Histoire
En Algérie depuis presque trente ans
Plus de 20 ans de tentatives de contrôle de l’espace religieux
L’Etat algérien à la reconquête des mosquées...
«Dans les années 1990, l’Algérie enterrait ses morts, mais le théâtre du drame se jouait dans la mosquée», c’est ainsi que Abderrahmane Moussaoui, professeur d’anthropologie et de sciences politiques, a résumé les stratégies mises en place par l’Etat pour reprendre le contrôle des mosquées, lors d’une récente conférence au Centre d’études diocésain d’Alger. Explications.
On appellera cela au choix, une «opération de maintien de l’ordre» ou «une tentative désespérée de rattraper le retard». Dès son émergence, la mouvance islamiste, revigorée par les événements d’Octobre 88, fera de la moquée son arrière-base et son quartier général. «A ce titre, certaines mosquées vont jouer les premiers rôles dans la violence qui débute dans les années 90. Leur reprise en main devient une urgence impérieuse pour le pouvoir en place», précise Abderrahmane Moussaoui.
Décidé à l’affronter sur son propre terrain, «le pouvoir» a mis en place une stratégie pour reconquérir les espaces religieux qui leur échappaient. «Le premier objectif du ministère de l’Intérieur du gouvernement Hamrouche, qui a eu à gérer l’après-Octobre 88, souligne Moussaoui, était de reconquérir cet espace. L’enjeu étant de garder le monopole.» D’abord, il fallait récupérer les espaces, déclarant de fait toutes les mosquées propriété de l’Etat. Les premières actions ont eu lieu quelques mois avant les événements d’Octobre. Sentait-on les choses venir ? Un premier décret, manifestement pris dans l’urgence, a en tout cas été promulgué le 13 mars 1988, tentant de contenir ce mouvement.
Tout en rappelant que la mosquée est la maison de Dieu et définissant les pratiques qui devraient s’y dérouler (prière, lecture du Coran et conseils éthiques), il stipule, dans son article 2, que la mosquée construite par l’Etat ou par toute personne est un bien de droit public. Il faut savoir qu’en ce temps-là les petites salles de prière gérées par des privés faisaient leur apparition.
«Selon cet article de loi, dès qu’on construit une mosquée, elle devient la propriété de l’Etat. C’est la raison pour laquelle celles-ci n’étaient jamais achevées. Car une fois finie, elle appartient au wakf. Vous avez donc des mosquées très grandes, bien équipées mais non achevées», fait remarquer Moussaoui.
Néanmoins, cette solution répond à une urgence : il s’agit bien, pour le pouvoir public, d’une bataille pour garder le monopole du champ religieux. D’autres articles précisent les modalités de construction et l’entretien d’une moquée, en soulignant, outre la nécessité d’un permis de construire et autres considérations techniques, que la construction ne peut être entreprise qu’après la constitution d’une association qui en prendra la charge.
Ensuite, le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs lance un plan de «ré-idéoligisation», axant sur la formation des imams selon le rite malékite. Une partie des textes juridiques sera produite au début de 1991. Les textes de loi relatifs à la mosquée au seront publiés dans le Journal officiel le 23 mars 1991, un premier décret exécutif met en place les règles qui constituent la mosquée : sa composition, son fonctionnement et définit sa mission. «Ces textes vont venir rattraper les failles et les erreurs commises en urgence.
Le texte le mieux abouti est promulgué en novembre 1993, c'est un décret exécutif portant statut de la moquée», explique Moussaoui. L’Etat s’attelle à revivifier la Zakat, qui devient par là-même «le nerf de la guerre». Les mosquées principales, conformément aux dispositions, sont considérées comme des pôles d’excellence. A l’instar d’Alger, Oran, Constantine et Batna, toutes les wilayas vont être dotées de pôles d’excellence ayant une grande capacité d’accueil (de près de 10 000 fidèles).
Piquant détail : leurs bibliothèques contiennent ainsi les meilleurs référents malékites et…ibadites. «C’est pour dire que les ibadites ne sont pas nos ennemis, faisant ainsi en sorte d’éviter la fitna et affirmant, par là- même, qu’ils font partie de l’histoire nationale», précise Moussaoui. Ces mosquées symboles se caractérisent par l’assiette foncière qui leur est consacrée et la monumentalisation de leur architecture. L’appellation de la mosquée était également soumise à approbation. «Nommer c’est aussi indiquer l’obédience de la mosquée», souligne-ton. «Le ministère désigne son imam qui en devient le premier responsable.
Le traitement du dossier des imams se fait en coordination avec les services de l’Etat. Une enquête rigoureuse est menée pour connaître les allégeances, les courants et les obédiences», ponctue Moussaoui. Le ministère des Affaires religieuses se dote de cadres d’une nouvelle génération issue de cette réalité-là, qui pouvait mieux s’orienter, contrairement à celle de la «Oumma». Ils pouvaient ainsi, souligne le conférencier, identifier les différents types de salafismes.
Et de commenter : «On ne peut pas ne pas penser au diocèse. En 2006, le ministère annonce que les institutions forment près de 1000 imams par an. Des accords auraient été conclus avec la mosquée El Azhar d'Egypte pour le recyclage et la formation des imams déjà en fonction.» L’on veille aussi, lors des concours de «tadjwid», notamment, à ce que les participants récitent le Saint Coran à la manière du «warch», typique de l’islam maghrébin.
Enfin, il restait à reconquérir l’autorité religieuse. Cela commence, pense-t-on, par une harmonisation des réponses de fatwas par une haute institution religieuse, s’appuyant essentiellement sur le rite malékite, pour contrecarrer les différents courants de pensée, qui puisent leurs références en dehors de la République. L’idée est de faire des mosquées un centre de rayonnement culturel, éducatif et religieux. «En parallèle à cette politique de reconquête de mosquées jusque-là contrôlées par des milieux radicaux, il y a toute une autre politique de construction de lieux de culte. Si l’Etat ne prend pas en charge financièrement la construction d’une mosquée, il veille à ce qu’elle soit conforme aux règles édictées».
Malgré ces efforts, l’Etat accuse un retard dans la formation de ses imams. «Différents textes réglementaires avaient déjà commencé à revoir l’organisation de la hiérarchie de la fonction. A la place des anciennes distinctions (imam moumtaz, imam khatib), un nouveau dispositif organise ce corps. Les différents grades sont définis. Au sommet se trouve l’imam professeur, l’imam enseignant de lecture, l’imam moudares et enfin l’imam instituteur.
Cette classification verra l’introduction, en 2002, de deux catégories supérieures : l’imam mufti, qui assure la diffusion, et l’imam agréé, qui représente l’autorité du service du culte au niveau de la daïra». «Elles se sont multipliées, les hommes de religion surveillés, manipulés et craints à la fois. Une pierre angulaire de l’architecture sociale, un lieu important du politique. A beaucoup d’égards, c’est la mosquée qui joue le rôle habituellement attribué à l’espace public», précise Moussaoui. Force est de constater néanmoins que malgré tous ces efforts, les mosquées ne sont pas totalement reconquises…
Amel Blidi
Fusillade du 14 juillet 1953
Mémoires franco-algériennes: la fusillade du 14 juillet 1953 à Paris

© AFP
On commémorait le jeudi 6 juillet, à Paris une répression sanglante tombée dans l'oubli. Le 14 juillet 1953, la police avait ouvert le feu sur les militants indépendantistes algériens, partisans de Messali Hadj. Une plaque en hommage aux victimes a été inaugurée hier, place de la Nation, en présence des familles des victimes.
Ce 14 juillet 1953, alors que le défilé réunissant militants syndicalistes et militants du Parti communiste -organisé traditionnellement chaque 14 juillet- touchait à sa fin en arrivant place de la Nation, banderoles et pancartes sont d'abord arrachées par la police parisienne. Les manifestants ripostent et la situation dégénère. La police aux ordres de Maurice Papon, alors préfet de police, tire à balles réelles: six Algériens et un syndicaliste français sont tués et 50 personnes sont blessées place de la Nation.
Guy Lurot avait 17 ans lorsque son père, Maurice Lurot, a perdu la vie. « Tous ceux qui sont là, encore vivants, ressentent de l'amertume, raconte-t-il à RFI. Moi je suis fier ! Je suis heureux et triste en même temps. C'est une reconnaissance au bout de 64 ans ! »
Le travail de mémoire de Daniel Kupferstein
Désormais une plaque commémorative témoigne de cet épisode oublié, recouvert par les déchirements de la guerre d'Algérie. C'est seulement en 2014 que l'histoire a refait surface grâce au travail d'enquête du réalisateur Daniel Kupferstein. Un travail de mémoire important qui a donné naissance à un documentaire : Les balles du 14 juillet 1953 (2014).
Pour Catherine Vieu-Charier, adjointe à la mairie de Paris chargée de la Mémoire. ce qui s'est passé là, c'est un crime. « C'est terrible... On a tué des gens qui manifestaient pour la paix et pour l'indépendance. C'était des hommes qui voulaient vivre libres et qui ont été assassinés par la police française... Il fallait tirer de l'oubli les hommes, faire revenir leurs noms pour qu'ils ne soient pas assassinés une deuxième fois ».
Une minute de silence a complété l'hommage à Amar, Abdallah, Larbi, Abdelkader, Mouhoud, Tahar et Maurice.
Centenaire de la mort de Charles de Foucauld
1er décembre 1916
Mort discrète du père Charles de Foucauld
Le 1er décembre 1916, le père Charles de Foucauld est tué dans son ermitage de Tamanrasset, au coeur du Sahara. Il a 58 ans. Sa mort passe inaperçue en France où les esprits sont davantage préoccupés par la boucherie de la Grande Guerre que par la mort d'un missionnaire.
Après bien des débats, l'Église catholique a choisi le 13 novembre 2005 de béatifier l'officier libertin devenu ermite.
Officier issu d'une riche famille de Strasbourg, le vicomte Charles Eugène de Foucauld perd la foi à 16 ans. Révolté de naissance, il passe son bac à 14 ans mais sort bon dernier de l'école de cavalerie de Saumur Saint-Cyr. Il mène en garnison une vie de patachon et de débauche, se signale en Algérie par ses conquêtes féminines et gagne le surnom de « lettré fêtard ».
C'est au demeurant un mauvais officierqui s'attire cette notation d'un supérieur : « N'a, à aucun degré, le sens du devoir ».
Il divorce enfin de l'armée en 1882, à 24 ans, et claque la fortune familiale dans les casinos.
Après plusieurs voyages au Maroc et dans le sud algérien et tunisien, déguisé en misérable juif de Moldavie, il revient à la foi lors d'un passage à Paris, à l'église Saint-Augustin. Il a alors 28 ans.
Charles de Foucauld fait un pèlerinage à Jérusalem puis entre au monastère trappiste de Notre-Dame-des-Neiges, dans l'Ardèche. Après un nouveau séjour en Terre sainte, il est ordonné prêtre le 9 juin 1901 et la même année se rend en Algérie.
Sa longue errance se termine en 1905 par son installation dans une pauvre cabane de pierre à Tamanrasset, dans le massif du Hoggar, au coeur du Sahara algérien.
Il apprend la langue des habitants de la région, les Touaregs, et en dresse le dictionnaire.
Il caresse le rêve d'amener ses voisins à la foi chrétienne par sa présence et son exemple, sans se faire d'illusion sur la difficulté de la tâche. En attendant, il les défend contre les abus de l'autorité coloniale.
Quand la guerre éclate, des guerriers sénoussis venus de Libye lancent des attaques dans la région. Les militaires de la garnison voisine supplient le père de Foucauld de les rejoindre à l'abri. Il s'y refuse avec obstination pour rester auprès des pauvres populations de la région.
Un soir, le jeune bédouin chargé de le protéger frappe à la porte de son modeste « fortin ». Le père de Foucauld lui ouvre et voilà qu'entre avec son garde un groupe de Sénoussis. Sa mort survient dans des conditions obscures. Sans doute a-t-il été tué par inadvertance suite à une fausse alerte.
Son exemple, fait d'humilité et d'ouverture aux autres, a inspiré de nombreux groupes religieux, créés après sa mort et rassemblés au sein d'une association, la « famille spirituelle Charles de Foucauld ».
Publié ou mis à jour le : 2016-12-01 14:22:05
26 novembre : anniversaire de la mort du Cardinal Lavigerie
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Sainte Joséphine Bakhita
Sainte Joséphine Bakhita
Esclave soudanaise puis religieuse
Joséphine Bakhita naquit au Soudan en 1869. Bakhita n’est pas le prénom qu’elle reçut de ses parents à sa naissance. Elle est faite prisonnière par des négriers arabes à l'âge de neuf ans. L’effroi éprouvé le jour de son enlèvement, provoqua quelques trous de mémoire.
Cette terrible expérience lui avait fait oublier son prénom Bakhita, qui signifie “fortunée”, est le prénom qui lui fut donné par ses ravisseurs. Vendue et revendue plusieurs fois sur les marchés de El Obeid et de Khartoum, elle connut les humiliations, les souffrances physiques et morales de l’esclavage. Elle connut les atrocités d'un esclavage qui laissa dans son corps les signes profonds de la cruauté humaine : on a dénombré jusqu’à 144 cicatrices des sévices subis.
Vers la liberté
Dans la capitale du Soudan, Bakhita fut rachetée par un Consul italien, Calliste Legnani. Pour la première fois, depuis le jour de son enlèvement, elle se rendit compte, avec une agréable surprise, que personne ne lui donnait des ordres, n’utilisait plus le fouet, et qu’on la traitait même de façon affable et cordiale. Dans la maison du Consul, Bakhita connut la sérénité, l’affection et des moments de joie, peut-être même s’ils étaient encore voilés par la nostalgie de sa famille, perdue pour toujours.
Des événements politiques obligèrent le Consul à partir pour l’Italie. Bakhita demanda de partir avec lui et avec un de ses amis, Auguste Michieli.
En Italie
Arrivé à Gênes, Monsieur Legnani, suivant les demandes de l’épouse d’Auguste Michieli, accepta que Bakhita restât avec eux. Elle suivit sa nouvelle “famille” dans leur domicile de Zianigo (dans la banlieue de Murano Veneto) et, quand naquit leur fille Mimmina, Bakhita en devint l’éducatrice et l’amie.
L’acquisition puis la gestion d’un grand hôtel à Suakin, sur la Mer Rouge, contraignirent Mme Michieli à déménager dans cette localité pour aider son mari. Entre-temps, d’après un conseil de leur administrateur, Illuminato Checchini, Mimmina et Bakhita furent confiées aux Sœurs Canossiennes de l’Institut des catéchumènes de Venise. Et c’est là que Bakhita demanda et obtint de connaître ce Dieu que depuis son enfance « elle sentait dans son cœur sans savoir qui Il était».
« Voyant le soleil, la lune et les étoiles, je me disais en moi-même : Qui est donc le Maître de ces belles choses ? Et j’éprouvais une grande envie de le voir, de le connaître et de lui rendre mes hommages ».
Fille de Dieu
Après quelques mois de catéchuménat, Bakhita reçut le Sacrement de l’Initiation chrétienne et donc le nouveau nom de Joséphine. C’était le 9 janvier 1890. Ce jour-là, elle ne savait pas comment exprimer sa joie. Ses grands yeux expressifs étincelaient, révélant une émotion intense. Ensuite on la vit souvent baiser les fonts baptismaux et dire : « Ici, je suis devenue fille de Dieu ! ».
Chaque nouvelle journée la rendait toujours plus consciente de la façon dont ce Dieu, qui maintenant la connaissait et l’aimait, l’avait conduite à lui par des chemins mystérieux, la tenant par la main.
Quand Madame Michieli revint d’Afrique pour reprendre sa fille et Bakhita, celle-ci, avec un esprit de décision et un courage insolites, manifesta sa volonté de rester avec les Mères Canossiennes et de servir ce Dieu qui lui avait donné tant de preuves de son amour.
La jeune Africaine, désormais majeure, jouissait de la liberté d’action que la loi italienne lui assurait.
Fille de Madeleine, Bakhita demeura dans le catéchuménat, où se fit plus clair pour elle l’appel à se faire religieuse, à se donner entièrement au Seigneur dans l’Institut de Sainte Madeleine de Canossa.
Après son baptême, elle entrait dans la Congrégation des Canossiennes à Vérone sous le nom de Joséphine. Ce jour-là elle rédigea cette prière :
« O Seigneur, si je pouvais voler là-bas, auprès de mes gens et prêcher à tous et à grands cris Ta Bonté, combien d'âmes je pourrai Te conquérir ! Tout d’abord ma mère et mon père, mes frères, ma sœur encore esclave… tous les pauvres noirs de l'Afrique… Fais, ô Jésus, qu'eux aussi Te connaissent et T'aiment ».
Le 8 décembre 1896, Joséphine Bakhita se consacra pour toujours à son Dieu qu’elle appelait, usant une douce expression : « Mon Maître ! ».
Durant plus de cinquante ans, cette humble Fille de la Charité, vrai témoin de l’amour de Dieu, vécut en n’occupant que des emplois modestes : cuisinière, chargée de porterie, lingère, brodeuse, sacristie, concierge.
Lorsqu’elle se dédia à cette dernière tâche, ses mains se posaient avec douceur sur la tête des enfants qui fréquentaient chaque jour l’école de l’Institut. Sa voix aimable, qui rappelait les berceuses et les chants de sa terre natale, se faisait agréable pour les petits, réconfortante pour les pauvres et les souffrants, encourageante pour tous ceux qui frappaient à la porte de l’Institut.
Son humilité, sa simplicité et son sourire constant lui gagnèrent le cœur de tous les habitants de Schio.
Témoignage d’amour
Son humilité, sa simplicité et son sourire constant conquirent le cœur de tous les habitants de Schio. Les Sœurs l’estimaient pour sa douceur inaltérable, sa bonté exquise et son profond désir de faire connaître le Seigneur.
« Soyez bons, aimez le Seigneur, priez pour ceux qui ne le connaissent pas. Considérez cette grande grâce de connaître
Dieu ! »
Pendant la guerre 1940-45 la ville de Schio est la cible de plusieurs bombardements. Aux Sœurs qui l'invitent à se réfugier dans le souterrain de la maison, elle dit : « Non, je n'ai pas peur, je suis dans les mains de Dieu. Il m'a libérée des mains des lions, des tigres et des panthères, ne voulez-vous pas qu'il me sauve aussi des bombes ? » Elle assure d'ailleurs qu'aucune bombe ne tombera sur l'école des Religieuses ou sur les maisons de Schio. En effet, la ville n'est pas touchée.
La dernière épreuve
Elle accepte avec une joyeuse sérénité la maladie qui rend sa respiration difficile et sa marche pénible. À une religieuse qui l'assiste, elle confie : « Je m'en vais lentement, lentement, pas à pas vers l'éternité. Jésus est mon capitaine et moi, je suis son assistante. Je dois porter les valises. L'une contient mes dettes, l'autre, plus lourde, les mérites infinis de Jésus. Que ferai-je devant le tribunal de Dieu ? Je couvrirai mes dettes avec les mérites de Jésus et je dirai au Père Éternel : maintenant juge ce que tu vois…
Au Ciel j'irai avec Jésus et j'obtiendrai beaucoup de grâces. Je viendrai te visiter dans tes rêves si le Patron me le permet. Au Paradis j'aurai dû pouvoir et j'obtiendrai pour tous beaucoup de grâces… »
Dans l’agonie, elle revécut les jours terribles de son esclavage, et, à maintes reprises, elle supplia l’infirmière qui l’assistait : « Lâchez un peu les chaînes… elles me font mal ! ».
Ce fut la très Sainte Vierge Marie qui la libéra de toute souffrance.
Ses dernières paroles furent : « Notre-Dame ! Notre-Dame ! », tandis que son ultime sourire témoignait de sa rencontre avec la Mère du Seigneur.
Mère Bakhita s’est éteinte le 8 février 1947 dans la maison de Schio, entourée de la communauté en pleurs et en prières. Une foule accourut rapidement à la maison de l’Institut pour voir une dernière fois leur “petite Mère noire” et lui demander la protection du ciel.
Son corps est resté intact et souple dans la mort. Sa réputation de sainteté s’est désormais répandue sur tous les continents. Nombreuses sont les grâces obtenues par son intercession.
Le Pape Jean-Paul II a béatifié Joséphine Bakhita le 17 mai 1992. Elle a été déclarée Sainte le 1er octobre 2000.
D’après les Archives du Vatican
(Voir "Voix d'Afrique" n° 111)