Le Père Jean Paul GuibilaL’héritage

J’aimerais partager avec vous deux expériences qui révèlent ce que nous recevons des autres et ce qui construit notre vie d’une façon ou d’une autre.

Le premier héritage, je le dois à ma mère biologique. Je me rappelle qu’après mon ordination, alors que je me préparais à partir pour la République Démocratique du Congo, mes deux parents vinrent me donner leurs ultimes conseils (si je peux parler ainsi). Ma mère me dit tout simplement “Te rappelles-tu tel Père, et tel autre ? Te souviens-tu de cette Sœur Blanche ? Souviens-toi qu’ils étaient des Blancs, avaient leurs familles, leurs amis dans leur pays respectif. Mais ils ont accepté de les quitter, sont venus ici, chez nous, et sont même devenus des amis de notre famille. Eh bien, vas au Congo et fais de même.” Ces paroles simples d’une mère, qui n’a jamais étudié quoique ce soit (surtout pas la missiologie), se sont avérées être pour moi une fontaine spirituelle d’où j’ai tiré mes forces pendant les années de conflit au Congo, et même maintenant quand je passe par le vide.

Le second héritage me vient d’une dame congolaise accusée de sorcellerie et condamnée à vivre aux abords du village. Lors d’une de mes visites, me parlant de l’évangile du dimanche précédent sur Zachée (Luc 19, 1-10), elle me confia : “Père je me sens beaucoup comme Zachée. Est-ce que tu ne penses pas, Père, que c’est davantage par peur des racontars sur lui qu’à cause de sa petite taille qu’il s’est perché sur un arbre ? Moi aussi je me perche ici, car partout où je passe, on met sur mon dos la mort de personnes que je n’ai jamais tuées. J’ai même souvent peur d’aller à l’église le dimanche, car j’entends partout murmurer à mon propos : ‘C’est une sorcière’. Mais je ne peux pas condamner ces personnes qui m’accusent injustement, car moi-même qui te parle là, je me surprends souvent en train de médire des autres, de les pointer du doigt sans preuves, même quand je n’ouvre pas la bouche. Je demande à Jésus de venir manger chez moi aussi.” Voilà un autre partage qui nourrit ma foi car l’application de ce passage de l’Évangile ne m’avait jamais ausculté ni le cœur ni l’esprit.

Des exemples pareils, vous en avez, vous aussi. De simples partages qui se sont avérés être des perles spirituelles. Je nous invite à laisser monter dans notre cœur ces expériences. Pour moi, ce sont des héritages spirituels importants qui, non seulement nourrissent notre cœur, mais gardent aussi en nous la présence de leurs auteurs dans notre mission.

Jean-Paul Guibila


Le Père Anselme TarpagaMa sauce d’arachide
et l’Évangile

Il y a quelques semaines, j’ai été invité dans une maison, à Rome. Quand je suis arrivé, on m’a dit : “Anselme, nous allons déguster de la sauce d’arachide aujourd’hui !” Je ne pouvais pas en croire mes oreilles jusqu’au moment où je l’ai vue et goûtée. Elle était délicieuse et vraiment telle qu’on la prépare au Burkina. Ce qui est remarquable, c’est que la sauce d’arachide n’avait jamais été cuisinée auparavant dans cette maison ! Ils ont fait l’essai pour me faire plaisir : ils savaient que j’aime la sauce d’arachide et qu’elle me manque.

Pour faire bref, j’étais réellement ému et je me suis dit : “Vraiment, l’évangile ne ment pas !” “En vérité, je vous le dis, nul n’aura quitté maison, frères, sœurs, mère, père, enfants ou champs à cause de moi et à cause de la Bonne Nouvelle, qu’il ne reçoive le centuple dès maintenant, au temps présent, en maisons, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions, et, dans le temps à venir, la vie éternelle.” (Mc 10, 29-30)

Merci, Seigneur, de me donner au centuple maintenant, et non pas dans quelques années lumière à venir ! Donne-moi la grâce de me détacher davantage de ce que tu m’as prodigué et aide-moi à te recevoir, ma part et ma coupe !

Anselme Tarpaga