Guerre d'Algérie: l'ouverture anticipée des archives actée en France

 

L'État français n'a pas traîné. Annoncée le 11 décembre dernier, l'ouverture anticipée des archives judiciaires en lien avec la guerre d'Algérie est officielle. Le décret a été publié ce jeudi 23 décembre au Journal Officiel. Si les historiens se félicitent, cette décision prise au sommet de l'État français est avant tout un geste diplomatique d'apaisement envers Alger.

« Regarder la vérité en face », déclarait il y a deux semaines la ministre française de la Culture, Roselyne Bachelot, alors que les tensions entre Paris et Alger ne faisaient que s'accentuer, et deux jours après la visite officielle de Jean-Yves Le Drian à Alger.

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À quelques mois de l'élection présidentielle en France, il apparaît compliqué pour les autorités françaises d'avancer sur le dossier des visas ou de progresser sur le dossier mémoriel.

Ouvrir ces archives, qui concernent toutes les enquêtes de police et de gendarmerie menées des deux côtés de la Méditerranée entre le début de la guerre en 1954 et jusqu'à 1966, quatre ans après la signature des accords d'Évian, semblait donc le meilleur moyen pour Paris d'envoyer un message fort aux autorités algériennes.

Remis à Emmanuel Macron en janvier dernier, le rapport sur la réconciliation franco-algérienne de l'historien Benjamin Stora préconisait d'ailleurs un meilleur accès à ces archives, dont le délai de publication était de 75 ans. Elles sont donc accessibles avec quinze ans d'avance sur la date prévue.

L'ouverture de ces archives liées à la guerre d'Algérie est saluée par la plupart des historiens et des chercheurs travaillant sur le sujet. C'est notamment le cas de Pierre Mansat, membre du collectif « Accès aux archives publics », joint par RFI.

C'est une avancée importante, puisqu'elle permet d'accéder aux archives judiciaires et policières de la guerre d'Algérie, la guerre d'indépendance algérienne, et ça va jusqu'en 1966, donc ça intègre des sujets qui, aujourd'hui, étaient difficilement accessibles, comme les crimes de l'OAS, les procès des terroristes de l'OAS. Et que tous les ministères soient concernés - Armées, Affaire étrangères, Intérieur, les archives de la gendarmerie, les archives de la police judiciaire -, c'est un acte très important, puisqu'il permet l'accès à tout le monde

Pierre Mansat, membre du collectif «Accès aux archives publics»


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