[Tribune] Pour la création d’une « Maison de l’Afrique » à Paris

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Mis à jour le 14 avril 2021 à 16h05
 
 

Par  Pierre-Yves Bournazel

Député Agir Ensemble de Paris - Elu du 18e arrondissement

Dans le quartier des Barbes, à Paris, le 31 mars 2020.
Dans le quartier des Barbes, à Paris, le 31 mars 2020. © Thibault Camus/AP/SIPA

Afin d’appuyer les actions du gouvernement français qui envisage de revoir sa politique de développement solidaire, notamment au Sahel, l’élu parisien propose de renforcer les partenariats entre les villes de l’Hexagone et celles du continent.

La France, par la voix du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, s’est engagée à « donner un nouvel élan à notre politique de développement solidaire », en particulier à destination des pays du Sahel.

De grands défis du XXIe siècle se jouent en effet sur le continent africain. Défi du réchauffement climatique, défi démographique, défi des ressources naturelles, défi migratoire. C’est une équation vitale qui se pose à l’humanité toute entière.

Paradoxalement, alors que l’Afrique demeure le théâtre d’opérations des grandes puissances où s’exercerait le nouveau désordre du monde, elle s’est affirmée ces dernières années comme le continent des opportunités, forte de la jeunesse de sa population et comptant les pays parmi les plus porteurs de croissance avant l’apparition de la pandémie de Covid-19.

Faire dialoguer les civilisations

C’est à la lumière de sa vocation universelle et de la convergence de nos intérêts communs que la France a entrepris de réinvestir la question africaine à travers de nouveaux partenariats, et de promouvoir la notion de biens publics mondiaux sur la scène internationale. Mais ces défis ne relèvent pas des  seuls États. Ils concernent également les grandes métropoles. Ces villes, en première ligne face à l’accélération des mutations du monde tel que nous l’avons connu, sont aussi une partie de la solution.

Paris, ville des Lumières et capitale de la francophonie, a un rôle éminent à tenir afin de faire dialoguer les civilisations, de rapprocher les peuples et de faire émerger des initiatives productives communes de progrès, d’innovation et de solidarité. Trop souvent encore, les richesses – passées, présentes et futures – de l’Afrique demeurent méconnues et ses opportunités lointaines, les crises politiques ou migratoires occupant l’espace médiatique sans toujours permettre d’en comprendre la complexité.

Accélérateur de projets

Inventons une « Maison de l’Afrique » à Paris. L’ambition consiste à concevoir un lieu créatif afin de faire vivre de façon positive les relations entre Paris et les villes africaines. Ce lieu doit être tourné vers l’avenir, vers l’Afrique du XXIe siècle, et jouer un rôle d’accélérateur de projets entre partenaires autant qu’entre citoyens.

Il s’agit d’imaginer cette « Maison de l’Afrique » comme un lieu transversal d’excellence, à la fois pôle culturel vivant pour les artistes, scène gastronomique, incubateur tourné vers cette nouvelle frontière économique en forte croissance et plateforme pour des associations et des fondations. C’est un travail de co-construction à mener avec des partenaires institutionnels et privés, la diaspora et, bien entendu, les villes africaines.

Paris dispose d’un patrimoine et des ressources pour construire un nouvel outil de rayonnement dans la capitale en valorisant une dimension attractive et dynamique de l’Afrique auprès des citoyens et notamment des plus jeunes générations.

Changer de regard

En tant qu’élu du XVIIIe arrondissement, je sais que la diversité des talents ne manque pas, que nombre d’entrepreneurs et de créateurs témoignent de la volonté d’investir ce nouvel horizon, qu’il n’y a jamais eu autant besoin d’échanges et de dialogue dans notre société qui se fragmente. Je sais aussi combien la jeunesse aspire à la découverte et la compréhension des mondes qui les entourent.

Changer de regard impose d’inscrire la création d’une « Maison de l’Afrique » dans une ambition urbaine esthétique et symbolique forte. L’emblématique site des magasins Tati a fermé ses portes à Barbès. Pourquoi ne pas, par exemple, saisir cette opportunité pour apporter un nouveau souffle dans un quartier qui mérite un engagement résolument tourné vers la beauté et un investissement d’avenir ?