Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Le logement économique pour tous, un impératif en Afrique


par

John Mitchell est directeur des opérations chez RA International.

 

La population jeune en plein essor de l'Afrique et le taux élevé d'urbanisation sont deux réalités qui expliquent la constante hausse de la demande en logements abordables.

Tribune. Dans un contexte de pauvreté généralisée, l’insuffisance de l’offre est à l’origine de réelles problématiques sociales dans le continent. Le rapport sur l’état des villes africaines 2015 publié par le Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) tire la sonnette d’alarme quant à l’incapacité de répondre aux aspirations d’un développement humain généralisé. L’une des plus sérieuses questions au sujet de l’avenir de l’Afrique vient de ce qui peut être mis en œuvre pour accélérer la construction de logements.

Le défi à relever pour atteindre le but du logement abordable est donc la complexité qui caractérise la chaîne de valeur. Les gouvernements, les organisations non gouvernementales, le secteur privé et les organisations internationales peuvent travailler de concert pour surmonter ces obstacles.

L’organisation Reall, spécialisée dans le soutien au lancement d’entreprises de développement immobilier en Afrique note que malgré leur capacité à payer pour de meilleurs logements, les familles n’ont souvent pas d’autre choix que d’avoir recours aux logements à bas coût. Des millions de personnes vivent dans des logements insalubres en payant des loyers exorbitants pour rester dans des conditions inadéquates.

"Le prix du ciment est 3 fois plus élevé en Afrique que la moyenne mondiale et seulement 10% des terres sont enregistrées et commercialisables"

Le Centre pour le financement du logement abordable en Afrique encourage l’investissement dans le logement abordable et le finance à travers le continent. Le groupe de réflexion est également le Secrétariat de l’Union africaine pour le financement du logement (AUHF), créé en 1984 comprend 61 membres de 17 pays de la région. Il s’agit notamment des banques commerciales et hypothécaires, des sociétés de construction, des banques de microfinance et des sociétés de développement immobilier.

Il doit relever un certain nombre de défis structurels pour ne citer que la capacité de construction et la question de l’abordabilité elle-même. Le système de logement du gouvernement camerounais est inabordable pour 80% de la population. L’Éthiopie construit des maisons abordables depuis plus de 10 ans mais souffre d’un manque d’approvisionnement.

Pour les promoteurs, le prix élevé des matériaux rend difficile la construction des maisons à bas coût. Le prix du ciment est 3 fois plus élevé que la moyenne mondiale, ce qui pourrait expliquer le fait que la plus grande société de construction de maisons du Ghana n’a pu livrer que 3500 maisons au cours de la dernière décennie. La faible disponibilité du foncier constitue également un point de blocage : seulement 10% des terres africaines sont enregistrées et commercialisables.

Le prix de l’importation des matériaux de construction peut cependant être contourné si les promoteurs s’approvisionnent localement. RA International est spécialiste dans la construction de logements abordables et de haute qualité dans les régions difficiles d’accès. L’entreprise opère dans plus de 10 pays africains et réduit le coût de la construction en embauchant des travailleurs locaux.

La flexibilité est très importante pour les entreprises impliquées dans la construction de logements dans les zones de conflit ou dans les opérations minières à grande échelle où un logement doit être construit rapidement. Les logements préfabriqués, accompagnés de nouvelles installations d’assainissement et d’énergie, offrent une solution abordable à des milliers de personnes.

La dure réalité fait que les modèles « occidentaux » traditionnels de construction n’ont pas encore atteint l’échelle du logement abordable. Il incombe donc à toutes les parties prenantes de travailler dur pour résoudre les problèmes structurels tels que la libération des terres, le prix exorbitant des matériaux et la faiblesse des infrastructures.

Togo: dialogue interrompu, l’opposition refuse
un quatrième mandat de Gnassingbé

Des soutiens de l'opposition manifestent pour la demission immédiate du président Faure Gnassingbe à Lomé le 7 septembre 2017.
© REUTERS/ ...
 

Le dialogue entre pouvoir et opposition est suspendu au Togo après seulement deux rencontres. Les protagonistes ne s’accordent pas sur les implications du retour à la Constitution originelle de 1992. Jeudi face à la presse, outre le reste des mesures d’apaisement à mettre en œuvre, l’opposition avertit qu’elle ne cautionnera pas un accord qui autorise un quatrième mandat du président Faure Gnassingbé.

Les mesures d’apaisement ne sont pas toutes exécutées : il y a encore des personnes en détention, il reste la levée des présences militaires dans les villes de Sokodé, Bafilo et Mango, ainsi que la restitution du passeport du député Targone Sambrini Wakin, retenu par le juge d'instruction depuis quatre ans.

Selon Paul Dodji Apévon, le facilitateur, la coalition a prévenu le président ghanéen Nana Akufo-Addo que toutes ces mesures doivent être satisfaites avant la reprise des discussions : « Les autres mesures d’apaisement concernant la levée de l’état de siège sur les villes de Mango, Sokodé et Bafilo, il faut tout faire pour que ça soit fait. Et on l’a dit au facilitateur pour que nous soyons dans la sérénité pour continuer les débats. »

Le principal sujet qui fâche est abordé : le rétablissement de la Constitution originelle de 1992 et ses implications. Selon Jean Kissi, secrétaire national du Comité d'action pour le renouveau (CAR), les représentants de la majorité présidentielle voulaient en savoir davantage ce qu’implique le retour à cette Constitution. En fait, cela devrait empêcher le président actuel, Faure Gnassingbé, de briguer un quatrième mandat. Et c’est ce que l’opposition exige, avertit Jean Kissi : « Nous avons dit tout simplement que nous, on n’est pas capable de nous associer à un éventuel accord qui demanderait que Faure soit candidat en 2020. »

Le dialogue est suspendu jusqu’à une date ultérieure. Officiellement pour une question d’agenda du facilitateur, le président Nana Akufo-Addo du Ghana. Et pour l’heure, ni l’Union pour la république - le parti au pouvoir -, ni le gouvernement n’a fait de déclaration sur ce principal point de divergence.

Génocide rwandais: l’Etat belge
amené à la barre par des survivants

Le mémorial du génocide rwandais à Kigali.
© AFP PHOTO / SIMON MAINA
 

Devant la Cour d'appel de Bruxelles a débuté ce vendredi un procès intenté par des survivants du génocide rwandais à l'encontre de l'État belge et de trois officiers du contingent belge de la force onusienne présente au Rwanda en 1994 au déclenchement du génocide.

Avec notre bureau à Bruxelles

Le 11 et le 12 avril 1994, les casques bleus belges sont à l'aéroport de Kigali pour évacuer les civils belges du Rwanda. Mais cette évacuation représente l'abandon des civils rwandais que ces casques bleus protégeaient jusque-là.

La quatorzième compagnie de parachutistes belges était cantonnée à l'ETO Don Bosco à Kigali. L'ETO, c'est l'Ecole technique officielle, une école où plus de 2000 Tutsis s'étaient réfugiés après la mort du président Juvénal Habyarimana dans l'attaque contre son avion.

Autour de l'école technique officielle, des milices hutu font le siège et massacrent les civils qui cherchent à sortir ou à entrer. Malgré ces tueries au vu et au su des parachutistes, malgré les supplications à genoux de ne pas partir de ceux qui se sont réfugiés à l'ETO Don Bosco, la centaine de soldats belges reçoit le 11 avril l'ordre de décrocher pour rallier l'aéroport.

C'est cet ordre et l'exécution de cet ordre qui sont au centre de ce procès. Pour les survivants à l'origine de la plainte, les officiers de l'ONU et du contingent belge ne pouvaient en aucun cas ignorer le sort qui attendait ceux qu'ils s'apprêtaient à abandonner. Sur deux mille personnes réfugiées à l'école technique officielle, seule une cinquantaine a finalement survécu.

C

Procès du putsch manqué au Burkina:
la société civile interpelle la justice

Le général Gilbert Diendéré au premier plan (g) à côté de l'ancien ministre des Affaires étrangères Djibrill Bassolé. Ils sont les principaux accusés dans le procès du putsch manqué de septembre 2015.
© AHMED OUOBA / AFP
 

Au Burkina Faso, après la suspension du procès du coup d'Etat de septembre 2015, la société civile donne de la voix. Une quinzaine d'organisations de la société civile lance un appel aux autorités politiques et judiciaires sur la tenue du procès et le traitement du fond du dossier. La société civile interpelle la justice, afin que tout soit mis en œuvre pour que toute la lumière soit faite sur les crimes et délits commis lors du putsch et que tous les auteurs et commanditaires soient condamnés à la hauteur de leur forfait.

Avant toute chose, ces organisations, parmi lesquelles le Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples, la Confédération générale du travail du Burkina, le Réseau national de lutte anti-corruption, saluent l'ouverture effective du procès.

Selon ces organisations, ce procès représente un test de crédibilité du système judiciaire burkinabè et de sa capacité à rendre justice. Elles appellent à une reprise du procès du coup d'Etat manqué dans les meilleures conditions. Alfred Sawadogo est le porte-parole du Front de renforcement de la citoyenneté (FRC) : « Ce qui nous intéresse, c’est qu’on aille au fond des choses et que ceux qui ont été accusés puissent avoir le droit à la parole pour éclairer l’opinion, et puis se défendre pour qu’on ne puisse pas les condamner comme si on avait amené du troupeau à l’abattoir  ».  

«Vérité et justice...»

Pour ces organisations, aucun compromis judiciaire ne sera accepté au nom de la réconciliation nationale. Pour elles, il ne peut y avoir de réconciliation nationale sans la vérité ni la justice. Elles se disent prêtes à faire échec à tout plan tendant à empêcher le bon déroulement du procès. Bassolma Bazié, secrétaire général de la Confédération générale du travail au Burkina Faso : « Et quelle que soit la façon dont il y aura soit des combines ou des tâtonnements dans le jugement de ce dossier, nous, nous restons fermes dans la mobilisation pour qu’il y ait la vérité et la justice ».

Pour la quinzaine de syndicats et d'organisations de la société civile signataires de l'appel, ce procès doit marquer le début de la fin  de l'impunité au Burkina Faso.

Manifestation
 
 
"Alors que nous entamons l’année du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il est on ne peut plus clair que personne parmi nous ne peut considérer un seul de ses droits fondamentaux comme acquis." - Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International.

Cette semaine, nous rendions public notre rapport annuel. Ce document établit, pour 2017, le bilan complet de la situation des droits humains dans le monde.

2017 a montré à quel point la bataille pour les droits humains est d’actualité, face à des défis grandissants. Des décideurs politiques du monde entier ont tenu des discours de haine, se sont battus contre les droits humains, ont ignoré des crimes contre l’humanité et ont laissé croître les inégalités. Mais ces injustices ont provoqué de nombreuses mobilisations, montrant que la volonté citoyenne de résister est toujours très forte.

La France se devrait d’être exemplaire dans ce contexte. Or c’est loin d’être le cas : les droits des réfugiés y sont bafoués, des libertés fondamentales sont menacées, les discriminations envers les minorités se poursuivent, notamment envers les Roms... La France poursuit par ailleurs ses ventes d’armes à l’Egypte ou l’Arabie Saoudite, malgré les risques qu’elles ne soient utilisées contre les populations civiles.
 
 
LIRE LE RAPPORT
 
Quand les sociétés cèdent à la haine, aux discours discriminatoires et la division, elles creusent des fossés en leur sein et entre elles. En nous unissant dans la solidarité, l'empathie et le respect, nos actions peuvent changer les choses.

La publication de ce rapport n’aurait pas pu voir le jour sans votre soutien et votre engagement en faveur de la défense des droits humains.

Très sincèrement, je tiens à vous remercier pour votre engagement à nos côtés.
 
 
  sylvie  
Sylvie Brigot-Vilain
Directrice Générale d'Amnesty International
France
signature
 
         
 
 
 
  Photo : Des policiers de New York arrêtent une femme qui participait à une marche 'Day Without a Woman' © Lucas Jackson/REUTERS