Zambie

Patrick Raphaël Sebyera,
Stagiaire
Qu’est-ce qu’il a fait
pour mériter cela ?


Dans la matinée du 10 octobre 2013, alors que je me préparais à retourner à la maison après avoir été à l’auto-école de Mansa, je me suis arrêté d’abord au bureau Caritas de la ville. Arrivé à la porte, j’ai aperçu un vieil homme sur une chaise roulante. Pauvre homme ! Il avait du mal à monter une pente raide. Il paraissait fatigué et il était en sueur.

Beaucoup passaient à côté de lui, mais aucun ne l’aidait. Je me suis approché et je l’ai salué.
- Puis-je vous aider ?
- Oui ! S’il te plaît !

Je l’ai poussé jusqu’à l’intersection où je comptais aller en retournant à la maison.
- Où allez-vous ?
- Je vais dans un immeuble après l’hôpital.

Tout en continuant ensemble, je me demandais ce qu’il avait fait pour mériter cela. À un certain moment, il m’a demandé si j’avais soif. J’ai répondu affirmativement. Alors, il m’a dit d’arrêter pour boire quelque chose.

Cependant, je lui ai proposé de poursuivre notre chemin. Ayant atteint un dos-d’âne, je lui ai demandé comment il y arrive quand il est seul.
- Dieu m’envoie quelqu’un comme toi pour m’aider.
Nous approchions d’un endroit où il pourrait facilement se déplacer par lui-même. Des femmes y vendaient des fruits.
- Achetons quelques bananes, dit-il.
Il avait quelques pièces de monnaie dans sa poche. Il m’a donné vingt pièces de cinq Ngwe pour faire un Kwacha et j’ai apporté cet argent à une femme qui vendait les fruits.
- Pour qui les voulez-vous ?
- Pour la bashikulu (le vieil homme).
Je ne sais pas pourquoi, mais elle était agacée et elle m’a donné trois petites bananes pourries.
- Ne pouvez-vous pas même m’en donner une qui soit bonne ?
- Si tu ne les veux pas, reprends ton argent.

Une fois encore, je me suis demandé ce que le bashikulu avait fait pour mériter cela. Je lui ai apporté ces bananes. Il les a refusées en disant “awe mukwai”. Je suis donc allé reprendre l’argent. Je me sentais mal.

Quand nous sommes arrivés à l’endroit à partir duquel il pouvait facilement continuer par lui-même, je lui ai dit qu’il était temps pour moi de retourner à l’endroit où nous nous étions rencontrés et de rentrer à la maison. Il m’a béni et m’a donné ses vingt pièces de cinq Ngwe. Je l’ai remercié ajoutant que j’étais heureux de l’aider sans récompense.
- Qui es-tu pour refuser un verre et mon Kwacha ?

Je lui ai donné ma propre bénédiction qu’il a acceptée. J’ai laissé mon vieil homme et je suis rentré chez moi, me demandant une fois de plus ce qu’il avait fait pour mériter cela.

Patrick Raphaël Sebyera,
Stagiaire à la paroisse de Serenje, Zambie