Que le Burundi se laisse réellement pénétrer par le message de paix,
de réconciliation et de justice de notre Seigneur Jésus Christ

Je suis arrivé au Burundi en 2004 pour y passer deux ans de stage avant de poursuivre mes études en théologie. J'ai trouvé là-bas un pays de montagnes tout à fait différent de mon pays d'origine, le Burkina Faso.

Au sortir d’une décennie de guerre civile et ethnique marquée par des assassinats, des pillages, des viols et autres atrocités indignes du genre humain, l’Eglise du Burundi s’est fixée pour priorités pastorales la réconciliation, le pardon et l’apaisement des cœurs. Un synode diocésain est en cours de préparation avec pour objectif de poser les bases d’une vraie réconciliation et d’une paix durable. Le Burundi est à plus de 95 % chrétien, on pourrait alors se demander où étaient ces chrétiens pendant cette période noire ? Quel rôle ont-ils joué dans la crise ? Ont-ils été victimes, bourreaux ou tout simplement indifférents ?

Bujumbura vue des collines

C’est la première fois que je quittais mon pays, ma famille, mes amis pour faire l’expérience de l’inconnu et de l’éloignement. Au début, je pensais souvent à eux et priais pour eux. Petit à petit, je les ai intégrés dans ma vie de futur missionnaire ; éloignement des siens, mais proches d’eux à cause du Christ.

Danseurs et tambourinaires Ce qui est vrai, c’est que je me suis retrouvé dans un milieu où il fallait tout apprendre, où il fallait affronter de nouvelles réalités socioculturelles. Le Burundi, depuis son accession à la souveraineté nationale, n’a pas tellement connu de paix ni de stabilité politique pour bâtir une société partageant des valeurs communes de justice, de paix, de respect mutuel et d’intégrité. Tenez, 1965, 1972, 1988, 1991 et 1993, le peuple burundais vit en sursis dans un climat de violence généralisée, de massacres ethniques et de toute forme d’insécurité. Avec un tel passé, les valeurs culturelles se trouvent modifiées ou plutôt se sont adaptées au nouveau climat social. Tous ceux qui sont nés ou ont grandi dans ces périodes de grands massacres ont encore en mémoire le souvenir macabre des tueries et assassinats dont leurs proches furent l’objet. Certains y ont échappé par miracle.

Jeunes filles de la paroisseLa paroisse Saint Augustin de Buyenzi où j’ai passé deux ans est située dans un quartier très populaire de Bujumbura. C’est un milieu urbain où une population cosmopolite cohabite en parfaite harmonie. On y trouve des congolais, des Tanzaniens, des Ougandais, des Rwandais pour ne citer que ceux-là. Le kirundi, la langue “naturelle’’ du Burundi est dépassée de loin par le swahili qui a une envergure plus régionale, voire internationale.

Les Burundais qui vivent à Buyenzi viennent en général de l’intérieur du pays ou des collines entourant Bujumbura. Ils descendent, le plus souvent seuls, de leurs collines pour chercher du travail en ville, laissant la femme et les enfants dans les bananeraies. Avec leur travail ou autres activités rémunératrices, ils envoient de l’argent ou des vivres à la famille restée à l’intérieur.

Procession du Saint SacrementMon séjour à la paroisse Saint Augustin de Buyenzi a raffermi davantage ma foi en Jésus Christ, car la ferveur avec laquelle les chrétiens viennent prier m’a donné beaucoup de courage à progresser sur le chemin de la foi. Dans ma prière personnelle, j’offre au Seigneur tout ce que je vis dans mon apostolat, les joies et les peines des personnes rencontrées. La population de Buyenzi et même du reste du pays a beaucoup souffert au cours de ces 10 dernières années ; nous essayons en communauté de prier pour que le Burundi se laisse réellement pénétrer par le message de paix, de réconciliation et de justice de notre Seigneur Jésus Christ. Les partages d’Evangile et les récollections communautaires sont souvent des occasions de partage de foi, de révision de vie et de faire l’état de mes relations avec le Christ.

Paul en véloA partir de ce que j’ai vécu pendant mon stage apostolique, je considère que la mission est d’être avec les gens, les écouter, partager leurs joies et leurs peines et aussi leur espérance en un monde meilleur. La mission, c’est surtout l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ et son impact dans notre quotidien. Cette annonce doit prendre en compte le développement intégral de l’homme et de tout l’homme. C’est aussi partager sa foi avec des gens simples et se laisser convertir par leur témoignage de vie chrétienne. La mission, c’est laisser Jésus nous utiliser pour son projet, pour son peuple, et elle se vit dans l’humilité. La vocation des Missionnaires d’Afrique prend en compte tous ces aspects de la mission aujourd’hui.

Le stage vécu à la paroisse Saint Augustin de Buyenzi a constitué une expérience globalement positive pour ma croissance humaine, intellectuelle et spirituelle. Je rends grâce à Dieu pour le charisme des Missionnaires d’Afrique que j’ai mieux compris et essayé de vivre avec mes confrères. Je remercie les confrères de la région du Burundi qui m’ont aidé dans mon cheminement missionnaire. Je rends grâce aussi à Dieu pour les familles, les amis, les “papas’’ et les “mamans’’ qui m’ont accueilli et adopté, facilitant ainsi mon séjour au Burundi. L’expérience vécue au Burundi fut positive et même très positive, elle n’aurait pas pu être mieux que ce qu’elle fut.

Paul NAMONO

Paul avant de partir au noviviat

Paul commence maintenant ses études théologiques dans notre maison de formation à Abidjan.