Histoire

Colonisation du Congo belge: les «profonds regrets» du roi Philippe de Belgique

Le nouveau drapeau de la République du Congo, le 1er juillet 1960, jour où le Congo a officiellement reçu son indépendance de la Belgique.
Le nouveau drapeau de la République du Congo, le 1er juillet 1960, jour où le Congo a officiellement reçu son indépendance de la Belgique. Bettmann / Getty Images

Le roi des Belges Philippe a présenté pour la première fois dans l'histoire du pays « ses plus profonds regrets pour les blessures » infligées lors de la période coloniale belge au Congo ce mardi, à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance.

Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet

C’est dans une lettre adressée au président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, que le roi Philippe -qui règne depuis 2013- a fait part de ses regrets. « Il faut pouvoir se parler de notre longue histoire commune en toute vérité et en toute sérénité » a écrit ce mardi matin le roi des Belges à Félix Tshisekedi. Dans sa lettre au président congolais, il évoque une histoire faite de « réalisations communes », mais qui a aussi connu « des épisodes douloureux ».

Le roi des Belges parle de deux périodes, d’abord celle de l’État indépendant du Congo : 1885-1908. Une époque pendant laquelle son arrière-arrière-grand-père, le roi Léopold II était souverain de cette colonie qu’il détenait à titre personnel. Et pour cette époque, le roi Philippe va jusqu’à évoquer des violences et des cruautés.

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La lettre évoque ensuite la période coloniale après 1908 lorsque le gouvernement belge a forcé Léopold II à céder le Congo à l’État après les accusations d’exactions. Pour cette période-là, le roi Philippe évoque des souffrances et des humiliations.

Le roi Philippe écrit ses plus profonds regrets à la première personne, un « je » qui renvoie évidemment à sa lignée familiale, mais surtout au fait qu’il prend en partie une responsabilité personnelle en tant que chef de l’État. Cette lettre a été écrite de concert avec le gouvernement. Car selon la Constitution le roi des Belges n’est pas souverain et n’a pas le droit de s’exprimer sans l’aval du gouvernement. Il tenait cependant à le faire après le déboulonnage des statues de Léopold II largement attaqué suite au mouvement mondial suite à la mort de George Floyd.

Dans ce contexte, le roi Philippe affirme son engagement à « combattre toutes les formes de racisme ». « J'encourage la réflexion qui est entamée par notre parlement afin que notre mémoire soit définitivement pacifiée », poursuit le souverain belge dans sa lettre.

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La Première ministre belge, qui inaugurait ce matin une plaque commémorant l’indépendance du Congo, a salué le message du roi Philippe. « L’heure est venue pour la Belgique d’entamer un parcours de vérité à propos de son passé colonial au Congo », explique-t-elle. Une commission parlementaire devrait voir le jour prochainement en Belgique pour examiner le passé colonial belge.

Une statue de Léopold II recouverte de peinture rouge à Anvers, en Belgique, le 4 juin 2020.
Une statue de Léopold II recouverte de peinture rouge à Anvers, en Belgique, le 4 juin 2020. JONAS ROOSENS / BELGA / AFP

Hergé et Tintin au Congo «J'étais colonialiste comme tout le monde à l'époque»

 
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Chasselay, le jour où l'armée allemande a massacré des tirailleurs africains

Le «Tata» de Chasselay qui abrite une nécropole de 196 stèles, au nord de Lyon.
Le «Tata» de Chasselay qui abrite une nécropole de 196 stèles, au nord de Lyon. Wikimedia Commons / Taguelmoust

Alors que la France commémore en ce moment les événements de juin 1940, lors de la débâcle du début de la Seconde Guerre mondiale, à Chasselay, au nord de Lyon, c'est à des tirailleurs africains que l'on pense. Les 19 et 20 juin, près de 200 d'entre eux furent froidement assassinés par les Allemands. C'est l'un des plus importants massacres de soldats noirs commis alors quasi systématiquement.

Pour beaucoup de militaires allemands, ils n'étaient pas des soldats, ni même des hommes, mais plutôt des « Affen », des singes. La preuve de la dégénérescence de la France et de son armée, selon la propagande nazie. C'est gorgé de cette haine, de cette peur, qu'ils déchaînent leur violence contre les troupes coloniales tandis que la France s'écroule.

Le 17 juin, le maréchal Pétain appelle à cesser le combat. Au nord de Lyon, les 19 et 20 juin, le 25e régiment de tirailleurs sénégalais résiste, suit l'ordre de l'état-major de freiner la descente allemande vers le Rhône. Les combats sont inégaux et les tirailleurs contraints à la reddition. Les militaires noirs fait prisonniers sont séparés des blancs et abattus par les mitrailleuses des panzers. D'autres sont également assassinés lors d'une véritable chasse aux tirailleurs engagée dans les environs.

Une nécropole de 196 stèles

Aujourd'hui, 196 stèles peuplent la nécropole nationale de Chasselay, entourées de quatre pyramides bardées de pieux, ocres elles aussi, et gardées par des masques traditionnels. Le « Tata » (« enceinte sacrée » en wolof), construit dès 1942 à l'initiative d'un ancien combattant, Jean Marchiani, qui a lui-même acheté le terrain, garde vive la mémoire de ces hommes morts pour la France en région lyonnaise.

Une cérémonie officielle d'hommage aura lieu dimanche 21 juin à Chasselay en présence de Geneviève Darrieussecq, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées.

Pour la première fois, des photos de ces événements sont publiées dans le livre de l'historien Julien Fargettas, spécialiste des troupes coloniales, dans Juin 1940 : Combats et massacres en Lyonnais, qui vient de paraître.

Au musée de la Libération: «1940, les Parisiens dans l'exode»

 
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Sénégal: la société civile mobilisée pour retirer les symboles du colonialisme

Statue de Louis Léon Faidherbe à Saint-Louis, Sénégal.
Statue de Louis Léon Faidherbe à Saint-Louis, Sénégal. Wikimédias/mostroneddo

Le passé colonial est remis en cause à la faveur de l'onde de choc suscité par le meurtre de George Floyd aux États-Unis. Des personnalités du colonialisme, mis en valeur dans l'espace public, sont contestés en Belgique, en France, en Angleterre, en Italie, mais aussi Sénégal. À Saint-Louis, la société civile souhaite déboulonner la statue du gouverneur Faidherbe.

Avec notre correspondante à Dakar, Théa Ollivier

La statue de Louis Léon Faidherbe, l'administrateur colonial du pays, trône depuis plus de cent ans sur une place centrale de Saint-Louis, non loin du pont du même nom. Des symboles hérités de l’époque coloniale que Bamba Faye, blogueur et militant saint-louisien, veut voir disparaitre

« Faidherbe est vu comme le gouverneur qui a eu à faire trop de mal à la population saint-louisienne. La statue Faidherbe peut être juste exposée dans un musée et (il faudrait) que le nom de ces places puisse être donné à des personnalités qui ont beaucoup fait pour le Sénégal », estime-t-il.

Ces revendications de la société civile sont récurrentes au Sénégal, notamment depuis que la statue est tombée après une tempête en 2017.

Pour Mame Latyr Fall, coordinateur du Forum civil de Saint-Louis, il faut qu’une décision soit prise par les autorités avant que la population ne déboulonne elle-même la statue : « La mort de George Floyd sert de catalyseur pour que cette question soit remise sur la table. Pourquoi ne pas organiser un référendum local sur cette question ? »

Une position que ne cautionne pas Elhadj Tall, ancien journaliste et citoyen actif à Saint-Louis: « Il y a des choses, quand même, qu’on ne doit pas toucher ! Nous avons une histoire qui nous lie avec la France et qui date de plus de 300 ans. Cette histoire-là, quand même, doit être racontée à nos enfants et à nos petits enfants ! »

Le débat a déjà été repris politiquement. Un candidat à la mairie de Saint-Louis a promis d’enlever cette statue s’il est élu.

 ►À lire aussi Lee, Colbert, Faidherbe et les autres... que faire des statues des esclavagistes 

 
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George Floyd : le discours visionnaire de Malcolm X en Afrique

| Par Jeune Afrique
Malcolm X lors d'une conférence de presse à New York, le 21 mai 1964. Il venait tout juste de revenir d'un voyage en Afrique

En 1964, lors du sommet de l’OUA au Caire, Malcolm X tentait de sensibiliser ses « frères et soeurs africains » aux discriminations vécues par les Afro-Américains. Un discours qui préfigurait l’émotion africaine ressentie, 56 ans plus tard, autour de l’affaire George Floyd…

Six jours après le meurtre de Georges Floyd, cet Afro-Américain de 46 ans, père de deux enfants, mort étouffé sous le genou d’un policier blanc de Minneapolis, le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, condamnait fermement ce « meurtre survenu (…) aux mains d’agents des forces de l’ordre » et présentait « ses plus sincères condoléances à la famille du défunt ainsi qu’à tous ses proches ».

Dans le même texte, le Tchadien rappelait qu’en 1964, l’Organisation de l’unité africaine – ancêtre de l’UA – avait adopté une résolution contre les discriminations raciales, aussi bien en Afrique du Sud, qu’en Rhodésie ou aux États-Unis.

Concernant les Etats-Unis, l’OUA rappelait alors que « l’existence de pratiques discriminatoires est un sujet de profonde préoccupation pour les États membres de l’OUA », exhortant « les autorités gouvernementales des États-Unis d’Amérique à intensifier leurs efforts pour assurer l’élimination totale de toutes les formes de discrimination fondées sur la race, la couleur ou l’origine ethnique. »

Durant ce sommet de juillet 1964, Malcolm X, le leader emblématique de la lutte pour les droits et la dignité des Afro-Américains, avait été invité, en tant qu’observateur, pour tenir un poignant plaidoyer panafricain sur les discriminations dont étaient alors victimes, sur l’autre rive de l’Atlantique, les Afro-Américains.

Un discours radical et visionnaire que Jeune Afrique exhume aujourd’hui :

Excellences,

L’Organisation de l’unité afro-américaine m’a envoyé afin d’assister à cette conférence historique du Sommet africain, en tant qu’observateur, afin de représenter les intérêts des 22 millions d’Afro-Américains dont les droits humains sont quotidiennement violés par le racisme des impérialistes américains.

Malcolm X à New York, le 6 août 1963.

L’Organisation de l’unité afro-américaine a été créée par un échantillon représentatif de la communauté afro-américaine d’Amérique et elle est calquée, aussi bien par la lettre que par l’esprit, sur l’Organisation de l’unité africaine.

Tout comme l’Organisation de l’unité africaine a appelé tous les dirigeants africains à surmonter leurs différences et à s’unir autour des mêmes objectifs, pour le bien commun de tous les Africains, l’Organisation de l’unité afro-américaine a appelé, en Amérique, les dirigeants afro-américains à surmonter leurs différences et à trouver des terrains d’entente à travers lesquels ils pourraient travailler ensemble, pour le bien commun des Afro-Américains.

En tant que chefs des États africains indépendants, vous êtes les bergers de tous les peuples africains, partout dans le monde

Étant donné que ces 22 millions d’Afro-descendants résident maintenant en Amérique, non par choix, mais uniquement par un cruel accident de notre histoire, nous croyons fermement que les problèmes africains sont nos problèmes et que nos problèmes sont des problèmes africains.

Nous croyons également qu’en tant que chefs des États africains indépendants, vous êtes les bergers de tous les peuples africains, partout dans le monde, qu’ils se trouvent encore sur la terre-mère ou qu’ils aient été dispersés outre-mer.

Certains dirigeants africains présents à cette conférence ont laissé entendre qu’ils rencontraient suffisamment de problèmes pour avoir à se préoccuper de la question afro-américaine.

Avec tout le respect que je dois à ces prises de position, que je respecte, je dois vous rappeler à tous qu’un bon berger laissera chez lui 99 moutons qui sont en sécurité pour aller secourir celui qui s’est perdu et qui est tombé entre les griffes du loup impérialiste.

Chiens policiers vicieux

En Amérique, nous sommes vos frères et sœurs, perdus depuis longtemps. Et si je suis ici, c’est uniquement pour vous rappeler que nos problèmes sont vos problèmes. Alors que les Afro-Américains se réveillent aujourd’hui, nous nous trouvons sur une terre étrangère qui nous a rejetés. Et, tel le fils prodigue, nous nous tournons vers nos frères aînés pour obtenir de l’aide. Nous prions pour que nos supplications ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd.

Nous avons été enlevés de force et enchaînés depuis le continent-mère, et cela fait maintenant plus de 300 ans que sur notre nouvelle terre, l’Amérique, nous subissons les formes les plus inhumaines de tortures physiques et psychologiques.

Au cours des dix dernières années, le monde entier a vu nos hommes, nos femmes et nos enfants être attaqués et mordus par des chiens policiers vicieux, brutalement bastonnés par les matraques des policiers, ou encore arrosés par des jets d’eau à haute pression qui arrachaient nos vêtements ainsi que la chair de nos membres, nous projetant vers les égouts tels des déchets.

Un policier immobilise George Floyd, le 26 mai 2020 à Minneapolis.

Toutes ces atrocités nous ont été infligées par les autorités gouvernementales américaines, à travers sa police elle-même, sans autre raison que celle d’avoir revendiqué la reconnaissance et le respect accordés aux autres êtres humains vivant en Amérique.Le gouvernement américain ne peut ou ne veut protéger la vie et les biens de vos 22 millions de frères et sœurs afro-américains. Nous sommes sans défense, à la merci des racistes américains qui nous assassinent à volonté, sans avoir d’autre raison que le fait que nous soyons noirs et d’origine africaine.

Nos problèmes sont vos problèmes

La semaine dernière, un éducateur afro-américain non armé a été assassiné de sang froid en Géorgie ; quelques jours auparavant, trois travailleurs des droits civiques avaient mystérieusement disparu, peut-être eux aussi assassinés, uniquement parce qu’ils sensibilisaient nos concitoyens du Mississippi à l’importance du vote et de leurs droits politiques.

Nos problèmes sont vos problèmes. Nous avons vécu pendant plus de 300 ans dans cette tanière américaine de loups racistes, dans la crainte constante de perdre la vie ou d’être taillés en pièces. Récemment, trois étudiants kényans confondus avec des Noirs américains ont été brutalement frappés par la police de New York. Peu de temps après, deux diplomates ougandais ont également été battus par la même police, qui les avait pris pour des Afro-Américains.

Si des Africains sont ainsi traités alors qu’ils ne font que visiter l’Amérique, imaginez les souffrances multiples qu’endurent vos frères et sœurs qui vivent sur cette terre.

Notre problème est votre problème. Quel que soit le degré d’indépendance que les Africains obtiennent sur le continent-mère, si vous ne portez pas en permanence les tenues traditionnelles du pays d’où vous venez lorsque vous visitez l’Amérique, vous pourriez être pris pour l’un d’entre nous et subir les mêmes mutilations que celles que nous subissons quotidiennement.

Des manifestants se sont réunis à Las Vegas, le 30 mai, après la mort de George Floyd.

Vos problèmes ne seront jamais entièrement résolus tant que les nôtres ne le seront pas. Vous ne serez jamais pleinement respectés tant que nous ne serons pas, nous aussi, respectés. Vous ne serez jamais reconnus en tant qu’êtres humains libres tant que nous ne serons pas, nous aussi, reconnus et traités comme des êtres humains libres.

Notre problème est votre problème. Ce n’est ni un problème de Noirs ni un problème spécifiquement américain. C’est un problème mondial, un problème qui engage l’humanité tout entière. Ce n’est pas un problème de droits civiques mais un problème de droits humains.

L’Amérique, pire que l’Afrique du Sud de l’apartheid

Nous prions pour que nos frères africains ne se soient pas libérés du colonialisme européen pour être ensuite vaincus et dominés. Ne laissez pas le racisme être blanchi par le « dollarisme » américain.

L’Amérique est pire que l’Afrique du Sud [de l’apartheid], car non seulement elle est raciste, mais elle est aussi fourbe et hypocrite. L’Afrique du Sud prêche la ségrégation tout en la pratiquant. Au moins pratique-t-elle ce qu’elle prêche. L’Amérique, quant à elle, prêche l’intégration tout en pratiquant la ségrégation. Elle prêche une chose tout en en pratiquant son contraire de manière trompeuse.

Des manifestants brûlent un drapeau américain à Washington le 31 mai 2020, après la mort de George Floyd.

L’Afrique du Sud est comme un loup vicieux, ouvertement hostile à l’humanité noire. Mais l’Amérique est rusée comme un renard, amicale et souriante en apparence, mais encore plus vicieuse et mortelle que le loup.

Ce loup et ce renard sont tous deux des ennemis de l’humanité ; tous deux sont des chasseurs ; tous deux humilient et mutilent leurs victimes ; tous deux ont les mêmes objectifs… Ils ne diffèrent que par leurs méthodes.

Si l’Afrique du Sud est coupable d’avoir violé les droits de l’homme des Africains ici, sur la terre-mère, alors l’Amérique est coupable de violations plus graves à l’encontre des 22 millions d’Afro-Américains qui vivent sur son sol. Et si le racisme sud-africain n’est pas une question intérieure, alors le racisme américain ne devrait pas être, lui non plus, une question intérieure.

Il n’est plus temps pour nous de prôner la patience et de tendre l’autre joue

Nous implorons les États africains indépendants de nous aider à porter notre problème devant les Nations unies, au motif que le gouvernement des États-Unis est moralement incapable de protéger la vie et les biens des Afro-Américains. Au motif aussi que la détérioration de notre situation devient clairement une menace pour la paix mondiale.

Par frustration et désespoir, nos jeunes ont atteint le point de non-retour. Il n’est plus temps pour nous de prôner la patience et de tendre l’autre joue. Nous affirmons notre droit à la légitime défense, par tous les moyens nécessaires, et nous nous réservons celui d’exercer des représailles contre nos oppresseurs racistes, fussent-elles maximales, en dépit de l’adversité.

Nous sommes bien conscients que nos efforts futurs pour faire face à la violence par la violence – œil pour œil, dent pour dent – pourraient créer en Amérique un conflit racial qui pourrait facilement dégénérer en une guerre violente, mondiale et sanglante.

La police repousse des manifestants samedi 30 mai à Las Vegas, après la mort de George Floyd à Minneapolis.

Dans l’intérêt de la paix et de la sécurité mondiale, nous implorons donc les chefs des États africains indépendants de proposer une enquête immédiate sur la situation des Afro-Américains, sous l’égide de la Commission des droits de l’homme des Nations unies.

Un dernier mot, mes frères bien-aimés, à l’occasion de ce sommet africain : « Personne ne connaît mieux le maître que son serviteur. » Nous sommes des serviteurs en Amérique depuis plus de 300 ans. Nous avons une connaissance approfondie de cet homme qui se fait appeler « Oncle Sam ». Par conséquent, vous devez tenir compte de notre avertissement. N’échappez pas au colonialisme européen pour devenir encore plus esclaves d’un dollar américain trompeur et amical.

Que les bénédictions d’Allah en matière de santé et de sagesse soient sur vous tous.

Malcolm X

 
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Les marchands, pionniers méconnus des découvertes maritimes | Le Books du Jour

 

Au sud du Yémen, sur la petite île de Socotra, ont été retrouvées dans une grotte des inscriptions faites par des marins entre le Ier siècle avant notre ère et le VIe siècle. On peut lire côte à côte des mots en sanskrit, en grec, en persan, en éthiopien… Cette grotte est peut-être un détail dans l’histoire maritime mondiale mais, prévient David Abulafia, professeur émérite d’histoire de la Méditerranée à Cambridge : « un historien ignore des détails apparemment insignifiants à ses propres périls ».

Ces détails sont justement l’un des « délices » de son dernier livre The Boundless Sea, note l’écrivain voyageur Horatio Clare dans The Spectator. Après avoir publié une vaste histoire de la Méditerranée (Méditerranée, Berceau de l’histoire, L’Archipel, 2004), Abulafia s’attaque au reste des étendues d’eau du globe (soit 70% de sa surface). Et nous invite à « rejeter tout ce que nous pensions savoir sur l’histoire maritime », assure l’historien Gerard DeGroot dans The Times.

Non, l’histoire maritime n’est pas avant tout une histoire européenne. Non, l’exploration des océans n’a pas commencé à l’époque des Grandes découvertes.  Et surtout : les héros de l’histoire maritime ne sont pas les explorateurs, Colomb, Cook ou Magellan. « Leurs voyages n’étaient que des points de départ ; les histoires les plus fascinantes concernent ce qui a suivi. Dans les décennies qui ont suivi l’expédition de Colomb en 1492, de vastes flottilles commerciales voguaient régulièrement dans les eaux des Caraïbes », précise DeGroot. Ces marchands, qui prenaient d’énormes risques se devaient d’être malins et de comprendre les cultures qu’ils rencontraient. Abulafia raconte ainsi comment un artisan chinois faisant du commerce à Manille s’est vu commander une prothèse de nez par un Espagnol. Persuadé d’avoir trouvé là un marché, à sa visite suivante dans le port philippin il rapporte une grosse cargaison de nez en bois, pour découvrir que la plupart des Espagnols disposaient comme lui de leur propre appendice nasal.

Toutes ces histoires remarquables, tous ces détails ont conduit Abulafia à écrire un « pavé » (1050 pages), qui paradoxalement passe un peu vite sur certains sujets, la traite transatlantique, les combats maritimes de la Seconde Guerre mondiale…, regrette l’historien Peter Frankopan dans The Sunday Times.
Amandine Meunier

The Boundless Sea : A Human History of the Oceans, de David Abulafia, Allen Lane, 2019

Source: Newsletter de Books,

 
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