Ghana/Nigeria
Clenerius Mutale

 

 

 

 

 

 

Clenerius Mutale,

Qui va guérir
ceux qui sont “sans-voix”?

Former les “sans-voix” à s’exprimer eux-mêmes!

Le comité de Justice, Paix et Intégrité de la Création et Rencontre et Dialogue (JPIC) de la Province Ghana - Nigeria a consacré l’année 2014 à l’organisation de groupes de JPIC au niveau local. Cela n’a pas été un travail facile comme je le pensais lorsque nous avons planifié ce programme. Néanmoins, cela a été une expérience enrichissante parce que cela m’a permis de prendre contact avec les paroisses, les communautés et les groupes locaux.

Dans notre effort pour rejoindre les gens qui souffrent d’injustice et de conflits, l’équipe de JPIC a organisé un atelier de trois jours dans le but de former les participants dans l’apprentissage du ministère de JPIC au niveau local.

Parmi les participants, il y avait nos collaborateurs de la Commission Justice et Paix de Wa et de Navrongo-Bolgatanga, des représentants des comités de Justice et Paix des paroisses où nous travaillons, des confrères de la Province Ghana - Nigeria, et d’autres collaborateurs de JPIC au niveau local. L’atelier était animé par le P. Patrick Amos Murphy, directeur national du comité de direction de Justice et Paix et le P. Joseph Komakoma, secrétaire général du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SECAM).

Ce projet avait comme but de mettre l’accent sur la promotion de l’apostolat de JPIC au niveau local. Cela nous a amené à organiser des ateliers de formation dans les paroisses avec l’espoir que le programme JPIC soit mieux connu et conduise à des engagements concrets. Cela peut sembler une utopie, mais nous avons la conviction que ceux qui sont sans voix peuvent se prendre en main en réclamant eux-mêmes plus de justice, prendre part au processus de réconciliation et valoriser le don de la Création. C’est une invitation à leur donner la place et faire en sorte que la base soit plus active, ce qui favorisera un mouvement de non retour.

J’ai participé à plusieurs réunions de JPIC tant au niveau national qu’international et à des ateliers médiatiques. Ces activités m’ont permis d’être confronté à des situations concrètes ; ce qui m’a beaucoup inspiré. En plus, cela m’a aidé à mettre davantage en valeur mon ministère de JPIC. Notre apostolat reste incomplet et manque de sens s’il n’y a pas d’engagement à la base.

Même si le processus de favoriser l’engagement au niveau local est très lent, cela est enrichissant et me rend joyeux. “Que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable”, dit le prophète Amos (5:24). Si la justice provient de la base, elle sera sans limite.

En étant en interaction avec la population locale, j’ai entendu des témoignages presqu’invraisemblables, mais, malheureusement, je ne peux pas les partager, par respect de confidentialité et de normes éthiques. J’ai fait des expériences très touchantes qui vont au-delà des ateliers qui sont organisés.

En donnant la chance aux personnes de mettre en pratique le message de paix et de miséricorde de l’Évangile annoncé aux pauvres et aux marginaux, j’ai réalisé que l’essentiel n’est pas au niveau de connaissance académique, mais simplement d’ouvrir son cœur à ceux qui ont besoin. Un sage a dit un jour : “Dans le désert de la vie, le sage préfère voyager en caravane, alors que l’idiot préfère voyager seul.” Il est vrai que “venir ensemble est un commencement, rester ensemble est un plus, et travailler ensemble est le succès”. Henry Ford.

Le comité de JPIC de la province Ghana - Nigeria trouve sa force dans son bon esprit d’équipe qui s’est développé avec le temps. C’est un point de référence pour le futur, peu importe où nous serons. La bonne relation de travail avec les commissions de Paix et de Justice des archidiocèses nous a permis d’apprendre mutuellement.

Qui va guérir les sans-voix à la base ? Former les sans-voix à pouvoir s’exprimer d’eux-mêmes ! L’expérience de JPIC de cette année me permet de dire que travailler ensemble et encourager les initiatives au niveau local, peu importe si les résultats sont lents ou peu visibles, est la façon de guérir les sans-voix. Si nous rejoingnons les personnes dans les milieux où elles se trouvent, d’une manière à la fois simple et sincère, elles seront transformées. Elles sauront lutter contre les injustices dans leur milieu et participer au processus de réconciliation. Elles seront conscientes de préserver la création et de retrouver les valeurs africaines de rencontre et dialogue, spécialement avec ceux de croyances différentes. Il peut arriver un moment où nous nous sentirons impuissants face à l’injustice, mais il faudra toujours persévérer pour dénoncer les injustices.

Qui va guérir les sans-voix à la base ? La réponse est la franchise. Une personne honnête est une personne de confiance avec un bon jugement sur elle-même, sur les autres et sur Dieu. Une personne honnête s’exprime pour elle-même et pour les autres dans la recherche de la vérité.

Une autre réponse est au niveau de la transparence et de la véracité de nos propres actions. Une des ambigüités dans notre ministère de JPIC est notre manque de véracité. Est-ce que nous croyons vraiment ce que nous disons et écrivons ? Qu’en est-il des maisons construites au nom des pauvres ? Des voitures dispendieuses que nous achetons? De nos comptes bancaires avec d’importants montants au nom des pauvres ? C’est à cause de notre manque de transparence que nous ne pouvons pas faire participer les personnes / communautés à la base au processus de guérison dans notre monde brisé par l’injustice. Malheureusement, nous, “les priants et les élus”, nous diminuons la valeur de notre rôle prophétique.

En 2015, le comité de JPIC continuera de travailler dans la même optique en mettant l’emphase sur l’importance du ministère de JPIC au niveau local. Nous ne recherchons pas des résultats immédiats, mais nous croyons qu’au bout du tunnel, nous verrons la lumière.

Clenerius Mutale,
Coordinateur JPIC à Tamale