Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

[Édito] George Floyd, Adama Traoré et le fardeau de l’homme blanc

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Par

François Soudan est directeur de la rédaction de Jeune Afrique.

Lors d'une manifestation contre les violences policières à Paris, le 6 juin 2020.

Si la mort de George Floyd fait écho à celle d’Adama Traoré, le parallélisme des émotions et des indignations de part et d’autre de l’Atlantique a une limite : présenter la France comme un État où règne une discrimination systémique n’a aucun sens.

George Floyd, agent de sécurité, chauffeur routier occasionnel, 46 ans, Minneapolis. Une vie fracassée comme tant d’autres dans les ghettos de l’Amérique. Scolarité expéditive. Rêves de NBA jamais aboutis. Carrière avortée de DJ hip hop. Femmes, enfants, essais de vie familiale sans cesse recomposée, sans cesse décomposée. Cocaïne. Vol à main armée. Cinq ans de pénitencier, machine à fabriquer des races. Rédemption. L’Église évangéliste comme planche de salut, la Bible comme passeport pour un nouveau départ.

25 mai 2020 : « Big Floyd » entre dans la supérette Cup Foods, à l’angle de la 38e rue et de Chicago Street. Demande un paquet de Marlboro. Tend un billet de 20 dollars que l’employé croit faux. Refus de vente. Le ton monte. L’employé appelle le 911. L’officier Derek Chauvin, 44 ans, dix-huit plaintes pour violences dans l’exercice de ses fonctions à son compteur en dix-neuf ans de carrière, débarque avec trois de ses collègues. Passage de menottes. Au moment d’embarquer dans la voiture de police, George Floyd se braque, résiste. Plaquage ventral immédiat. Chauvin, main dans la poche, pose son genou sur le cou de Floyd, technique d’immobilisation apprise chez les Marines. Il est filmé. Il le sait. Il s’en fout. Il presse, il presse, il presse, de plus en plus fort. Huit minutes et quarante-six secondes. Jusqu’à l’asphyxie.

Adama Traoré, sans profession fixe, 24 ans, Beaumont-sur-Oise. Une vie dans les ghettos de la République, à mi-chemin entre Les Misérables de Ladj Ly et Do the Right Thing de Spike Lee. Père malien, soninké, mort d’une overdose d’amiante sur les chantiers des trente glorieuses, quatre épouses, deux blanches, deux noires, dix-sept enfants soudés, dont Adama. Petits trafics. Petite case prison.

19 juillet 2016, pris en chasse un jour de canicule. Plaquage ventral. Le poids de trois gendarmes du PSIG, le peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie de L’Isle Adam sur le dos. Décès constaté à même le sol du parking de la gendarmerie. Œdème cardiogénique. Cause ou conséquence de l’asphyxie ? Dix expertises contradictoires, deux autopsies, une certitude : avec deux cent kilos sur le dos, « force strictement nécessaire à l’immobilisation » selon les militaires du PSIG, les effets collatéraux peuvent être fatals.

Parallélisme des émotions

Devant la Maison Blanche, à Washington, le 10 juin 2020.

Floyd-Traoré, Minnesota-Val d’Oise : juxtaposition d’apparences semblables, parallélisme des émotions, de l’indignation, des manifestations de part et d’autre du ventre de l’Atlantique où se noie Moussa, le migrant fantôme du roman de Fatou Diome. Pour autant, pas de causalité commune.

L’Amérique post-esclavagiste ne peut pas servir de référentiel au débat français pour une raison simple : il n’y a jamais eu, en France, de racisme d’État légal comme aux États-Unis, où le Civil Rights Act abolissant les lois Jim Crow n’a été signé qu’en 1964.

Présenter la France comme un État où règne une discrimination systémique n’a aucun sens

Quand un Afro-Américain n’avait pas le droit de voter ni même de s’asseoir sur un banc public, un Noir présidait le Sénat français et d’autres étaient ministres. Lorsque James Baldwin écrit sa célèbre lettre à sa sœur Angela Davis emprisonnée à New York, c’est de Saint-Paul-de-Vence, où il a trouvé refuge, qu’il l’adresse.

Présenter la France comme un État où règne une discrimination systémique, où les jeunes Français noirs, maghrébins, musulmans n’auraient aucune place et où la police assassine parce que l’État lui-même est raciste, ainsi que le martèle une minorité d’obsédés de l’enfermement identitaire retranchés dans leur zone de relégation communautaire, n’a aucun sens. De cet état d’esprit ne peut surgir que la conflagration victimaire.

La France n’est pas l’Amérique. Comme le dit très justement Christiane Taubira, les jeunes des banlieues ne fuient pas la police, ils fuient des policiers. Et parmi ces derniers, comme il serait plus simple d’occulter le fait que deux des trois gendarmes qui se sont « jetés » sur Adama Traoré (selon leur propre déposition) étaient d’origine antillaise !

Généalogie des violences policières

Manifestation contre les violences policières aux Etats-Unis, le 3 juin 2020.

Autant la généalogie des violences policières contre les Afro-Américains est simple puisqu’elle renvoie à une société née dans le péché originel de l’esclavagisme, autant son équivalente française est complexe. Il y eut la conquête coloniale certes, un bain de sang, les mensonges que la France continue de se raconter trop souvent sur sa propre histoire, ses contes et légendes sur ce que fut l’Empire, angle mort des programmes de l’Éducation nationale.

Mais il y a dans ce passé autant de liens que de fractures : la langue bien sûr et aussi l’appropriation par les « élites » anticoloniales de l’époque de tout ce qui dans la « patrie des droits de l’homme » entrait en contradiction avec la pseudo œuvre civilisatrice de la métropole : lectures, savoir critique, organisations politiques.

Le fait qu’en France la loi ait toujours été indifférente à la couleur de peau induit une forme de racisme propre à une République blanche qui, à un moment de son histoire, a éprouvé le besoin d’inventer le Nègre, à rebours de tous ses principes fondamentaux.

Un racisme inépuisable dans ses manifestations insidieuses, un état d’esprit vaguement honteux que seul l’exutoire des réseaux sociaux permet d’exprimer ouvertement et qui parfois perce, à l’instar des fragrances trumpiennes, tel un remugle émanant de la France rance. Ce médecin prônant des essais de vaccins sur des cobayes africains. Éric Zemmour s’indignant que des Blancs s’agenouillent en hommage à George Floyd : « Vous avez vu où on en est ? Des Blancs qui s’agenouillent devant les Noirs ! Devant les Noirs ! Et ils leur demandent pardon ! Où on en est ? »

« Partage des couleurs »

Pourtant, des rives du Mississippi à celles de la Seine, la question que posait déjà W.E.B. Du Bois en 1903 reste la même : c’est celle du « partage des couleurs », que ce métis apôtre du panafricanisme voulait voir transcendée dans une identité unique. Ne plus être Afro-Américain ou Afro-Français mais Américain et Français, sans ces traits d’union qu’exécrait tant Toni Morrisson.

Cette question échappe largement aux dirigeants africains, que l’on aurait tort cependant de trop stigmatiser pour leur silence face à la mort de Floyd et de Traoré. D’abord parce que ce silence n’est que partiel : le Ghanéen Akufo-Addo, le Sud-Africain Ramaphosa, le Kényan Kenyatta, le Congolais Sassou Nguesso et le Tchadien Faki Mahamat ont fait part d’une indignation, certes peu audible, mais unanimement partagée à travers le continent.

Ensuite et surtout parce que la solution à ce problème ne les concerne pas, ou si peu. Il y a longtemps que les enfants de la traite et de l’émigration ne ressemblent plus au Samba Diallo de L’Aventure ambiguë, le roman de Cheikh Hamidou Kane, déchiré entre le pays des Diallobé et celui des Gaulois, entre l’école des Blancs et celle de la brousse. Même s’ils porteront toujours en eux une part d’altérité puisée aux sources d’une double conscience identitaire, ils sont Américains, ils sont Français.

Mardi 9 juin, dans le flot lyrique des homélies qui ont accompagné les obsèques de George Floyd, il a beaucoup été question d’une mort qui aurait « changé le monde ». Pas plus, hélas, que les huit années d’un président noir à la Maison blanche n’ont résolu la question raciale aux États-Unis, la fin tragique de l’enfant de Fayetteville asphyxié pour sa couleur de peau et un billet de 20 dollars ne fera naître d’un coup de baguette magique cette « Amérique meilleure » annoncée par le candidat Joe Biden, tant le racisme y est aussi ancré que l’est en France la culture coloniale. Mais s’il pouvait contribuer à chasser des rives du Potomac le président le plus désagrégateur de l’histoire contemporaine des États-Unis, son sacrifice n’aura pas été vain.

 
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Guinée : polémique autour du texte modifié de la Constitution

| Par et
Le président Alpha Condé, le 29 octobre 2010.

Le texte promulgué le 14 avril au Journal officiel est différent de celui soumis au référendum du 22 mars, assurent des avocats guinéens et certains membres de l’opposition.

La polémique bat son plein en Guinée depuis qu’en début de semaine le Barreau guinéen s’est fendu d’un communiqué critiquant la version du texte de la nouvelle Constitution publiée au Journal officiel. Les avocats, bientôt rejoints par des membres de l’opposition, ont relevé que le texte est différent de celui qui avait été soumis aux électeurs et adopté à 91,59 %, lors du référendum du 22 mars.

Évoquant une « altération frauduleuse » du texte, qui aurait à les en croire été « vidé de sa substance », les avocats soulignent que pas moins de 21 articles ont été « substantiellement modifiés ou substitués ». Pour eux, la « volonté du peuple » s’en trouve par conséquent « travestie ». « La Constitution est la base juridique de l’État, le contrat qui lie les gouvernants et les gouvernés. Le texte [promulgué] est un texte falsifié qui ne correspond en rien à un contrat d’adhésion », précise à Jeune Afrique le bâtonnier du barreau Djibril Kouyaté.

Parrainages et partis

Parmi les modifications considérées comme « les plus problématiques » par le Barreau guinéen, celle qui touche aux candidats indépendants, initialement consacrée par l’article 42. Dans sa version publiée au Journal officiel, la Constitution prévoit que tout candidat à la présidence de la République doit « justifier le parrainage des électeurs déterminé par le code électoral » et précise qu’ »aucune candidature n’est recevable si elle n’est présentée par un parti politique légalement constitué ou par une coalition de partis politiques ». Autant de dispositions absentes du texte dans sa version antérieure.

De même, l’article 64, qui fixait les prérogatives de la Cour des comptes pour le contrôle des déclarations de biens des membres du gouvernement, a été amendé. Cette responsabilité est confiée à la Cour constitutionnelle. « La Cour constitutionnelle a pour compétence de gérer les contentieux relatifs à la Constitution. Pourquoi confier cette tâche à cette institution, alors qu’un autre organe [la Cour des comptes] était déjà prévu ? Cela signifie qu’on ne prend pas au sérieux la déclaration des biens des membres du gouvernement », déplore Djibril Kouyaté.

Le problème n’est pas de savoir si c’est ce qui a été modifié est bon ou mauvais : c’est une question de principe

Les deux principaux partis d’opposition guinéens, l’Union des forces démocratique de Guinée (UFDG) et l’Union des forces républicaines (UFR), qui avaient boycotté le double scrutin controversé, ont emboîté le pas aux avocats, dénonçant une « fraude à la Constitution ». « Le problème n’est pas de savoir si c’est ce qui a été modifié est bon ou mauvais : c’est une question de principe. C’est le texte qui a été présenté au peuple qui doit être promulgué », estime l’avocat et membre de l’UFDG Amadou Diallo. « Aucune règle n’a été respectée. Pourtant, le gouvernement avait tout le temps pour faire rectifier ce texte si besoin et reprendre la procédure telle qu’elle est décrite dans la Constitution », regrette l’opposant.

Mais aux avocats, qui plaident pour que la Cour constitutionnelle s’auto-saisisse, Amadou Diallo rétorque qu’elle n’en a pas le pouvoir. « ll n’y a pas de base légale pour saisir la Cour constitutionnelle sur cette question inédite. Elle ne peut se prononcer valablement que sur la Constitution en vigueur au moment de sa saisine, en décembre, et sur le projet de texte sur lequel elle a émis un avis consultatif. »

Mise au point

Face à la polémique qui enfle, le ministre guinéen de la Justice, Mamadou Lamine Fofana, a convoqué la presse, ce jeudi 4 juin, pour une conférence de presse sur le « débat en cours relatif à la Constitution du 22 mars ». « Il y a lieu de rappeler que le texte en question a fait l’objet de plusieurs consultations et autant d’amendements pour prendre en compte toutes les préoccupations de l’ensemble des Guinéens », a insisté le ministre, dans une courte déclaration qu’il a lu devant les journalistes. « C’est suite à tout cela qu’après avis de la Cour constitutionnelle, le projet a été soumis au référendum, et adopté ».

Cette polémique est plus politique que constitutionnelle

Surtout, le ministre insiste : « L’adoption du texte final par le référendum met hors d’usage tous les documents qui ont contribué à son élaboration ». Le texte, promulgué par un décret du 6 avril et publié au Journal officiel le 14, « est applicable et opposable à tous », a-t-il encore martelé.

« La « bonne » Constitution est bien celle qui a été promulguée par le président de la République », assure à Jeune Afrique le ministre de l’Hydraulique, Papa Koly Kourouma, évoquant lui aussi des différences dues « au processus d’élaboration de toute Constitution ». « La rédaction de la première mouture est discutée, adoptée en Conseil des ministres. Ce qu’on publie est sujet à des modifications, aux contributions des uns et des autres, qui doivent pouvoir amender [le texte]. C’est à l’issue de ce processus que l’on parvient à une mouture finale, et que le peuple peut voter », expose Papa Koly Kourouma. Il assure par ailleurs ailleurs que le texte publié le 14 avril est le même que celui qui était « affiché au niveau des bureaux de vote », le 22 mars. « Je pense qu’il n’y a même pas de débat : cette polémique est plus politique que constitutionnelle. » 

 
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Martin Luther King Jr.,

né à Atlanta (Géorgie) le et mort assassiné le à Memphis (Tennessee), est un pasteur baptiste et militant non-violent afro-américain pour le mouvement des droits civiques des noirs américains aux États-Unis. Fervent militant pour la paix et contre la pauvreté.

Il organise et dirige des actions telles que le boycott des bus de Montgomery pour défendre le droit de vote, la déségrégation et l'emploi des minorités ethniques.

Il prononce un discours célèbre le devant le Lincoln Memorial à Washington, D.C. durant la marche pour l'emploi et la liberté : il s'intitule « I have a dream ». Ce discours est soutenu par John Fitzgerald Kennedy dans la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis ; la plupart de ces droits seront promus par le Civil Rights Act et le Voting Rights Act sous la présidence de Lyndon B. Johnson.

Martin Luther King devient le plus jeune lauréat du prix Nobel de la paix en 1964 pour sa lutte non-violente contre la ségrégation raciale et pour la paix. Il commence alors une campagne contre la guerre du Viêt Nam et la pauvreté, qui prend fin en 1968 avec son assassinat officiellement attribué à James Earl Ray, dont la culpabilité et la participation à un complot sont toujours débattues.

Il se voit décerner à titre posthume la médaille présidentielle de la Liberté par Jimmy Carter en 1977, le prix des droits de l'homme des Nations unies en 1978, la médaille d'or du Congrès en 2004, et est considéré comme l'un des plus grands orateurs américains1.

Depuis 1986, le Martin Luther King Day est un jour férié aux États-Unis.

Un centre Martin Luther King pour l'action non-violente se trouve en Suisse à Lausanne et un à Atlanta.

De nombreux autres monuments (musées, écoles) sont répertoriés sous le nom de Martin Luther King partout dans le monde.

 

lossy page1 220px Civil Rights March on Washington DC Dr Martin Luther King Jr and Mathew Ahmann in a crowd NARA 542015tif

Marche vers Washington pour le travail et la liberté, 1963.

 

220px Martin Luther King Jr NYWTS 5

Martin Luther et Coretta Scott King, 1964. La vie dans les bidonvilles à Chicago
a été très dure pour la famille de King.

220px Martin Luther King Jr St Paul Campus U MN

Manifestation de protestation contre la guerre du Vietnam, 1967.

220px Poor Peoples March at Lafayette Park ppmsca04302

 Marche des pauvres à Washington D.C., 1968.

 
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Le Niger adopte une nouvelle loi sur les écoutes téléphoniques

| Par Jeune Afrique avec AFP
Une rue dans le centre de Niamey, en septembre 2011 (photo d'illustration).

Le parlement a adopté vendredi une loi autorisant les interceptions des communications téléphoniques pour lutter contre « le terrorisme et la criminalité transnationale ». 

Les députés de l’opposition, très minoritaires, ont dénoncé le texte et quitté l’hémicycle avant les débats. Selon la Constitution nigérienne « le secret de la correspondance et des communications est inviolable » et il « ne peut y être dérogé que dans les conditions et les formes définies par la loi ».

La nouvelle loi s’inscrit dans « la recherche des renseignements » concernant « l’atteinte à la sécurité de l’État » ou dans la « lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée ». »Les preuves recueillies peuvent être utilisées dans le cadre des enquêtes et poursuites pénales diligentées par les autorités judiciaires », selon les termes du document.

Loi liberticide ?

Les interceptions des communications seront effectuées par « des services techniques compétents » sur « toute personne contre laquelle il existe des sérieuses raisons », souligne le texte.

« Cette loi n’est pas liberticide. Elle est indispensable et elle procède de la volonté du gouvernement de sécuriser nos populations », a déclaré Barkaï Issouf, le ministre chargé des Relations avec les institutions.

Lutte antiterroriste

Dans un communiqué, l’opposition parlementaire a dénoncé « la volonté du pouvoir de priver les Nigériens (…) de toute vie privée dans leurs communications ».

« Cette loi permettra (…) de surveiller tous les Nigériens, ainsi que tous ceux qui vivent au Niger, sous de fallacieux prétextes, autres que ceux relatifs à la sécurité et la lutte antiterroriste », selon les termes du communiqué.

Le Niger fait face aux attaques récurrentes des groupes jihadistes sahéliens dans l’Ouest, à ses frontières avec le Mali et le Burkina et dans le Sud-est aux raids meurtriers des islamistes de Boko Haram ou du groupe État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap, issu une scission de Boko Haram).

Niger: en plein débat sur un projet de loi controversé, le ministre de la Justice crée la polémique

Marou Amadou, ministre nigérien de la Justice.
Marou Amadou, ministre nigérien de la Justice. SIA KAMBOU / AFP

S’exprimant avant le vote au Parlement vendredi d’une loi sur les interceptions de communications téléphoniques, le ministre de la Justice Marou Amadou a laissé entendre que l’opposition était déjà écoutée. Polémique.

« Vous craignez d’être écoutés. Vous l’étiez depuis, et vous l’êtes encore.
C’est maintenant que ça va être organisé
 », a lancé le ministre de la Justice devant l’Assemblée nationale. Il répondait à l’opposition qui accuse le gouvernement de vouloir surveiller les Nigériens, sous le prétexte de la lutte antiterrorisme.

Mes propos ont été « sortis de leur contexte », se défend le ministre Marou Amadou. « Je dis que les écoutes sont consubstantielles à tout royaume ou État organisé. Avant les télécommunications, les gens étaient écoutés derrière leurs maisons et on rendait compte au prince. » Avec cette loi, la situation sera plus conforme ajoute le ministre, puisqu’il y aura désormais une instance de contrôle.

Un aveu inacceptable, s’insurge le spécialiste en droit constitutionnel, Aba Assan Boubakar. « Le plus choquant, c'est que le ministre de la Justice passe aux aveux, disant que de tout temps les gens ont été écoutés, sans l'intervention de la loi, ce qui est totalement illégal. L'article 29 nous dit que c'est passible de sanctions. Et donc quelque part, c'est une pratique illégale qui est en train d'être légalisée », constate-t-il.

Si nous sommes un état de droit, nous devons faire respecter les libertés fondamentales, ajoute-t-il, estimant qu’une plainte pourrait être déposée.

 
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