Très chaud…
ou très froid ?


Vous vous souvenez, sans doute, de ce jeu de cache-cache que nous aimions bien, lorsque nous étions tout petits. Un de “la bande”(gang) cachait un objet et ensuite, il devait guider les autres vers cet objet caché : « Vous êtes froids… vous gelez », signifiait que nous étions très loin du trésor ; « Vous êtes tièdes… vous brûlez », nous indiquaient que nous nous rapprochions de plus en plus de ce trésor caché.

Notre belle fête de Pâques me rappelle deux textes bibliques qui me remettent en mémoire ce jeu de cache-cache de mon enfance. Le premier texte se réfère au tombeau vide du matin de Pâques (Luc 24, 1-13). Aux premières femmes qui viennent au tombeau de Jésus, deux anges leur disent qu’il n’est pas là, mais qu’il est ressuscité. Avec mon jeu d’enfant, je peux imaginer ce que les deux anges auraient pu dire aux femmes : « Vous gelez. Ce n’est pas ici que vous allez le découvrir vivant ».

Au bréviaire, durant le temps de Pâques, on peut lire : « Tu as laissé le tombeau vide. Garde-nous de te chercher là où tu n’es pas… »

Le deuxième texte qui m’a rappelé notre jeu, c’est celui des deux disciples d’Emmaüs. 2 000 ans plus tard, on ne s’entend même pas sur le lieu géographique de cette localité : on discute encore sur trois endroits possibles. Je suis allé moi-même à deux de ces endroits, et je n’ai rien trouvé. Nous savons seulement qu’un des deux disciples se nommait Cléophas.

Pour en revenir à mon jeu d’antan, à Emmaüs, j’étais “très très froid”, bien loin de retrouver ce que Jésus voulait que j’y découvre, tout comme les deux disciples d’ailleurs. Ils étaient très loin (froids) et en même temps très proches (chauds) de ce trésor caché qui marchait avec eux, à savoir Jésus lui-même. « Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître ! »

« Jésus se mit à leur expliquer dans toutes les Écritures ce qui le concernait. » Alors, sans le reconnaître tout de suite, la présence de Jésus leur réchauffa le cœur. Ils dirent plus tard : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’Il nous parlait en chemin ? »

Et nous connaissons la suite : Jésus les guida d’une façon superbe en partageant le pain avec eux… « Leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent. » Quelle belle simplicité de la part de Jésus, lui, le Fils de Dieu ! Comme j’aurais aimé être à leur place, ainsi que bon nombre de chrétiens actuels, je suppose !

Et pourtant, depuis notre tendre enfance, Dieu joue ce genre de cache-cache avec chacun de nous. Il ne veut pas que nous le cherchions n’importe où, n’importe comment; surtout pas dans des tombeaux vides, “froids”… « Garde-nous de te chercher là où tu n’es pas. »

Il aime se cacher dans des choses très modestes, humbles : dans le pain de l’Eucharistie, dans les simples événements quotidiens, dans nos petites vies personnelles. Mais il préfère avant tout la chaleur du cœur humain, l’amitié et l’amour de ses enfants. À chaque fois que nous le découvrons dans notre prochain, surtout dans le plus démuni, c’est bien lui que nous retrouvons. II nous murmure alors : « Vous êtes chauds… vous brûlez de mon Amour. »


Lionel Dion
M. Afr.