféré à Conakry où il est libéré et renvoyé dans sa mission. Il est alors nommé à Kolouma où il continue à s'investir dans l'étude de la langue et des coutumes löghöma. Il s'efforce de christianiser certain rites traditionnels et de former des leaders. En 1965 il est nommé de nouveau à Macenta. Sentant l'opposition croissante du régime de Sékou Touré envers la mission, il se consacre totalement dans la formation de Conseils de Responsables, ce qui est mal perçu par les politiques… L'expulsion de tous les missionnaires fut annoncée par Sekou Toure le 1er mai 1967.

Il partit directement pour Ouagadougou, où il rejoignit l'aumônerie nationale des étudiants de Haute-Volta. Il allait y rester un an comme aumônier du Collège de La Salle pour les garçons, du Collège des filles et de l'Ecole Normale des filles. En juin 1968 il rentra en France et s'inscrivit à l'Ecole Missionnaire d'Action Catholique et Sociale de Lille. Ce fut une année qui le marqua profondément, tant par l'enseignement reçu que par le contexte d'agitation et de remise en cause qui agitait alors le pays et l'Eglise de France. Il adhère à un groupe de prêtres contestataires et s'investit à fond dans tous ces questionnements qui allaient influencer le reste de sa vie. Il parlera d' 'un tournant dans sa vie'. Il profita de cette année pour rédiger un mémoire qui lui permit de faire une relecture de ce qu'il avait vécu en Guinée. L'année suivante il se porta volontaire pour un nouveau départ vers l'Afrique et il reçut une nomination pour Mopti. Il se mit à l'étude du Bambara. Mais assez vite il se sentit mal à l'aise dans le genre de présence et de pratique pastorale. Percevant que ses confrères n'étaient pas prêts à l'écouter et à se remettre en question, il sentit venir la déprime et demanda à quitter l'Afrique. C'était en 1971, il avait 45 ans.

Sa vie va alors prendre une autre direction. Pendant 3 ans il fait partie de l'équipe des aumôniers universitaires de Nancy, pour les étudiants originaires du Tiers-Monde. Très vite il décide de ne pas se présenter comme aumônier, mais comme animateur socio-culturel. Il crée une association : le Groupe d'Amitié International Etudiant, et lance un bulletin 'Tierce Parole'. Son intérêt se porte de plus en plus vers la défense des droits de l'homme, vers le social et le politique plus que vers la pastorale.

Depuis quelque temps il se sent mal à l'aise dans l'Eglise-Institution et dans la Société, et il pense à s'intégrer dans le monde des travailleurs immigrés. En janvier 1975 il quitte la communauté de Sainte-Foy et s'établit dans un quartier cosmopolite de Lyon où résident de nombreux travailleurs immigrés. Il trouve du travail à l'Hôpital Herriot, d'abord comme magasinier, puis comme aide-manipulateur en radiologie. Il va y passer 16 ans. Il y lie de nombreux contacts. Il est membre du syndicat CFDT. Son enracinement lui permet de nombreux contacts avec le monde immigré et est amené à participer à la fondation de l'Association Solidarité Français Immigrés (ASFI). Georges y est heureux, mais ses confrères le trouvent assez doctrinaire, peu ouvert au dialogue, en réaction contre l'Eglise et contre les Pères Blancs. Il reste néanmoins en contact avec la communauté de Ste Foy et fait partie du 'groupe 'migrants' que la Province a mis sur pied pour faciliter un certain dialogue avec les confrères au travail ou en lien avec les migrants.

L'âge de la retraite arrivant, en 1991 il quitte Lyon et achète une maison aux Allymes (près d'Ambérieu-en-Bugey) où il s'installe. Il s'engage alors au service du Secours Catholique de Bourg-en-Bresse, où il remet en marche le secteur de l'action internationale au service de laquelle il rend de multiples services grâce à son expérience, sa générosité et son enthousiasme.

Finalement, en 2013, à l'âge de 87 ans, il rejoint la communauté de Ste Foy, où il vit d'une façon assez solitaire tout en rendant des services. Sa vie peut paraître assez marginale par rapport à celle de la plupart des confrères. Il se sentait plus concerné par la dimension humanitaire que par la dimension religieuse du christianisme. Mais il est resté fidèle à son serment missionnaire, en attachant plus de poids au service des démunis qu'au développement de l'Institution. Il était insatisfait par une Eglise qu'il trouvait trop embourgeoisée, trop loin des 'périphéries'. Il est décédé le 11 janvier, alors qu'il venait d'accepter une nomination pour la communauté de confrères âgés de Bry-sur-Marne. Lors de la messe de sépulture, le P. Norbert Angibaud put souligner comment la vie de Georges avait été une longue recherche de la façon la plus authentique de servir Jésus de Nazareth 'venu mettre l'homme debout et faire naître la fraternité universelle'.

François Richard

ENTREE OFFICIELLE DE ONZE NOVICES DANS
LA SOCIETE DES MISSIONNAIRES D’AFRIQUE

C’est avec une immense joie que nous écrivons ces quelques mots pour partager avec vous notre vie au quotidien ici au noviciat de Bobo-Dioulasso.

Bienvenue à l’Année Spirituelle de Missionnaires d’Afrique à Samagan. Ce Centre de formation, situé à une quinzaine de kilomètres de la ville de BOBO DIOULASSO, a eu la joie d’accueillir cette année onze novices. Venus de différentes provinces et de différents pays de l’Afrique, nous avons été accueillis à mains ouvertes par trois Pères ainés dans une belle célébration avec un geste d’accueil en nous offrant l’eau de bienvenue comme il est de coutume de le faire en Afrique de l’Ouest quand on accueille des étrangers ou des visiteurs. Cette messe et cérémonie d’ouverture de l’année s’est déroulée le dimanche 09 septembre dans la chapelle de la communauté signe d’ouverture de l’année spirituelle 2018-2019. C’était un moment de joie pour nous car nous commencions une nouvelle étape de notre formation missionnaire. Une étape que nous trouvons très importante pour notre future vie missionnaire. C’est pourquoi, nous nous sommes donnés pour objectifs de la vivre en plein temps par l’approfondissement de notre connaissance de soi, du Christ et la société des missionnaires d’Afrique afin de discerner chacun de sa part sa vocation. C’est aussi un temps où nous voulons grandir spirituellement et humainement afin de servir Dieu à travers sa création. Pour y arriver seuls la prière, l’ouverture, la confiance, le désir et la volonté peuvent nous aider atteindre nos objectifs. Bon Année à tous !!!!

Ayant ainsi posé les bases sur lesquelles nous voulons vivre cette année spirituelle, nous nous sommes préparés à entrer officiellement dans la société par une retraite spirituelle. Une retraite durant laquelle nous nous sommes ressourcés dans la personne du Christ. Nous avons aussi profité pour confectionner nos rosaires qui feront partie de notre habit des Missionnaires d’Afrique. Un moment de joie où chacun est fier de confectionner son propre rosaire. C’était aussi un moment de fraternisation où les plus rapides aidaient les trainards. Après la confectionner des rosaires, nous n’attendions que le jour ‘’J’’ pour porter nos gandouras.

Enfin ! le jour tant attendu est arrivé. Le samedi 13 octobre 2018 au environ de 10h, nous avons eu la messe qui solennise notre Entrée Officielle dans la Société des Missionnaires d’Afrique par la Prise d’Habit. Cette cérémonie présidée par le Provincial de la Province de l’Afrique de l’Ouest (PAO), le Père Luc Kola, a vu la participation des communautés de Master Christi, des SAB (Sœurs de l’Annonciation de Bobo), de la communauté André Dupont qui confectionne nos gandouras, des Sœurs missionnaires notre Dame d’Afrique, de la communauté des Missionnaires d’Afrique du centre « Badenya » de Bobo-Dioulasso etc… Ces communautés sont venues nous apporter leur encouragement et félicitation. Ce fut un moment de jubilation pour nous d’avoir été acceptés dans la société. Sur les visages de chaque novice, on ne pouvait lire que la joie. Chacun voulait immortaliser cet événement si unique de sa vie car le Noviciat, on ne le vit qu’une fois dans le processus de formation missionnaire. Pensant à la parole que notre fondateur avait adressée aux novices le 22 septembre 1882 lors de leur prise d’habit en ces termes : « Mes enfants, vous seriez heureux sans doute de voir assister à cette cérémonie vos parents bien aimés, et eux aussi tressailliraient de joie en vous voyant vous avancer vers l’autel du Seigneur sous la protection de Notre Dame d’Afrique. Mais Dieu vous a demandé, à vous et à vos parents, de lui faire le sacrifice de ce bonheur. »

 

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Conscients de cette parole, nous réalisons que notre vie missionnaire vient de commencer. Bien vrai que nous avions voulu que nos parents soient là mais l’essentiel est qu’ils ont été en union de cœur et d’esprit avec nous. Nous pouvons dire sans hésitation qu’ils ont été bel et bien représentés par la grande famille missionnaire qui nous accueille en son sein et qui devient notre famille.

 

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Cette joie de porter cet habit et de faire partie de la société ne doit pas nous faire perdre les objectifs que nous nous sommes fixés. Mais au contraire, nous sommes conscients que nous sommes des apôtres rien que des apôtres, donc des envoyés pour être les yeux, les mains, les pieds, le cœur et la bouche de Jésus partout où nous serons. Notre prière est que Jésus notre maitre intérieur nous fortifie davantage dans notre marche et nous nous remettons sous la protection de notre Dame d’Afrique.

Jérôme Millogo

 

 

SORTIE AUX CASCADES DE BANFORA
POUR CONTEMPLER LA CREATION

            Permettez-nous de vous faire part, particulièrement, de notre visite aux cascades de Banfora. En effet, dans le cadre des exercices spirituels de Saint Ignace et précisément au niveau de principe et fondement, un des thèmes majeurs porte sur la création. Après plusieurs sessions dans lesquelles nous avons appris à contempler, respecter et louer le créateur à travers tout ce qu’il a créé. Il s’était avéré nécessaire selon la coutume de la maison de palper la réalité en contemplant la beauté de la création. Mais, que veut dire « cascades de Banfora » ?

          Les cascades de Banfora est un endroit extraordinairement splendide, et un site touristique de renommé international. C’est un espace merveilleux, un havre de joie, de divertissement, de repos et de contemplation de la nature dans sa spécificité.  En outre, comme le nom l’indique la cascade est une chute d’eau se trouvant parfois sur des roches. Banfora est une ville se trouvant au Burkina-Faso, à environ 80 km de la ville de Bobo-Dioulasso et de notre maison.

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Par l’harmonie de ses arbres à la forme d’une cathédrale et à travers les rochers d’où coulent l’eau, signe de la vie, sans-doute, Banfora représente-il, belle et bien la majesté, la splendeur de la création et l’ingéniosité de Dieu.

Il est majestueusement l’endroit qu’il nous fallait pour chanter : « Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes Seigneur, Seigneur tu nous combles de joie… », et de prononcer ces paroles de la sagesse : « A travers la grandeur et la beauté des créatures, on peut contempler, par analogie, leur auteur et cet auteur c’est Dieu » (Sg 13, 1-9). En ajoutant celles du pape « Laudato si O mi signore ! ».  

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            Cependant bien que la visite ait été inscrite dans ce cadre précis, elle a tout de même révélé d’autres dimensions. Outre la contemplation de la création, la visite fut pour nous une occasion de joie, de renforcement de nos liens fraternels et communautaires car nous nous sommes merveilleusement bien amusés et divertis.

            Cette journée mémorable était remplie d’activités distinctes. Ainsi, à 8 heures du matin nous avons débuté notre long parcours qui nous a couté au minimum 2 heures de voyage ; nous avons apporté avec nous le pique-nique. A peine installés, nous y avons célébré une Eucharistie appropriée en louant avec des chants, suivi d’un court partage sur l’émerveillement de tout un chacun.

            La nage était aussi au rendez-vous. Celle-ci nous a procuré une fraicheur inouïe et un bon massage. Renforcés par la baignade, nous avons trouvé également la hardiesse de danser en guise de joie et de louange au Dieu créateur.

            Au terme de cette riche journée, nous avons partagé le repas préparé pour l’occasion en s’amusant et en rigolant ensemble.

Elie Mapendano

Tartit, le désert au féminin pluriel

12/02/2019

tartit

Au terme d’un nouvel exil lié à la situation géopolitique du nord du Mali, les femmes de Tartit ont réussi à enregistrer leur quatrième album baptisé Amankor / The Exile. En activité depuis plus de deux décennies, ce groupe singulier qui a valeur d’exemple auprès de ses compatriotes entend apporter sa pierre à la restauration durable de la paix dans son pays.

Aussi loin que le regard porte à l’horizon sur la scène musicale touareg, il faut bien le reconnaître : les acteurs en la matière sont quasi exclusivement masculins, bien qu’il ne s’agisse pas là d’une pratique réservée aux hommes de façon ancestrale – contrairement à ce que l’on pourrait être tenté de penser tant le regard aujourd'hui est faussé par le radicalisme islamiste.

Tartit, emmené par la chanteuse Disco et aux effectifs mixtes, fait donc figure d’exception. Mais considérer le groupe à travers ce seul prisme serait réducteur, car son rôle a tout d’abord été celui de pionniers, tous genres confondus ! Lorsque la formation se produit pour la première fois en Belgique en décembre 1995 et enregistre son premier album Amazagh l’année suivante, la musique des Kel Tamasheq (le nom local des Touaregs) s’apparente à un univers inconnu hors du désert. En effet, les grands débuts internationaux de Tinariwen, qui a changé le regard sur cette région du monde, ne remontent qu’au début des années 2000.

Amankor, paru depuis peu et qui fait suite au troisième album Abacabok paru en 2006, rappelle que l’histoire a parfois la mauvaise idée de se répéter. L’existence de Tartit est marquée en profondeur par l’exil : pas seulement celui qui avait conduit à la naissance du collectif de réfugiés durant les années 1990, loin de leur village de Gargando, mais aussi celui consécutif aux troubles de 2012 causés par l’arrivée de groupes islamistes.

Une fois encore, Disco et ses acolytes se sont retrouvées loin de chez elle, dans des camps en Mauritanie et au Burkina Faso. Avec pour conséquence une mise en parenthèse évidente de leur carrière. Une fois encore, la notion d’union qu’elles brandissent comme un étendard (c’est à cela que leur nom fait référence) a gardé toute sa pertinence dans ce vaste pays qu’est le Mali où le vivre ensemble est menacé, où la paix est mise à mal.

Pour ces douze nouvelles chansons, la troupe est parvenue à se reconstituer presque entièrement puis s’est retrouvée à Bamako, la capitale malienne. Les femmes au chant et au tambour tindé ainsi qu’à la vielle imzad; les hommes au luth teherdent, à la guitare, à la basse et aux chœurs : cette répartition des rôles fait de Tartit "le noyau central de la musique touareg", assure Disco.

Si l’enregistrement live qui a été privilégié s’inscrit dans une vision traditionnelle qui n’autorise guère d’innovations en termes de production, il restitue au plus près l’âme de ce groupe devenu une référence.

Tartit Amankor / The Exile Riverboats records 2019

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)