Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Dans le centre du Mali,
les civils souvent «victimes collatérales»

Vue de Mopti, une ville du centre du Mali (photo d'illustration).
© Getty Images/Friedrich Schmidt
 

L'expert indépendant de l'ONU pour les droits de l'homme a achevé le week-end du 18 mars une mission d'enquête dans le centre du Mali. Souleymane Baldo estime la situation complexe et inquiétante pour les populations civiles, mais veut rester optimiste.

Au centre du Mali, les populations civiles sont « sont de plus en plus des victimes collatérales » de la guerre entre jihadistes présumés et forces des armées régulières. C’est le constat de Souleymane Baldo, qui vient d’achever une mission d’enquête sur le terrain. Cet expert indépendant des Nations unies pour les droits de l’homme cite, par exemple, « des engins [qui] explosent lors de passage de bus ».

Les limites du tout sécuritaire

On parle également de présumés cas de bavures des forces régulières, ajoute l’expert international. Pour lui, afin de vaincre les jihadistes, les opérations militaires sur le terrain, ne suffisent pas. « Il y a un début d’investissement, d’intensification de la réponse pas seulement de la présence des forces de défense et de sécurité, mais aussi de l’administration civile et des stratégies intégrées de sécurisation de la région » explique l’expert. A ses yeux, « il faudra bien rassurer la population ».

Il achève sa mission au Mali, ajoute-t-il, sur une note d’espoir : le ferme engagement des autorités maliennes pour l’amélioration de la situation des droits de l’homme.

Ch

Héroïnes musulmanes au quotidien

logo Saphir News
Elles sont originaires du Soudan, de la Tunisie, de la Somalie, de la Russie ou sont nées et vivent en Finlande, au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, en Palestine et en Grande-Bretagne… Leurs identités sont multiples. Mais elles ont pour points communs d’être éprises de justice et d’œuvrer, souvent dans l’ombre, pour le bien commun comme pour l’intégration professionnelle, sociale et politique des femmes dans leurs sociétés. Elles sont des héroïnes au quotidien. Direction le Canada à la rencontre de Bochra Manai.

Lire quelques portraits de ces femmes de l’ombre par Samia Hathroubi sur Saphir News:

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« Il serait sage et opportun de faire évoluer en douceur le régime français des congrégations religieuses, sans attendre une éventuelle condamnation européenne » écrivent Vincent Cador et Grégor Puppinck en conclusion de leur article « De la conventionnalité du régime français des congrégations », dans la Revue du droit public et de la science politique en France et à l’étrange (janvier 2018).

Lire leur interprétation juridique des statuts des congrégations religieuses et les différentes enfreintes à la Convention européenne de sauvegarde des libertés fondamentales et des droits de l’homme :

Des doutes sur la conventionnalité du régime français des congrégations religieuses

Par Vincent Cador et Grégor Puppinck

Soeurs de la miséricorde, 24 sept. 2016 © L'Osservatore Romano

Soeurs de la miséricorde, 24 sept. 2016 © L'Osservatore Romano

*Vincent Cador et Grégor Puppinck ont publié en janvier 2018 un article de doctrine en droit public intitulé « De la conventionnalité du régime français des congrégations », dans la Revue du droit public et de la science politique en France et à l’étranger.* Les deux auteurs sont docteurs en droit et Grégor Puppinck, directeur de l’ECLJ, est membre du panel d’experts de l’OSCE sur la liberté de conscience et de religion.

L’article passe le régime français des congrégations religieuses au crible de la Convention européenne de sauvegarde des libertés fondamentales et des droits de l’homme (la Convention européenne). Ce régime contraignant, dérogatoire au droit commun des associations, est un double héritage de la Révolution française et de la République anticléricale du début du XXe siècle. Il apparaît en décalage avec le processus d’apaisement des relations entre l’État et l’Église depuis les années 1970 et surtout avec la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (la CEDH), protectrice de la liberté de religion (art. 9), de la liberté d’association (art. 11) et du principe de non-discrimination (art. 14).

Vincent Cador et Grégor Puppinck expliquent que, dans l’hypothèse d’un litige porté devant la CEDH opposant une congrégation à l’État français, « il est fort probable que les juges strasbourgeois condamneraient le régime français des congrégations, obligeant le gouvernement à faire procéder à sa révision ». Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs s’appuient sur la jurisprudence de la CEDH pour reproduire le raisonnement en trois étapes habituellement utilisé par cette dernière pour trancher les litiges qui lui sont soumis.

Tout d’abord, ils analysent la législation française sur les congrégations comme une ingérence dans les droits à la liberté de religion et à la liberté d’association. Contrairement aux associations de droit commun qui sont tenues à une simple déclaration, l’octroi de la personnalité juridique est pour les congrégations subordonné à un décret après avis conforme du Conseil d’État. De plus, la constitution d’une congrégation est soumise à des conditions particulièrement intrusives et la teneur de ses statuts est encadrée de manière stricte. À titre d’illustration, le Conseil d’État continue d’interdire aux congrégations de mentionner dans les statuts qu’elles doivent joindre à une demande reconnaissance les vœux « solennels », « perpétuels » ou « définitifs » de leurs membres[1] <https://eclj.org/religious-autonomy/french-institutions/des-doutes-sur-la-conventionnalit-du-rgime-franais-des-congrgations-religieuses#_ftn1>.

Une fois constituées, les congrégations subissent un contrôle rigoureux de la part des autorités publiques portant sur leur fonctionnement. Ces contraintes constituent une ingérence de la part de l’État dans la liberté de religion des religieux, qui s’exerce à travers leur liberté d’association et l’autonomie de leur organisation.

Ensuite, les auteurs se demandent si une telle ingérence poursuit un ou plusieurs buts légitimes, au sens des articles 9 et 11 de la Convention européenne. Le gouvernement français, en soumettant les congrégations à un régime dérogatoire, semble considérer qu’elles seraient par elles-mêmes une menace pour la sécurité publique, l’ordre, la santé et la moralité publics ou pour les droits et libertés d’autrui. Or, la pratique et les faits attestent au contraire de l’absence d’une telle menace. Il semble en réalité que les restrictions imposées aux congrégations, plutôt que de répondre à des objectifs légitimes, découlent du positionnement religieux des gouvernements anticléricaux du début du XXe siècle. Or, la jurisprudence de la CEDH exclut toute appréciation de la part de l’État sur la légitimité et les modalités d’expression des croyances religieuses.

Enfin, à supposer même que l’ingérence poursuive un ou plusieurs buts légitimes, les auteurs démontrent qu’elle ne serait pas « nécessaire dans une société démocratique ». En effet, des mesures moins restrictives pourraient être suffisantes pour faire face aux éventuels risques générés par l’existence des congrégations. Le régime des associations de droit commun, s’il était ouvert aux congrégations, n’empêcherait pas l’État de disposer de moyens suffisants et proportionnés pour continuer à surveiller leurs actions et pour prévenir d’éventuelles atteintes à la santé publique ou aux droits et libertés d’autrui. De plus, les lois du 1er juillet 1901 et du 12 juin 2001 contiennent des dispositions permettant de dissoudre une association de droit commun en cas de dérive particulière.

En plus de ce raisonnement en trois étapes, l’article montre que le caractère dérogatoire et contraignant du régime des congrégations constitue en outre une discrimination fondée sur la religion, au sens de l’article 14 de la Convention européenne. Les congrégations sont comparables aux associations de droit commun en tant que groupes de personnes se réunissant en vue d’un objectif commun, et à plus forte raison se rapprochent-elles aussi des associations cultuelles avec lesquelles elles partagent une connotation « religieuse ». Or, la différence de traitement qui existe entre ces groupes présente, en ce qu’elle est dépourvue de toute justification objective et raisonnable, un caractère discriminatoire. Cette discrimination pèse essentiellement sur une religion particulière, à savoir l’Église catholique, comme en témoigne le décret toujours en vigueur du 16 août 1901. En effet, celui-ci indique que la demande d’autorisation de la congrégation doit être accompagnée d’une déclaration par laquelle « l’*évêque du diocèse* s’engage à prendre la congrégation et ses membres sous sa juridiction » (article 20). Le fait que les représentants d’une seule religion soient mentionnés souligne la volonté de discriminer les catholiques. Même si le statut visé au titre III de la loi de 1901 a été récemment étendu à des congrégations relevant d’autres cultes, il cible donc avant tout les catholiques, et l’immense majorité des congrégations reconnues sont de fait catholiques. Le régime des congrégations révèle ainsi une discrimination religieuse dans la jouissance des droits à la liberté d’association et à la liberté de religion.

Le statut des congrégations n’est pas le seul héritage de l’histoire française posant des difficultés au regard de la liberté de religion telle que protégée par le droit européen. C’est, par exemple, également le cas de l’interdiction d’enseigner dans les écoles maternelles et primaires publiques dont sont victimes les religieux depuis la loi Goblet du 30 octobre 1886. En effet, le Code de l’éducation énonce toujours que *« dans les établissements du premier degré publics, l’enseignement est exclusivement confié à un personnel laïque »* (article L 141-5). Cette exclusion des religieux de l’exercice d’un métier peut être considérée, à la lumière de la jurisprudence de la CEDH, comme une autre discrimination fondée sur la religion.

Vincent Cador et Grégor Puppinck se réjouissent de l’évolution des dernières décennies favorable à la liberté de religion en France. Ils appellent à profiter de ce contexte moins conflictuel pour protéger encore davantage cette liberté, conformément à la jurisprudence de la CEDH. En particulier, selon eux, il serait sage et opportun de faire évoluer en douceur le régime français des congrégations religieuses, sans attendre une éventuelle condamnation européenne.

Mali: la réponse doctrinale à la violence
appartient à certains religieux

carte du Mali

«En tant qu’État, nous assumons la partie administrative et sécuritaire. Mais la réponse doctrinale appartient aux religieux, ceux qui ont une interprétation de la religion totalement différente de celle que les terroristes essayent de nous imposer», a expliqué le Premier ministre lors de cette visite à Banconi. Depuis sa nomination à cette haute fonction, Soumeylou Boubèye Maïga œuvre afin donner un nouveau souffle à la mobilisation des religieux autour de l’État pour barrer le chemin à ceux qui veulent détruire les fondements sur lesquels «reposent notre société et notre État». Au nombre de ces fondements, il a cité les valeurs républicaines de laïcité, de tolérance, de coexistence harmonieuse entre toutes les communautés. Aussi, a-t-il souligné, le Mali bénéficie de la solidarité du monde entier parce qu’il est identifié comme une nation respectueuse de la diversité, de la pluralité, de la démocratie. «Quand nous aurons perdu ces valeurs-là, nous n’aurons plus d’amis», a averti Soumeylou Boubèye Maïga. Il s’agit pour nous, ajoute-t-il, de travailler à ne pas tomber dans le piège. [… Lire l’article  complet « Lutte contre l’extrémisme violent : Le Premier ministre sollicite l’implication des leaders religieux » par L’Essor sur Maliweb, 06/03/18]

Cette intervention fait suite aux violences dont souffrent les Maliens dans certaines régions.

Les deux premiers mois de l’année 2018 ont été marqués par la dégradation de la situation sécuritaire dans le cercle de Koro. Les affrontements intercommunautaires se sont multipliés avec des morts d’hommes et de nombreux dégâts matériels.
L’assassinat en juin 2017 d’un chasseur dogon par des présumés djihadistes a provoqué des affrontements intercommunautaires entre les communautés peulh et dogon des villages de Gondogouro (commune de Diankabou), Tanfadala et Nawadjè (commune de Dioungani). Depuis cette date, la tension reste toujours vive entre les deux communautés et le conflit semble se déplacer pour embraser toutes les communes de l’est de Koro (Dinangourou, Dioungani, Yoro et Bondo).

Pour mettre fin aux affrontements intercommunautaires et éviter l’amalgame, une mission, composée des associations culturelles Ginna Dogon et Tabital Pulaku, du chef de la mission d’appui à la réconciliation, des honorables députés élus, du centre pour le dialogue humanitaire (HD), avait pu réunir les chefs de village des localités concernées.

Cette médiation avait abouti à un accord dans lequel les deux communautés des villages concernés se sont engagées à mettre fin aux affrontements. Un comité de suivi de quinze membres avait alors été mis en place pour veiller au respect des engagements.

Mais au moment où la situation semblait se calmer, voilà que depuis mi-février dans plusieurs villages des communes de Dioungani, Bondo et Dinangourou, on assiste malheureusement à des affrontements intercommunautaires, avec encore des morts d’hommes et de nombreux dégâts matériels. [… Lire la suite de: « Mali : Koro : Les affrontements intercommunautaires ont repris », Alassane Samaké, L’essor sur MaliActu.net, 07/03/18]

Côte d'Ivoire: colère et émotion
après le meurtre rituel d'un enfant de 4 ans

Une vue du quartier de Cocody à Abidjan, où a été retrouvé le corps du petit Bouba (image d'illustration).
© AFP/SIA KAMBOU
 

#JesuisBouba domine les réseaux sociaux depuis quelques jours en Côte d'Ivoire. Bouba est le nom d'un petit garçon de 4 ans, sauvagement assassiné à Abidjan pour les besoins d'un sacrifice rituel. Ce genre de drame n'a rien de nouveau dans le pays, mais cette fois l'affaire suscite une profonde indignation, jusqu'au sommet de l'Etat.

C'est actuellement le portrait le plus connu de Côte d'Ivoire. Un jeune garçon souriant dans une chemise à carreaux bleus brandissant l'index et le majeur en V. Bouba, de son vrai nom Aboubacar Sidick Traoré, était porté disparu depuis le week-end du 24 février.

Résident du quartier de Williamsville dans le centre d'Abidjan, l'enfant de 4 ans a été retrouvé à Cocody-Angré, dans l'est de la ville, son corps enterré, les membres ligotés, la gorge tranchée.

La dépouille a été retrouvée grâce aux indications d'Etienne Sagno, un bijoutier de 27 ans. Dans un interrogatoire de la police filmé de nuit sur le lieu même où a été découvert le petit Bouba, il confesse être l'assassin et détaille son mode opératoire macabre. La raison de cette barbarie : l'espoir d'être riche en sacrifiant un être humain.

Le bijoutier révèle que c'est un marabout qui lui a dicté ces consignes nécessaires, selon lui, pour rendre le sacrifice efficace. D'après la police, cela faisait quelques années qu'aucun cas de sacrifice rituel ne lui avait été rapporté. Mais ces dernières semaines, plusieurs cas de disparitions d'enfants ont été signalés.

La mort de Bouba a provoqué une vague de colère dans le pays. Le gouvernement ivoirien, et même la première dame Dominique Ouattara, ont partagé leur peine sur les réseaux sociaux. Samedi dernier, une marche silencieuse a réuni des dizaines de personnes à Cocody-Angré au slogan de « Plus jamais ça ! »

De source policière, les cinq membres d'un groupe criminel organisé ont été arrêtés, deux ont été déférés au parquet. Le marabout est toujours en fuite.