Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Un texte du père Norbert Angibaud, qui a vécu de nombreuses années dans ce pays.

 

L’ACCAPAREMENT DES TERRES
(LE CAS  DU MOZAMBIQUE)

« Notre planète offre à l’homme tout ce dont il a besoin, mais pas tout ce qu’il convoite » (Gandhi)

(Economie au service de l’homme, ou l’homme au service de l’économie ?)

(Land grab ou developing opportunity ?)

 culture

 

C’est probablement la plus grande injustice qui est faite au Mozambique. Le Mozambique a concédé des milliers d’hectares à des Etats ou des compagnies étrangers, déjà entre 2004 et 2008, selon la Banque Mondiale.

« L’accès à la terre des paysans – les sans-voix, ceux sui n’ont pas de titre de propriété sur leur espace vital contrairement aux grandes entreprises qui, souvent, provoquent des dommages environnementaux. »

Beaucoup d’agriculteurs sont en train de devenir des sans-terres

à cause des multinationales.

(lire la suite)

Comment concilier les libertés d’expression
et de religion?

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Le 31 janvier 2018, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu un arrêt de chambre (non définitif) dans l’affaire Sekmadienis Ltd. c. Lituanie (n°69317/14) portant sur des publicités commerciales attaquant le christianisme et la moralité publique. La Cour a considéré que les juridictions lituaniennes, en condamnant le fabricant de vêtements à une amende, avaient violé son droit à la liberté d’expression.[…]

D’après le rapport du CCDH – EXP, les « devoirs et responsabilités » de ceux qui exercent la liberté d’expression semblent avoir un poids de plus en plus faible dans la jurisprudence récente de la Cour européenne.[…]

Les devoirs et responsabilités constitutifs de la liberté d’expression sont négligés et les choix religieux « anticonformistes » sont privilégiés. Le relativisme religieux et moral n’est donc pas un constat mais un choix politique et idéologique imposé par le Conseil de l’Europe et l’ONU à des peuples réticents.  […]

Même si c’est au christianisme que les publicités portent atteinte, le contexte plus général de la contestation de la liberté d’expression par des communautés musulmanes permet de mieux comprendre l’approche de la CEDH. C’est en réalité la crainte d’un verrouillage de la liberté d’expression par l’islam qui semble conduire la Cour à ne pas tenir compte de l’offense vécue par les chrétiens lituaniens et à dégager des principes généraux permissifs. En effet, les juges de Strasbourg doivent trancher de plus en plus de litiges concernant la liberté d’expression sur la religion musulmane et veulent à juste titre protéger la faculté de provoquer pour briser des idoles et susciter le débat. Cette liberté doit en effet être protégée même lorsque des communautés musulmanes tentent d’imposer une censure par la violence, pouvant aller jusqu’à des assassinats comme le 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo à Paris. L’actualité de l’islam perturbe l’appréciation de la Cour européenne et les réactions disproportionnées de croyants musulmans refusant toute critique de leur religion incitent les juges à ignorer de manière générale l’avis des communautés religieuses, même les plus pacifiques.

Or, il est difficile (voire impossible) d’appliquer les mêmes règles à des religions n’ayant pas du tout la même relation au débat fondé sur la raison et la recherche sincère de la vérité. En effet, alors que les communautés chrétiennes se plaignent parfois d’offenses visant à blesser gratuitement et ayant un impact négatif général sur l’ensemble de la société et sur la morale, des communautés musulmanes tendent à réagir fortement et systématiquement afin de faire obstacle à tout débat, ce dont témoignent deux affaires pendantes à la CEDH.[…]

Dans un objectif de paix, les différentes institutions et juridictions doivent favoriser les droits et libertés permettant la recherche sincère de la vérité, y compris religieuse, et les débats contradictoires fondés sur la raison et mêlant fermeté et courtoisie.

Lire l’article complet: « Comment concilier les libertés d’expression et de religion ? » par Nicolas Bauer, ECLJ, fév. ’18.

Le fichier pdf étant un peu lourd, nous préférons donner ci-dessous le lien pour accéder directement à ses 56 pages. Il est aussi possible bien sûr de l'enregistrer.

Le diocèse de Paris propose des fiches sur les questions de bioéthique, disponibles ici en pièces jointes

Publié le par Secteur pastoral de Muzillac

Il faut rappeler sans cesse - y compris aux catholiques mondains - que LA FIN NE JUSTIFIE PAS LES MOYENS. Merci au diocèse de Paris pour ce travail remarquable.

P.Jean-Eudes

Opposition du Vatican à la colonisation idéologique
par les plus puissants et les plus riches

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« Le système de développement ne devrait jamais être utilisé comme cheval de Troie pour attaquer les valeurs culturelles et religieuses des pays en développement », a déclaré Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies. Le Saint-Siège, a-t-il dit, dénonce les tentatives « de donateurs puissants et fortunés d’obliger les pays en développement … à accepter des pratiques sécularisées en matière de sexualité humaine, de vie, de famille et même d’anthropologie fondamentale, comme condition de la réception de l’aide au développement ».

Mgr Auza a réaffirmé avec force la position du Vatican au sujet de « la colonisation idéologique » au cours de l’événement sur le thème « Promouvoir le développement intégral des femmes et des filles rurales en Afrique à l’ère de la colonisation idéologique » qui a eu lieu le 19 mars 2018, indique la Mission permanente d’observation du Saint-Siège [… Lire la suite: « ONU : le Saint-Siège dénonce les attaques contre les valeurs des pays en développement. Conférence sur le développement intégral des femmes rurales en Afrique« , Marina Droujinina, Zenit, 20/03/18.

Viol au Sénégal : « Cachez ces victimes que nous ne saurions voir ! »

 
par

Fatima Zahra Sall est juriste. Elle est l’une des initiatrices de la plainte déposée pour « apologie du viol » suite aux propos tenus par un chroniqueur sur une chaîne sénégalaise.

Suite aux propos du professeur de philosophie Songue Diouf, qui affirmait le 9 mars à la télévision sénégalaise qu'une femme pousserait un homme à la violer, la juriste Fatima Zahra Sall a déposé une plainte pour « apologie du viol » et dénonce le silence quasi total des pouvoirs publics.

Tribune. « Nous devrions porter plainte, parce que vous faites tout pour que nous vous violions. Et quand nous vous violons, nous allons en prison et vous, qui avez tout fait pour qu’on vous viole, vous continuez à être libres. J’assume pleinement et entièrement ce que je dis : je coupe la poire en deux ! » L’homme qui prétend ainsi imputer une part de la responsabilité du viol qu’elles ont subi aux jeunes filles qui s’habillent de manière « sexy », proposant d’adoucir la peine du violeur, est El Hadj Songue Diouf, chroniqueur dans le talk-show « Jaakarlo Bi », diffusé sur la Télévision Futurs Médias (TFM), la chaîne du célèbre chanteur Youssou Ndour.

« Même au sein de la maison, celle qu’on a violée, c’est celle qui a des formes généreuses », ajoutait, le 9 mars, celui qui est présenté sur le plateau comme un « professeur » – il enseignerait la philosophie dans un lycée dakarois.

Aussitôt, les réactions indignées fusent de toutes parts. Une pétition, qui atteint aujourd’hui les 5 000 signatures, est lancée sur Facebook pour demander des excuses publiques. Par ailleurs, une citation directe est déposée contre El Hadj Songue Diouf pour apologie du viol, diffamation et injures, délits réprimés aux articles 252, 258, 261 et 262 du code pénal sénégalais.

Feindre l’ignorance

Du coté des autorités, par contre, c’est le silence radio. Hormis le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), qui s’est fendu d’un communiqué enjoignant la direction de la chaîne de « mettre un terme définitif à de pareils manquements et à éviter toute rediffusion de l’émission du 9 mars 2018 sous peine de l’application des sanctions prévues par la loi », les institutions publiques – notamment le ministère de la Femme, de la Famille et du Genre – sont jusque-là restées muettes, préférant feindre l’ignorance.

A l’inverse, sur les réseaux sociaux, certains n’hésitent pas à prendre la défense du « professeur » Diouf, alimentant cette idée abjecte d’une responsabilité partagée entre le violeur et sa victime. Le présentateur de l’émission, tout en réaffirmant son soutien à son chroniqueur, a toutefois préféré démissionner à la suite d’un désaccord né de la prise de position du directeur des programmes de la chaîne, lequel condamne les propos tenus.

Cet épisode renseigne sur plus grave : le manque criant d’éducation sur le sujet, et ce que nous qualifions au Sénégal    d’« omerta du viol ».

Récemment, une exposition supervisée par l’Université du Kansas montrait les vêtements que dix-huit victimes d’un viol portaient au moment où elles ont été agressées. Pour certaines, il s’agissait d’un simple jean et d’un t-shirt. Mais dans la quasi-totalité des cas, nulle tenue mettant en valeur des « formes généreuses ».

Dressant le profil-type du violeur, des médecins ont démontré qu’il présente généralement les traits d’un être égocentrique, tourné vers la satisfaction de ses désirs, incapable de prendre en compte ce qu’éprouve sa victime. Sans le moindre rapport entre son acte et l’habillement de celle-ci.

C’est ton oncle : fais tout pour qu’il n’aille pas en prison !

Les déclarations malheureuses tenues sur TFM n’ont pas entrainé qu’indignation et poursuites judiciaires. Les langues se sont déliées, et pour la première fois, sur la toile sénégalaise – où le viol figure en tête des sujets tabous –, des victimes ont décidé de s’exprimer tout en préservant leur anonymat. Le contenu de certains récits fait froid dans le dos.

« Le lendemain, ma mère m’a dit : “C’est ton oncle, c’est ta famille : fais tout pour qu’il n’aille pas en prison !” », raconte une victime alors âgée de 14 ans. « Je pouvais rester trois semaines à un mois allongée comme un légume, à pleurer. Je n’avais plus d’amis, plus de famille : à 16 ans, c’est compliqué à gérer, cette solitude et cette affliction. J’ai d’ailleurs tenté de me suicider. Je me suis retrouvée SDF pendant un an, et quand j’ai demandé à revenir, mon père a refusé en disant qu’il ne voulait pas que je contamine son autre fille. »

Culture du viol

Au Sénégal, nombreuses sont les victimes de viol qui ont eu à supporter  les mêmes remarques ignobles. « Tu n’avais qu’à mieux te couvrir », lançait à une victime son propre père. Dans bien des cas, on retrouve des similitudes : protection du violeur par l’entourage, impunité, diabolisation de la victime… La poire honteusement « coupée en deux » ! La culture du viol dans toute son horreur.

La société sénégalaise est assise au premier banc des accusés, elle qui trouve si souvent refuge dans le « masla » et le « sutura » (une discrétion bienveillante) en vertu desquels on dissimule tout délit ou crime dont l’ébruitement pourrait porter atteinte à l’image ou à la réputation de la famille ou du groupe. Face au viol, « masla » et « sutura » se transforment en boulets sociologiques qui dissuadent toute action en justice et proscrivent jusqu’au soutien élémentaire de la victime. Celle-ci se retrouve donc livrée à elle-même, souvent obligée de cohabiter avec son agresseur – dans 65 % des cas, le violeur est un proche parent. Les rares fois où elle trouve le courage de dénoncer son bourreau, elle est exclue du groupe et jetée en pâture par les semblables du « professeur ».

Se libérer de la honte

Déconstruire cette mentalité rendant la victime complice du crime ou du délit qu’elle a subi est un enjeu capital pour la société sénégalaise. Sur Internet, des groupes comme « Nopiwouma » (« Je ne me tairai pas ») incitent ainsi les personnes ayant subi une agression sexuelle à partager leur histoire en toute confidentialité, afin de se libérer de la honte imposé par une société souvent injuste.

Une lutte indispensable contre la culture du viol, et au-delà contre toute forme de violence exercée sur les femmes et les enfants, afin que soient rétabli au Sénégal le respect de la dignité humaine.