Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Comment s’expliquent les attaques
contre la communauté chrétienne au Burkina Faso? |The Conversation

 

Depuis 2015, les groupes djihadistes, auparavant surtout actifs au Mali, se sont progressivement implantés au Burkina Faso. Les attaques se sont multipliées dans le courant de l’année 2018 et plus encore depuis le début 2019, forçant l’exode de plus de 100 000 personnes.

Les groupes djihadistes, parmi lesquelles se trouvent la coalition Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM, liée au réseau Al-Qaeda), l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et le groupe proprement burkinabè Ansaroul Islam, sont ainsi parvenus à imposer leur vision de l’islam et leurs lois en expulsant, de facto, l’État de plusieurs secteurs ruraux du nord et de l’est du pays.

Louis Audet Gosselin, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Les attaques visent principalement les symboles de l’État (militaires, écoles, centres de santé) ainsi que les personnalités locales (imams, chefs coutumiers, commerçants, élus, groupes d’autodéfense) qui sont perçus comme des collaborateurs de l’État ou représentent une autorité alternative. Depuis avril 2019, une série d’attaques a également touché l’église des Assemblées de Dieu de Silgadji (province du Soum), les églises catholiques de Dablo (Sanmatenga) et de Toulfé (Loroum) ainsi qu’une procession catholique à Zimtenga (Bam). Ces attaques, auxquelles s’ajoute l’enlèvement du curé de Djibo Joël Yougbaré en mars, ont fait 20 victimes (Nsaiba 2019).

Tester la solidité du « dialogue interreligieux »

Ces attaques viennent tester la solidité du « dialogue inter-religieux » pourtant fort vanté au Burkina Faso. En effet, le pays est souvent pris comme exemple de bonne entente et de dialogue actif entre les religions. Cela s’incarne d’abord dans la réalité vécue d’une société pluraliste où la majorité musulmane (60 %, INSD 2009) vit en contact quotidien, souvent au sein des familles, avec les minorités catholique (20 %), animiste (15 %) et protestante (5 %).

De plus, le dialogue est mis de l’avant par l’État et certaines organisations religieuses dans des forums officiels et des collaborations ponctuelles ou permanentes pour le développement, la santé ou pour promouvoir la paix sociale (Langewiesche 2011 ; Kaboré 2015). Malgré tout, ce dialogue interreligieux est plus fragile qu’il n’y paraît

Le déferlement de violence physique et sur les réseaux sociaux envers la communauté peule montre que l’arrivée des groupes djihadistes a enflammé des tensions communautaires déjà présentes. Les conflits autour de l’occupation des terres entre les éleveurs peuls et les agriculteurs sont fréquents depuis plusieurs décennies.

La force d’attraction de l’islam salafiste

Sur le plan religieux, le dialogue apparaît souvent comme une posture officielle qui cache une réalité moins harmonieuse. Le dialogue est en effet sérieusement remis en question au sein de certains mouvements en forte croissance. C’est le cas de l’islam salafiste, très populaire auprès des jeunes musulmans, qui prône une coupure symbolique avec les autres communautés et reste en retrait des activités de dialogue interreligieux.

Cette mouvance, regroupée principalement au sein du Mouvement sunnite du Burkina mais également autour de prédicateurs indépendants ou affiliés à la Communauté musulmane du Burkina Faso, se caractérise, en effet, par un rejet affiché des autres cultes

C’est aussi le cas dans les Églises évangéliques, où bon nombre de leaders et de fidèles voient les autres croyances comme des forces diaboliques à combattre et s’engagent dans un prosélytisme actif qui cible en particulier la communauté musulmane majoritaire

Dans le nord du Burkina Faso, où la population est à très forte majorité musulmane, ces initiatives de conversion déstabilisent les communautés locales. Quant à elles, les communautés catholiques du Sahel sont en grande partie composées de fonctionnaires originaires d’autres régions (Kaboré 2015).

La communauté est donc localement perçue comme étrangère et comme étroitement associée à l’État, faisant des catholiques des cibles pour des groupes armés déterminés à saper toute autorité concurrente. En contraste, les groupes djihadistes de l’Est du pays ont pour le moment laissé les communautés chrétiennes, beaucoup plus nombreuses et intégrées dans le tissu social, tranquilles.

Plus qu’une amorce d’un conflit interreligieux, ces attaques s’inscrivent plutôt dans une escalade de la violence et une amplification des attaques contre les civils depuis 2018. Ces violences ont entraîné des réactions disproportionnées de l’armée et des massacres de la part de milices d’autodéfense. Ces réactions, qui visent de façon indiscriminée la communauté peule vue par plusieurs au sein de l’armée comme de la société civile comme complice des djihadistes, accélèrent le recrutement des groupes armés au sein de cette communauté.

Les Forces de défense et de sécurité et les milices d’autodéfense ont à ce jour causé plus de victimes civiles que les djihadistes (ACLED 2019b). L’attaque des communautés chrétiennes risque, par ailleurs, d’accentuer la répression devant l’indignation des communautés chrétiennes burkinabè, malgré les appels au calme de la hiérarchie catholique (Le Monde 2019).

Louis Audet Gosselin, Chercheur associé à la Chaire Islam contemporain en Afrique de l’Ouest , Université du Québec à Montréal (UQAM)

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.

Si cet email ne s'affiche pas correctement,cliquez-ici.
Amnesty International France _ Indépendant grâce à vous, efficace avec vous !
Qui a tué Marielle Franco ? Obtenons justice et vérité
 Le 14 mars 2018, la conseillère municipale de Rio de Janeiro et défenseure des droits humains Marielle Franco ainsi que son chauffeur Anderson Gomes sont abattus par balle en pleine rue.
Marielle était une jeune femme  noire de 38 ans, ouvertement bisexuelle. Elle était connue pour avoir dénoncé des violations des droits humains, notamment celles subies par les jeunes noirs vivant dans les favelas, les femmes et la communauté des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI).
 
Cela fait plus d’un an que Marielle et son chauffeur ont été assassinés et les autorités brésiliennes n’ont toujours pas fourni de réponses acceptables à leurs familles.  
 
Le 12 mars 2019, deux individus ont été arrêtés en lien avec son assassinat. Ces nouvelles informations doivent permettre d’approfondir l’enquête afin de traduire en justice tous les responsables, y compris les commanditaires de ces meurtres. L’impunité contribue à la mise en danger de tous les défenseurs.
 
Aidez-nous à renforcer la pression sur les autorités brésiliennes pour que cet assassinat soit élucidé. Signez notre pétition.
JE SIGNE LA PÉTITION

Le Brésil est l’un des pays les plus dangereux pour les défenseurs des droits humains. Le bilan des autorités brésiliennes en ce qui concerne les enquêtes sur les homicides de défenseurs des droits humains et ceux dans lesquels des policiers sont impliqués est déplorable.

Amnesty International a mobilisé des centaines de milliers de personnes dans le monde en 2018 pour réclamer la justice pour Marielle Franco. Il faut rappeler aux autorités brésiliennes que le monde les observe et continuera à faire pression tant que l’affaire ne sera pas résolue.

QUI L’A TUÉE, ET POUR QUELLES RAISONS ?

Marielle a siégé au sein de la Commission des droits humains de l’État de Rio de Janeiro de 2006 à 2016, et avait dans ce cadre souvent dénoncé les exécutions extrajudiciaires et d’autres atteintes aux droits humains perpétrées par des policiers et des membres des forces de sécurité de l’État. Peu avant son assassinat, Marielle Franco avait été nommée pour surveiller l’intervention des autorités fédérales dans la sécurité publique à Rio de Janeiro.

Nous savons par les médias que les caméras près de la scène du crime ont été coupées; que ceux qui ont appuyé sur la gâchette ont reçu une formation pour manipuler les armes et que les munitions utilisées ont été détournées d’un lot vendu à la police fédérale brésilienne. En outre, l’arme employée, une mitraillette, appartient aux forces de sécurité et pourrait avoir été détournée de l’arsenal de la police civile qui enquête sur l’affaire. La nature de la fusillade et les informations selon lesquelles les assaillants se trouvaient à bord de deux véhicules semblent indiquer que l’assassinat avait été méticuleusement préparé et qu’il a été perpétré par des personnes entraînées.

Ensemble, exigeons du gouverneur général de l’Etat de Rio, Wilson Witzel et du procureur général de l’Etat de Rio, Eduardo Gussem que les enquêtes sur les meurtres de Marielle Franco et Anderson Gomes se poursuivent jusqu’à ce que les commanditaires soient identifiés et traduits en justice. Exigeons aussi  qu’ils protègent activement les défenseurs des droits humains au Brésil.

Je vous remercie de votre engagement pour la protection des défenseurs des droits humains,

Sylvie Brigot-Vilain
Directrice générale d'Amnesty International France
Photo : © CC-BY-NC- Les informations que nous recueillons sont enregistrées dans un fichier informatisé et sécurisé par Amnesty International France (AIF), à des fins de traitement administratif de votre don et de votre reçu fiscal, pour répondre à vos demandes, pour vous communiquer des informations en lien avec notre mission ou pour faire appel à votre engagement. Le responsable de traitement est AIF, Association Loi 1901, dont le siège social est situé au 76 bd de la Villette, 75940 Paris cedex 19. AIF est représentée par Cécile Coudriou, sa Présidente.
- Ces données sont destinées à AIF et aux tiers mandatés par AIF. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amené à recevoir des courriers d’autres organismes du secteur caritatif. Vos données personnelles sont hébergées sur des serveurs informatiques situés en Europe et aux Etats-Unis. Des règles assurant la protection et la sécurité de ces données ont été mises en place. Elles sont disponibles sur simple demande adressée à AIF. Ces informations sont conservées pendant la durée strictement nécessaire à la réalisation des finalités précitées. Conformément à la loi « informatique et libertés » et à la réglementation européenne, vous disposez d’un droit d’accès,  de rectification, de suppression, de restriction et d’opposition au traitement des données vous concernant en contactant le service Relations membres et donateurs d’AIF à l’adresse mentionnée ci-dessus, par email (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.) ou par téléphone (01 53 38 65 80). Vous pouvez également introduire une réclamation auprès de la CNIL.
- Si vous ne souhaitez plus recevoir d'e-mails de ce type, vous pouvez vous désinscrire.

Libye : le pape François appelle à mettre en place
des « corridors humanitaires » pour secourir les migrants

| Par Jeune Afrique avec AFP

Le pape François, réagissant le 7 juillet au récent bombardement meurtrier en Libye d'un centre de détention de migrants, a appelé à l'organisation de "corridors humanitaires" pour venir en aide aux migrants "les plus nécessiteux".

« La communauté internationale ne peut tolérer des faits aussi graves », a assuré le pape après la traditionnelle prière de l’Angelus sur la place Saint-Pierre.

« Je souhaite que soient organisés de manière étendue et concertée les corridors humanitaires pour les migrants les plus dans le besoin », a-t-il ajouté.

Le souverain pontife argentin, qui a fait de la défense des migrants l’un des axes majeurs de son pontificat, a aussi appelé les fidèles à « prier pour les pauvres personnes sans défense tuées ou blessées mardi dans l’attaque aérienne qui a touché un centre de détention de migrants en Libye ».

44 personnes tuées

Après la mort de 44 migrants dans un raid aérien mardi soir contre leur centre à Tajoura, une banlieue est de Tripoli, quelque 300 migrants y sont toujours détenus, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Leur situation est devenue plus critique depuis le début de l’offensive militaire le 4 avril du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen, pour conquérir Tripoli, siège du Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU.

La frappe menée mardi à Tajoura a été attribuée par le gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli aux forces rivales de Khalifa Haftar.

Mais le porte-parole des forces pro-Haftar, Ahmad al-Mesmari, a démenti toute implication dans l’attaque, accusant en retour le GNA de « fomenter un complot » pour leur faire endosser la responsabilité du carnage.

Le centre de détention touché par l’attaque abritait environ 600 migrants, en majorité érythréens et soudanais, et deux de ses cinq hangars ont été frappés, selon le responsable du centre Noureddine al-Grifi. Quelque 120 migrants se trouvaient dans le hangar n°3, touché de plein fouet.

Paludisme: une toxine anti-moustique pour lutter contre la maladie

media
 
Larves d'anophèles, ces moustiques qui sont les principaux vecteurs du paludisme. LUIS ROBAYO / AFP

C'est peut-être une belle avancée dans la lutte contre le paludisme. La malaide infectieuse tue encore environ 450 000 personnes par an. Une équipe de chercheurs d'une université américaine a réussi à isoler une arme contre les anophèles, ces insectes qui sont les principaux vecteurs du paludisme. Les chercheurs ont utilisé une bactérie qui sécrète naturellement un poison contre eux. Une découverte qui vaut à cette équipe une publication dans la prestigieuse revue Nature Communications.

 

Son nom - PMP 1 - n'est pas très évocateur, mais cette toxine est une tueuse de moustiques. Et pas n'importe lesquels : les anophèles, vecteurs du paludisme. C'est une bactérie qui produit cette toxine. Elle est connue depuis les années 1990, mais jusqu'à présent, elle n'avait jamais réussi à être isolée. C'est désormais chose faite, grâce au travail de dix ans d'un laboratoire de l'université californienne de Riverside.

« Cette bactérie produit une toxine qui vise les anophèles, explique Estefania Contreras, qui a mené ces recherches. Cela peut nous aider à mettre au point des stratégies pour contrôler ces moustiques. Le plus important à mes yeux, c'est que cette bactérie peut se développer très facilement dans les régions endémiques du paludisme. Maintenant qu'on sait isoler la toxine, on pourra la récolter et l'utiliser en spray ou en pommade dans les endroits où vivent les moustiques. »

La toxine pourra donc être administrée directement sur la peau humaine. C'est en effet le deuxième gros avantage de PMP 1 : elle est complétement inoffensive pour les autres êtres vivants. Elle ne frappe que les anophèles. Même les autres insectes sont épargnés.

Il s'agit donc d'une belle avancée obtenue en laboratoire. Mais comme souvent, il faudra encore attendre pour la voir appliquée sur le terrain. car si le mécanisme est connu, il faut encore développer l'insecticide qui l'utilisera.

 

►Lire en anglais l'article publié dans la revue Nature Communications

 
Sur le même sujet

Niger : « L’organisation du sommet de l’UA
a été un grand défi pour le pays »

| Par

Sécurité, infrastructures, impact sur les opérateurs économiques... À la veille de l’ouverture du sommet exceptionnel de l’Union africaine à Niamey, Mohamed Saidil Moctar, le ministre en charge de l’organisation, révèle les ambitions du Niger et justifie les travaux dispendieux occasionnés.

Le sommet de l’Union africaine (UA) s’apprête à s’ouvrir dans un contexte sécuritaire particulier. Lundi, le Niger, pays hôte, a essuyé une nouvelle attaque terroriste dans un camp de l’armée à l’Ouest, près de la frontière malienne, faisant au moins 18 morts et quatre portés disparus parmi les militaires. Une riposte de l’armée nigérienne, avec un appui aérien français et américain, « a permis de mettre l’ennemi en déroute hors de nos frontières », avait annoncé le ministère de la Défense. L’attaque n’a néanmoins pas remis en cause l’ouverture du sommet de l’UA à Niamey, où quelque 4 000 participants sont attendus du 4 au 7 juillet.

Alors qu’une réforme de l’UA en avait pourtant supprimé le traditionnel sommet de milieu d’année – le remplaçant par une réunion restreinte intitulée « sommet de coordination » -, le Niger n’a pas hésité à convoquer cette réunion extraordinaire, durant laquelle une cinquantaine de chefs d’État sont attendus pour célébrer le premier anniversaire de la signature du traité instituant la Zone de libre-échange continentale (Zlec).

Si l’Union africaine se serre la ceinture, réduisant son budget régulier pour la deuxième année consécutive, avec une baisse de 32 millions de dollars (28 millions d’euros) prévue pour 2020, le Niger semble bien décidé à accueillir ses invités avec apparat. Construction du centre de conférences Mahatma-Gandhi (qui ne sera pas achevé à temps pour le sommet), rénovation du Palais des congrès, inaugurations de l’aéroport international Diori Hamani et de l’hôtel Radisson Blu par le président Mahamadou Issoufou… Des rénovations coûteuses et des inaugurations en série, pour un coût total estimé à près de 450 milliards de francs CFA.

Mohamed Saidil Moctar, ministre et conseiller spécial du président, planche depuis 2016 sur l’organisation du sommet. Il est le directeur général de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence de l’Union africaine (Agence UA Niger), une structure rattachée à la présidence créée spécialement pour l’événement. Le ministre, qui cite Dubaï et Kigali en modèles et rêverait de faire de la capitale nigérienne un haut lieu d’accueil d’événements internationaux, se défend de toute ambition démesurée.

Jeune Afrique : Les travaux du centre de conférences Mahatma Gandhi, qui devait abriter une partie de l’événement, ne seront pas achevés avant le début du sommet. Niamey est-elle prête pour accueillir le sommet, et la capitale est-elle sécurisée ?

Mohamed Saidil Moctar : L’organisation du sommet a été un grand défi pour le pays. La ville de Niamey et ses environs ont été totalement sécurisés. Nous nous sommes assurés du déploiement d’un nombre conséquent d’éléments des forces de sécurité. Toutes les infrastructures sont quasiment opérationnelles, prêtes pour accueillir les chefs d’État.

En ce qui concerne le centre de conférences Mahatma Gandhi, les travaux n’ont commencé qu’en novembre 2018, et nous avons rencontré des perturbations pour acheminer certains équipements venus de l’étranger. Les travaux se poursuivent pour en achever la construction, mais le Palais des congrès, entièrement rénové pour l’occasion, sera en mesure d’accueillir le sommet.

Ne craignez-vous pas d’avoir investi d’importants moyens dans la construction d’infrastructures coûteuses, qui, une fois le sommet achevé, ne seront plus utilisées ?

La construction d’infrastructures de standing et le renforcement de notre savoir-faire répondent à notre volonté de faire de Niamey un pôle d’organisation d’événements d’envergure internationale et du tourisme d’affaires. Notre objectif est de rehausser notre diplomatie et de faire connaître le Niger. Le pays est d’ailleurs retenu pour organiser la conférence de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) en 2020. Nous avons pour modèles les « success story » que sont Dubaï ou le Rwanda. Nous sommes en train de suivre leur voie afin d’être, un jour, à leur niveau.

Parmi les 450 milliards de F CFA qui ont été investis, 80 % ont été assurés par les investisseurs privés

Le Niger consacre déjà 15 % de son budget à la sécurité, contre 10 % pour l’éducation, ou 1 % pour la justice. La priorité en matière d’investissement réside-t-elle dans l’organisation d’événements internationaux ?

Nous sommes conscients de cette situation, mais il faut rappeler que ces infrastructures n’ont rien coûté à l’État nigérien. Le budget des dépenses prioritaires (éducation, santé, questions sécuritaires, etc.) n’est pas modifié. Parmi les 450 milliards de F CFA qui ont été investis, 80 % ont été assurés par les investisseurs privés. Les 20 % restants correspondent aux travaux de voirie. Les hôtels ont été entièrement construits par des acteurs privés, que ce soit des compagnies étrangères (le Turc Summa, le groupe Teylium du Sénégalais Yérim Sow) ou nigériennes. En vérité, ce sommet pourrait apporter un impact positif pour les opérateurs économiques installés au Niger.

L’entrée en vigueur de la Zlec marquera le début de la création d’un marché unique sur le continent

Quel type d’impact ?

L’organisation du sommet nous a permis de renforcer les capacités des ingénieurs et des ouvriers nigériens. En tout, plus de 5 000 personnes ont été formées, plus de 1 500 emplois permanents ont été créés avec l’ouverture des hôtels. Mais surtout, nous avons mis en place les conditions nécessaires pour que les opérateurs privés viennent investir au Niger. Si nous avons réussi à les attirer ici, c’est bien parce qu’il y a des perspectives.

Après la signature à Kigali, le 30 mai dernier, du traité portant création de la Zlec, la zone de libre-échange entrera définitivement en vigueur à l’occasion du sommet. Quelles décisions seront prises à l’occasion de cette rencontre ?

À présent que nous avons cumulé plus de 22 ratifications [le Nigeria a annoncé le 2 juillet qu’il signera à Niamey l’accord de libre-échange continental, ndlr], nous allons pouvoir commencer à travailler sur la Zlec. Les chefs d’État vont se réunir pour choisir le siège du secrétariat général, arrêter les statuts, les cadrages budgétaires et de financement du secrétariat général. Nous ne pouvons que saluer l’entrée en vigueur de la Zlec, qui marquera le début de la création d’un marché unique sur le continent.