Charles de Foucauld canonisé grâce au miraculé de Saumur 

Les faits

C’est à un jeune charpentier que Charles de Foucauld doit sa canonisation, le 15 mai à Rome. Cent ans après la mort du « frère universel », le jeune homme, Charle, qui a témoigné vendredi 29 avril, a survécu à une chute de 15 mètres en 2016.

  • Christophe Henning, 

 

Charles de Foucauld canonisé grâce au miraculé de Saumur
 
Charle miraculé de 26 ans dans la chapelle Saint Louis à Saumur. Charpentier, il a survécu à une chute de 15,50 m à travers la toiture de la Chapelle en 2016 alors qu'il était en formation dans une entreprise en charge de sa rénovation. Authentifié par la Congrégation pour les Saints, le miracle a été rattaché à Charles de Foucauld et amènera à sa canonisation le 15 mai 2022. Saumur, France, 29 avril 2022.ANTONI LALLICAN/ANTONI LALLICAN

Charle, 26 ans, est un miraculé. Le 30 novembre 2016, le jeune charpentier faisait une chute de 15 mètres et demi, traversant la voûte de la chapelle Saint-Louis, à Saumur (Maine-et-Loire), pour finir par s’empaler sur le montant d’un banc en bois. Mais il a survécu. Un miracle que l’Église attribue à l’intercession du bienheureux Charles de Foucauld, qui sera canonisé par le pape François, comme neuf autres futurs saints, sur la place Saint-Pierre à Rome, le dimanche 15 mai. Vendredi 29 avril, pour la première fois, Charle – sans « s » et dont le nom de famille n’est pas révélé – s’exprimait publiquement pour raconter son accident.

À Saumur, le charpentier miraculé ouvre la voie à la canonisation de Charles de Foucauld

Charpentier dans l’entreprise Asselin, il travaille à la restauration de la charpente de la chapelle Saint-Louis, construite au début du XXe siècle et attenante à l’institution scolaire. En fin de journée, prenant un raccourci, il évite la passerelle et s’avance sur la voûte de pierre, qui cède. Une chute sans fin. Charle évoque avec simplicité l’accident, son souci de préserver ses jambes, rentrer la tête entre ses bras… « J’ai ouvert les yeux, et je n’étais pas encore en bas, j’ai refermé les yeux et me suis abandonné. »

Au secours

La chute ne dure, en vérité, qu’un peu plus d’une seconde. Le choc survient à 60 km/heure. Et pourtant, groggy mais conscient, il se relève, avance vers la porte de la chapelle. « Je n’ai pas voulu prendre la grande porte : il y avait les écoliers dans la cour, je ne voulais pas les impressionner. »

Par une porte latérale, il est pris en charge par des enseignants qui appellent les secours. Sauf qu’avec la pièce de bois fichée dans l’abdomen, Charle ne peut être pris en charge par l’hélicoptère dépêché sur place et qu’il faudra le transporter en ambulance jusqu’au centre hospitalier d’Angers.

Non seulement, il a échappé à la mort, mais huit jours plus tard, il sort de l’hôpital et reprend le travail au bout de deux mois. « J’aime ce métier, explique Charle. Je devais reprendre au plus vite pour pas trop me poser de questions. » La partie médicale étant évoquée, reste, pour reconnaître un miracle, une dimension spirituelle.

Centenaire

2016-2022 : six ans pour une enquête express et la reconnaissance du miracle, non seulement en raison d’une vie sauve mais aussi des liens qui s’imposent entre les deux Charle(s). Ainsi, c’est bien à Saumur qu’a lieu l’accident, dans la paroisse qui a choisi le bienheureux Charles de Foucauld comme patron lors du redécoupage des territoires dans le diocèse d’Angers en 2012. Plus éloquent encore : la date correspond au centenaire de la mort du « frère universel » tué en Algérie le 1er décembre 1916.

Et depuis un an, les fidèles priaient chaque jour Charles de Foucauld, qui fut officier de cavalerie à l’école militaire de Saumur, pour préparer ce centenaire. « Nous priions Charles de Foucauld pour qu’il soit canonisé, comme des milliers de chrétiens dans le monde, souligne le père Vincent Artarit, curé de la paroisse à cette époque. Jamais nous n’aurions pu imaginer que le Seigneur entende notre prière à Saumur. »

Dès l’annonce de l’accident, les fidèles redoublent de ferveur, espérant que la prière vienne apaiser le jeune ouvrier blessé. Or, comme l’explique Mgr Bernard Ardura, postulateur de la cause, le miracle avait déjà eu lieu : par avance à cette mobilisation, Charle avait été sauvé.

Sans rien attendre

Son patron, François Asselin, est quant à lui très investi dans l’Église avec sa femme. Il est surpris par tout ce qui peut apparaître comme des coïncidences. Il rend visite à Charle encore sur son lit d’hôpital, avec une BD sur Charles de Foucauld : « Est-ce que vous m’autorisez à vous parler de quelqu’un qui n’est peut-être pas étranger à tout ce qui arrive ? », confie-t-il au rescapé.

Le miraculé n’a pas la foi. Il le confesse, et explique volontiers que ce qui lui est arrivé a été déterminant dans son existence, mais n’a rien changé vis-à-vis de Dieu. « Le Seigneur donne gratuitement, totalement, sans rien attendre en retour », rappelle Mgr Ardura. Ce qui n’empêche pas le jeune homme de se réjouir à l’idée de se rendre à Rome, le 15 mai, et qui sait, peut-être approcher le pape.

Le 27 mai 2020, le miracle était reconnu par le Vatican. Pour cause de pandémie, il a fallu attendre le 15 mai 2022 pour célébrer la canonisation du « petit frère » du désert. Ils sont déjà plus de 40 000 fidèles annoncés place Saint-Pierre pour les dix canonisations présidées par le pape François. Au milieu de la foule, un jeune charpentier de 26 ans, venu d’Anjou. Miraculé.