Un article paru dans le Petit Echo n° 1085

Un prêtre heureux !
 
Le sourire inaltérable sur le visage peut en témoigner ! Pas seulement le sourire mais aussi l’épanouissement que je ressens en tant que prêtre peut affirmer combien je suis heureux ! La joie de mon sacerdoce est fondée sur trois piliers : la prière, la communauté et l’apostolat.

Vie de prière : une communauté qui prie

J’ai la chance de me trouver dans une communauté priante, fraternelle, accueillante, joyeuse, qui célèbre la vie et qui est épanouie. La prière est le secret de ma vie missionnaire épanouie et fructueuse. Pour moi, tout commence par la prière car sans la force du Seigneur qui m’envoie et me soutient, je ne peux rien faire de moi-même.

La prière rythme mon quotidien : je commence ma journée en me remettant aux mains du Seigneur par la prière personnelle (méditation) suivie par la prière communautaire : laudes et célébration eucharistique. Je la termine par la prière (vêpres et complies) avant de m’endormir, remerciant le Seigneur Dieu pour tout ce qu’il a été pour moi durant la journée.

A ce rythme journalier s’ajoute les récollections communautaires : une fois par trimestre, sans oublier les récollections avec l’ensemble de la communauté chrétienne : une durant l’avent pour préparer Noël et l’autre pendant le carême pour nous préparer à célébrer les mystères de Pâques. Une retraite annuelle telle que recommandée pour tous les prêtres affermit ma vie de prière et renforce ainsi ma foi chrétienne.

Jésus est le chemin vers le Père et dans sa grande prière ‘sacerdotale’, il priait le Père de consacrer-sanctifier ses disciples dans la vérité, de les unir à LUI afin que le monde puisse croire en LUI et être sanctifié. M’inspirant de sa prière, ma vie de prêtrise n’est qu’une continuité de cette prière de Jésus : ‘qu’il me consacre véritablement comme son VRAI ami et disciple’.

Ordonné le 19 juillet 2014 en Ouganda, après ma formation théologique avec un accent particulier sur la bible à Jérusalem, je me sens appelé à me conformer davantage à l’amour de Dieu, son don propre pour moi dont rien ne pourra me séparer (Romains 8). Pour moi, la prière est donc ce ‘tuyau’ qui me connecte incessamment avec le Seigneur. La vie missionnaire a tellement de joies, de surprises et de défis que je ressens ce besoin permanent de garder un contact personnel avec CELUI en qui j’ai mis toute ma confiance et toute mon espérance.

Vie communautaire : un soutien mutuel

La charité apostolique exige de nous le «tout à tous» (cf. 1 Co 9, 22). Elle suppose une attitude d’accueil, d’ouverture, de proximité aux personnes, une grande simplicité dans nos rapports avec eux, l’étude persévérante de leur langue et de leurs coutumes, une connaissance de l’histoire, des cultures et des situations des pays où nous travaillons, une participation active aux efforts qui visent à incarner l’évangile dans toutes les cultures » (Constitutions et Lois, n° 20). Voilà ce que nous sommes invités à vivre en tant que missionnaires d’Afrique.

A Tizi-Ouzou, je vis dans une communauté fraternelle, accueillante, vivante et qui prie. Mes confrères malien et burkinabè et moi, nous formons une communauté soudée qui est en lien avec une société kabyle qu’on apprend à connaître et à apprécier. Nous avons aussi une communauté estudiantine riche en diversité. Nous trois, unis, nous exerçons notre charisme dans cette mission qui nous a été confiée. Notre union, c’est notre force ! Comme dit un proverbe africain « si les fourmis s’unissent, elles peuvent soulever un éléphant ». La vie communautaire fait partie de notre charisme et le soutien mutuel des uns envers les autres nous fait grandir ensemble.

Personnellement, le support mutuel dans la vie communautaire me propulse à témoigner davantage de l’amour préférentiel du Père par la propagation des valeurs évangéliques et pour sa plus grande gloire. Avec un style de vie simple, je me suis investi dans l’apprentissage de la langue kabyle, même si elle n’est pas si simple : au moins elle n’est pas impossible à apprendre ! Nous inspirant de l’amour trinitaire, à trois, nous essayons de tisser des liens pour le bien être de la mission qui nous est confiée. Heureusement, l’Esprit Saint nous précède !

Vie apostolique : le secret d’un épanouissement missionnaire

« Etre apôtre et rien d’autre… » C’était la consigne donnée aux missionnaires d’Afrique par notre fondateur le Cardinal Lavigerie. En me consacrant à Dieu pour le service de son Royaume à travers la Société des missionnaires d’Afrique (Pères Blancs), mon désir profond est de partager ma foi et mon amour pour le Christ avec ceux vers qui je suis envoyé. S’inscrivant dans la fidélité des Pères Blancs en Algérie depuis 1868 au désir de notre fondateur, j’apporte ainsi ma pierre d’apôtre pour la construction du Royaume de Dieu à travers notre vie apostolique. En 1874, notre cher fondateur écrivait « l’œuvre durable devra être accomplie par les Africains eux-mêmes devenus chrétiens et apôtres… » Pour moi-même, devenu missionnaire d’Afrique suite à mes aînés, la joie de partager les valeurs de l’évangile anime mon engagement apostolique durant cette époque de profonde mutation non seulement en Algérie mais aussi dans notre monde actuel.

L’Eglise en Algérie vit depuis quelques décennies une profonde mutation. C’est dans cette société algérienne qui a connu beaucoup de changements – qui, à chaque fois ont poussé les prêtres à s’adapter à la réalité locale – que je me situe actuellement. En tant que prêtre, je me vois comme un simple témoin de l’amour universel du Christ et des valeurs de l’évangile. Ce témoignage ne se limite pas aux chrétiens (une minorité), mais va aussi aux musulmans (la majorité), et même au-delà à l’humanité toute entière, à travers mes expériences quotidiennes. Il me faut donc une foi solide, un esprit de sacrifice, du courage, de la persévérance, de la patience, de l’amour, et beaucoup plus d’espoir. Priez pour moi afin que j’y arrive tous les jours de ma vie ! Comme écrivait le pape Paul VI au Supérieur général, le père Theo Van Asten, lors du centième anniversaire de notre fondation : « parmi les plus beaux fruits nés du grain semé en terre par les Pères Blancs, il y a le merveilleux témoignage des Martyrs de l’Ouganda » qui mettent un lien entre l’Eglise d’Algérie et celle de mon cher pays, la Perle de l’Afrique. Un manuscrit en luganda et français, datant de 1914, dans la sacristie à Notre Dame d’Afrique, confiant l’Eglise de l’Ouganda à la Vierge Marie en témoigne.

Grâce au zèle apostolique recommandé par notre fondateur, avec mes confrères, nous approfondissons notre connaissance en islam et dans la langue et la culture kabyle, pour le bien être de notre apostolat. L’accompagnent, spirituel pour les chrétiens et humain pour les non chrétiens donne un sens à ma vie et à celle des personnes accompagnées. La pastorale de nos chrétiens, à la paroisse de Tizi-Ouzou en général, et plus particulièrement celle de l’aumônerie des étudiants dont je m’occupe, me donne de la joie. Le cadre du dialogue et de la rencontre, des études (en médicine, pharmacie, biologie, anglais et tamazight) pour les étudiants et professionnels algériens qu’offre notre bibliothèque Le Figuier (dont je suis responsable) témoignent de l’engagement de notre proximité avec les gens parmi lesquels nous vivons. Le cours de soutien scolaire que nous dispensons en anglais et en français chaque semaine et la joie de partager ma connaissance avec les autres, révèle mon secret d’épanouissement apostolique.

Vincent Kyererezi, M.Afr.