Guerre d’Algérie: la France ouvre une partie des archives sur les disparus

L'Hôtel de Soubise à Paris abrite les Archives nationales.
L'Hôtel de Soubise à Paris abrite les Archives nationales. Wikipedia

Un arrêté paru dimanche dernier au Journal Officiel français rend accessibles une centaine de dossiers d’archives sur les disparus de la guerre d’Algérie, conservés aux Archives nationales. Pour les historiens qui travaillent sur ce conflit, c’est une bonne nouvelle. Toutefois, l’ouverture de ces archives ne permettra pas de répondre à toutes les questions encore en suspens.

Depuis le début de la semaine, une centaine de dossiers d’archives concernant les disparus de la guerre d’Algérie (1954-1962) sont accessibles au public, sur décision du gouvernement français. L’arrêté, publié dimanche au Journal Officiel, prévoit une « dérogation destinée à faciliter l'accès aux archives publiques relatives aux disparus de la guerre d'Algérie conservées aux Archives nationales ». Ces dossiers ont été établis par une commission créée en 1957 pour enquêter sur la répression militaire et les disparitions au cours de la bataille d’Alger (de janvier à septembre 1957).

La mémoire de la guerre d’Algérie et la question des disparus sont des sujets sensibles, des deux côtés de la Méditerranée. Depuis des années, les Algériens demandent à avoir accès à ces archives.

En septembre 2018, Emmanuel Macron a reconnu la mort de Maurice Audin – mathématicien et militant pour l’indépendance, disparu en 1957 en Algérie – « sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France ». Le chef de l’Etat français s’est aussi engagé à garantir la libre consultation des archives concernant les disparus du conflit (dont le nombre reste aujourd’hui encore difficile à établir), qu’ils soient civils ou militaires, Français ou Algériens.

Des questions sensibles

L’historien Benjamin Stora, auteur du livre « Une mémoire algérienne », paru aux éditions Robert Laffont, constate que la France ouvre petit à petit ses archives sur ces questions sensibles. Il y voit quelque chose d’important pour les chercheurs français et algériens.

« Il faut se féliciter du fait que progressivement, l’Etat ouvre ses portes sur ces questions-là. Mais on n’a pas encore ouvert les archives de la guerre d’Algérie sur le modèle de la Seconde Guerre mondiale, par exemple », explique l’historien. « Ce sont des ouvertures qui se font très souvent sous la pression des associations, des intellectuels, des historiens, des familles », précise-t-il.

Si les ouvertures d’archives sont les bienvenues pour les chercheurs, Benjamin Stora souligne toutefois que de nombreuses exactions ont été commises au cours de la guerre d’Algérie sans qu’existe d’ordre ou de trace écrite. Et que nombre d’archives ont justement disparu au moment de l’indépendance. « Toute la vérité de l’histoire ne se trouve pas forcément dans des écrits d’Etat, il faut aussi recueillir la parole des acteurs, des témoins, des survivants », conclut-il.

A noter qu’au début du mois, les Archives nationales françaises ont également publié un guide accessible en ligne pour les recherches sur les disparitions survenues durant la guerre d’Algérie.

 
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