Jeux olympiques : médailles d’argent et argent de poche 

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Par  Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Glez

 

Combien gagnent les athlètes olympiques médaillés ? Dans différents pays, les débats font rage…

Énorme machinerie médiatique au budget gargantuesque, les Jeux olympiques tentaient-ils de se mettre à l’abri des vices du sport business en réservant leurs compétitions, jusqu’en 1981, aux purs amateurs ? Pour le rénovateur des olympiades de l’ère moderne, Pierre de Coubertin, l’important était « moins d’y gagner que d’y prendre part ». Ne venaient qu’ensuite, et sans doute dans l’ordre, l’enivrement patriotique et le rassasiement pécuniaire. Les JO d’été et la Coupe du monde de football se disputant désormais la palme des compétitions sportives les plus regardées dans le monde, les athlètes ont beau jeu de réclamer leur part financière du gâteau…

Une règle a le mérite d’être claire : le Comité international olympique ne verse pas de prix en argent aux médaillés. Libre à chaque pays de fixer la prime d’un athlète en fonction de sa médaille. La république de Singapour serait la plus généreuse : en 2016, le nageur Joseph Schooling obtenait 650 000 euros pour une médaille d’or en 100 mètres papillon, soit environ 4 millions de francs CFA par mètre nagé. Vingt fois plus qu’un gagnant de l’équipe américaine qui remporterait, lui, 37 500 dollars pour ses efforts.

« Package » ivoirien

Certaines présidences –notamment africaines comme la Côte d’Ivoire– aiment élaborer une sorte de « package », qui peut associer aux primes une villa ou une décoration d’officier de l’Ordre national. D’autres nations ajoutent des assurances maladie, l’accès à des installations médicales de premier plan, ou une aide aux frais de scolarité.

Sur le continent africain, où 13 pays ont remporté cette année 37 médailles, le débat sur ces gratifications ne manquent jamais d’inonder les réseaux sociaux. Quelques millions de francs CFA sont-ils à la hauteur du rayonnement obtenu par une victoire en mondovision ? À l’inverse, ces sommes ne seraient-elles pas mieux employées à la construction d’un dispensaire ? La disproportion entre les gains annuels d’un perchiste et ceux d’un pratiquant du sport roi, le football, est-elle tolérable ?

Le cas Zango

C’est en héros que rentrait, ce dimanche, Hugues Fabrice Zango à Ouagadougou. Le médaillé de bronze du triple saut empoche neuf millions de francs CFA des autorités publiques : un million comme prime de qualification aux JO, un autre pour l’accession en finale, deux pour la médaille de bronze, et une prime spéciale de cinq millions pour avoir offert au Burkina Faso la toute première médaille olympique du pays. Une somme d’environ 14 000 euros que certains twittos jugent en-deçà de la dimension historique de la performance…

Certes, comme tant d’autres sportifs de tant d’autres compétitions, les olympiens peuvent compter sur d’autres sources de revenus pour monétiser leurs talents, comme les parrainages du secteur privé, les prix de tournois nationaux et internationaux, les allocations et bourses de formation de leurs associations sportives nationales, et même parfois des financements participatifs via des plateformes de crowdfunding. Mais tous ne sont pas suffisamment encadrés pour organiser au mieux la dimension lucrative de leur carrière. Une carrière qui, de surcroît, se révèlera plus courte que la plupart des autres professions…