Le 6 septembre 2000, sous l’égide des Nations Unies, 189 chefs d’État signent la Déclaration du Millénaire et s’engagent pour huit objectifs ambitieux. Un programme sur quinze ans où tous les pays membres de l’ONU promettent de réduire de manière conséquente l’extrême pauvreté, la faim, le Sida et le paludisme, l’analphabétisme, la dégradation de l’environnement et la discrimination à l’encontre des femmes. Les OMD sont assortis d’une échéance : 2015.
Deux ans avant l’arrivée à échéance des promesses faites, 2013 a été la meilleure année dans l’Histoire de l’humanité : le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté a été réduit de moitié, l’alphabétisation mondiale est à un niveau record, et le monde a réalisé son résultat économique le plus élevé cette année.

Peut-on faire un premier bilan pour l’Afrique ?


Qu’est-ce que la pauvreté ? C’est plus qu’un manque d’argent. Il s’agit d’un cercle vicieux, une privation prolongée de bien-être des individus, familles et communautés. La pauvreté signifie entre autres : avoir de la nourriture en quantité et qualité insuffisantes, un accès limité ou inexistant aux services de santé et d’éducation, un manque de liberté et de représentation ; une peur constante du lendemain, ne permettant aux pauvres de ne survivre qu’au jour le jour ; la marginalisation, les populations pauvres étant souvent “invisibles”, sans voix politique et incapables d’améliorer leurs conditions de vie.


OMD 1. Réduire l’extrême pauvreté et lutter contre la faim

Qu’est-ce que le développement ? C’est fondamentalement une amélioration de la qualité de vie des individus, des familles et des communautés. Mieux nourries, soignées et éduquées, les populations peuvent mieux participer aux activités économiques et politiques, entraînant leur communauté et leur pays dans un cercle vertueux. Leur productivité accrue met un pays en meilleure position pour négocier avec d’autres pays et plus de commer-ce se traduit généralement par un éventail plus large de biens et services, améliorant encore les conditions de vie de tous. Le développement est aussi un droit de l’homme, conformément à la Déclaration sur le droit au développement de 1986.

Un peu d’histoire

Lors d’une enquête, plus de la moitié (57%) des personnes interrogées ne connaissent pas les OMD. Parmi eux, beaucoup de parents, de membres de communauté et des enseignants. Les acteurs du développement (élus, membres d’institutions, d’ONG et des médias) les connaissent presque tous et disent adhérer à leur contenu.


OMD 7. Assurer un environnement durable (l’eau potable)

1990. Le constat
À la fin des années 1990, malgré une croissance mondiale positive, la situation est alarmante : un tiers de la population de la planète vit avec moins de 1 dollar par jour, 1 enfant sur 10 meurt avant l’âge de 5 ans, 7 personnes sur 10 seulement ont accès à l’eau potable, les bidonvilles représentent la moitié de l’habitat dans les villes du Sud, le sida fait des ravages, les ressources naturelles s’épuisent et l’aide au développement est en baisse. Dans un contexte de mondialisation, les gouvernements des pays du Nord comprennent que cette situation est non seulement inacceptable, mais qu’elle est aussi une bombe à retardement politique, économique et sociale.


OMD 6. Stopper la propagation du VIH/Sida, du paludisme et d’autres maladies

2000. L’engagement
Le texte fondateur, “la Déclaration du Millénaire”, énonce les huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), action à mener jusqu’en 2015 :

OMD 1. Réduire l’extrême pauvreté et lutter contre la faim
OMD 2. Assurer l’éducation primaire pour tous
OMD 3. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
OMD 4. Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans
OMD 5. Améliorer la santé maternelle
OMD 6. Stopper la propagation du VIH/Sida, du paludisme et d’autres maladies
OMD 7. Assurer un environne-ment durable
OMD 8. Mettre en place un parte-nariat mondial pour le dévelop-pement

Avec les OMD, l’organisation de l’aide au développement change radicalement. À chaque objectif correspond une ou plusieurs cibles spécifiques, ainsi que des indicateurs économiques et sociaux qui permettent d’assurer le suivi des progrès réalisés jusqu’en 2015.

La Déclaration du Millénaire réunit les pays du Sud et ceux du Nord autour d’un même but avec un engagement politique clair. La réussite des OMD est de la responsabilité de tous, au Sud comme au Nord.

2005. Le 1e Sommet mondial
En septembre 2005, 5 ans après la Déclaration du Millénaire, s’est tenu à New York le « Sommet mondial ». Il fut l’occasion pour les chefs d’État et de Gouvernement de faire le point sur les progrès des Objectifs du Millénaire pour le développement, au tiers du parcours. À ce moment-là, les résultats apparaissaient inégaux.

Cinq ans plus tard, en 2010, 2ème sommet mondial pour mieux mobiliser les énergies et accélérer les efforts entrepris pour atteindre les OMD.


OMD 4. Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans

2012. Où en sommes-nous ?
Trois ans avant la date butoir, on peut faire état de grands progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. 3 cibles importantes ont déjà été atteintes : la réduction de moitié du taux mondial d’extrême pauvreté (OMD 1), l’amélioration des conditions de vie de plus de 200 millions d’habitants des bidonvilles et la réduction de moitié du nombre de personnes qui n’a pas accès à l’eau (OMD 7). Cela vaut aussi pour l’Afrique.

Le rapport de 2013

L’objectif du sommet de septembre 2013 est de dresser le bilan des Objectifs du Millénaire à deux années de leur échéance. Il veut aussi présenter les premières réflexions sur le nouvel « agenda du développement post-2015 ». En cette année, le contexte mondial est un peu agité : le maintien d’une croissance économique rapide en Afrique, les révoltes et transitions en Afrique du Nord, la crise de la dette souveraine menaçant la cohésion de la zone euro, la préparation de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) et le lancement des consultations à l’échelle de l’ensemble des institutions du système des Nations Unies pour définir le programme de développement postérieur à 2015.

Le Rapport OMD 2013 révèle un tableau mitigé de succès et d’échecs, d’améliorations et de difficultés, d’innovations et d’obstacles. Il n’y aucun doute que l’Afrique a fait des progrès substantiels vers l’atteinte de nombreux objectifs : l’éducation primaire pour tous ; la parité garçons/filles à tous les niveaux du système éducatif ; un taux de prévalence du VIH/sida plus faible chez les 15 à 24 ans ; l’accroissement de la population ayant accès à des médicaments antirétroviraux ; et l’augmentation de la proportion de sièges occupés par les femmes au parlement national. Les gens sont plus heureux, ont davantage accès aux téléphones portables et à Internet, et sont plus instruits que jamais. L’espérance de vie globale a, elle aussi, augmenté.


OMD 2. Assurer l’éducation primaire pour tous

Mais ces progrès sont contrastés selon les régions, les pays, les objectifs. De nombreux pays du continent sont toujours loin de réaliser la plupart des objectifs. Concernant l’objectif primordial (réduction de la pauvreté et la faim), l’Afrique n’est pas encore en voie de réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015, même si les chiffres récents indiquent des progrès substantiels dans ce domaine. La part de la population qui a un emploi augmente, la malnutrition recule tout comme la proportion des personnes employées vivant au-dessous du seuil de pauvreté de référence de 1,25 dollar par jour.

Les questions tiennent à la qualité des services fournis, en particulier dans l’éducation et la santé, à l’inégalité d’accès aux services, à l’absence d’emplois décents et au chômage, notamment des jeunes. Cela demeure parmi les priorités. Des progrès sont aussi à réaliser dans la gouvernance : des États faibles méprisent la primauté du droit, et sont souvent foyers de conflits régionaux.

En Afrique comme dans le reste du monde, le ralentissement de l’économie mondiale continue de freiner la réalisation des Objectifs du Millénaire

Maintenir
le cap d’ici 2015
et préparer l’après-2015

Le programme de développement de l’après-2015, qui devrait tenir compte des priorités du continent, sera examiné dans le cadre d’une série de consultations régionales et sous-régionales visant à formuler une position africaine commune. Il ne devrait pas, cependant, détourner l’Afrique de ses tâches immédiates consistant à éliminer la pauvreté, à dispenser un enseignement de qualité pour tous, à autonomiser les femmes, à améliorer la santé infantile et maternelle, à combattre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose et à assurer la préservation de l’environnement. Même si le monde tourne le regard au-delà de 2015 vers un nouveau programme de développement, les pays doivent maintenir le cap afin de faire autant de progrès que possible d’ici la date butoir».


OMD 5. Améliorer la santé maternelle

On le sait : la plupart des pays africains n’atteindront pas les OMD en 2015 mais dans la déce-nie suivante. Les gouvernements ont les cartes en main. « Les États doivent adopter des politiques publiques réalistes et définir une vision du pays dans les cinq à dix ans. Sans volonté politique, les bailleurs de fonds ne peuvent pas grand-chose ».

La réalisation de tels objectifs placera l’Afrique sur la voie d’un développement soutenu et durable. Le continent doit s’assurer que les effets de ses interventions réussissent le test de la durabilité économique, sociale et environnementale. Faute d’affronter ses inégalités, l’Afrique sera vouée à l’agitation sociale.

Objectifs
pour le développement durable (ODD)

La déclaration de Rio 20, “ le futur que nous voulons “, pré-cise que l’élaboration des ODD doit être utile pour la poursuite de l’action sur le développement durable. Les futurs Objectifs de-vront être : « orientés vers l’action, concrets, concis et faciles à comprendre, en nombre limité, ambitieux, d’envergure mondiale et susceptibles d’être appliqués dans tous les pays compte tenu des réalités, des ressources et du niveau de développement respectifs de ceux-ci… » Cependant une majorité des experts semble souhaiter conserver la Déclaration du Millénaire comme base politique pour les futurs objectifs de développement. Il est en effet admis de façon très large que le socle des OMD est capable de mobiliser les États autour d’un agenda clair et centré sur l’objectif premier de réduction de la pauvreté. Il devra évidemment être adapté au nouveau contexte international, très différent de celui qui prévalait dans les années 1990.

Les performances de l’Afrique sur les OMD fournissent d’utiles indications sur ce futur program-me. Il ressort des consultations africaines que la santé, l’éducation, l’eau, l’assainissement et l’environnement restent des priorités majeures pour les pays africains.

Il ne faut pas oublier non plus le grave impact de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition sur les capacités productives de ses populations. Certes il y a des problèmes de sécheresse et d’inon-dations. Mais l’Afrique doit réaliser un gain de productivité de l’agriculture pour relever les reve-nus très bas de la majorité des agriculteurs.

Parmi les priorités, il faut encore compter l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes qui passent avant tout par l’éducation : mesurer le taux d’alphabétisation des femmes constitue un moyen d’évaluer les progrès accomplis.

Les États et les diverses institutions souhaitent voir une croissance au profit de tous, susceptible de créer des perspectives d’emploi et des moyens de subsistance, surtout pour la jeunesse du continent. En effet, les OMD évoquent peu les conditions de travail, la protection sociale, les droits reproductifs et sexuels. Ils parlent peu des droits humains, dont les violations constituent une cause structurelle de la pauvreté et des inégalités. Ils ne mentionnent pas l’importance d’assurer le droit au développement pour tous. Ils n’exigent pas des États de lutter contre les discriminations.

Il faudra aussi concentrer les efforts sur les zones rurales et sur les groupes à faible revenu, car les disparités entre les milieux ur-bains et ruraux freinent les progrès dans ces domaines.

L’élaboration des ODD devra intégrer le point de vue des citoyens et agir en faveur de l’amé-lioration des conditions de vie des plus vulnérables. En effet, les États n’ont plus le monopole de l’action collective. La société civile a acquis un rôle et une importance considérables. S’agissant d’objectifs qui doivent mobiliser les acteurs les plus divers, sur le moyen et long terme, et de façon intégrée sur les trois dimensions du développement durable (économique, sociale et environnementale), il est fondamental qu’ils soient le fruit d’un dialogue et d’une concertation entre l’État et l’ensemble des parties prenantes : ONG, entreprises, fondations, collectivités territoriales, parlementaires, chercheurs, services de l’État, citoyens engagés…

Enfin, l’après 2015 sera un programme universel, visant l’éradication de l’extrême pauvreté et non plus seulement sa réduction de moitié, mais incluant des objectifs différents selon les pays. Ces futurs ODD ne devront pas être des objectifs pour les seuls pays en développement. Ils devront s’appliquer à tous et ainsi permettre l’effort de tous.

D’après des sources diverses
Voix d’Afrique